mardi 11 mars 2014

AU CHILI, LES DÉBUTS SEMÉS D'EMBÛCHES DE MICHELLE BACHELET

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LA PREMIÈRE IMAGE DE LA NOUVELLE ÉQUIPE DE GOUVERNEMENT DANS « CERRO CASTILLO » À VIÑA DEL MAR,  RÉSIDENCE D'ÉTÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Avant son investiture, Mme Bachelet a subi ses premiers revers avec la démission de quatre personnalités qu'elle avait désignées pour former son gouvernement. Le 8 mars, Carolina Echeverria a dû renoncer au ministère de la défense, après le rejet de sa nomination de la part des organismes de défense des droits de l'homme. Fille d'un colonel accusé de tortures et d'abus sexuels pendant la dictature de Pinochet, elle a défendu son père lors d'une interview récente, argumentant qu'il n'avait jamais été condamné par la justice.

LES DIRIGEANTS DE LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE SUR LE PIED DE GUERRE

Quelques jours auparavant, la nomination de l'économiste Claudia Peirano au très sensible ministère de l'éducation avait provoqué un tollé au sein des mouvements étudiants qui se battent depuis plusieurs années pour exiger une éducation gratuite et de qualité. Ils l'accusent d'avoir des intérêts liés à l'enseignement et d'être opposée à la gratuité de l'éducation. Les dirigeants de la révolte étudiante ont réaffirmé qu'ils n'ont « pas signé un chèque en blanc à Bachelet » et restent sur le pied de guerre.

Deux autres haut fonctionnaires désignés ont également dû démissionner : l'un est accusé de délits économiques et l'autre d'attentat à la pudeur. L'opposition et la presse, en majorité de droite, ont accusé Mme Bachelet de « négligence ». Au sein de la Nouvelle Majorité, des barons de la Démocratie-chrétienne (DC) n'ont pas caché leur mécontentement, se plaignant de ne pas avoir été consultés.

EN FINIR AVEC L'HÉRITAGE DE PINOCHET

La conservatrice DC, qui avait soutenu le coup d'Etat militaire, accepte difficilement l'élargissement de la coalition de centre-gauche au Parti communiste du Chili. Le PCC n'a participé à aucun gouvernement depuis plus de quarante ans et la présidence de Salvador Allende. La nouvelle ministre du service national de la femme, l'anthropologue Claudia Pascual, est une ancienne conseillère communiste de Santiago.

Mme Bachelet a promis l'adoption de 50 mesures au cours des 100 premiers jours de son gouvernement. Il s'agit d'en finir avec l'héritage de Pinochet avec une nouvelle Constitution, pour remplacer celle de 1980, imposée par la dictature, d'adopter une réforme fiscale afin d'instaurer l'éducation publique gratuite, et d'améliorer le système de retraite, de santé et les services publics.

Malgré son écrasante victoire au second tour de l'élection présidentielle, le 15 décembre 2013, où elle avait devancé de plus de 20 points sa rivale de droite, Michelle Bachelet n'a pas réussi à résorber une abstention de 59 %, un chiffre record depuis le retour de la démocratie. Ces dernières années, de plus en plus de Chiliens, notamment les jeunes qui n'ont pas connu la peur des années de plomb, n'hésitent plus à descendre dans la rue pour exprimer leurs revendications.

Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante) 
Journaliste au Monde