mardi 15 avril 2014

CHILI: L'INCENDIE DE VALPARAISO FAIT DES MILLIERS DE SINISTRÉS

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PHOTO MARTIN BERNETTI 
Une douzaine de quartiers de la célèbre cité portuaire du centre du Chili, classée en 2003 au patrimoine mondial par l'UNESCO, ont été particulièrement touchés par l'incendie qui a détruit au moins un millier d'habitations.

Une épaisse fumée et une pluie de cendres recouvrent le port pittoresque, un paysage de carte postale, où les petites maisons bigarrées dont celle du poète Pablo Neruda, aujourd'hui musée, surplombent le Pacifique du haut de 44 collines .

« C'est une terrible tragédie, sans doute le pire incendie de l'histoire de Valparaiso », a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet, arrivée sur les lieux dans la matinée après avoir rapidement déclenché le plan catastrophe samedi, permettant aux forces armées de participer aux opérations d'évacuation de la population.

Il s'agit de la deuxième évacuation massive en deux semaines de cette ville, distante de 120 km de Santiago, après l'alerte au tsunami déclenchée en raison du séisme de magnitude 8,2 qui a secoué le Nord du Chili.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO ELISEO FERNÁNDEZ 

« Les familles n'ont pas seulement perdu leurs maisons et leurs biens, mais aussi tous leurs souvenirs de famille », a déploré la présidente socialiste qui a parcouru les zones touchées en compagnie des autorités locales et de plusieurs ministres.

Mme Bachelet s'est engagée à attribuer une indemnisation aux sinistrés pour qu'ils puissent acheter des vêtements et des articles de première nécessité.

Dans une odeur de brûlé et de bois carbonisé, les pompiers continuent de combattre quelques foyers encore actifs de l'incendie qui font craindre aux autorités qu'ils puissent être ravivés par la chaleur et des vents violents prévus dans la journée.

Cinq centres d'accueil ont été mis sur pied par la municipalité de cette ville de 270.000 habitants, mais la plupart des personnes évacuées ont préféré trouver refuge auprès de parents ou d'amis, selon les autorités.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO  SEBASTIÁN SILVA

Certains habitants revenaient dimanche matin dans leur quartier afin d'évaluer les dégâts, parcourant les ruelles pour n'y retrouver souvent que les ruines de leur maison calcinée.

Monica Vergara, dont la maison se trouvait sur la colline (el cerro) La Cruz la plus touchée par l'incendie a tout perdu.

« J'ai entendu une énorme explosion qui a soulevé la maison et un pompier nous a évacués. J'ai tout perdu, mais mes quatre enfants sont sains et saufs et c'est ça l'essentiel », dit-elle à l'AFP.

Environ 17 avions et hélicoptères ainsi que 3.500 pompiers et policiers participent aux opérations, ont précisé les autorités.

Un incendie de forêt non contrôle qui s'est déclenché samedi après-midi à la Polvora, à la périphérie de Valparaiso, ravageant 15 hectares d'eucalyptus, de pâturages et de buissons, est à l'origine du sinistre, selon l'Onemi.

Les flammes se sont propagées à une grande rapidité en raison de la chaleur et du vent, gagnant les collines surplombant la baie.

« C'était un véritable enfer qui encerclait ma famille », a déclaré à l'AFP Miguel Ramírez, habitant du « cerro » Mariposa. « Le feu a dévalé les collines et a brûlé toutes les habitations sur son passage », a-t-il dit.

Le procureur a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l'incendie, qui a provoqué des coupures d'eau et d'électricité dans de nombreux quartiers.

Les pompiers de Valparaiso aidés par des compagnies des localités proches, ainsi que par des renforts venus de Santiago ont lutté toute la nuit pour éviter que l'incendie ne se propage vers le centre-ville.

Par précaution, plus de 200 détenues ont été évacuées de la prison pour femmes de Valparaiso, située dans la localité de Quillota.

Par ailleurs, la vente d'alcool a été interdite.

La ville de Valparaiso est visitée chaque année par des milliers de touristes chiliens et étrangers.

Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan.

Au XIXe siècle, des immigrants ont débarqué d'Europe faisant de la cité la plus cosmopolite d'un pays isolé.
« C'est vraiment épouvantable de voir les rues, les trottoirs, les voitures recouvertes de cendres. C'est une énorme tragédie », a commenté pour sa part à l'AFP, Sonia, une touriste colombienne, visitant le centre historique qui pour le moment a été épargné par les flammes.