samedi 21 février 2015

« COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »


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 DESSIN DE BOLIGAN (MEXIQUE)
Sans oublier ce Libération de 2006 où Jean-Hébert Armengaud, actuel rédacteur en chef de Courrier International, coupa et remonta un discours du président bolivarien pour prouver qu’il était antisémite (3).

Cette campagne lancée par le «Guysen Israël News » et relayée par la section argentine du Centre Wiesenthal, fut démontée le 11 janvier 2006 par le site ACRIMED qui révéla le trucage (4). Le président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela Fred Pressner expliqua que Chavez n’avait rien d’antisémite, critiquant le Centre Wiesenthal pour sa précipitation et son refus de s’informer auprès de la communauté locale : “Vous avez interféré avec notre statut politique, notre sécurité et notre bien-être en tant que communauté. Vous avez agi unilatéralement, sans nous consulter, sur des thèmes que vous ne connaissez pas et ne comprenez pas” (5). Tant l’AJ Committee (Global Jewish Advocacy) que le Congrès Juif Américain appuyèrent le point de vue de la communauté juive du Venezuela pour qui les propos du président bolivarien avaient été totalement manipulés.

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RÉUNION DU PRÉSIDENT MADURO
AVEC LES REPRÉSENTANTS
DU CONGRÈS JUIF MONDIAL
EN NOVEMBRE 2014 À NEW YORK  
Ses autorités se réunirent ensuite avec Chavez pour souligner publiquement d’excellentes relations jamais démenties depuis, comme en témoigne la réunion du président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondial en novembre 2014 (photo) à New York (6).

Jean-Hébert Armengaud a caché ces faits aux lecteurs et a refusé d’admettre sa faute professionnelle. Il est devenu en 2012 rédacteur en chef de Courrier International, un produit du groupe Le Monde qui recycle des articles puisés dans l’apparente diversité qu’assure l’hégémonie des grands groupes médiatiques internationaux…


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En 2007 cet hebdomadaire publie un article intitulé «Poutine et Chavez, de drôles de démocrates ». Quelques jours avant la tenue d’un référendum sur la constitution au Venezuela, Philippe Thureau-Dangin parle de « coups d’Etat en forme de plébiscites » et parie sur une victoire de Chavez pour l’analyser par avance : «on ne fait plus de coups d’Etat baïonnette au canon ; on se contente de les faire avaliser, tout à fait légalement, par des peuples subjugués ». Hélas pour Courrier International Chavez perd le référendum et félicite aussitôt l’opposition ! (7).

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PHILIPPE THUREAU-DANGIN EST UN JOURNALISTE FRANÇAIS, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE TÉLÉRAMA JUSQU'EN 2011 ET DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DE COURRIER INTERNATIONAL DEPUIS 1998.  PHOTO OLIVIER LABAN-MATTEI 
Le Venezuela bolivarien a organisé un nombre record de scrutins (19 en 15 ans), reconnus comme légitimes et transparents par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des Etats Américains ou de l’Association des Juristes Latino-américains. “Excès de démocratie” pour l’ex-président du Brésil Lula. Meilleur système électoral du monde selon Jimmy Carter qui a observé 98 élections dans le monde (8). En mai 2011 le rapport de la canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place mondiale pour le respect des normes fondamentales de démocratie et d’équité sociale (9). L’ONG chilienne LatinoBarometro (10) soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens, a établi dans son rapport 2013 que le Venezuela bat tous les records de confiance citoyenne dans la démocratie pour toute l’Amérique Latine (87 %) suivi de l’Équateur (62 %) et du Mexique (21 %). Pour Latinobarometro, “le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale”.

Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC » (11), laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer.
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Le 10 février 2015, dès qu’éclate le scandale de la fraude fiscale organisée par HSBC pour ses clients, Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC » (11), laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer. L’objectif de Sabine Grandadam est transparent : surfer sur le scandale HSBC pour créer l’image d’une révolution corrompue. De fait, grâce à la convergence croissante des médias commerciaux et des médias sociaux, le buzz s’opère: 

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Or, la seule référence à l’Etat sur la liste vénézuélienne de Falciani concerne la Banque du Trésor qui en 2005 avait ouvert trois comptes à HSBC et une quinzaine d’autres dans des banques étrangères. Il ne s’agit ni de comptes individuels, ni de comptes secrets ni d’une fraude avec comptes codés et société-écrans offshore. Les noms qui apparaissent sont ceux des fonctionnaires qui ont effectué les signatures administratives et l’information n’évoque pas d’irrégularités.

Ce ne fut pas la seule fois que l’Etat Vénézuélien déposa une partie de ses fonds dans des banques suisses pour défendre ses intérêts. En février 2008, en pleine bataille légale contre la plus grande compagnie pétrolière états-unienne, ce fut pour protéger une partie de ses revenus pétroliers d’un possible embargo de la part d’Exxon Mobil que le gouvernement bolivarien les transféra dans des banques suisses (en 2014 le tribunal trancha en faveur du Venezuela.) Trois ans plus tard, en 2011, le président Chavez annonça le rapatriement des réserves d’or du pays, qui se montaient à 11 milliards de dollars et se trouvaient dans des banques d’Angleterre, du Canada, de France et des Etats-Unis. Il décida aussi de transférer les fonds des réserves et du Trésor vénézuélien à des pays membres des BRICS comme la Chine, la Russie et le Brésil, face à de possibles « sanctions » de la part des Etats-Unis.

Ces faits ultérieurs éclairent la relation de l’Etat vénézuélien avec la banque privée internationale mais n’ont aucun intérêt pour Sabine Grandadam puisque son objectif est simplement d’associer « révolution bolivarienne » à « corruption ». C’est aussi pourquoi elle reste muette sur les 99% de la liste « Venezuela » de Falciani (12) : 178 noms et 115 adresses de clients vénézuéliens possédant des comptes individuels à HSBC. On n’y trouve pas de dirigeants politiques de la révolution, ni le président Maduro ou sa famille, mais pas mal de membres du secteur privé, notamment des médias ou de PDVSA (compagnie pétrolière) avant sa récupération par le gouvernement. C’est plutôt une surprise quand on sait que la vulgate médiatique au Venezuela comme sur le plan international est de dénoncer « la corruption des chavistes ».

Bien sûr, un journaliste doué d’un minimum de conformisme n’a qu’à se baisser pour traduire les titres dont les grands groupes médiatiques usent pour faire campagne contre le socialisme bolivarien. Chacun est libre d’ajouter sa pierre aux milliers d’attaques subies par le Venezuela depuis qu’une démocratie de gauche y restitue les droits sociaux et politiques a une majorité d’exclus, et consciemment ou non, de renforcer l’environnement médiatique nécessaire aux coups d’Etat comme celui que le Venezuela vient de déjouer. Il est libre d’occulter à ses lecteurs l’ingérence états-unienne dénoncée par l’ensemble des gouvernements latino-américains (13), et de se refuser à effectuer le moindre reportage sur seize ans d’avancées sociales. Bref, libre d’ignorer la Charte du « Monde » : « 1/ Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ; (..) 9/ Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste (14). »