jeudi 4 juin 2009

L'OEA ouvre la porte à Cuba

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Photo AFP
La question de la réintégration de Cuba au sein de l'Organisation des Etats américains (OEA) avait déjà pollué le sommet de Trinidad-et-Tobago en avril dernier. Si bien qu'une déclaration commune n'avait pu être signée, notamment en raison de fortes divergences sur ce point entre les Etats-Unis et les pays d'Amérique Latine convertis au bolivarisme, tels le Venezuela d'Hugo Chavez et le Nicaragua de Daniel Ortega. La question cubaine et revenue sur le tapis lors du sommet de juin, et cette fois, un compromis a pu être trouvé. C'est toujours sous la pression de ces pays que les 34 membres de l'OEA ont abrogé mercredi à l'unanimité la décision de suspendre l'appartenance de Cuba à l'organisation. Une décision datant de 1962, en pleine révolution castriste. Après l'annonce de cette décision, le président du Honduras Manuel Zelaya s'est félicité: "La Guerre froide a pris fin ce jour à San Pedro Sula. Nous avons pris une décision sage et honorable ". Quant à Fander Falconi, ministre équatorien des Affaires étrangères, il s'est réjouit: "C'est un moment de réjouissance pour tous en Amérique latine". Et d'ajouter que la décision de ce retour a été prise "sans conditions".

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Photo Reuter

"Sans conditions" formelles peut-être, mais La Havane devra accepter de respecter les conventions de l'OEA sur les droits de l'Homme, entre autres. Ces derniers mois, l'administration Obama avait multiplié les gestes d'ouverture à l'égard de Cuba, annulant notamment les restrictions sur les voyages entre Cuba et les Etats-Unis et l'envoi de mandats par les Cubains émigrés aux Etats-Unis. Barack Obama en personne, lors du sommet d'avril de l'OEA, avait appelé à "un nouveau départ" avec La Havane et reconnu que la politique américaine à l'égard de Cuba n'avait pas fonctionné. "Cela n'a pas marché comme nous l'espérions. Le peuple cubain n'est pas libre". Pour autant, Washington n'était pas partisan d'un retour de Cuba dans l'OEA, tant que le régime de Raul Castro n'aura pas adopté les principes démocratiques, réalisé des progrès en matière de respect des droits de l'homme et libéré des prisonniers politiques.

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Photo AP

Cuba n'en veut pas

Mardi, les discussions s'étaient cristallisées sur Cuba et Hillary Clinton avait subi les foudres de la majorité des participants en réitérant le refus de la Maison blanche sur le retour de Cuba. "Nous ne pouvons quitter San Pedro Sula sans avoir rectifié cette infâmie, le moment est venu de corriger cette erreur", avait alors déclaré l'hôte de la réunion, le président hondurien Manuel Zelaya. Son homologue nicaraguayen, l'ancien guérilléro sandiniste Daniel Ortega, avait souligné que l'OEA avait été "conçue comme un instrument de la domination politique et de l'expansionnisme des Etats-Unis". Réponse d'Hillary Clinton, avant son départ pour Le Caire, où elle a rejoint Barack Obama: "Il n'y a aucun consensus et il n'y a pas d'accord pour agir". Finalement, aux termes d'un compromis, l'OEA a estimé que le retour de l'île serait "le résultat d'un processus de dialogue entamé à la demande du gouvernement cubain et conformément aux pratiques, aux objectifs et aux principes de l'organisation".

Sauf que Cuba ne cesse de répéter qu'il ne veut pas réintégrer l'OEA. En avril, l'ancien président Fidel Castro disait ne pas vouloir "entendre le nom infâme de cette institution". A la télévision nationale cubaine, cette décision a été présentée comme une "victoire du socialisme et de la résistance du peuple cubain" contre Washington. "Cuba n'a pas demandé à réintégrer l'OEA et ne le souhaite pas. L'histoire de l'OEA est caractérisée par la soumission et des agissements suspects", a déclaré le présentateur vedette cubain Randy Alonso. Ceci étant, le climat est réellement à la détente entre les deux pays: pour preuve, Cuba a accepté samedi la proposition de Washington de reprendre le dialogue sur l'immigration et l'envoi direct de courrier, suspendu depuis 2003.