vendredi 21 août 2015

GRÈCE : LE NOUVEAU COUP DE POKER D’ALEXIS TSIPRAS

LE PREMIER MINISTRE GREC ALEXIS TSIPRAS A ANNONCÉ LE 20 AOÛT 2015 SA
 DÉMISSION ET LA CONVOCATION DE NOUVELLES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES.
PHOTO  LOUISA GOULIAMAKI 
Malgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.

Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.

La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.
« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »

« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »

Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.

Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.

Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.