samedi 31 mars 2012

LA VISITE DU PAPE AU MEXIQUE

BENOÎT XVI COIFFÉ D'UN SOMBRERO SALUE LA FOULE RASSEMBLÉE DANS LE PARC DU BICENTENAIRE, À SILAO, DIMANCHE 25 MARS 2012. PHOTO AP/OSSERVATORE ROMANO, PARU DANS  LE JOURNAL LA CROIX 

C’est la Constitution mexicaine qu’entendait contester le pape Ratzinger  ! Le journal La Croix évoque le discours prononcé dimanche soir 25 mars par le cardinal Secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone : qui a « appelé l’Etat mexicain à faire évoluer sa constitution au-delà de la simple liberté de culte » ...

Cette expression hideuse du cléricalisme montre l’enjeu et l’importance pour tous les peuples du continent américain, du « Congrès des Amériques » projeté à la fin de l’année sous l’égide de l’Association Internationale de la Libre Pensée.

Les peuples d’Amérique se souviennent, en effet, que l’oppression religieuse, l’oppression économique, les dictatures militaires ou les régimes corporatistes autoritaires ont toujours fait bon ménage sur ce continent.

En venant appuyer, en pleine campagne électorale, ses amis politiques qui briguent leur reconduction, et en exprimant ses exigences, Benoît XVI fait une éclatante démonstration de la continuité des ambitions cléricales sur le continent. Les libres penseurs français sauront aussi s’en souvenir et apporter leur soutien et marquer leur solidarité, y compris financière, au Congrès des libres penseurs des Amériques.


Paris, le 29 mars 2012

CHILI: DES MILLIERS DE PERSONNES SALUENT LA DÉPOUILLE D'UN HOMOSEXUEL BATTU À MORT

"Il y aura un temps pour la justice, mais pour l'heure je demande seulement le respect, et je vous remercie de tout coeur pour chaque geste, chaque larme versée pour mon frère", a déclaré à la foule le frère de la victime, Diego, avant l'inhumation de la victime dans l'intimité.

Daniel Zamudio a été agressé et battu le 3 mars, lors d'un calvaire qui aurait duré six heures, entre coups et brûlures de cigarettes, par un groupe de sympathisants néo-nazis présumés dont quatre, âgés de 19 à 25 anx, ont été arrêtés. Le jeune homme a succombé à ses blessures 25 jours plus tard.

Le crime a profondément choqué la société chilienne, très majoritairement catholique et conservatrice, mais où le tabou entourant l'homosexualité est en train d'être peu à peu levé.

Le président Sebastian Piñera (droite), a présenté en 2011 un projet de loi sur la famille, qui aboutit à reconnaître civilement les couples homosexuels, projet qui n'a toutefois pas encore été voté au Parlement.

La mort de Daniel Zamudio a relancé les appels à une législation plus ambitieuse, notamment un projet de loi anti-discrimination que le gouvernement à promis "d'urgenter" ces derniers jours.

Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a exhorté le Chili à créer une loi permettant de sanctionner davantage les crimes fondés sur l'orientation sexuelle.

"Ce que nous voulons est l'égalité devant la loi, et Daniel est l'exemple de la nécessité et de la possibilité de changer les choses", a déclaré vendredi Rolando Jiménez, président du Mouvement de libération homosexuel (Movilh) du Chili.

vendredi 30 mars 2012

BRÉSIL : LES MILITAIRES DE LA DICTATURE PRIS À PARTIE PAR LES ÉTUDIANTS À RIO

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UNE MANIFESTANTE EST ASPERGÉE DE GAZ LACRYMOGÈNE LORS QUE DES CENTAINES D'ÉTUDIANTS ONT MANIFESTÉ JEUDI AUX CRIS "D'ASSASSINS" ET DE "TORTIONNAIRES" DEVANT LE CLUB MILITAIRE DE RIO. DES GRADÉS À LA RETRAITE Y ÉTAIENT RÉUNIS POUR UN DÉJEUNER-DÉBAT D'ANNIVERSAIRE DES 48 ANS DU COUP D'ETAT QUI A INSTAURÉ LA DICTATURE (1964-85). PHOTO KEYSTONE

À la différence des autres pays du cône sud latino-américain, les crimes de la dictature, couverts par une loi d'amnistie de 1979 - récemment confirmée par la Cour suprême -, n'ont jamais donné lieu à des poursuites judiciaires.

Néanmoins, une Commission de la vérité a été créée récemment au parlement, au grand dam des militaires.



DES TORTIONNAIRES OCTOGÉNAIRES

Massés sur l'avenue Rio Branco au centre de Rio, les manifestants insultaient tous les gradés qui sortaient de l'édifice après leur réunion, tandis qu'ils s'engouffraient dans une station de métro proche, protégés par un cordon de policiers avec masque à gaz et bouclier.

Certains des militaires, souvent octogénaires, qui allaient prendre un taxi étaient suivis par un groupe de manifestants qui continuaient à les traiter d'assassins.



Angela Barroso, une avocate à la retraite, a déclaré à l'AFP qu'«  en 1968, alors qu'elle était étudiante en droit, elle avait été arrêtée à l'université, torturée et écrouée pendant cinq mois »«  Ils voulaient que je donne des noms et ont fini par me relâcher parce que je n'appartenais à aucune cellule », a-t-elle dit ajoutant «  qu'on oublie jamais la torture ».

La loi d'amnistie a permis le retour des exilés politiques, mais elle protège également les tortionnaires et beaucoup demandent sa révision, dont la Cour inter-américaine des droits de l'homme.

Le Brésil reconnaît officiellement 400 morts et disparus pendant le régime militaire, contre 30'000 en Argentine et plus de 3200 au Chili.

HEURTS ENTRE LA POLICE ET DES JEUNES AU CHILI

CHILI : RÉPRESSION DES MANIFESTATIONS ICI À VILLA FRANCIA. PHOTO LUCIANO RIQUELME
Le Chili a pris la voie démocratique depuis plus de deux décennies et d'autres militants critiquent ces émeutes, faisant valoir que la violence est récupérée par les médias et le gouvernement afin d'affaiblir le soutien aux mouvements prônant des changements sociaux.
Ils déplorent qu'au cours de la dernière année, des marches pacifiques de plusieurs centaines de personnes appelant à des améliorations en éducation, en environnement et en justice sociale ont été plombées par de petits groupes de jeunes ayant provoqué les policiers.
VIOLATION DE L'AUTONOMIE DE L'UNIVERSITÉ DE SANTIAGO DU CHILI.  PHOTO UPI
Plus de 1500 policiers ont été déployés et ont usé de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser des centaines de protestataires à l'intérieur et l'extérieur du campus de l'université de Santiago. L'université avait suspendu les classes, et le trafic dans le secteur a été perturbé.

Le groupe de défense des droits de la personne Londres 38 a annoncé qu'il commanditerait un débat sur la manière avec laquelle cette journée devrait être soulignée à l'avenir. 


LE VÉHICULE DE LA POLICE A ENFONCÉ LES GRILLES DE DE L'UNIVERSITÉ DE SANTIAGO DU CHILI.  PHOTO UPI  .
Après que le Chili eut repris la voie démocratique en 1990, une enquête judiciaire sur la mort des frères Vergara Toledo avait été rouverte. Un chef de police s'est vu infliger une peine de 15 ans de prison, et deux autres agents ont écopé de peines de dix ans.

mercredi 28 mars 2012

ASTRIUM : LE CHILI RÉCEPTIONNE LE SATELLITE D'OBSERVATION LE PLUS PUISSANT D'AMÉRIQUE LATINE !

SSOT  EN COURS D’INSTALLATION SOUS LA COIFFE DU LANCEUR SOYOUZ AU CENTRE SPATIAL GUYANAIS. ON RECONNAÎT LA FORME HEXAGONALE DE PLÉIADES EN PARTIE SUPÉRIEURE, AU-DESSUS DU MODULE ASAP-S ABRITANT SSOT. ON VOIT DEUX DES QUATRE SATELLITES ELISA INSTALLÉS SUR LES PLATEAUX EN PÉRIPHÉRIE. AU-DESSOUS, L’ÉTAGE FREGAT DE LA FUSÉE SOYOUZ. PHOTO : ARIANESPACE
"Astrium est fier d'avoir développé et livré aux autorités chiliennes le satellite d'observation de la Terre le plus puissant d'Amérique latine et ce, dans des conditions optimales puisque les performances sont parfaitement conformes aux exigences et satisfont les utilisateurs au delà de leurs attentes" a déclaré François Auque, CEO d'Astrium en visite au Chili à l'occasion du salon FIDAE. "Cela vient souligner un moment marquant de la longue coopération d'Astrium avec le Chili, démarrée en 2000, et bien entendu cela ne représente pas un aboutissement mais au contraire une étape, nous l'espérons, d'une coopération plus large et intense"

SSOT est le dernier système livré à l'exportation par Astrium, leader mondial de l'exportation de système satellitaire d'observation de la Terre. Réalisé sous maîtrise d'oeuvre Astrium, ce satellite d'observation de la Terre du système satellitaire SSOT est le plus puissant d'Amérique Latine, avec une résolution de 1,45 m.



Ce système permettra au Chili d’obtenir et d’exploiter des images de très haute qualité dans le cadre d’un large éventail d’applications d’observation, telles que la cartographie, l’agriculture, la planification urbaine, la gestion des ressources naturelles et la gestion des catastrophes naturelles et des risques.


Le satellite d’observation optique de haute résolution, basé sur la plate-forme Myriade mise au point par Astrium en coopération avec le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), a été fabriqué, intégré et testé par Astrium.


Le programme SSOT inclut le développement et la construction conjointe d’un segment sol de contrôle et d’un segment sol de traitement d’image qui permettront aux autorités chiliennes de contrôler et d’exploiter leur satellite depuis leur territoire national. Dans le cadre de l’accord de coopération, des ingénieurs chiliens travaillent aux côtés de l’équipe de développement d’Astrium, à Toulouse, où ils sont également formés

samedi 24 mars 2012

MORALES RÉCLAME UN ACCÈS À LA MER AU «MAUVAIS VOISIN» CHILIEN

 DES MARINS PARTICIPENT À LA CÉLÉBRATION DU «JOUR DE LA MER» EN BOLIVIE, REVENDICATION HISTORIQUE DE LA BOLIVIE POUR UN ACCÈS MARITIME. PHOTO AFP
Le président socialiste a stigmatisé le gouvernement chilien qui «prétend qu'il n'a pas de litige en suspens avec la Bolivie» et fait preuve d'une attitude «dilatoire et de diversion», alors que les frontières du Chili «restent semées de mines anti-personnelles».

M. Morales a défendu la requête que la Bolivie doit déposer courant 2012 devant une cour de justice internationale pour récupérer un accès à la mer. Ce n'est «pas un acte inamical (envers le Chili) mais le recours à un mécanisme reconnu pour résoudre pacifiquement les différends entre États», a-t-il déclaré.
LE «JOUR DE LA MER»  EN BOLIVIE; LES BOLIVIENS CÉLÈBRENT LE JOUR DE LA MER. CHAQUE ANNÉE, ILS DESCENDENT DANS LA RUE POUR RÉCLAMER UN ACCÈS MARITIME, PERDU LORS D'UNE GUERRE CONTRE LE CHILI IL Y A PLUS DE 130 ANS.  
La Bolivie, pays andin et amazonien, est enclavée depuis plus de 130 ans, après avoir perdu 120 000 km2 de son territoire, dont une bande de 400 km de littoral, à l'issue de la Guerre du Pacifique (1879-83) perdue, avec le Pérou, contre le Chili.

Ce débouché perdu a causé un manque à gagner historique considérable à la Bolivie, aujourd'hui un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud. Aussi le «retour à la mer» est un thème clef en Bolivie, inscrit dans la Constitution, et une cause nationale dont jouent régulièrement les politiques.

Depuis que M. Morales a annoncé en 2011 une démarche devant la justice internationale sur cette revendication, le ton s'est durci entre les deux pays, le président chilien Sebastian Piñera y voyant un «sérieux obstacle» aux bonnes relations bilatérales et son ministre de la Défense prédisant une année 2012 «compliquée avec les voisins». 

vendredi 23 mars 2012

DES RENCONTRES AU SOMMET VIETNAM-CHILI À HANOI

LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR SEBASTIÁN PIÑERA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI A RENCONTRÉ LE PREMIER MINISTRE DU VIETNAM NGUYÊN TÂN DUNG. PHOTO  ALEX IBAÑEZ
Le Vietnam prend toujours en haute estime la consolidation et le développement des relations d'amitié et de coopération avec les pays amis traditionnels en Amérique latine, a affirmé le secrétaire général Nguyên Phu Trong au président Sébastian Piñera Echeñique. 

Le chef du PCV a souhaité voir le Vietnam et le Chili renforcer les relations de coopération, se coordonner et se soutenir aux forums multilatéraux, développer davantage leur partenariat intégral, égal et mutuellement avantageux. 

Lors de son entrevue avec le président  Sébastian Piñera Echeñique, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a également affirmé le soutien du Vietnam à l'élargissement des liens entre le Chili et les membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. 

Le chef du gouvernement vietnamien a estimé que les deux pays devraient continuer d'accorder la priorité aux domaines dans lesquels le potentiel de coopération et les atouts restent énormes, notamment l'économie, le commerce et l'investissement. 

De son côté, le président Sébastian Piñera Echeñique a déclaré que le Chili va oeuvrer à la réalisation effice de l'accord de libre-échange Vietnam-Chili, qu'il souhaite également renforcer le dialogue politique et les échanges culturels avec le Vietnam. -AVI

jeudi 22 mars 2012

MANIFESTATIONS VIOLENTES CONTRE LA VIE CHÈRE AU CHILI


Le mouvement s'est durci depuis une semaine, après que le gouvernement eut décidé d'appliquer unilatéralement un plan d'aide et de subventions, jugé insuffisant par les protestataires.

Il s'est tendu encore plus avec la décision de l'Etat d'invoquer une loi de sécurité, qui permet d'alourdir les peines, contre 22 participants à des manifestations ou des violences des semaines écoulées.

FTVi / REUTERS et APTN

mercredi 21 mars 2012

CHILI – LA COMMUNAUTÉ ECCLÉSIALE DE CALAMA APPUIE LES REQUÊTES DE LA POPULATION


Selon la note envoyée à l’Agence Fides par la Conférence épiscopale du Chili, Mgr Vera a déclaré à propos de la marche du 20 mars : « Nous avons toujours affirmé que ces événements doivent se dérouler dans un climat d’unité, refusant toute forme de violence et nous devons dire que l’attitude de ceux qui l’ont organisée et y ont participé a été très bonne. Nous estimons que nos autorités font quelque chose mais nous voulons cependant continuer à proposer nos requêtes, dans une attitude pacifique et de dialogue mais également au travers d’une attitude qui démontre que c’est toute une communauté qui demande et qui croit en ce qu’elle demande ». A la fin, l’Evêque a déclaré que « Calama est de tous et ceci est l’occasion pour exprimer la préoccupation que nous éprouvons pour la ville et pour tous ceux qui vivent en cette terre. Calama est une ville qui offre des opportunités d’emploi, de développement et de bien-être à de nombreuses personnes et ceci doit nous pousser à nous engager en faveur du destin de cette zone ». 
Calama se trouve au nord de Santiago (à environ 900 Km) mais ne constitue pas la seule zone qui manifeste afin d’obtenir une aide réelle de la part du gouvernement central. Dans le sud également, la population d’Aysen manifeste depuis des mois. La Confédération nationale des étudiants (CONFECH) a organisé pour aujourd’hui une marche nationale pour appuyer les requêtes du Mouvement social d’Aysen. La Conférence épiscopale chilienne, au travers de son Président, S. Exc. Mgr Ricardo Ezzati Andrello, dans une lettre du 16 mars, a fait état de sa préoccupation s’agissant de cette situation de tension à Aysen et a demandé aux deux parties de s’ouvrir au dialogue afin de résoudre les problèmes. (CE) (Agence Fides 21/03/2012)

Selon la note envoyée à l’Agence Fides par la Conférence épiscopale du Chili, Mgr Vera a déclaré à propos de la marche du 20 mars : « Nous avons toujours affirmé que ces événements doivent se dérouler dans un climat d’unité, refusant toute forme de violence et nous devons dire que l’attitude de ceux qui l’ont organisée et y ont participé a été très bonne. Nous estimons que nos autorités font quelque chose mais nous voulons cependant continuer à proposer nos requêtes, dans une attitude pacifique et de dialogue mais également au travers d’une attitude qui démontre que c’est toute une communauté qui demande et qui croit en ce qu’elle demande ». A la fin, l’Evêque a déclaré que « Calama est de tous et ceci est l’occasion pour exprimer la préoccupation que nous éprouvons pour la ville et pour tous ceux qui vivent en cette terre. Calama est une ville qui offre des opportunités d’emploi, de développement et de bien-être à de nombreuses personnes et ceci doit nous pousser à nous engager en faveur du destin de cette zone ». 
Calama se trouve au nord de Santiago (à environ 900 Km) mais ne constitue pas la seule zone qui manifeste afin d’obtenir une aide réelle de la part du gouvernement central. Dans le sud également, la population d’Aysen manifeste depuis des mois. La Confédération nationale des étudiants (CONFECH) a organisé pour aujourd’hui une marche nationale pour appuyer les requêtes du Mouvement social d’Aysen. La Conférence épiscopale chilienne, au travers de son Président, S. Exc. Mgr Ricardo Ezzati Andrello, dans une lettre du 16 mars, a fait état de sa préoccupation s’agissant de cette situation de tension à Aysen et a demandé aux deux parties de s’ouvrir au dialogue afin de résoudre les problèmes. (CE) (Agence Fides 21/03/2012)


 ARRIVÉE DES RENFORTS DE POLICE. PHOTO @MUTAN_09

 ARRIVÉE DES RENFORTS DE POLICE. PHOTO @MUTAN_09

LA FILLE D'UN CONSUL DU CHILI TUÉE PAR LA POLICE AU VENEZUELA

DES PARENTS DE KAREN BERENDIQUE LORS DES FUNÉRAILLES À MARACAIBO, SAMEDI 17 MARS. | REUTERS/STRINGER/VENEZUELA

LE GOUVERNEMENT CHILIEN CONDAMNE

Le gouvernement chilien a condamné énergiquement la mort de Karen Berendique - qui avait la double nationalité - et demande que toute la lumière soit faite sur les faits "dans les plus brefs délais". Caracas a affirmé que les coupables seraient punis "avec une fermeté absolue". Douze policiers ont été arrêtés et seront transférés au parquet, a informé dimanche le ministère de la justice.

Selon les premières informations, cinq d'entre eux ont tiré. Tous appartenaient au Corps d'enquêtes scientifiques, pénales et criminalistiques (CICPC). En présentant ses condoléances à la famille, le ministre de l'intérieur, Tareck El Aissimi, a évoqué des "pratiques policières erratiques et déviantes".

La Table d'unité démocratique (MUD), qui réunit tous les partis d'opposition, a également condamné le meurtre de Karen Berendique. Selon Luis Izquiel, coordinateur de la Commission sur la sécurité de la MUD, le drame est révélateur de "l''insécurité croissante et de la méfiance des citoyens envers leur police".

PLUSIEURS DIPLOMATES VICTIMES D'ENLÈVEMENTS

Ce n'est pas la première fois que les diplomates installés au Venezuela et leur famille sont victimes de la délinquance. Selon les comptes du quotidien Ultimas Noticias, la mort de Karen est le onzième incident depuis début 2011, le premier mortel.

En janvier, l'ambassadeur du Mexique à Caracas, Carlos Pujalte, et son épouse étaient victimes d'un "enlèvement express", une modalité courante au Venezuela. Les délinquants armés ont pris le contrôle de la voiture que conduisait l'ambassadeur et libéré le couple quatre heures plus tard, contre le paiement d'une importante rançon. Le consul du Chili à Caracas, l'attaché militaire de l'ambassade de Bolivie, le fils de l'ambassadeur du Vietnam ont également été victimes d'enlèvements express. Les autres diplomates ont été victimes de vols.

Les organisations de défense des droits de l'homme estiment à 19 000 le nombre d'homicides commis au Venezuela en 2011 (le gouvernement ne fournit pas de données officielles depuis plusieurs années). Le taux -60 homicides pour 100 000 habitants- est désormais le plus élevé d'Amérique du Sud.

Selon une étude de l'Observatoire vénézuélien de la violence, publiée en juillet 2011, 91% des Vénézuéliens interrogés pensent que la police est souvent impliquée dans les crimes et les délits, 45% approuvent le fait que les policiers exécutent les délinquants. 46% des sondés se disent prêts à tuer pour défendre leur biens. L'insécurité est la première préoccupation des électeurs vénézuéliens.

Marie Delcas

lundi 19 mars 2012

ENCORE CES MESSIEURS RUSSES ....

Sans doute en partie par sa beauté, mais surtout par sa connaissance des dossiers, et la clarté et la pertinence de ses arguments qui ont déstabilisé plus d’un ministre, Camila a acquise une solide autorité politique et le rang d’icône de la révolte des étudiants.

Au plus haut des fortes mobilisations de jeunes qui ont trouvé un vaste écho et réveillé le Chili à la fronde contre le gouvernement Pinera —milliardaire de la droite ultra-libérale et héritier politique du dictateur Pinochet—, Camila Vallejo a fait la une de la presse un peu partout dans le monde, a été accueillie par plusieurs présidents et invitée dans divers forums des « indignés » du monde entier.



Récemment, à l’occasion de la journée internationale de la femme, Camila Vallejo est apparue dans la liste des « 150 femmes les plus courageuses du monde », établie par l’influent hebdomadaire Newsweek.

Avec des responsables politiques, des leaders d’organismes non gouvernementaux et d’autres femmes très appréciées des cinq continents, la jeune dirigeante communiste chilienne partage ce classement prestigieux avec Emma Bonino, Hillary Clinton, Cristina Fernández, Aung San Suu Kyi, Angelina Jolie et Dilma Rousseff.



Camila se retrouve ainsi —à 23 ans— parmi ces « 150 femmes qui secouent le monde, qui sont en train de démarrer des révolutions, d’ouvrir des écoles, qui favorisent une nouvelle génération courageuse ». Ces femmes qui font entendre leurs voix de Detroit à Kaboul.

CHILI : LA PATAGONIE EN RÉVOLTE « POUR UNE VIE DIGNE »

LAMENTABLEMENT LA RÉPONSE DU GOUVERNEMENT DE DROITE DE PIÑERA AUX DEMANDES DU MOUVEMENT SOCIAL POUR LA RÉGION D'AYSÉN A ÉTÉ UNE BRUTALE ET VIOLENTE RÉPRESSION POLICIÈRE. PHOTO @CLAUYARA
Certes, la Patagonie n'en est pas à sa première rébellion. Il y a moins d'un siècle, en 1920, un mouvement ouvrier patagon de Santa Cruz (en Patagonie argentine) avait choisi de se faire entendre auprès des grands propriétaires des estancias, en décrétant une grève générale pour changer leurs conditions de travail 16 heures journalières pendant 27 jours par mois, à trimer dans un froid de -18°C).

A l'époque, les gouvernants, qui appelaient les rebelles des « rats », ont fini par mater le mouvement dans le sang comme le raconte le film « Patagonia rebelde » de Hector Olivera (1974).

Isolée du reste du monde et du reste du Chili (il est impossible de traverser la Patagonie par la route, il faut continuellement prendre le bateau ou passer par l'Argentine), Aysén prouve que « l'esprit rebelle » qui caractérisait les Patagons du siècle dernier est loin d'être mort.

Ce sont les pêcheurs artisanaux qui ont, les premiers, exprimé leur ras-le-bol en février, en manifestant contre la loi sur la pèche en discussion au Congrès, qui met en place des quotas favorisant la pêche industrielle au mépris de la pêche artisanale.

Ils se sont installés sur le pont de Puerto Aysén et ont monté des barricades empêchant l'arrivée de l'essence dans les stations et immobilisant toute la vie économique de la région. Ce blocus devait vite être réprimé par des forces spéciales de carabiniers, venus d'une autre région et faisant preuve d'une grande violence.


Ras-le-bol globalisé

Très vite, les pêcheurs ont été rejoints par tous les citoyens : des étudiants, des camionneurs, des chauffeurs de bus, des commerçants, des écologistes, des autorités locales, des hommes d'Eglise et même des retraités.

Sur la place centrale de la ville où ils se réunissent « on voit même des femmes avec leur landau, des enfants » raconte un habitant de Coyhaique. Les routes ont été bloquées, les aliments se sont faits rares, les distributeurs de billets se sont vidés… Peu à peu, tous les manifestants se sont réunis dans ce qu'ils ont appelé le « mouvement social pour la région d'Aysén », une manière de faire passer leurs divers messages jusqu'à la présidence, à Santiago.

Pourquoi ce mouvement ? S'agit-il d'une véritable prise de conscience citoyenne de la signification profonde de la démocratie, avec un grand « d » ?

Cette prise de pouvoir d'une population qui a vécu dix-sept années sous une dictature puis vingt ans sous un gouvernement de centre-gauche et depuis deux ans de droite, signifie-t-elle que la peur des forces policières et militaires a finalement disparu ? Que les voix les plus isolées ont envie et besoin, elles aussi, de se faire entendre ? Que la peur est aujourd'hui dépassée par ce besoin de crier sa colère?
L'APPEL AU CALME DES DIRIGEANTS N'A PAS ÉTÉ ENTENDU ! PHOTO JOSÉ ALVÚJAR
La province se sent oubliée, sacrifiée

La colère des Ayséninos est l'expression d'une crise profonde que la gestion politique n'arrive pas à contenir. Elle vient d'un sentiment unanime d'injustice qui s'exprime également ailleurs dans le pays (à Calama dans le nord minier, Valdivia, Dichato dans le Sud, Punta Arenas dans l'extrême sud), en raison de l'extrême centralisation du pays sur Santiago (plus du tiers des habitants) qui relègue les provinces aux oubliettes.

Alors que la région d'Aysén affiche une croissance économique fulminante de 19,4% en 2011, la plus élevée du Chili – due essentiellement à l'industrie du saumon, de l'énergie hydroélectrique et celle du bois –, les habitants du coin n'en récoltent aucun bénéfice. Leurs conditions de vie extrêmement dures au siècle dernier n'ont pratiquement pas changé. Ils se sentent oubliés, abandonnés et surtout sacrifiés.

Croissance la plus élevée du pays

L'infrastructure n'a pas été améliorée. Les universités sont rares, inaccessibles et chères, « Et les aides étatiques, tant promises, et permettant de faire face au prix prohibitif de l'essence… n'arrivent jamais ! », clament les manifestants.

Tous les produits alimentaires de première nécessité en provenance de régions plus clémentes, du centre et du nord du pays, et qui arrivent par bateaux, sont en moyenne 60% plus chers à Aysén qu'à Santiago. Le froid est si mordant qu'on dépense deux voir trois fois plus d'énergie pour se chauffer que dans la capitale.

Et, alors que cette région regorge de rivières bleu turquoise, les plus puissantes du pays, et que de multiples entreprises nationales et étrangères y construisent moult barrages, l'eau et l'électricité en Patagonie sont les plus chères du Chili. Les porte-parole du mouvement social dénoncent :

« Une petite maison peut facilement consommer 100 euros mensuels d'électricité et 80 euros d'eau tous les mois, alors que le revenu minimal pour 20% de la population du coin atteint difficilement 280 euros ! Avant de comparer les coûts à ceux de Santiago, il faut tenir compte du coût de la vie dans une région. »

Il ne faut pas oublier que c'est à Aysén que devrait être mis sur pied le projet HydroAysén, composé de cinq méga-barrages (même si à l'heure actuelle les opposants gardent bon espoir que le projet soit rejeté parce qu'illégal), qui devrait alimenter la capitale et les mines, à 2 300 km au nord du pays, un projet qui ne se soucie aucunement de l'opposition catégorique des citoyens et des conclusions négatives d'experts pointant du doigt l'inefficacité des barrages et les conséquences catastrophiques sur l'environnement et le mode de vie des habitants… alors que le Chili offre, d'après d'autres experts internationaux, un potentiel extraordinaire d'énergies renouvelables.

« Mauvais dans l'âme »

Les deux premières semaines du blocus, le gouvernement de Sebastián Piñera a fait la sourde oreille. Sans doute par manque de capacité d'analyse, les responsables se sont contentés d'émettre des jugements idéologiques et moraux (« Il y en a qui sont mauvais dans l'âme » expliquait le Président dans un entretien à Chilevisión, faisant référence, entre autres, aux Chiliens qui s'opposaient aux forces policières, à savoir aux manifestants en tout genre...) à l'égard d'un mouvement social qui critique d'ailleurs autant ce gouvernement que les précédents, qui ont pourtant fait partie d'une autre tendance politique.

Ils ont fait appel à des forces spéciales connues pour leur violence, et originaires d'une région différente pour éviter toute alliance, tout « sentimentalisme » de la part des carabiniers. Puis l'autorité centrale a mis comme condition au dialogue l'arrêt total du blocus tout en augmentant les moyens de répression.

Résultat : le nombre de manifestants blessés a fini par dépasser la centaine et trois d'eux ont perdu un œil, d'après le témoignage de plusieurs journalistes.

La violence se corse

Depuis le mercredi 14 mars, alors qu'à Coyhaique, les autorités gouvernementales proposaient des négociations, les forces spéciales de carabiniers ont redoublé leurs coups à Puerto Aysén, à quelques 60 km de là.

Même Antonio Horvath, aujourd'hui sénateur d'Aysén et membre du parti de Sebastián Piñera, le RN (renovación nacional) la dénonce...

La violence déployée à l'encontre des manifestants, des artisans pêcheurs et les familles de dirigeants du Mouvement social pour la région d'Aysén, affole les habitants d'Aysén.

Magdalena Rosas, professeur de musique à Coyhaique et membre d'un réseau d'observateurs de droits de l'homme appuyé par l'Eglise a décidé de monter un blog et témoigner des événements au quotidien.

Cette femme qui « aime sa terre patagone où elle a vu naître ses enfants » veut ainsi combattre la violence et éviter qu'il n'y ait de victimes dans ce conflit social. Elle questionne la bonne foi des décideurs :

« Est-ce ainsi que le gouvernement montre sa volonté de nous écouter et son engagement vis-à-vis des habitants de notre région, est-ce ainsi qu'il veut discuter des onze changements concrets que nous revendiquons ? »

samedi 17 mars 2012

CHILI – LA SOLIDARITÉ DES RELIGIEUX ENVERS LA POPULATION D’AYSÉN


La population d’Aysén est depuis longtemps exaspérée par le manque de réponse de la part de l’Etat à ses demandes d’infrastructures, de financements aux PME et de meilleures conditions de travail… au point d’organiser des manifestations qui ont provoqué des affrontements avec la police (voir Fides 23/02 et 03/03/2012). 
Le communiqué des religieux chiliens continue : « Nous sommes indignés par ce qui se passe à Aysén et nous dénonçons tout type d’action violente contre la population, toute négation de l’exercice du dialogue pacifique. Nous sommes contraires à toute éventuelle application de lois (par exemple anti-terrorisme ou de sécurité nationale) qui n’ont rien à voir avec ces problèmes ». Le texte s’achève par une note d’espérance : « Il est possible de construire la grande « table pour tous » en écoutant l’autre et en faisant preuve d’empathie envers nos frères plus faibles ». 
En ce qui concerne la situation d’Aysén, hier soir, on a appris que le dialogue par commissions séparées avait repris. Le gouvernement a déclaré vouloir adopter une série de mesures dans la zone, bien qu’il ne soit pas parvenu à conclure le dialogue avec les Mouvements sociaux d’Aysén. Les responsables des Mouvements ne veulent pas être divisés parce qu’existent encore de nombreuses requêtes de la part de la population qui doivent être prises en considération : les services sanitaires, le prix du combustible, l’instruction publique, les taxes dans le secteur du commerce etc. Le Ministre chargé de l’énergie, Rodrigo Álvarez, a anticipé hier que des mesures concernant les services de transport, la production et les PME sont actuellement en cours de préparation. 
L’Evêque, Mgr Infanti, Vicaire apostolique d’Aysén, s’est rendu voila trois jours au Palais du Gouvernement, dans la capitale, où il a rencontré le Ministre Secrétaire général de la Présidence, Cristian Larroulet, afin de demander la disponibilité au dialogue s’agissant des requêtes avancées par les Mouvements sociaux de la zone et niant qu’il existe un « activisme politique » de leur part. (CE) (Agence Fides 15/03/2012)

vendredi 16 mars 2012

MANIFESTATION LYCÉENNE POUR UNE RÉFORME DE L'ÉDUCATION

PREMIÈRE MOBILISATION DE L'ANNÉE 2012. PHOTO HÉCTOR ARAVENA

Les manifestants avaient convergé vers le parc Bustamante, au centre-ville, à l'appel d'un syndicat du secondaire, pour une manifestation qui n'avait pas reçu l'aval des autorités. Les heurts ont éclaté dès l'intervention de la police pour disperser le rassemblement, a constaté un photographe de l'AFP.

La mobilisation était la première de 2102, une semaine après le début de l'année scolaire. Un mouvement lycéen et étudiant avait suscité de spectaculaires rassemblements en 2011.


PREMIÈRE MOBILISATION DE L'ANNÉE 2012. PHOTO HÉCTOR ARAVENA
Pendant sept mois, étudiants, lycéens et enseignants ont convoqué plus de 40 manifestations, des marches de jusqu'à 100 000 personnes, inédites depuis le retour de la démocratie en 1990, pour réclamer une profonde réforme d'une éducation à deux vitesses, source de grandes disparités public/privé.

Les étudiants ont au final obtenu une rallonge budgétaire, des aides à l'endettement étudiant, un début de réforme sur la gestion des collèges et lycées publics, mais loin du «saut de paradigme» réclamé, notamment pour instaurer une éducation publique gratuite et de qualité pour tous.

Le principal syndicat étudiant, la FECH, avait affirmé que «le mouvement continuerait» en 2012, sous des formes à définir.

mercredi 14 mars 2012

CHILI : AMNESTY S'INQUIÈTE DE LA FORCE EXCESSIVE POUR RÉPRIMER DES MANIFESTATIONS



Des heurts ont régulièrement émaillé ces manifestations, aboutissant à plus de 5.000 arrestations, dans la grande majorité des personnes libérées au bout de quelques heures.

Le gouvernement chilien a vivement réagi mardi, soulignant qu'au Chili "la liberté d'expression, la liberté de manifester, les mouvements sociaux sont pleinement respectés, comme il se doit dans une démocratie authentique".

"Mais comme il se doit aussi dans une démocratie authentique, quand des manifestations ou des actions prennent un aspect de violence (...) le gouvernement appliquera toute la rigueur de la loi", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Andres Chadwick.

Le Chili avait déjà été montré du doigt en janvier dans un rapport de Reporters sans Frontières, notamment pour des agressions et des détentions de journalistes couvrant des manifestations étudiantes en 2011.

Dans son communiqué, Amnesty souligne toutefois que les deux premières années de la présidence de Sebastian Piñera (droite) entamée en 2010 ont aussi vu "des pas positifs en matière de respect et de protection des droits de l'homme", comme le lancement d'un Institut des droits de l'homme, autonome.

mardi 13 mars 2012

DES FORTES PLUIES CAUSENT DES INONDATIONS AU CHILI

De la boue provenant de la dernière inondation a bloqué le chemin de fer, emprisonnant un train qui transportait environ 300 personnes qui ont dû être évacuées. 
Quelque 300 Chiliens ont dû quitter les maisons inondées de la ville d'Arica, et les autorités ont affirmé que des fermes situées dans la vallée d'Azapa ont été endommagées.

mercredi 7 mars 2012

PORTRAIT : PAZ ROJAS, UNE FEMME CONTRE LA TORTURE AU CHILI 2/2


Nous sommes en septembre 1974 ; le coup d'Etat est vieux d'un an, et Paz est couchée chez elle, au repos complet après une mauvaise chute qui lui a provoqué une fracture du rachis.

Elle doit se rendre à l'hôpital pour une radiographie le 17 septembre, mais elle décide, sans raison, d'y aller la veille. S'agit-il d'un pressentiment ? Elle ne s'en souvient pas, mais ce qu'elle apprend vite, c'est que ce rendez-vous médical avancé lui a permis d'échapper à la Dina (Direction d'intelligence nationale, les services secrets de la dictature), laquelle, le 17, envahit l'hôpital et enlève Katia Reszczynski, tout en cherchant à mettre la main sur Paz.

« Katia savait que j'étais alitée et qu'une personne devait venir chercher mes enfants ce jour-là, pour les emmener à l'école. Elle a compris que la Dina voulait aller me cueillir chez moi, elle a traîné pour gagner du temps et, ce faisant, elle m'a sauvée. »

A l'hôpital, la terreur est telle qu'aucun médecin n'a osé décrocher le téléphone pour alerter Paz et lui dire de quitter immédiatement sa maison.

Clandestine

Si la chance a voulu que Paz ne soit pas faite prisonnière ce jour-là, elle doit dorénavant se cacher. Elle continue ses consultations à l'ambassade de Suède qui, mesurant clairement la menace, lui propose l'asile, tout comme le font celles de Grande-Bretagne et de France.
Mais la jeune femme a une idée fixe :

« Je ne voulais pas sortir du Chili sans passeport, je ne voulais pas m'exiler, pour ne pas perdre ma liberté ; pour pouvoir revenir quand JE le désirerais, pas quand la dictature me le dicterait. Il me fallait obtenir un passeport.

Un jour, j'ai appris qu'une femme possédant une agence de voyage pouvait obtenir ce document parce qu'elle avait des relations dans une mairie et je me suis adressée à elle… Elle a accepté de m'aider. »

Quelques semaines plus tard, le 24 novembre 1974, Paz Rojas est dans un avion pour Stockholm, un vrai passeport en poche. Puis elle s'installe en France avec son mari et ses deux enfants de 8 et 11 ans, où la rejoint Katia, que la Dina a fini par relâcher.

En exil, elles reçoivent d'anciens prisonniers politiques chiliens

Ensemble, le duo –auquel s'ajoute le Dr. Patricia Barceló, elle aussi torturée par la Dina puis expulsée- poursuit son travail sur la torture en recevant plus de 300 anciens prisonniers politiques chiliens.

« Accompagner les victimes de la dictature qui affluaient en France, c'était non seulement travailler sur leur passé, mais aussi anticiper leur état futur.
LE GRILL, UN CLASSIQUE DES MÉTHODES DE TORTURE, C'EST UN LIT MÉTALLIQUE D'HÔPITAL OÙ L’ON APPLIQUE AUX VICTIMES ─ATTACHÉES, LES YEUX BANDÉS─ DES VIOLENTES DÉCHARGES ÉLECTRIQUES SUR LES PARTIES LES PLUS SENSIBLES DU CORPS, SOUVENT SOUS LE CONTRÔLE D’UN MÉDECIN. CETTE CRUELLE PRATIQUE A ÉTÉ MASSIVEMENT UTILISÉE PAR LES APPAREILS DE TERREUR DES DICTATURES SUD-AMÉRICAINES. PHOTO MUSÉE DE LA MÉMOIRE ET DES DROITS DE L'HOMME, SANTIAGO, CHILI.
La torture est un sujet qui vous prend aux tripes, et dont on sort difficilement. J'avais l'impression que c'était notre devoir de comprendre. Que s'était-il passé ? Pourquoi en était-on arrivé à cette violence-là ? Qu'est-ce qui avait poussé des hommes à traiter leurs semblables avec autant de haine ? Où naissait la pulsion de vouloir faire du mal à un autre être humain, à un semblable ?

Comment Pinochet avait-il réussi à faire en sorte que les forces armées, la police et les services secrets incarnent la répression avec autant de hargne ? Comment avait-il insinué dans leur esprit l'image d'un “ennemi” qu'ils devaient à tout prix rayer des vivants, exterminer ? Quelle était la stratégie hissée en système des autorités tortionnaires ? … »

Une enquête en profondeur

Les praticiennes chiliennes se lancent dans une enquête de fond qui aboutit à la publication d'un livre (Torture et résistance au Chili, 1990). Elles découvrent le livre où Joseph Comblin analyse la mainmise des États-Unis sur l'Amérique latine à partir des années 50, et la doctrine américaine de la « sécurité nationale ».
ORLANDO LETELIER, ANCIEN MINISTRE DE LA DÉFENSE 
ET AMBASSADEUR DU GOUVERNEMENT ALLENDE AUX  
ÉTATS-UNISIL A ÉTÉ ASSASSINÉ PAR LA DINA À
WASHINGTON SOUS ORDRE DE PINOCHET EN SEPTEMBRE
1976, AUX CÔTÉS DE SA SECRÉTAIRE RONNIE MOFFIT,
DE 25 ANS.
En 1976 elles voyagent aux États-Unis, où elles inter-viewent, une semaine avant son assassinat par les agents de la dictature, en septembre, dans le cadre du plan Condor─, Orlando Letelier, ancien ambassadeur du Chili et ministre de la défense du gouvernement socialiste.

En même temps, elles poursuivent leur travail avec les victimes chiliennes de tortures : « Ceux qui avaient été torturés décrivaient les techniques employées et leurs tortionnaires avec tant de précisions physiques et comportementales, que nous avions réussi à identifier près de vingt responsables. »

Le courage de revenir alors que le pays est mené par une dictature sanglante

En 1981, Paz revient au Chili. Elle trouve un pays brisé, où circulent autour d'elle par milliers les mêmes histoires atroces qu'elle a recueillies en France. Jusque dans sa famille, un beau-frère, un neveu, un cousin ont été emprisonnés, torturés, certains ont même disparu. Elle ressent le besoin d'être là, « près de ceux qui se battaient, ici, au Chili ».

Et elle rejoint le CODEPU, « Comité de défense des droits du peuple », œuvre de la religieuse Blanca Rengifo et de la sœur d'Orlando Letelier, l'avocate Fabiola Letelier. « Cette association de défense de Droits de l'homme, indépendante, était cataloguée extrémiste –donc terroriste– par la dictature ».

BLANCA RENGIFO, RELIGIEUSE ET AVOCATE DE GAUCHE PROCHE DU MIR, ET LA JURISTE FABIOLA LETELIER DEL SOLAR, LES FONDATRICES DU CODEPU.
Ces mots servent aux autorités militaires à justifier les méthodes atterrantes qu'elles brandissent pour venir à bout de tout type d'organisation qui leur tient tête ou leur est simplement hostile, et devient ipso facto à leurs yeux un « ennemi à abattre ».

Les médecins qui œuvrent au CODEPU (financé depuis 1983 par le Fonds des NU pour les victimes de la torture) parviennent à pénétrer dans les prisons tous les mercredis et samedis, pour soigner les prisonniers politiques.

C'est précisément ce qui intéresse Paz : elle trouve dans cette organisation une nouvelle équipe de résistance à la dictature, une équipe formée de juristes, médecins, psychologues, assistantes sociales, dont les membres sont doués d'une capacité d'empathie peu commune, des gens prêts à se sacrifier pour une cause, résister à l'oppression des militaires.

A plusieurs reprises, on lui propose d'ouvrir un cabinet pour gagner de l'argent, sans doute beaucoup d'argent, mais Paz préfère travailler au sein de la CODEPU où elle est volontaire.

Elle parvient à ignorer les coups de téléphone en pleine nuit, à tenir bon face aux menaces de mort, aux violentes descentes policières, aux innombrables détentions « qui pouvaient durer d'une journée jusqu'à une semaine » ; elle participe à un travail de formation d'avocats et d'équipes médico-sociales dans six grandes villes du Chili. « Nous avions une immense force. Nous faisions face à la dictature de manière très courageuse.»

L'une de ces équipes, à Valdivia, au Sud du Chili, est d'ailleurs encore sur pied aujourd'hui, même si les aides financières dont bénéficiait l'organisation ont disparu.

La CODEPU continue de publier des livres traitant non seulement de ce qu'ont subi les personnes torturées et leurs proches sur le coup, mais encore des répercussions désastreuses de la torture sur les trente-sept années de vie qui les séparent des événements.

Témoin au procès des tortionnaires chiliens à Paris
JOSÉ ARAYA DE CODEPU, PAZ ROJAS, ME CLAUDE KATZ, AVOCAT DE LA FIDH, ME ROBERTO GARRETON, CONSEILLER DE L’INDH ET KARINE BONNEAU, RESPONSABLE DU BUREAU DE JUSTICE INTERNATIONALE À LA FIDH. FIN OCTOBRE 2011 : LA FIDH EN MISSION SPÉCIALE AU CHILI POUR VEILLER À LA RÉALITÉ DES MANDATS D’ARRÊT ÉMIS PAR LA COUR PÉNALE DE PARIS LE 21 JUIN PASSÉ CONTRE 12 ANCIENS OFFICIERS ET UN CIVIL, RESPONSABLES DE LA SÉQUESTRATION, DES TORTURES ET LA DISPARITION DE QUATRE CITOYENS FRANCO-CHILIENS SOUS LA DICTATURE MILITAIRE.
Au procès, en décembre 2010 à Paris, des tortionnaires chiliens accusés d'avoir assassiné quatre Franco-Chiliens, Jean-Yves Claudet, Alfonso Chanfreau, Etienne Pesle et Georges Klein, Paz figurait parmi les « grands témoins » chargés de décrire le contexte historique des différentes disparitions.

« A partir de l'assassinat des quatre hommes, on voyait se dérouler l'histoire du drame qu'a vécu le Chili avec la dictature : Klein, c'était le coup d'État du 11 septembre et La Moneda ; Pesle, c'était l'histoire de la réforme agraire avec Allende : on a beaucoup parlé des paysans et des Mapuche. Chanfreau, c'était la DINA, et Claudet c'était « l'opération Condor. »

En entendant la justice française prononcer treize condamnations (les deux chefs de la DINA, les généraux Manuel Contreras et Pedro Espinoza, ont été condamnés à la prison à perpétuité et onze autres agents de la répression à des peines de quinze à trente ans), Paz, comme tous ceux qui assistaient au procès, ont compris que l'ombre de Pinochet avait été présente tout le long du procès, parce que c'était bien lui le principal coupable.
PAZ ROJAS AU COLLOQUE AMNISTIE, AMNÉSIE, IMPUNITÉ, PROBLÈMES DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE, ORGANISÉ PAR LES VERTS EN DÉCEMBRE 2007 À L’ASSEMBLÉE NATIONALE. UNANIMEMENT RECONNUE, LA VASTE LABEUR ET L’EXPÉRIENCE DE PLUS DE 30 ANS DU DR. PAZ ROJAS EN MATIÈRE DE SOINS AUX VICTIMES DES TORTURES ET DES SÉVICES D’ÉTAT, LA MÈNENT À PARTICIPER À DIVERS FORUMS INTERNATIONAUX AUTOUR DE CE THÈME GRAVE ET COMPLEXE.
A la fin du procès, elle ressentit une paix intérieure indescriptible : c'était « la première fois que je voyais fonctionner une justice vraie, profonde et respectueuse ». L'impression que le droit triomphait enfin sur la barbarie. Et que pour la première fois, une justice avait rendu hommage à tous ceux qui sont morts pour avoir résisté.