lundi 12 janvier 2015

JEAN-LUC MÉLENCHON : « MARINE LE PEN FAIT PARTIE DU PROBLÈME QUE NOUS AVONS À RÉGLER »

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 JEAN LUC MELENCHON LORS 
D'UNE MANIFESTATION. 
PHOTO THOMAS SAMSON
INTERVIEW : Jean-Luc Mélenchon participait au défilé parisien.

Que pensez-vous de la présence de nombreux chefs d'état et de gouvernement étrangers lors de cette manifestation ?


Nous ne sommes pas fous : on voit bien que certains viennent ici se redorer la pilule. M. Orban n'est pas un ami de la liberté d'expression dans son pays. Mais ce n'est pas lui qui fait la manifestation. La marche, c'est une marche de fraternité républicaine. Dans notre malheur, nous sommes frappés à l'endroit qui nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes. Les gens sont là pour la liberté, pour l'égalité, pour la fraternité. C'est un jour qui est refondateur.

Donc Orban et quelques autres sont quantité négligeable. Comment voulez-vous que je me sente concerné par la présence du secrétaire général de l'OTAN ? Je ne sais même pas comment il s'appelle. Les gens qui sont là n'ont pas aboli leur esprit critique du fait de l'émotion qu'ils ressentent. Ils savent parfaitement ce qu'ils font là, avec qui ils sont et contre qui ils sont.

Cette unité citoyenne, c'est quelque chose qui peut durer dans les semaines à venir ?

Il ne faut pas être angélique, tout ça peut se retourner très vite. Il y a des gens qui n'ont pas arrêté une seule seconde de jeter de l'huile sur le feu. Mme Le Pen n'a pas arrêté : dès qu'il y a trois morts, elle réclame le retour de la peine de mort. Encore des morts ! Elle fait partie du problème que nous avons à régler. Tout le monde serait beaucoup plus détendu si on savait qu'on ne l'avait pas sur le dos, elle qui est prête à venir capitaliser sur les peurs. Il y a des gens qui sont un problème, d'autres une solution. Le tout, c'est de ne pas se tromper. Nous vivons un moment reconstructeur du peuple français. Les gens viennent là sans abdiquer aucune de leurs différences, de races, de religions, pour proclamer ce qui les rassemble.

Valérie Pécresse réclame la mise en place d'un Patriot Act à la française, ça vous semble être une réponse adaptée ?

Non, ce serait une erreur totale. Le Patriot Act a été une catastrophe totale. C'est avec ce genre de loi que la situation s'est dégradée. La terreur a commencé à se répandre quand nous nous sommes mis à bombarder à tort et à travers. On pensait régler des problèmes qui sont d'une autre nature, des problèmes politiques. Les propos de l'UMP ou de l'extrême droite vont flatter les scrogneugneux de salon, qui vont faire des mouvements de menton, mais ils ne réfléchissent pas. Les assassins étaient entrés en prison sans idées politiques, ils en sont ressortis fanatisés.

Il faudrait peut-être se poser la question de savoir comment on utilise la prison. Le maître mot aujourd'hui, c'est le discernement. Il faut utiliser les bons mots : nous ne sommes pas en guerre en France. Quand on est guerre, il faut nommer l'ennemi. Les assassins sont des citoyens français, cela voudrait donc dire qu'il y a un ennemi de l'intérieur. J'ai dit au président de la République qu'il fallait faire très attention au vocabulaire. Il m'a dit qu'il était d'accord, ce qui dans son cas ne signifie pas grand-chose. S'il pouvait en parler à son premier ministre, ce serait parfait.

Manuel Valls n'utilise-t-il pas les bons mots ?

Il est plus dans le mouvement de menton. Mais je ne me soucie pas d'eux.