vendredi 19 octobre 2012

LA CARAVANE DE LA MORT: L'UN DES ÉPISODES LES PLUS NOIRS DE LA DICTATURE

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MISSION ACCOMPLIE, MON GÉNÉRAL ! L'EX-GÉNÉRAL CHILIEN SERGIO ARELLANO STARK, RESPONSABLE DE LA « CARAVANE DE LA MORT »  EMBRASSE LE DICTATEUR AUGUSTO PINOCHET.  
SANTIAGO, 23 jan 2001 (AFP) - La Caravane de la mort, dont les crimes devaient être au centre de l'interrogatoire du général Augusto Pinochet mardi, était un commando militaire qui a sillonné le Chili et exécuté sans procès au moins 75 prisonniers politiques en octobre 1973.
Le juge Juan Guzmán, chargé d'instruire la totalité des plaintes déposées contre l'ex-dictateur, entend faire la lumière sur sa responsabilité dans ces crimes commis dans le mois qui a suivi le coup d'Etat du 11 septembre 1973.

Sur ces 75 exécutions, 57 figurent au dossier comme enlèvements et homicides qualifiés, les 18 autres comme enlèvements qualifiés. L'homicide n'a pu être retenu dans ces derniers cas car les corps n'ont toujours pas été retrouvés.

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L'ANCIEN GÉNÉRAL JOAQUÍN LAGOS OSORIO,
COMMANDANT DE LA 1ÈRE DIVISION D'ARMÉE
« J’avais honte de les voir. Ils étaient en morceaux. Au point que je voulais les reconstituer, leur donner au moins une forme humaine. Oui, ils leur arrachaient les yeux au couteau, leur cassaient les mâchoires, leur cassaient les jambes... À la fin ils leur donnaient le coup de grâce. [...] On les tuait de façon à ce qu'ils meurent lentement. C’est à dire, parfois ils les fusillaient par parties. D'abord, les jambes, ensuite, les organes sexuels, ensuite, le cœur. Les mitrailleuses faisaient feu en cet ordre ».  
Ex-général Joaquín Lagos Osorio, Commandant de la 1ère Division d'armée du Nord et chef de la zone militaire sous état de siège d’Antofagasta, en interview au journal « El Pais », Madrid, 21 janvier 2001.

Cette affaire avait motivé en août dernier la levée de l'immunité parlementaire dont bénéficiait le général Pinochet depuis qu'il était devenu sénateur à vie en mars 1998, en quittant le commandement en chef de l'armée.

Elle avait également justifié l'inculpation de l'ex-dictateur par le juge Guzmán le 1er décembre, ordre cependant annulé ensuite par la Cour suprême au motif qu'il n'avait pas été procédé à l'interrogatoire préalable de rigueur.

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« LA CARAVANE DE LA MORT » EST UN ESCADRON DE LA MORT QUI SILLONNA LE CHILI DU 30 SEPTEMBRE AU 22 OCTOBRE 1973, SOIT QUELQUES JOURS APRÈS LE COUP D'ÉTAT DU 11 SEPTEMBRE 1973 DU GÉNÉRAL PINOCHET. CAPTURE D'ÉCRAN DE LA MINI-SÉRIE TÉLÉVISÉE CHILIENNE « ECOS DEL DESIERTO »

La Caravane de la mort était dirigée par le général Sergio Arellano Stark, que le général Pinochet avait nommé « officier délégué du président de la junte de gouvernement et commandant en chef de l'armée ».

Cette unité spéciale, composée d'une quinzaine d'hommes, avait quitté Santiago le 30 septembre 1973 pour sillonner le Chili à bord d'un hélicoptère Puma.

Son parcours n'a été que partiellement reconstitué. Mais, selon le dossier, elle est passée en quinze jours par au moins cinq localités, de Cauquenes (sud) à La Serena, Copiapo, Antofagasta et Calama (nord).

Six de ses membres, dont son chef, font actuellement l'objet de poursuites judiciaires sur ordre du juge Guzmán. Ils sont soit en liberté provisoire, soit en résidence surveillée, mesure dénoncée comme symbolique par l'avocate Carmen Hertz, à l'origine, en 1985, de la première plainte dans cette affaire.


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LES MILITAIRES ONT EXÉCUTÉ LES PRISONNIERS POLITIQUES AVEC UNE BRUTALITÉ QUI SCANDALISA TOUT LE MONDE. CAPTURE D'ÉCRAN DE LA MINI-SÉRIE TÉLÉVISÉE CHILIENNE « ECOS DEL DESIERTO »
A la tête de son commando puissamment armé, le général Arellano Stark débarquait dans les régiments locaux et sélectionnait les opposants à éliminer qui étaient tenus, dans des prisons publiques, « à la disposition de l'autorité juridictionnelle militaire ».

Ainsi, quatre prisonniers sont exécutés à Cauquenes le 4 octobre. Seuls deux corps ont été retrouvés.

Le 16 octobre, 15 autres sont de la même façon extraits de la prison de La Serena et fusillés à l'intérieur du régiment Arica.


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LE 16 OCTOBRE 1973, L'HÉLICOPTÈRE PUMA SE POSE, EN PLEINE NUIT, DANS LA COUR DU RÉGIMENT « ESMERALDA D'ANTOFAGASTA » ET LE COMMANDO EXÉCUTE 14 PRISONNIERS HORS DE LA VILLE. CAPTURE D'ÉCRAN DE LA MINI-SÉRIE TÉLÉVISÉE CHILIENNE « ECOS DEL DESIERTO » 

Le même jour, 16 détenus tentent de s'enfuir lors de leur transfert en camion de Copiapó à La Serena. Ils sont abattus dans les environs. Les corps de trois d'entre eux n'ont pas été retrouvés.

Deux jours plus tard, l'hélicoptère Puma se pose, en pleine nuit, dans la cour du régiment Esmeralda d'Antofagasta et le commando exécute 14 prisonniers hors de la ville.

Le lendemain, 19 octobre, 26 autres sont conduits, en deux groupes, également à l'extérieur de la localité de Calama pour être fusillés. Treize sont toujours portés disparus.

fpp/sb tf