mardi 16 avril 2013

DES MILLIERS DE MANIFESTANTS CONTRE L'ÉLECTION DE MADURO AU VENEZUELA

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL NATIONAL ÉLECTORAL (CNE) TIBISAY LUCENA A RAPPELÉ À L'OPPOSITION QU'ELLE DEVAIT « UTILISER LA VOIE LÉGALE ». PHOTO LAGRANCIUDAD.NET

NE « PAS TOMBER DANS LE PIÈGE DE LA VIOLENCE » 

Nicolas Maduro, 50 ans, dauphin du défunt président Hugo Chavez a été officiellement crédité de 50,75 % des voix, contre 48,97 % pour Henrique Capriles lors du scrutin, organisé à la suite de la mort du charismatique dirigeant socialiste, emporté par un cancer le 5 mars dernier. Proclamé président dans l'après-midi, le chef d'Etat élu a promis, la main sur le cœur, de » poursuivre pleinement son héritage pour la défense des pauvres et la défense de l'indépendance»  lors d'une cérémonie solennelle au siège de l'autorité électorale à Caracas.

La présidente du CNE Tibisay Lucena a rappelé à l'opposition qu'elle devait « utiliser la voie légale » , citant le cas du duel serré entre Georges W. Bush et Al Gore, lors de la présidentielle américaine de 2000, dont l'issue s'était décidée devant la Cour suprême. Gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), M. Capriles, qui qualifie le président élu d'« illégitime » , a appelé ses partisans à ne « pas tomber dans le piège de la violence » .

Toutefois, les manifestations de l'opposition ont été interprétées comme un forme de coup d'Etat déguisée par le camp gouvernemental. « Ce qui se cache derrière les paroles d'aujourd'hui, M. Capriles, c'est une convocation à un putsch contre l'Etat, les institutions », a lancé Jorge Rodriguez, le chef de campagne de Nicolas Maduro, un terme repris par le président élu qui a promis une « main dure contre les putchistes » .

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LE CANDIDAT DE DROITE HENRIQUE CAPRILES ET LA MAISON BLANCHE, CONTRE L'ELECTION DE MADURO AU VENEZUELA. PHOTO 

LES ETATS-UNIS POUR UN RECOMPTAGE

La demande d'un nouveau comptage par l'opposition a été soutenue lundi par la Maison Blanche, dont le porte-parole a estimé qu'il s'agirait d'une étape «importante, prudente et nécessaire » . Un avis partagé par José Miguel Insulza, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui s'est prononcé en faveur d'un «  dialogue national » .

La mission d'observateurs envoyés par l'Union de nations sud-américaines (Unasur) au Venezuela a, quant à elle, demandé que soient « respectés les résultats »  émanant du CNE, » unique autorité compétente « en matière électorale. Mais « c'est une situation très délicate. La marge est tellement étroite dans un pays qui est extrêmement divisé que cela va être difficile à digérer politiquement. Il est clairement divisé en deux » , souligne le politologue Ignacio Avalos.

Dans ce contexte, le nouveau président peut aussi redouter la convocation d'un référendum révocatoire dans les trois ans. Il suffit à ses détracteurs de réunir 20 % de l'électorat sur une motion de défiance pour pouvoir organiser ce vote.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


LE PORTE-PAROLE DE LA MAISON BLANCHE JAY CARNEY : LES ETATS-UNIS CONSIDÈRENT QU'UN AUDIT DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AU VENEZUELA EST « NÉCESSAIRE », A AFFIRMÉ LUNDI APRÈS LA VICTOIRE DE NICOLAS MADURO À LA TÊTE DU PAYS.  « ETANT DONNÉ QUE LES RÉSULTATS SONT SERRÉS, UN AUDIT DE L'ÉLECTION APPARAÎT COMME UNE ÉTAPE IMPORTANTE, PRUDENTE ET NÉCESSAIRE POUR PERMETTRE À TOUS LES VÉNÉZUÉLIENS D'AVOIR CONFIANCE EN CES RÉSULTATS », A AFFIRMÉ JAY CARNEY LORS DE SON POINT PRESSE QUOTIDIEN. PHOTO ARCHIVE EFE

ÉCONOMIE EN CRISE

« Beaucoup de personnes ont retourné leur veste, des sales types sans aucune reconnaissance. Ils disent qu'ils sont dans la révolution, mais ce sont des mensonges » , pestait lundi Elisabeth Torres, 48 ans, dans le quartier du « 23 de enero » , un bastion «chaviste » . Pour de nombreux fidèles, l'élection de Nicolas Maduro est garante du maintien des «missions»  créées par le défunt dirigeant socialiste, des programmes sociaux financés par la manne pétrolière du Venezuela, détenteur des plus grandes réserves de brut du monde. Un engagement, qui s'annonce toutefois difficile à tenir dans une économie en crise avec une dette égale à la moitié du PIB et une inflation de plus de 20 %, un record en Amérique latine.

Dans le sillage des alliés traditionnels du Venezuela, le Brésil a félicité Nicolas Maduro, après Cuba, dont le régime bénéficie de l'envoi de barils de pétrole, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, ainsi que le Chili pourtant dirigé par un gouvernement conservateur. D'autres dirigeants aux relations conflictuelles avec les Etats-Unis, le président russe Vladimir Poutine et celui du Belarus Alexandre Loukachenko, ont exprimé leur félicitations.