jeudi 28 mars 2013

CHILI: LE RETOUR DE L'EX-PRÉSIDENTE MICHELLE BACHELET, CANDIDATE À LA PRÉSIDENTIELLE DE NOVEMBRE

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L'EX-PRÉSIDENTE DU CHILI MICHELLE BACHELET EST ARRIVÉE MERCREDI À SANTIAGO APRÈS AVOIR DÉMISSIONNÉ DE SES FONCTIONS À LA TÊTE DE L'AGENCE ONU FEMMES POUR ANNONCER SA CANDIDATURE À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE NOVEMBRE 2013. PHOTO AP     


Une société agitée

Mme Bachelet peut s'enorgueillir d'avoir fait respecter la parité au sein de son gouvernement, triplé le nombre de places en crèche, augmenté les retraites des mères de famille ou encore facilité l'allaitement sur le lieu de travail à la fin des années 2000. Mais elle revient dans un pays différent de celui qu'elle a quitté. 
Pendant son absence, plusieurs mouvements sociaux, les étudiants en tête exigeant une éducation publique, gratuite et de qualité, ont surgi dans le paysage politique chilien. La communauté amérindienne des Mapuche, dans le sud du Chili, continue de réclamer la restitution de terres « ancestrales » , prises par l'Etat à la fin du 19e siècle et aujourd'hui propriétés de grands groupes forestiers. 


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L'EX-PRÉSIDENTE DU CHILI MICHELLE BACHELET EST ARRIVÉE MERCREDI À SANTIAGO APRÈS AVOIR DÉMISSIONNÉ DE SES FONCTIONS À LA TÊTE DE L'AGENCE ONU FEMMES POUR ANNONCER SA CANDIDATURE À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE NOVEMBRE 2013. PHOTO REUTERS

Un échiquier politique encombré

Comme le souligne El Pais, la droite -au pouvoir depuis 2010 pour la première fois suite à la fin de la dictature du général Pinochet en 1988- rétablit actuellement sa cote de popularité. Avec un taux de croissance du PIB de 5% et un taux de chômage inférieur à 6%, elle s'établit actuellement à 38%, selon le quotidien espagnol. 

Et même si elle apparaît d'ores et déjà comme la grande favorite, l'ex-présidente devra affronter trois autres candidats de gauche dans des primaires en juin. « Le point faible de Bachelet ne va pas être ce qu'elle dit, mais ce que diront les autres membres de sa coalition » , dont certains présentent « des divergences importantes » , a souligné le politologue Patricio Navia. Le quotidien chilien La Tercera a fait une sélection de tweets montrant le caractère mitigé des réactions au retour de Michelle Bachelet. 


mercredi 27 mars 2013

MICHELLE BACHELET À LA RECONQUÊTE DU CHILI


Personne ne connaît son programme

Mère de trois enfants et séparée, Michelle Bachelet «couvre des espaces politiques très larges », explique Antoine Maillet, doctorant en politiques publiques à l'Université catholique du Chili. Fille d'un militaire torturé à mort pendant la dictature de Pinochet, elle a aussi été la première femme ministre de la Défense en Amérique latine.

Paradoxalement, dans ce pays néolibéral, l'image rassurante de Michelle Bachelet séduit et ses records de popularité reposent avant tout sur sa personnalité, car «au-delà des discours, le bilan de son gouvernement est plutôt neutre», estime Antoine Maillet. Le chômage atteignait 8,1 % en juillet 2010, contre 6 % actuellement. Et personne ne connaît le programme de l'ancienne présidente, dont le silence en agace plus d'un.

Les députés de la Concertación appellent de leurs vœux le ralliement de Michelle Bachelet à la mise en accusation du ministre de l'Éducation, Harald Beyer, après le scandale de l'enrichissement des universités privées. «Il faut qu'elle prenne position!, s'insurge un député du parti majoritaire du président Sebastian Piñera (Rénovation nationale, centre droit). Nous sommes en train de perdre la présidentielle! Personne ne peut se battre contre un fantôme…»

Par Laurie Fachaux

mardi 26 mars 2013

33 ANS APRÈS, LE SALVADOR COMMÉMORE MGR ROMERO

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MONSEIGNEUR ROMERO, 62 ANS, FUT ASSASSINÉ PAR 4 HOMMES ARMÉS LE 24 MARS 1980 LORS QU'IL CÉLÉBRAIT UN OFFICE RELIGIEUX. L'ARCHEVÊQUE AVAIT ADOPTÉ UNE POSITION COURAGEUSE  AU SAN SALVADOR OÙ IL DÉFENDAIT LES PAYSANS CONTRE LA RÉPRESSION ET LES ASSASSINATS SYSTÉMATIQUES. 


Dans le journal du Vatican, L'Osservatore Romano, on rend également compte de l'anniversaire de  la mort du prélat assassiné: « L'anniversaire de la mort de l'archevêque du Salvador, qui a lutté contre la violence et l'injustice sociale, est célébrée chaque année dans le pays par une série de liturgies et d'autres initiatives promues par l'Église, qui ont lieu dans les jours précédant la date anniversaire de l'assassinat. De nombreux citoyens, des fidèles, mais aussi des non-croyants, ont participé à ce qui a toujours été appelé 'le pèlerinage de la lumière'. 'Le pèlerinage', a déclaré un représentant de la Fondation Mgr Romero, Louisiane de Beltrán, 'est ainsi nommé parce Romero est la lumière de notre peuple.' Un autre fidèle, Jorge Antonio Cubias, a ajouté: 'c'est un exemple à suivre'. Le 33e anniversaire de la mort de l'évêque coïncide également avec la célébration de la Semaine Sainte.» 

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LE PRÉSIDENT DU SALVADOR MR. CARLOS MAURICIO FUNES CARTAGENA À L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU) LE 25 SEPTEMBRE 2012 

De son côté, le président Mauricio Funes, premier président de gauche du pays, pour qui Mgr Romero est le « guide spirituel »  du Salvador, a fait une déclaration à la radio publique: « Dans le cas de l'assassinat de Mgr Romero, nous sommes toujours en attente de ce que la justice aille au fond de l'affaire et révèle la vérité, non seulement à cause de la famille de l'évêque, mais pour toute l'Église catholique et le peuple salvadorien » . Il faut dire que la mémoire du Salvador est loin d'être apaisée: l'assassinat de Mgr Romero a ouvert la guerre civile qui a duré jusqu'en 1992. En 1993, une commission d'enquête a prouvé l'implication directe du responsable d'extrême-droite Roberto d'Aubuisson comme commanditaire du meurtre de « l'évêque des pauvres » , mais aucun des responsables n'a été puni: une loi d'amnistie, régulièrement attaquée par la gauche, a en effet blanchi les assassins, et elle ne semble pas en voie d'être abrogée malgré les déclarations du président Funes.

« LIVRE BLANC DU CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT AU CHILI »


lundi 25 mars 2013

LA BOLIVIE PORTERA SON DIFFÉREND FRONTALIER AVEC LE CHILI DEVANT LA CIJ


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« La Bolivie ratifie sa décision irrévocable et souveraine de retourner à l'océan Pacifique, la revendication maritime est un droit inaliénable du peuple bolivien » , a souligné le président Morales dans son discours.

Depuis que le président bolivien a annoncé en 2011 son intention de faire des démarches devant la justice internationale sur cette revendication, le ton s'est durci entre les deux pays.

La semaine dernière, Evo Morales à affirmé que tenter de dialoguer avec le gouvernement chilien sur ce thème constitue « une perte de temps » .



RENDRE À LA BOLIVIE SON ACCÈS À LA MER : C’EST LA MISSION QUE S’EST FIXÉE SON PRÉSIDENT, EVO MORALES. POUR CE FAIRE, IL COMPTE TRAÎNER LE CHILI DEVANT LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE DE LA HAYE. LA BOLIVIE A CÉDÉ SON ACCÈS MARITIME AU CHILI IL Y A 130 ANS APRÈS SA DÉFAITE DANS LA « GUERRE DU PACIFIQUE ». UN RENONCEMENT RATIFIÉ PAR TRAITÉ EN 1904.
Pour sa part, le président chilien Sebastian Piñera a réagi samedi à l'annonce de la Paz dans une déclaration publique à Santiago et réitéré la position de son gouvernement.

« Face aux éventuelles demandes que peut présenter la Bolivie devant les tribunaux internationaux, le Chili avec l'aide de son peuple défendra avec toute la force de l'unité nationale, l'histoire et la vérité, son territoire, sa mer, son ciel et aussi sa souveraineté» , a martelé le président chilien.

« Je veux qu'il soit bien clair que le Traité de Paix et d'amitié de 1904 a été librement signé et ratifié, tant par le Chili que par la Bolivie et est aujourd'hui pleinement en vigueur » , a souligné Piñera.

Le « retour à la mer » , une revendication historique de la Bolivie, est un des thèmes récurrents du gouvernement du président Evo Morales, premier président amérindien du pays et un des dirigeants de la gauche radicale latino-américaine.

mardi 19 mars 2013

JOHN LENNON & YOKO ONO « ANGELA »


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JOHN LENNON AND YOKO ONO
SOME TIME IN NEW YORK CITY VINY 


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JOHN LENNON ET YOKO ONO   
« ANGELA » DURÉE : 00:04:16




John Lennon, et sa femme, Yoko Ono, se mobilise ici, avec cette chanson en faveur d'Angela Davis, militante communiste noire américaine, qui fut pourchassée et emprisonnée par le FBI, au début des années 70.

Angela
Angela, they put you in prison
Angela, ils t'ont mise en prison
Angela, they shot down your man
Angela, ils ont abattu ton compagnon
Angela, you're one of the millions of political prisoners in the world
Angela, tu fais partie des millions de prisonniers politiques que compte le monde.

Sister, there's a wind that never dies
Petite soeur, il y a un vent qui ne meurt jamais
Sister, we're breathing together
Petite soeur, nous respirons ensemble
Sister, our love and hopes forever keep on moving oh so slowly in the world
Petite sœur, notre amour et notre espoir nous feront toujours avancer, si lentement soit-il.

They gave you sunshine
Ils t'ont donnée la chaleur
They gave you sea
Ils t'ont donné la mer
They gave you everything but the jailhouse key...
Ils t'ont donnée tout sauf la clé de la prison
Etc... , etc... .

Ils t'ont donnée du café
Ils t'ont donnée du thé
Ils t'ont donnée tout sauf l'égalité
Angela, entends-tu la terre tourner
Angela, le monde te regarde
Angela, tu seras bientôt redonnée à tes soeurs et à tes frères du monde entier
Petite sueur, tu es encore un guide pour le peuple
Petite sœur, tes mots portent loin
Petite sueur, il y a un million de races différentes, mais nous partagerons tous un jour le même avenir.
Ils t'ont donnée la chaleur
Ils t'ont donné la mer
Ils t'ont donnée tout sauf la clé de la prison
Ils t'ont donnée du café
Ils t'ont donnée du thé
Ils t'ont donnée tout sauf l'égalité
Angela, ils t'ont mis en prison
Angela, ils ont abattu ton compagnon
Angela, tu fais partie des millions de prisonniers politiques que compte le monde.




THE ROLLING STONES « SWEET BLACK ANGEL »


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THE ROLLING STONES  « SWEET BLACK  ANGEL » DURÉE : 00:03:05



lundi 18 mars 2013

ANGELA DAVIS : TÉMOIGNAGE D'UNE ÉTERNELLE INSOUMISE

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L'ARRESTATION D'ANGELA DAVIS (OCTOBRE 1970)

Arrêtée le 13 octobre 1970, vous avez été placée en détention, et même en isolement, pendant seize mois. Comment avez-vous tenu? 

Ils voulaient me casser. Me rendre folle. J'ai beaucoup lu, écrit, réfléchi. J'ai appris le yoga à travers un livre, et je n'ai jamais plus abandonné cette discipline. Bien sûr, j'ai vécu des moments très durs, des crises d'angoisse et de claustrophobie. Et aussi de rares moments de grâce, comme quand Nina Simone m'a apporté en cellule un ballon que j'ai gardé jusqu'à ce qu'il soit complètement dégonflé - je l'ai ensuite glissé sous mon oreiller. J'ai compris que je ne pouvais pas m'écrouler : malgré moi, je représentais la cause de millions de personnes qui me soutenaient en Inde, en Afrique, aux Etats-Unis. Et en France! 



INTERVIEW D'ANGELA DAVIS, DU 16 JANVIER 1978, 05':30'', MILITANTE DU PC AMÉRICAIN ET PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE ET EXTRAIT DE SON FILM " L'ENCHAÎNEMENT " DE JEAN DANIEL SIMON. 


En quoi la France s'est-elle distinguée? 

100 000 personnes ont manifesté à Paris pour obtenir ma libération, dont de nombreux intellectuels : Jean Genet, Aragon... Jean-Paul Sartre m'a envoyé plusieurs lettres en prison et Jacques Prévert a publié un texte magnifique, Angela. "Angela Davis, dans sa prison, écoute sans pouvoir les entendre, et peut-être en souriant, les chansons de ses frères de joie, de rire et de chagrin, et les refrains marrants des enfants du ghetto : ceux qui enferment les autres sentent le renfermé, ceux qui sont enfermés sentent la liberté. [...] Il faut libérer Angela Davis - en attendant le jour où seront condamnées toutes les portes derrière lesquelles la vie noire est enfermée." J'ai découvert Paris à 18 ans, comme étudiante à la Sorbonne. Je lisais Camus, Balzac, Merleau-Ponty... Aujourd'hui encore, je viens régulièrement chez vous; je me balade de Saint-Germain à Belleville et à Barbès. 

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ANGELA DAVIS  PHOTO SANDI SISSEL

Partagiez-vous toutes les idées du Parti communiste et des Black Panthers? 

Absolument pas! La leçon la plus importante de ma vie a été d'accepter que la contradiction est présente en toute chose. Je ne crois pas aux utopies. L'Histoire a montré qu'elles sont à l'origine de toutes les dictatures... Mon engagement dans les Black Panthers a été une partie très excitante de ma vie. Leur radicalité, leur rage étaient essentielles à cette époque. Mais je n'étais pas d'accord avec ceux qui prônaient le Black Nationalism, revendiquant la création d'une nation afro-américaine séparée aux Etats-Unis, ou le retour en Afrique. Et il y avait un réel machisme dans le parti. Les femmes n'étaient pas considérées comme pouvant porter la cause, être leaders. Quant au Parti communiste, il y avait un côté parfois trop intellectualisé et très psychorigide. Et surtout un manque de démocratie dans l'organigramme. Je ne me suis jamais vue comme une adepte. Mon but a toujours été de trouver des ponts entre les idées et d'abattre des murs. Et les murs renversés deviennent des ponts.  

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ANGELA DAVIS LORS DE SON PROCÈS. ANGELA DAVIS, LA REBELLE FUT CONDAMNÉE À MORT, PUIS ACQUITTÉE LE 4 JUIN 1972. C’EST UNE MOBILISATION D’UNE AMPLEUR INTERNATIONALE QUI PERMIT SA LIBÉRATION.  

Vous définiriez-vous comme féministe? 

Je n'aurais jamais fait partie des mouvements féministes américains des années 1970. Ces femmes étaient bien trop bourgeoises pour moi ! En grande majorité, elles étaient blanches et se battaient pour le droit au travail et à l'avortement. Les Noires avaient déjà un travail, mais comme domestiques... Mais la question de l'émancipation de la femme a toujours été essentielle pour moi. Je me suis opposée à la Million Man March organisée par Louis Farrakhan (leader de Nation of Islam) en 1995 parce que ce mouvement refusait aux femmes le droit de manifester! Ma conception du féminisme est celle d'une volonté d'émancipation qui dépasse les frontières établies. Les questions de sexualité, de race, de classe et de genre sont intimement liées. 


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GUS HALL FONDATEUR DU SYNDICAT UNITED STEELWORKERS OF AMERICA,  (MÉTALLURGISTES UNIS D'AMÉRIQUE ) LE SYNDICAT DES MÉTALLOS.  IL DIRIGEA LONGTEMPS LE PARTI COMMUNISTE AMÉRICAIN ET SE PRÉSENTA 4 FOIS À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE, LA DERNIÈRE EN 1984. EN 1980 ET 1984 IL FORMAIT UN TANDEM AVEC ANGELA DAVIS POUR LA VICE-PRÉSIDENCE. 

Votre beauté a marqué une époque. Le New York Times vous a classée parmi les 50 personnalités les plus stylées du xxe siècle... 

La beauté n'a jamais été ma première préoccupation. Le charme, peut-être. Le charisme sans aucun doute. Les hommes me voyaient comme une panthère. Les femmes m'arrêtaient dans la rue pour me demander où j'avais acheté tel ou tel vêtement... Je n'en avais aucune idée! J'aimerais bien revenir à ces années et en profiter un peu plus [Rires.] ! Mais je suis consciente que mon image a attiré l'attention et, si cela a aidé mes luttes, j'en suis ravie. Je suis fière aussi que tant de femmes noires aient vu en moi un modèle d'émancipation. 


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ANGELA DAVIS ET SHOLA LYNCH  PHOTO SANDI SISSEL

Depuis votre plus jeune âge, vous vous battez pour vos idées. Vous n'avez jamais eu envie d'arrêter? 

Je ne sais rien faire d'autre! J'ai besoin de comprendre et d'agir. L'accumulation des savoirs en tant que telle ne m'intéresse pas. Je suis contre la peine de mort. Je critique l'industrie carcérale aux Etats-Unis qui encourage la criminalité au lieu de la corriger, et qui est très raciste. Je soutiens aussi les droits des homosexuels [Angela Davis a fait son coming out, en 1997, lors d'une interview pour Out Magazine]. Je suis heureuse que Barack Obama soit le premier président de l'histoire des Etats-Unis à défendre le mariage pour tous. Mais, encore une fois, je trouve le clivage hommes/femmes/homosexuels très réducteur. Je suis professeur à l'université de Santa Cruz en Californie et, au lieu d'inculquer des connaissances préfabriquées, j'encourage le développement de l'esprit critique. Je me battrai toujours pour l'éveil des consciences : d'une perception lucide de l'oppression naît la nécessité d'abolir l'oppression... 



« Free Angela and All Political Prisoners », film de Shola Lynch. Sortie en France le 3 avril 2013. Icone de la lutte noire, à 69 ans, Angela Davis, professeur de philosophie, est toujours une militante : en faveur du droit des femmes et contre la peine de mort. 

L'EX-PRÉSIDENTE MICHELLE BACHELET DÉMISSIONNE DE L'ONU FEMMES POUR RENTRER AU CHILI

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MICHELLE BACHELET , ANCIENNE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU-FEMMES LORS DE SA PRISE DE FONCTION À NEW YORK  EN JUILLET 2010
Michelle Bachelet se présentera aux primaires du bloc de centre-gauche, la Concertacion, qui se dérouleront fin juin. La gauche mais aussi la droite se félicite de ce retour pour une raison : la campagne va enfin pouvoir réellement commencer.

La majorité de la population, quant à elle, exprime soulagement et espoir. La majorité pense que Michelle Bachelet portera les demandes sociales qui mobilisent la société : une éducation publique gratuite et de qualité et une meilleure santé publique.

L’ex-présidente ne s’était pas représentée en 2010 après son premier mandat de quatre ans. La Constitution chilienne interdit en effet d’accomplir deux mandats de suite. 

dimanche 17 mars 2013

DÉCÈS DE L'ANCIENNE DÉPUTÉE ELIANA ARANÍBAR

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L'ANCIENNE DÉPUTÉE ELIANA ARANÍBAR LORS DE L'ENREGISTREMENT D'UN FILM BIOGRAPHIE POUR RACONTER SON HISTOIRE ET SES SOUVENIRS DE LA BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS DU CHILI

Ne cessant de voyager pour dénoncer les crimes du régime de Pinochet, elle était rentrée clandestinement en 1978 dans son pays pour organiser la résistance. Elle est devenue secrétaire générale des Jeunesses communistes après Gladys Marín. Elle intègre le au Comité central du Parti.


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COUVERTURE DU LIVRE « EL ÁRBOL FLORIDO  » ( L'ARBRE FLEURI )  D’ELIANA ARANÍBAR ET ROLANDO CARRASCO  

Ce n'est qu'en 1989 que son retour légal au pays a été autorisé.

En 1994, Eliana Araníbar avec d’autres camarades ont organisé le « Movimiento por los Derechos de la Mujer», (MODEMU) , (Mouvement pour les Droits de la Femme); dont elle fut la présidente.

Le Comité central de son Parti a salué dans un communiqué l'« ardente militante » qui a participé «activement à de grands combats pour les droits des femmes et de la jeunesse ».

CHILI : MICHELLE BACHELET ATTENDUE AVEC IMPATIENCE


La politicienne âgée de 62 ans, qui était à la tête d’ONU Femmes depuis juillet 2010, a annoncé son départ à la fin du discours qu’elle a livré vendredi soir en clôture de la Commission sur la condition de la femme.

Elle n’a toutefois fait aucune mention de ses intentions ou des raisons précises de son départ, et ce silence frustre non seulement ses opposants, mais aussi ses partisans, qui sont nombreux à espérer qu’elle déposera sa candidature en vue du scrutin présidentiel du 17 novembre.

Des sondages réalisés récemment montrent qu’environ 54 pour cent des électeurs soutiendraient sa candidature. Lorsqu’elle a quitté le pouvoir en 2010, après avoir été élue en 2006, elle jouissait d’une cote d’approbation de 80 pour cent.

L’opposition de centre-gauche la considère donc comme la personne la mieux placée pour défaire le président conservateur Sebastian Piñera.

« Nous n’avons pas de plan B. Je suis sérieux. Dans l’opposition, nous ne sommes tout simplement pas préparés à une réponse négative de la part de Bachelet », a résumé Jaime Quintana, président du Parti pour la démocratie, l’une des formations politiques faisant partie de la coalition de centre-gauche.

Quelle qu’elle soit, la personne qui se retrouvera à la tête du pays aura de nombreux défis à relever. Des manifestations organisées par les groupes sociaux avaient ébranlé la présidence de Mme Bachelet, mais elles ont été encore plus déstabilisantes pour le leadership de Sebastian Piñera. Celui-ci est d’ailleurs le président le moins populaire depuis le retour de la démocratie au Chili, en 1990, à la suite des années de dictature du général Augusto Pinochet.

samedi 16 mars 2013

MICHELLE BACHELET QUITTE L'ONU POUR RETOURNER AU CHILI

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L'ANCIENNE PRÉSIDENTE CHILIENNE MICHELLE BACHELET A ANNONCÉ VENDREDI 15 MARS 2013, SA DÉMISSION DU POSTE DE DIRECTRICE EXÉCUTIVE D'ONU FEMMES, UNE ORGANISATION DES NATIONS UNIES, POUR « RENTRER DANS ON PAYS », ALORS QUE DE NOMBREUX CHILIENS SOUHAITENT LA VOIR SE PORTER CANDIDATE À LA PRÉSIDENTIELLE DE NOVEMBRE.  PHOTO D'ARCHIVES UESLEI MARCELINO 
La gauche chilienne, très divisée, espère en le retour de la socialiste Michelle Bachelet, qui fut l'un des chefs d'Etat du Chili les plus populaires. Elle a été présidente entre 2006 et 2010.

Son gouvernement avait toutefois été critiqué pour avoir fait preuve de trop de lenteur dans sa réponse aux conséquences du tremblement de terre dévastateur de février 2010.

Le président sortant Sebastian Piñera ne pouvant concourir un second mandat consécutif, deux candidats se disputent les suffrages de la droite pour le scrutin du 17 novembre : l'ancien ministre des Travaux publics Laurence Golborne, un homme d'affaires charismatique, et l'ancien ministre de la Défense Andres Allamand, un politique chevronné.

Quelque 49% des Chiliens disent souhaiter avoir Michelle Bachelet comme prochaine présidente. Ils sont 11% à lui préférer Laurence Golborne et 5% Andres Allamand, selon un sondage CEP publié en janvier. (Michelle Nichols et Alexandra Ulmer; Danielle Rouquié pour le service français)

vendredi 15 mars 2013

ARGENTINE : DES ACCUSÉS DE LA DICTATURE APPARAISSENT À LEUR PROCÈS AVEC LES COULEURS DU VATICAN

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LES 44 TORTIONNAIRES ACCUSÉS DES CRIMES ET DÉLITS CONTRE L’HUMANITÉ COMMIS À LA PERLA ( LE PRINCIPAL CENTRE DE DÉTENTION APRÈS CELUI BUENOS AIRES ) SONT ENTRÉS À LA SALLE DU TRIBUNAL EXHIBANT DANS LEURS POITRINE UNE COCARDE AVEC LES COULEURS DU VATICAN. PHOTO PAGINA12
L'élection mercredi du pape François, ancien archevêque de Buenos Aires, a soulevé en Argentine une polémique à propos de l'attitude considérée par certains comme trop complaisante de l'Eglise catholique envers la dictature des généraux.

jeudi 14 mars 2013

HABEMUS PAPAM - FRANÇOIS IER BERGOGLIO, UNE OMBRE AU TABLEAU

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COUVERTURE DU LIVRE « EL JESUITA - CONVERSACIONES CON EL CARDENAL JORGE BERGOGLIO »

Opération conclave

Alors qu’en Allemagne était révélé en 2009 le passé de Benoît XVI au sein des jeunesses hitlériennes, Bergoglio chercha à laver son image dans la perspective d’un nouveau conclave. Les chapitres les plus éloquents de son livre « El Jesuita - Conversaciones con el cardenal Jorge Bergoglio» qui brossent un portrait angélique sont contredits par les témoignages et les documents sortis du sceau du secret. Et notamment par l’action du leader des Droits de l’Homme en Argentine, Emilio Mignogne, aujourd’hui décédé, qui avait dénonçait en son temps les prélats ayant abandonné le peuple des croyants et permis la dissimulation de documents compromettants qui impliquaient leur appui sans réserve à la junte militaire argentine. Le projet du «Jésuite », comme il aime à se qualifier, était de défendre son rôle comme provincial de la Compagnie de Jésus entre 1973 et 1979, afin de contrer les accusations des prêtres Orlando Yorio et Francisco Jalics qui l’accusait de les avoir livré aux militaires. A l’époque ils furent emprisonnés sans jugement pendant 5 mois, ainsi que le groupe paroissiale qui les accompagnait et dont on ne retrouvera jamais les corps.
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COUVERTURE DU LIVRE « EL SILENCIO », DE HORACIO VERBITSKY, ÉD. SUDAMERICANA, 2005 

A l’époque Bergoglio déclarait que ces accusations visaient à discréditer sa candidature comme papabile. Dans une biographie très documentée du cardinal, avec des preuves à l’appui, Horacio Verbitsky en a établit la véracité. Sans doute, lors du Conclave de 2005 où il avait ses chances d’être élu, Bergoglio incarnait-il une ligne plus ouverte que celle de Ratzinger. Avec le Hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga et le Brésilien Hummes. En comparaison du cardinal de l’Opus dei, Mgr Juan Luis Cipriani Thorne, il est vrai qu’il n’est pas difficile d’incarner l’ouverture parmi les papabili d’Amérique. Bergoglio semblait définitivement grillé. Quant à Rodriguez Maradiaga, son soutien au putsch droitier dans son pays fait qu’il sait plus difficile de le considérer comme un papabile «de gauche », ou du moins social. Ceux ont misé aujourd’hui sur Bergoglio, présenté un peu rapidement comme un nouveau Luciani (Jean Paul Ier) parce qu’il prenait les transports en commun et vivait simplement, habillé comme un prêtre de base et non comme un prince de l’Eglise , ont oublié que cet ancien provincial des jésuites combattait la ligne d’ouverture du maître général des jésuites le Père Arrupe. Une ligne d’ouverture et de soutien aux jésuites engagés dans la résistance aux dictatures latino-américaines. Et qu’il doit sa promotion épiscopale à cinquante ans, au soutien amical du cardinal Antonio 

Quarracino, son prédécesseur à Buenos Aires. Un ultra-conservateur. Promotion inattendue comme son élection sur le trône de Pierre le 13 mars.

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COUVERTURE DU LIVRE « IGLESIA Y DICTADURA », ÉDITÉ EN 1986

Des pasteurs livrés aux loups

Cette affaire au sein de la Compagnie de Jésus témoigne de l’implication de l’Eglise d’Argentine avec le pouvoir militaire. Dans son livre « Iglesia y dictadura », édité en 1986, à l’époque où Bergoglio était encore un illustre inconnu en dehors de la sphère cléricale, Emilio Mignone décrit « la complicité sordide » de l’Eglise catholique avec la junte militaire grâce à laquelle les prélats ont laissé, avec leur bénédiction, aux militaires la « sale besogne de nettoyer la cour intérieure de l’Église ». En 1976 à l’occasion d’une rencontre qui réunissait les représentants de la Junte militaire, le président de l’époque de la Conférence Épiscopale d’Argentine et un vicaire militaire, Adolfo Servando Tortolo, il avait été décidé qu’avant d’arrêter un prêtre, les Forces Armées avertiraient l’évêque du lieu. Et Emilio Mignone d’ajouter qu’ « en maintes occasions l’armée a reçu le feu vert des évêques». Le 23 mai de 1976 une compagnie de l’Infanterie de Marine fit une descente dans le quartier de Bajo Flores ou résidait le prêtre Orlando Yorio. Il fut emmené de force et porté disparu pendant cinq mois. Une semaine auparavant l’archevêque (Juan Carlos) Aramburu lui avait retiré, sans explication ni motivations, ses obligations sacramentales. Lors de son incarcération, le Père Yorio avait appris de la bouche de ses tortionnaires qu’il avait été dénoncé par son provincial qui était à l’époque Jorge Bergoglio. Emilio Mignone conclut son livre en se demandant «ce qui retiendra l’histoire de ces bergers qui ont livré leurs brebis aux loups sans les défendre ».

VATICAN: LE CARDINAL CHILIEN ERRAZURIZ ACCUSÉ DE COMPLICITÉ DANS UNE AFFAIRE DE PÉDOPHILIE

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LE CARDINAL FRANCISCO JAVIER ERRAZURIZ.. PHOTO L'OSSERVATORE ROMANO

Un impact fort dans les médias chiliens

Le cardinal Errazuriz s’est exprimé plusieurs fois à la télévision chilienne, et même de Rome. Il réitère n’avoir été au courant de rien. Et il doit bien se défendre car cette pétition n’est pas le seul catalyseur du mécontentement à son égard.

Sur Youtube, on trouve la plupart des interviews données à la presse ces derniers jours par l’une des victimes du père Karadima, Juan Carlos Cruz, pour ne citer que lui.



INTERVIEWS DONNÉES À LA PRESSE CES DERNIERS JOURS PAR L’UNE DES VICTIMES DU PÈRE KARADIMA, JUAN CARLOS CRUZ

Une plainte a été déposée contre le cardinal

Les victimes du père Karadima accusent donc le cardinal Errazuriz de l’avoir protégé. D'ailleurs, ils ont, non seulement écrit la pétition, mais aussi porté plainte contre le cardinal Errazuriz auprès d’un tribunal civil.

La nouvelle a été annoncée mardi 11 mars par le juge qui refusait d’auditionner le cardinal Errazuriz. Il demande aux plaignants de s’adresser directement au Vatican.

En effet, les victimes des abus sexuels du père Karadima ont porté plainte contre l’archevêché de Santiago auprès d’un tribunal civil, car en 2011, le père Karadima n’a été condamné à aucune peine de prison. Les faits qui lui étaient reprochés étaient prescrits par la justice pénale chilienne.

Cela n’avait pas empêché le Vatican de le reconnaître coupable d’abus sexuels, et de le condamner à se retirer dans un couvent. Mais pour les victimes de ce prêtre, une chose est sûre ; aujourd’hui , la place du cardinal Errazuriz n’est pas au conclave à Rome, mais derrière les barreaux.

mardi 12 mars 2013

CHILI : KAROL CARIOLA, L'INTOX

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IMAGE JOSÉ FRANCISCO ZÚÑIGA / AGENCIA UNO
« Karol Cariola manifestant masquée lors de la Journée Internationale de la femme ». Titre du journal Publimetro au Chili.  
INTOX (N.F.)  
1.(FAMILIER) FAIT D'INTOXIQUER DE MANIÈRE INSIDIEUSE LES ESPRITS EN PROPAGEANT DES INFORMATIONS TENDANCIEUSES OU MENSONGÈRES

Même si des excuses et des rectifications ont été publiées peu après sur le site WEB du journal, cette fausse information fut considérée comme une «campagne d’intox », par les proches de Karol Cariola. Le Parti communiste étudie la possibilité de porter plainte contre « Publimetro » et contre l’ agence « UNO » qui a vendu la photo.

dimanche 10 mars 2013

LES HORREURS DU PLAN CONDOR FACE À LA JUSTICE

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JUAN GELMAN ET SA PETITE-FILLE MACARENA GELMAN  À  MONTEVIDEO LE  21 MARS 2012

LE CAS EMBLÉMATIQUE DE
MARÍA CLAUDIA GARCÍA

Certains tentent alors de fuir et parviennent à traverser la frontière, provoquant la colère des chefs d’Etat. Voyant leurs dissidents leur échapper, les pays décident de reprendre la situation en main en organisant une réunion secrète le 25 novembre 1975. Son but ? Mettre en place un système leur permettant d’échanger des informations sur les opposants et autoriser leur arrestation où qu'ils se trouvent. Ce jour-là, sont présents le général Manuel Contreras, chef de la police politique chilienne, le capitaine argentin Jorge Casas, le major Carlos Mena, de Bolivie, le colonel Benito Guanes Serrano (Paraguay), le colonel José A. Fons (Uruguay), et les Brésiliens Flávio de Marco et Thaumaturgo Sotero Vaz, tous deux vétérans des combats contre la guérilla de l’Araguaia.

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Quelque temps après cette rencontre exceptionnelle, une vague de tortures et de meurtres qui durera près de dix ans débute. Elle comptera notamment parmi ses victimes Orlando Letelier, un ancien ministre des Affaires étrangères du Chili et l'ex-président bolivien, Juan José Torres. Mais l'assassinat de María Claudia García est certainement l’un des plus retentissant tant il est devenu le symbole de cette période trouble. Âgée d’une vingtaine d’années, la jeune femme était mariée à l’argentin Marcelo Gelman, poète et journaliste indépendant, fils de l’écrivain Juan Gelman, mais surtout membre de nombreux mouvements pour la liberté. Ses activités ont rapidement éveillé les inquiétudes du gouvernement, qui a finalement décidé de le faire kidnapper avec sa femme, en juillet 1976.

Le couple a dans un premier temps été placé dans le centre de détention d’Orletti, établissement clé du Plan Condor. Pendant près de quatre mois, le couple a été torturé. Puis, Marcelo a fini par être tué d’une balle dans la nuque et enterré dans un fût de 200 litres rempli de ciment et de sable. Son épouse, enceinte, a été transféré à Montevideo, en Uruguay, où elle a donné naissance à une petite fille. Après avoir changé l’identité du bébé et l’avoir fait adopter par un couple de policiers ne pouvant pas avoir d’enfants, les autorités ont finalement éliminé sa mère. CNN rappelle que, pendant le Plan Condor, 30 000 personnes ont mystérieusement disparu, 50 000 ont été tuées et près de 400 000 emprisonnées.


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NÉE EN CAPTIVITÉ PENDANT LES ANNÉES DE PLOMB DES DICTATURES SUD-AMÉRICAINES, MACARENA GELMAN A ÉTÉ REMISE À DES PARENTS ADOPTIFS. SON GRAND-PÈRE, LE POÈTE JUAN GELMAN, L'A CHERCHÉE DURANT VINGT-TROIS ANS. PHOTO MEHDI FEDOUACH

LA CIA AURAIT LAISSÉ FAIRE

Si, depuis mardi, ce sont bien les responsables de ces crimes qui sont devant la justice, les sept pays concernés auraient également bénéficié de l’appui des Etats-Unis. D’après le journaliste anglais Christopher Hitchens, la CIA aurait eu vent de cette opération et n’aurait rien fait pour l’arrêter. Le secrétaire d’Etat de l’administration Nixon, Henry Kissinger, aurait en effet délibérément laissé l’opération continuer, y voyant un bon moyen de lutter contre le communisme sans s'impliquer véritablement. Pire, les services secrets auraient versé de l’argent à Manuel Contreras et même participé à des interrogatoires de certains opposants au Paraguay. « Nous avons des témoignages de survivants et des documents déclassifiés qui compromettent Washington », a récemment fait savoir l’avocate des familles des victimes Carolina Varsky, à la presse. La France pourrait elle aussi avoir joué un rôle dans l’opération Condor en exportant des techniques utilisées lors de la guerre d’Algérie.

Ce sont des archives découvertes en 1992 en Argentine et au Paraguay qui ont révélé l’existence de l’opération Condor et permis la tenue du procès qui vient de s’ouvrir, et qui pourrait durer au moins deux ans. Des documents composés de photos et de cartes d’identité des victimes mais surtout d’archives de la CIA récemment déclassifiées qui seront examinés durant les audiences. Près de 500 témoignages sont également très attendus, notamment ceux qui permettront de comprendre le fonctionnement exact du centre de torture clandestin Orletti. Si aucune victime directe de l’opération n’a survécu, 106 familles se sont cependant portées partie civile, prêtes à se battre pour que la lumière soit enfin faite sur cette effroyable internationale de la répression politique.

mercredi 6 mars 2013

LARMES À GAUCHE

JAMES EARL CARTER, JR., DIT JIMMY CARTER (NÉ LE 1ER OCTOBRE 1924)  LE TRENTE-NEUVIÈME PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS, DE 1977 À 1981. .JIMMY CARTER A DÉCLARÉ EN 2012: « SUR LES 92 ÉLECTIONS DONT NOUS AVONS SURVEILLÉ LE DÉROULEMENT, JE DIRAIS QUE LE PROCESSUS ÉLECTORAL DU VENEZUELA EST LE MEILLEUR DU MONDE » 

Réformer en profondeur

Il crée un parti nationaliste de gauche, le Mouvement Cinquième République et, divorcé de Nancy, épouse en 1997 une journaliste, Marisabel Rodriguez (dont il divorcera en 2004). Le 6 décembre 1998, il est élu Président avec 56 % des voix, à l’issue d’une campagne le présentant comme « le fléau de l’oligarchie et le héros des pauvres » .

Mais diriger l’Etat ne lui suffit pas : il veut réformer le pays. Pour ça, il faut une nouvelle Constitution, donc une nouvelle assemblée législative; pour l’obtenir, il met en jeu sa présidence et gagne sur toute la ligne : référendum pour tenir de nouvelles législatives («oui»  à 92 %); assemblée constituante majoritairement «chaviste» ; référendum sur la nouvelle Constitution (« oui»  à 72 %); présidentielle de 2000 (59,5 %).

Sa politique en faveur des pauvres (notamment la nationalisation et redistribution de latifundios pas ou peu exploités et dont le titre de propriété est douteux, ce qui n’est pas exceptionnel dans un pays longtemps mené par la corruption) lui aliène l’élite vénézuélienne et son activisme « anti-impérialiste »  en fait la bête noire des Etats-Unis. Ces deux forces anti-Chavez se rejoignent à l’occasion de l’effondrement des prix pétroliers qui suit les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles de New York. Alors que le patronat vénézuélien et certains syndicats de l’industrie pétrolière entretiennent la protestation contre les mesures en faveur des pauvres, Chavez met à la porte les patrons de la Compagnie nationale des pétroles, en avril 2002; patronat et syndicats du pétrole appellent à la grève. Une manifestation de protestation réunissant 200 000 personnes, qui doit marcher sur le siège de la compagnie pétrolière, est déviée contre le palais présidentiel, où contre-manifestent des pro-Chavez. Affrontements mortels. Le chef d’état-major et des officiers demandent la démission de Chavez et menacent d’attaquer le palais et ses partisans. Chavez n’imite pas Allende; il se rend et est détenu dans une base militaire.

Le chef du patronat prend le pouvoir, destitue les députés et les maires élus depuis l’arrivée au pouvoir de Chavez, les membres du Tribunal suprême, du ministère public, de la Cour des comptes et du Conseil électoral. Mais les habitants des quartiers pauvres de Caracas ne veulent pas d’un retour au statu quo ante; ils descendent dans la rue, poussant des militaires loyalistes à résister au coup d’Etat. Deux jours après le putsch - soutenu par des officiers américains à Caracas et l’ambassadeur d’Espagne - Chavez est de retour au palais de Miraflores et appelle la nation au calme en brandissant un crucifix.

Deux ans plus tard, il gagne un référendum convoqué pour le révoquer (pratique qu’il a introduite) par 58 % des votants contre sa destitution. Puis la présidentielle de 2006 par 63 %. Son seul échec électoral date de 2007 : un référendum sur une série de réformes constitutionnelles, dont la possibilité qu’un Président effectue plus de deux mandats. Cette réforme sera cependant proposée seule à un référendum en 2009 et adoptée. En octobre 2012, Chavez est réélu avec 55 % des votes.

S’il maintient une majorité malgré l’intense propagande hostile de l’élite vénézuélienne et des Etats-Unis, ce n’est pas par la fraude; Jimmy Carter a déclaré en 2012 : « Sur les 92 élections dont nous avons surveillé le déroulement, je dirais que le processus électoral du Venezuela est le meilleur du monde » . Chavez a la majorité des votes parce que la majorité des Vénézuéliens sont pauvres et approuvent sa politique.

L’ex-parachutiste a en effet profondément bouleversé le statu quo en faveur des riches, en vigueur jusque-là. Alors que 70 % des Vénézuéliens n’avaient pas accès aux soins, il a créé un système de santé servant aussi les pauvres et ajouté plus d’un an à l’espérance de vie de ses compatriotes. Diminué de moitié le nombre de pauvres et fait passer le chômage de 15 % à 6,5 %. Construit 200 000 logements modestes avec la main-d’œuvre gratuite des bénéficiaires. Multiplié le nombre de jeunes ayant accès à l’université et éradiqué l’analphabétisme, constate l’Unesco. Il a mis en place des microcrédits pour développer les PME. Imposé une majorité de l’Etat dans les entreprises des secteurs stratégiques de l’économie. Créé une banque de semences et interdit la pêche intensive pour préserver les ressources. Le tout financé par les revenus du pétrole, qui n’avaient jamais, jusque-là, enrichi que l’élite.

Et s’il est la figure de proue de la gauche latino-américaine, c’est qu’il a mis en pratique le credo de Bolivar. Il fournit en pétrole, à prix réduit, une douzaine de pays pauvres du continent (et d’ailleurs) dirigés par des gouvernements de gauche ou centre-gauche, pourvu que ceux-ci investissent le gain dans le développement.

Pied de nez aux Etats-Unis

Chavez a été le moteur d’institutions destinées à mettre l’Amérique latine à l’abri de la longue tutelle de Washington : l’ALBA (Alternance bolivarienne des Amériques) qui contrecarre le projet de Zone de libre-échange des Etats-Unis; le Bancosur, qui se veut une alternative au « cartel »  des institutions financières de Bretton Woods qui ont, dans les années 90 et 2000, imposé des politiques d’austérité et de privatisation désastreuses (exportation massive des bénéfices privatisés, émeutes de la faim, etc). La Celac (Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes - 33 pays) dont le président est, en 2013, le chef d’Etat cubain Raul Castro - véritable pied de nez aux Etats-Unis. Enfin, il étudie, avec le Brésil, la création d’une « OTAN du Sud »  et diversifie ses fournisseurs d’armes pour desserrer l’étau de Washington, qui demeure son principal partenaire commercial.

Au passif de Chavez, on peut mettre son sous-investissement dans l’industrie pétrolière et son absence de diversification de l’économie, très dépendante de l’or noir. Ses alliances douteuses avec des régimes (l’Iran des ayatollahs, Khadafi, la Syrie) qui n’ont de commun avec Caracas que l’hostilité aux Etats-Unis. Son absence de répression des abus commis par ses militants dans la lutte contre leurs adversaires politiques. Sa complaisance à l’égard de la guérilla colombienne FARC. L’accroissement du banditisme, notamment lié au trafic de drogue, depuis qu’il est au pouvoir. L’instauration d’organes parallèles, les « cercles bolivariens » , doublant les institutions officielles. L’usage récurrent des pouvoirs spéciaux que lui octroie sa majorité parlementaire.

Hugo Chavez rejoindra certainement le panthéon des dirigeants politiques qui ont marqué leur époque. Reste à savoir si le chavisme survivra à son décès : l’homme a beaucoup personnalisé son pouvoir; sa politique résistera-t-elle à la disparition de la magie du «  llanero »  ?