mardi 4 novembre 2014

L'AMÉRIQUE LATINE: CONTINUITÉ DANS LA DIVERSITÉ

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« PUZZLE CARTE MENTALE DU CONTINENT » REGINA SILVEIRA 1997

Tout cela va au delà de la politique politicienne, la principale raison est celle du besoin de plus de développement et de cohésion sociale dans une région qui reste la championne des inégalités au niveau international. Depuis les années deux mille ces gouvernements s'installent donc dans la continuité, après la vague du libéralisme économique qui aura eu de graves conséquences au sein des sociétés latino-américaines dans les années 80 et 90.

Il n'existe pas de recette unique...

Des pays en voie de développement, mais a des stades bien différents. Le Chili, l'Argentine et l'Uruguay témoignent d'un PIB plus élevé et des niveaux de pauvreté relativement bas (entre 8% et 11%) malgré les fortes inégalités, viennent ensuite le Brésil, le Pérou, la Colombie ou le Mexique avec des taux de pauvreté moyens (entre 19% et 31%) et des classes moyennes émergentes, et des pays comme le Paraguay, le Salvador ou le Guatemala atteignent des taux de pauvreté élevés (entre 50% et 65% de la population). Reprenant l'expression du politologue Alain Rouquié, après cet éventail de réalités sociales disparates se dessine un point commun entre ces pays : le besoin de consolider les progrès en matière de développement social. Aujourd'hui, en Amérique Latine nous parlons de lutte contre la pauvreté, mais s'ajoute à ce défi global celui de faire face à l'intégration inégale, et donc par conséquent le besoin de diminuer le degré de vulnérabilité des nouvelles classes moyennes. Cependant, la chute de la croissance économique actuelle dans la région pourrait faire basculer selon de nombreux organismes internationaux, les nouvelles classes moyennes dans une situation de vulnérabilité, un vrai retour en arrière que pourraient vivre plus de 60 millions de personnes dans cette région du monde.

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Face à ce risque, s'ajoute une étude (octobre 2014) de l'ONG Oxfam qui affirme que le nombre de multimilliardaires ou ayant une fortune de plus de mille milliards de dollars en Amérique Latine a augmenté de plus de 38% en 2014. Cette concentration des richesses pousse les sociétés vers une polarisation inquiétante. Des inégalités réelles dans les secteurs de l'éducation, la santé, les systèmes de retraite, la vulnérabilité des minorités, la difficulté d'accès a des ressources de première nécessité comme l'eau, qui provoquent des tensions qui ne cessent de croitre et représentent un déséquilibre dans le court et moyen terme.

...Mais un besoin réel de cohésion sociale

Disons-le encore une fois, cette région du globe est la plus inégale au monde. La démocratie peut fléchir si les citoyens n'observent pas une meilleure répartition de la croissance économique. Existe-t-il un seul modèle de développement ? Non. Il suffit juste de comparer le Chili néolibéral de la socialiste Michelle Bachelet et Cuba de Raul Castro. L'Amérique Latine se cherche, les Etats Unis et l'Europe ne servent plus d'exemple à part entière. La croissance économique et la cohésion sociale devraient être considérées comme deux termes indissociables. Les latino-américains doivent se regarder en face et trouver la solution d'une croissance mieux repartie, la promotion d'une productivité économique plus solide et tournée vers la valeur ajouté - et plus seulement sur les ressources primaires -, et enfin, prendre en compte la dimension essentielle du développement : la protection de l'environnement.

En résumé, la continuité politique au sein même d'une hétérogénéité régionale - culturelle et socio-économique -, répond d'une certaine manière à cet espoir latino-américain de vouloir poursuivre le progrès pour plus d'égalité. Pablo Neruda s'exprimait ainsi : « L'espoir a deux très beaux enfants, le dédain et le courage. 
Le dédain pour la réalité des choses, le courage pour les changer ».