vendredi 30 octobre 2015

UN SINGE ALCOOLIQUE DEVIENT LE SYMBOLE DU TRAFIC D'ANIMAUX AU CHILI

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UN SINGE SOIGNÉ PAR NICOLE RIVERA HELBIG, LA VÉTÉRINAIRE RESPONSABLE DU CENTRE DE DÉSINTOXICATION POUR PRIMATES, LE 6 OCTOBRE 2015 À PEÑAFLOR PHOTO MARTIN BERNETT

Désintoxication

«Les anciens propriétaires lui donnaient de l'alcool parce qu'ils aimaient sa réaction. Il devenait plus agressif et cela les faisait rire», raconte Nicole Rivera Helbig, la vétérinaire responsable du centre, en caressant le petit singe qui semble perturbé par la présence de la caméra de l'AFP.

Nicolas a été secouru par la police, puis a reçu un traitement semblable à ceux que les humains reçoivent pour traiter les addictions. Pour supporter l'abstinence, il reçoit un traitement d'antidépresseurs.

Un cas loin d'être isolé

L'alcool, avec «la cigarette et la drogue, sont couramment donnés aux singes, parce qu'ils perçoivent cela comme un jeu», explique la vétérinaire.

Le centre est situé au milieu d'une dense végétation qui tente de recréer l'habitat naturel des 150 pensionnaires. Les animaux portent sur leurs corps les marques de harnais, des mutilations et d'autres signes d'un passé douloureux. Crée par Elba Muñoz en 1994, une amoureuse des animaux qui consacre sa vie à cette passion, explique : «Ici les singes apprennent qu'ils sont des singes. Lorsqu'ils sont dans une maison, ce ne sont pas des singes : ils ne peuvent pas développer les comportements propres à leur espèce - ils ne sont donc pas des primates, ni des enfants non plus... en fait ils ne sont rien».

Pendant des années au Chili, posséder un singe était perçu un signe de richesse. Cette mode semble aujourd'hui passée, mais le trafic d'espèces exotiques continue d'être l'un des plus lucratifs au monde.

CHILI: LES PRODUCTEURS DE PAPIER TOILETTE ACCUSÉS DE CARTEL

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PHOTO 24HORAS 
Selon la justice, les deux sociétés, qui ont chacune un chiffre d'affaires annuel d'environ 400 millions de dollars, « ont noué et appliqué des accords qui leur ont permis de garder ce cartel opérationnel à partir de 2000 et jusqu'à décembre 2011 au moins ». Ce cartel a affecté « le marché national de commercialisation du papier toilette, des serviettes en papier, des mouchoirs jetables et pour le visage », selon le parquet en charge des affaires économiques.

« C'est l'un des plus importants cas de collusion détectés dans le pays », a-t-il précisé, et "sa gravité tient tant à sa durée dans le temps qu'à l'importance du marché affecté et la quasi-impossibilité de remplacer ces produits ».

« Cela me semble un fait de la plus haute gravité », s'est indignée jeudi la présidente socialiste Michelle Bachelet, annonçant qu'elle accélérera la procédure pour faire adopter au Parlement une loi sanctionnant plus durement ces pratiques. « La collusion est une forme d'abus qui porte préjudice aux personnes, à l'économie et surtout à la confiance et l'image de notre pays », a-t-elle estimé.

jeudi 29 octobre 2015

CODELCO (CUIVRE) RECAPITALISÉ À HAUTEUR DE 600 M USD

ILLUSTRATION 

Codelco, qui produit environ 11% du cuivre mondial, avait besoin de cet argent pour financer en partie son plan d'investissements jusqu'à 2020, qui a été revu à la baisse lundi, passant à 21-22 milliards de dollars contre 25 milliards prévus auparavant.

Ce plan vise à allonger la durée de vie utile de gisements exploités depuis longtemps par l'entreprise.

« Ces 600 millions sont cohérents avec l'idée de garder un bilan sain et un accès au marché, et c'est un reflet de la confiance que porte le Chili envers sa plus grande entreprise », a assuré le ministre du Budget, Rodrigo Valdés.


BANQUE CENTRALE DU CHILI – CINQ CENTS ESCUDOS

1971 ANNÉE DE LA NATIONALISATION DU CUIVRE, DU SALPÊTRE ET DU FER
La recapitalisation survient alors que le groupe chilien souffre depuis plusieurs mois de la chute des cours du cuivre, affectés par la baisse de la demande par la Chine, principal acheteur du métal rouge.

Le cuivre cotise ainsi à sa plus faible valeur en six ans, avec un prix moyen projeté pour cette année de 2,53 dollars la livre, loin des 4,5 dollars atteints lors du boom minier de ces dernières années.

BANQUE CENTRALE DU CHILI – CINQ CENTS ESCUDOS

« NOUS NE DEVONS CONSENTIR QUE CETTE VASTE ET RICHE RÉGION SOIT CONVERTIE EN UNE SIMPLE FACTORERIE ÉTRANGÈRE ». JOSÉ MANUEL BALMACEDA FERNÁNDEZ.

De janvier à septembre, le cours a encore chuté de 22%, affectant Codelco mais aussi les ressources fiscales du Chili, l'entreprise publique étant l'une de ses principales sources de financement.

Au premier semestre, l'apport de Codelco à l'Etat chilien a atteint 875 millions de dollars, 33,2% de moins que sur la même période de 2014, et la compagnie calcule que pour chaque centime en moins dans le cours du cuivre, ce sont 36 millions de dollars que Codelco cesse d'apporter au fisc chilien.

Le Chili est le plus grand producteur de cuivre au monde, avec environ un tiers de la production de la planète.


afp/rp

mardi 27 octobre 2015

LA SOLUTION FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, C’EST L’ADAPTATION

LES « MOAIS » DE LA PLAGE D'ANAKENA, SUR L'ÎLE DE PÂQUES. PHOTO PATRICK BARD

Le destin tragique du peuple qui a habité l’île de Pâques, au Chili, avant l’arrivée des Européens au XVIIIe siècle, illustre ce scénario sinistre.

C’est vers 1200 qu’un petit groupe de Polynésiens ont débarqué sur cette île située à quelque 4 000 km de Tahiti. Elle était alors couverte de dizaines de millions de hauts arbres, certains atteignant les 30 mètres de haut. Ces gens étaient des fermiers qui pratiquaient l’agriculture sur brûlis. Ils ont abattu les arbres, les ont brûlés, ouvrant ainsi de grands espaces pour leurs cultures. Ils se sont multipliés, de telle sorte que, bientôt, il y a eu trop de gens, et plus d’arbres du tout. La société s’est effondrée au XVIe siècle, le coup de grâce a été donné avec l’arrivée des Européens, deux siècles plus tard.

Les rats responsables

COUVERTURE«  EFFONDREMENT» 
Comme l’écrit l’écologue américain Jared Diamond, qui raconte cet « écocide » dans son best-seller Effondrement (Gallimard, 2009), l’île de Pâques « est l’exemple le plus frappant d’une société qui a été responsable de sa propre extinction, en surexploitant les ressources dont elle disposait ». Il conclut que ce destin pourrait bien, un jour, être le nôtre.

Le livre récent de deux archéologues de l’université d’Hawaï (Terry Hunt et Carl Lipo, The Statues that Walked : Unraveling the Mystery of Easter Island, « Les statues qui marchaient : révélation sur le mystère de l’île de Pâques », Free Press, 2011) revient, cependant, sur cette histoire convenue. Les auteurs pensent que leur contre-histoire donne des raisons d’espérer : ce qui s’est vraiment passé serait en fait une « success story » de défi et d’adaptation.

Les arbres ont disparu, la chose est certaine. Cependant, ce ne sont pas les hommes qui en ont été les responsables, mais les rats. Ceux-ci ont voyagé sur les mêmes canoës que les hommes, ont accosté comme eux et, une fois sur place, se sont reproduits à une vitesse fulgurante : aucun prédateur, et un festin de racines de palmiers.

L’écosystème de l’île en a été bouleversé, les plantes, les oiseaux ont disparu à leur tour. Il n’y avait plus de bois pour construire des canoës, donc plus de pêche en haute mer. Les choix alimentaires se sont restreints sans, pour autant, menacer la population de famine : il restait… les rats.

Capacité de survie

La société a disparu avec ses divinités. On a cessé de construire ces gigantesques monolithes dont la plupart sont mystérieusement tournés vers l’intérieur de l’île. C’est en raison de cette capacité de survie et d’adaptation que les auteurs du livre parlent de réussite. En effet, cette histoire montre, une fois de plus, l’incroyable capacité des êtres humains à s’acclimater aux pires conditions de misère et d’oppression.

Mais « est-ce ainsi que les hommes vivent ? », chantait Léo Ferré sur un poème d’Aragon. Lorsqu’il n’y aura plus de neige dans les Alpes, Thomas Mann apparaîtra comme un auteur exotique. Lorsque les séquoias géants et multimillénaires de la Californie auront disparu, privés du brouillard nourricier qui monte de l’océan chaque matin, on ne comprendra plus les émois d’un Jack Kerouac ou d’un Henry Miller. C’est, alors, que nous nous serons adaptés.

LA GUERRE DU PACIFIQUE, DEUXIÈME MANCHE

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« BATAILLE DE TACNA 26 MAI 1880 »
'LE MONDE ILLUSTRE' N° 1220

Toutes les négociations, entreprises à différentes périodes, ayant échoué, en 2013, la Bolivie a déposé un recours devant la Cour Internationale de La Haye pour qu'elle oblige le Chili à commencer des négociations sérieuses afin de trouver une solution.

Historiquement le Chili s'est senti supérieur à sa voisine du nord-est de sorte que le problème de l'insularité bolivienne n'a pas été traité de manière sérieuse par les autorités chiliennes. Étant donné le volume énorme de textes juridiques auxquels se référer, il semble paradoxal que le Chili n'ait pas, jusqu'à maintenant, été capable de résoudre ce différend en satisfaisant toutes les parties.

La diplomatie chilienne n'a pas non plus été à la hauteur des exigences de la situation. Dès que la revendication bolivienne s'est faite insistante, le Chili a systématiquement développé des raisonnements qui ressemblaient plus à des fruits de l'improvisation et à force d'être répétés, à des mantras invocatoires, qu'à de véritables argumentaires.

Tout d'abord, et pendant des années, les Chiliens ont proclamé qu'il s'agissait d'une question exclusivement bilatérale. Or, toute négociation incluant les territoires du nord du Chili - anciennes possessions du Pérou - doit compter avec son aval. La question n'est donc évidemment pas exclusivement bilatérale. D'ailleurs, la solution d'un corridor accolé à la frontière péruvienne n'a pu voir le jour en 1978 car le Pérou s'y est opposé.

Ensuite la chancellerie chilienne n'a cessé de répéter que les accords et les traités sont intangibles et qu'ils sont signés une fois pour toutes. Une « fin de l'histoire » à la chilienne en quelque sorte. Là non plus la position chilienne ne tient pas la route. Les protocoles, accords et traités sur la question, entre les deux pays, sont nombreux (une liste sommaire pourrait inclure ceux de 1866, 1874, 1895 et 1904), chacun remplaçant, ou complétant, le précédent.

Enfin, les responsables chiliens ont répété sans cesse qu'il n'y avait plus de problème avec la Bolivie, car le Chili lui garantissait, selon l'accord de 1904, un accès permanent aux côtes chiliennes. Ils oublient de rappeler dans quelles conditions d'infériorité la Bolivie a du négocier ce traité et que l'accès aux ports chiliens des marchandises boliviennes est loin d'être garanti. Le trafic sur la ligne ferroviaire entre Arica et La Paz est en effet interrompu depuis 1997. Et il a suffi d'une grève des dockers chiliens, dans les ports privatisés par les politiques néolibérales menées jusqu'à maintenant, pour que la « garantie » chilienne soit suspendue comme ce fut le cas en décembre 2013. Et c'est sans parler de l'interdiction pure et simple de faire transiter des armes dans les années 1932-1935 ou de l'embargo sur les marchandises dans les années 1952-1953, interdiction et embargo décrétés par les autorités chiliennes.

Ainsi insidieusement, les allégations chiliennes se sont disqualifiées d'elles-mêmes, aux yeux de tous, laissant le champ libre aux raisonnements de la Bolivie et, de fait, la stratégie bolivienne consistant à promouvoir sa position dans le concert des nations, n'a cessé de récolter des fruits (1).
La situation chilienne

Il faut chercher les raisons de traiter cette affaire avec une telle désinvolture dans l’idiosyncrasie de la nation. Le Chili est convaincu que le recours argumentaire ultime pour régler ce différend reste la force. En effet, les forces armées chiliennes se placent en troisième position en Amérique Latine de par leur puissance, leur taille et leur budget (celui-ci étant équivalent à ceux de l'Argentine et du Pérou réunis), derrière le Brésil et le Mexique, pays bien plus peuplés et économiquement plus importants (2). Elles sont marquées par le nationalisme, le chauvinisme et l'anticommunisme, dont la dictature de Pinochet les a imprégnées depuis 1973 en adoptant la Doctrine de Sécurité Nationale, forgée dans les académies de guerre des États-Unis.
Dans les casernes chiliennes on enseignait que, outre les marxistes, les trois pays limitrophes du sous-continent (le Chili possède aussi une frontière, bien qu'éloignée, avec la France, grâce à l'île de Pâques, à travers la Polynésie (3)), sont des ennemis qu'il faut éliminer (4). C'est cette doctrine léguée par la dictature civilo-militaire de Pinochet qui domine encore aujourd'hui.

L'importance que le Chili accorde à la force est historique et le blason à lui seul est révélateur de celle-ci dans l'imaginaire chilien : « Par la raison ou par la force ». L'armée chilienne se plaît à répéter qu'« elle est une armée victorieuse, jamais vaincue ». Cependant la plupart de ses batailles, elle les a gagnées contre les habitants de son propre pays. Malheureusement, l'histoire chilienne est jalonnée de grands bouleversements internes provoqués plutôt par la force que par la raison, et assortis de tous leurs cortèges de massacres perpétrés par les forces armées. Pour ne signaler que les plus importants : 1884 (pacification de l'Araucanie), 1891 (chute et suicide de Balmaceda), 1907 (massacre de Santa-Maria de Iquique) et 1973 (coup d’État contre Allende).

La récente déclaration de l'ex-ministre de la défense, Jaime Ravinet, ripostant après le rejet de la demande chilienne par la cour de La Haye (5), dans laquelle il provoquait la Bolivie et la mettait au défi de venir retrouver une issue vers la mer les armes à la main, prouve dans quel domaine la réaction chilienne est encore le plus à l'aise (6).

Les raisons boliviennes et les défis à surmonter

Le plan en 13 points signé par les deux pays au cours du premier mandat de M. Bachelet (2006-2010) et qui comprenait une solution à l'insularité de la Bolivie, a vu repousser ses aspirations par la décision du président de droite, Sebastian Piñera, en 2010.

Le gouvernement bolivien, déçu de voir ses demandes rejetées, a alors pris la décision de faire appel au Tribunal de La Haye, sans tenir compte, peut être, de la dynamique difficile que vit le Chili depuis 1973. En effet, la dictature de Pinochet, qui s'est prolongée pendant dix-sept ans, a profondément modifié la mentalité chilienne en inoculant dans l'imaginaire populaire les « valeurs » très rétrogrades d'individualisme et de chauvinisme. Jusqu'à présent ce sont ces idées qui prédominent dans la société chilienne. Les commentaires insolites, négatifs et agressifs, diffusés par les réseaux sociaux, au sujet de l'inauguration, par une mairie communiste, d'une pharmacie qui distribue des médicaments à prix d'usine au bénéfice de tous, corroborent l'existence d'une position idéologique extrémiste et bornée, en dépit du bon sens, au sein de la population (7).

Le recours fait au Tribunal de La Haye et la campagne de promotion internationale bolivienne ont eu deux effets. Le premier, positif : l'appui international à la position bolivienne n'a cessé de grandir, additionnant des soutiens venus de tous les horizons. L'autre, négatif : mises à part les positions solidaires, mais minoritaires envers les aspirations boliviennes au sein de la société chilienne, la grande majorité des Chiliens s'est repliée dans le chauvinisme et la xénophobie face à ce qu'ils considèrent comme une agression.

La vague chauviniste qui a déferlé après la décision du Tribunal de La Haye le 24 septembre 2015 de se déclarer compétent pour statuer sur ce différend, rejetant ainsi la réclamation chilienne, montre l'état d'esprit de la population (8).

Les changements de mentalité seront forcément très lents et devront être accompagnés de transformations des institutions et de la législation qui régissent la vie des Chiliens.

Les conditions et perspectives de solution

La dernière bataille de la Bolivie pour retrouver une issue souveraine vers l'océan Pacifique a déjà commencé. Elle ne se déroulera pas sur le terrain des armes mais bien sur les terrains juridique, diplomatique et politique où la Bolivie est largement mieux placée. Ce conflit ne sera pas réglé, comme l'arborent les armoiries chiliennes, par la force, mais bien par la raison, et uniquement par elle.

La condition préalable au règlement de ce différend est une transformation de mentalité de la grande majorité du peuple chilien, un passage plus ou moins rapide, de valeurs individualistes à une conscience plus généreuse, responsable et collective, au-delà de la vie interne du pays. Malheureusement les évolutions de mentalités ne se décrètent pas. Et il semblerait qu'au Chili ce processus menant à une prise de conscience de l'intérêt commun à mettre un terme à une querelle entre pays voisins, soit facilité par une démarche parallèle consistant au démontage de l'armature pinochetiste toujours en vigueur, ce qui requiert du temps, contrairement au souhait de nombreux citoyens.

Tous ceux qui œuvrent pour soustraire le pays à l'hégémonie réactionnaire imposée par Pinochet agissent dans le bon sens et pour le moment, les plus grandes transformations dans les institutions pinochetistes ne sont venues et ne peuvent venir dans un futur proche que du gouvernement de la Nouvelle Majorité, s'appuyant sur les revendications sociales.

Donc s'en prendre au gouvernement chilien sous prétexte qu'il n'avance pas assez vite, relève de la précipitation, de l’impatience et d'une incompréhension de la dynamique en cours.

Par ailleurs, la polémique, souvent contre-productive, et d'où qu'elle vienne, ne peut créer une ambiance favorable à la compréhension et par conséquent à une solution du litige. Depuis 2013, date de la saisine de La Haye, la guérilla faite de déclarations des deux parties n'a jamais faibli. Dans l'état actuel des choses elle pourrait bien desservir la cause bolivienne.

J.C. Cartagena et Nadine Briatte


NOTES

(3) À ce propos une anecdote savoureuse : « En 1990 et en 1991 la France émet des timbres commémorant les exploits de la colonisation des îles du Pacifique par les polynésiens. Le libellé "Polynésie française" accompagnant des illustrations de l'île de Pâques sur les dits timbres porte à quiproquo et le  Chili proteste contre ce qu'il considère comme une tentative d'hégémonie sur l'île de Pâques de la part de la France ».

(5) La demande du Chili, à la cour de La Haye, de se déclarer incompétente pour statuer sur ce litige a été rejetée par le tribunal le 24 septembre 2015.

vendredi 23 octobre 2015

LA CONSEILLÈRE FÉDÉRALE DORIS LEUTHARD EN VISITE DE TRAVAIL AU CHILI

La cheffe du DETEC conclura en outre un MoU avec le ministre de l'environnement Pablo Badenier afin d’établir un échange bilatéral dans les domaines de la protection du climat, de la biodiversité et de l'économie verte. Ensuite, elle inaugurera un projet d'efficacité énergétique et un projet solaire auxquels la Suisse a participé, et elle ouvrira l'exposition itinérante « Watt d’Or – Swiss Energy Excellency » de l'Office fédéral de l'énergie.

Le vendredi 30 octobre 2015, la conseillère fédérale Doris Leuthard participera, en compagnie de représentants du gouvernement et des milieux économiques, à une manifestation concernant l'avenir de l'approvisionnement énergétique des deux pays ainsi qu'à une discussion portant sur la thématique des infrastructures.

Le samedi 31 octobre 2015 sera consacré à la visite d'une mine de cuivre et de l'entreprise suisse Argor-Heraeus.

La conseillère fédérale Doris Leuthard séjournera au Chili sur invitation des ministres de l'énergie et de l'environnement. Durant ce voyage, elle sera accompagnée de représentants des milieux économiques de la branche des Cleantech ainsi que des domaines de l'infrastructure, des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique et de la prévention des dangers naturels.

Indications aux professionnels des médias :

Un communiqué de presse sera publié le 30 octobre au matin (heure suisse) à l'occasion de la signature des deux MoU .

Vendredi 30 octobre 2015 aura lieu dans l'après-midi un point de presse en compagnie de la conseillère fédérale Doris Leuthard (l'heure et le lieu exacts seront communiqués ultérieurement).

Lieu : Hotel Grand Hyatt Santiago, Kennedy Avenue 4601, Santiago de Chile
Inscriptions jusqu'au 26 octobre à l'adresse : harald.hammel@gs-uvek.admin.ch

CHILI: LE PACTE D’UNION CIVILE POUR TOUS ENTRE EN VIGUEUR

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Le journaliste Pablo Hernandez a déjà réservé la date de l'union civile avec son compagnon : ce sera le 9 janvier prochain. « C’est un moment vraiment très important pour moi et pour mon compagnon Rodrigo. Nous allons enfin pouvoir concrétiser un rêve que nous avons depuis longtemps. Nous sommes ensemble depuis huit ans », se réjouit-il.

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Pour les homosexuels, comme Pablo Hernandez, c'est aussi un premier pas vers le mariage des personnes de même sexe. « Le Chili est un pays très conservateur donc c’est une avancée importante, estime-t-il. D’un autre côté, le débat autour de l’union civile peut s’ouvrir plus largement aux minorités sexuelles. C’est un thème très discuté dans tous les milieux sociaux et au travail. Aujourd’hui, on peut aussi espérer à l'avenir la concrétisation du mariage homosexuel. Mais l’union civile a déjà des répercussions très importantes. Une personne qui se marie a certains bénéfices sociaux qui ont été élargis à l’union civile. Cela génère une transformation dans tous les domaines de la société. »

Près de 1 600 couples se sont déjà inscrits pour bénéficier de la nouvelle union civile, selon le gouvernement. Une union qui permettra entre autres un partage des biens sur le plan juridique, l'héritage et la prise en compte du conjoint pour la garde des enfants.
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Au Chili, les démarches de l'état civil sont perturbées depuis trois semaines, et cela en raison d'une grève des fonctionnaires. Une grève qui ne devrait pas affecter cependant les premières unions civiles, ce jeudi. Le gouvernement s'est en effet engagé à mettre en place un plan spécial pour que celles-ci soient assurées.






vendredi 16 octobre 2015

CHILI: DES MILLIERS D'ÉTUDIANTS MANIFESTENT CONTRE LA RÉFORME DE L'ÉDUCATION

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« Cela fait un an que nous demandons une réforme éducative pour transformer » le système, a expliqué Valentina Saavedra, présidente de la Fédération des étudiants de l'université du Chili, à la tête du cortège. 

A même le sol, une manifestante avait écrit : « Ni négociation ni propositions modérées, une éducation digne pour maintenant! ». 

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Selon les organisateurs, 60.000 personnes ont participé à cette manifestation qui s'est terminée par quelques affrontements entre étudiants et forces de l'ordre.  

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La réforme de l'éducation était l'une des principales promesses de campagne de Michelle Bachelet, mais elle suscite depuis des mois l'opposition de nombreux étudiants et professeurs. 

La présidente chilienne souhaitait mettre en oeuvre la première partie de la réforme dès 2016. 

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PHOTO ATON
Celle-ci porte sur la gratuité de l'enseignement universitaire, qui doit bénéficier à 200.000 étudiants appartenant aux catégories les plus pauvres de la population, avant de parvenir progressivement à la gratuité totale dans les deux années qui suivront.  

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Mais à quelques mois de la mise en application de la réforme, il n'a toujours pas été précisé quels seraient les montants engagés ni les établissement bénéficiaires. 

Selon le gouvernement, les universités qui répondent aux critères établis et acceptent le financement de l'État ont jusqu'au mois de décembre pour se manifester.  

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PHOTO EFE
« Il y a beaucoup d'incertitudes, et à propos de tout. Je suis étudiante, et je ne sais pas si l'année prochaine je vais devoir payer ma scolarité ou pas », s'énerve Marcela Gomez, une étudiante qui participait à la manifestation dans les rues de Santiago.  

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PHOTO CHRISTIAN ZÚÑIGA
Le Chili dispose toujours d'un système éducatif hérité de la dictature d'Augusto Pinochet, considéré comme l'un des plus chers et plus inégalitaires de la planète. 

mercredi 14 octobre 2015

LE JOUR OÙ PINOCHET A PROFITÉ D'UN CLÁSICO DEL PACIFICO POUR ESPIONNER LE PÉROU

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AUGUSTO PINOCHET ET GUSTAVO LEIGH GUZMÁN LORS D'UN MEETING AÉRIEN
En plus de la rivalité sportive traditionnellement importante entre les deux pays, Chili et Pérou sont à l'époque en conflit larvé. Le centenaire de la guerre du Pacifique qui permit au Chili de conquérir de nombreuses villes péruviennes doit être célébré l'année suivante, et Morales Bermúdez ne manque jamais une occasion de faire monter la température. Dans le contexte sud-américain turbulent de l'époque, l'homme multiplie les appels patriotiques et exhorte son peuple à récupérer les territoires perdus. Le Chili flippe un peu, d'autant que l'armée péruvienne est supérieure et que l'amendement Kennedy interdit au Chili l'achat de matériel militaire. 
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Pour faire face à ce désavantage, le Chili prévoit d'espionner les bases militaires péruviennes, pour préparer au mieux son armée en cas de conflit. Et le général Pinochet a un plan. Un plan rocambolesque dévoilé récemment par le journaliste chilien Luis Urrutia O'Nell dans son livre Histoires secrètes du football chilien. Il s'agit de profiter de l'après-match pour repérer les installations militaires péruviennes. Comment ? En profitant de la liesse en cas de victoire péruvienne et de la vigilance moindre de l'armée incaica pour effectuer des missions de reconnaissances aériennes ! Ce plan, Pinochet le couve depuis le match aller, terminé sur un résultat nul à Santiago. Un affrontement auquel a assisté le général ganté. Pour la première fois depuis son coup d'État, le militaire s'est en effet rendu à un match de la sélection au Stade Nacional. Pas une coïncidence, mais un coup de poker destiné à faire en sorte que Morales Bermúdez fasse la même chose lors du match retour. Banco, Morales est bien dans les gradins à Lima ! Par l'entremise de centres religieux, le Chili livre aussi à des centres communautaires péruviens des dizaines de téléviseurs pour que le pays entier puisse voir le match. 

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Alors que le Chili entre sur le pré à Lima, sous les sifflets mais avec l'illusion d'obtenir un match nul qui les qualifierait pour le Mondial, le général Pinochet depuis Santiago espère, lui, un autre dénouement. Et son souhait va être exaucé. Elias Figueroa et ses partenaires tiennent bon 45 minutes, avant de céder face à des Péruviens survoltés et supérieurs, de l'aveu même des joueurs chiliens : « On n'était pas bien, on n'a pas bien joué, et le Pérou nous a logiquement battus », déclarait Figueroa à la Tercera. À peine le match terminé et la qualification assurée, Morales Bermúdez fait ce que Pinochet, en bon joueur d'échecs, attend de lui, il instrumentalise la victoire : « Je me souviens très bien du président péruvien, faisant un tour d'honneur ! La joie des gens était énorme, ce qui est compréhensible, mais celle du président était excessive », rappelait Rodolfo Dubo, un autre joueur chilien, dans la Tercera. Jusqu'au-boutiste, le président péruvien va même jusqu'à enfiler le maillot du capitaine Julio Meléndez. Et d'entonner tranquillement l'hymne national devant tout le stade ! Profitant de l'euphorie ambiante, le stade chante alors « sin toque de queda, sin toque de queda ! » Une manière de réclamer à leur chef d'État la fin du couvre-feu en vigueur et le droit de fêter la victoire dans la rue, toute la nuit. Accordé ! 

Depuis le palais de la Moneda, Pinochet jubile, son plan machiavélique a fonctionné. L'ennemi est distrait, il peut être espionné. Les plus hautes autorités politiques et militaires du pays baissent la garde. Elles sont trop occupées à fêter la victoire. Dans la nuit du 26 mars 1977, les avions chiliens s'envolent d'Antofagasta dans le Nord du pays et survolent l'espace aérien de leur voisin. Ils profitent de la joie démente des Péruviens pour photographier leurs bases militaires et obtenir des informations essentielles en cas de conflit. Un conflit qui n'aura jamais lieu, mais qui fait dire aujourd'hui à l'ex-joueur de la Roja Alberto Quintano, interrogé par la Tercera : « En éliminatoires, le Chili et le Pérou ont toute une histoire, et à l'époque, les matchs ne duraient pas uniquement 90 minutes, les positions gouvernementales de chaque pays avaient aussi leur importance. Je n'étais pas au courant des faits qui se jouaient en coulisses ce jour-là. Mais c'est un Clásico del Pacifico ! Qu'on le veuille ou non. Ce match ne sera jamais comme les autres ! » Encore moins ce soir de mars 1977.

Par Arthur Jeanne

PINOCHET EST BIEN LE COMMANDITAIRE D'UN ATTENTAT AUX ÉTATS-UNIS EN 1976

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MONUMENT COMMÉMORATIF À L'EMPLACEMENT OÙ ORLANDO LETELIER ET RONNI MOFFITT FURENT ASSASSINÉS EN 1976, SHERIDAN CIRCLE, WASHINGTON. PHOTO DOUG MILLS

Il n’y a plus aucun doute aujourd’hui que le chef de la police secrète de l’époque de la dictature chilienne, Manuel Contreras, et surtout son patron, Augusto Pinochet avaient commandité cet acte de terrorisme sur le sol américain. L’information a été rendue publique à l’occasion de la visite du secrétaire d’État américain John Kerry à Santiago le 5 octobre dernier où il a été reçu par la présidente Michelle Bachelet. Ce jour-là, le responsable américain a en effet remis à la dirigeante 282 documents liés au Chili rédigés par les services américains et classifiés jusqu’à ce jour.

La bienveillance des États-Unis

L’un d’entre eux révèle que l’exécutif américain savait à quoi s’en tenir quant à cet attentat depuis le 6 octobre 1987 au moins. À cette date, George Shultz, secrétaire d’État de 1982 à 1989, adresse un rapport à destination de son supérieur, le président Reagan. La missive est éloquente à plus d’un titre car elle cible non seulement la responsabilité de Pinochet dans la mort de son opposant politique et de sa collaboratrice mais indique le changement de perception du despote par la diplomatie américaine qui jusqu’ici lorgnait d’un œil bienveillant sur ce conservateur anticommuniste.

George Schultz commence par déplorer l’absence d’élections libres au Chili et l’imminence de la reconduction de Pinochet dans sa fonction à la faveur d’un plébiscite. Il poursuit en mentionnant une note de la CIA qui lui est passée entre les mains et expliquant qu’il existe «une preuve décisive que le président Pinochet a donné l’ordre à son chef des services secrets d’accomplir ces meurtres».

Un crime resté impuni

PHOTO VICTOR RUIZ CABALLERO
Schultz fait mine d’hésiter à recommander l’inculpation de Pinochet dans cette affaire mais n’en reste cependant pas là: «C’est l’exemple flagrant de l’implication directe d’un chef d’État dans un acte relevant du terrorisme d’État et dérangeant à double titre car il a eu lieu dans notre capitale et est l’œuvre d’un gouvernement normalement ami.»

Newsweek qui relaie la nouvelle rappelle cependant que, Pinochet, mort à 91 ans en 2006, n’a jamais été condamné pour aucun des nombreux crimes qui ont émaillé son règne entre 1973 et 1990. 

vendredi 9 octobre 2015

CHILI: INCENDIE DANS LE PORT DE VALPARAISO

L'Onemi a justifié l'alerte rouge en rappelant les "conditions topographiques" extrêmes du port de Valparaiso, visité chaque année par des milliers de touristes qui viennent admirer ses maisons colorées bâties sur une quarantaine de collines. 

En mars, un incendie de forêt dans ce secteur avait tué une personne et détruit quelque 600 hectares. Et, au début de 2014, un violent incendie a tué 15 personnes et détruit quelque 3.000 maisons, affectant plus de 12.000 personnes.

CHILI : PINOCHET CITÉ DANS LA MORT D'UN EX-MINISTRE D'ALLENDE

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ORLANDO LETELIER AMBASSADEUR DU CHILI AUX ÉTATS-UNIS 
Ces documents remis par Washington aux autorités chiliennes apportent pour la première fois des preuves impliquant l'ex-dictateur Augusto Pinochet dans l'assassinat en 1976 d'un ancien ministre de Salvador Allende, a affirmé jeudi le fils de la victime.

Documents contenus dans une clé USB

Alors qu'il existait depuis longtemps des soupçons, il y a pour « la première fois des documents qui le prouvent », a souligné M. Letelier, sénateur du Parti socialiste chilien, à l'occasion d'un entretien à Tele13 Radio jeudi. « Il est possible qu'apparaissent les noms d'autres personnes impliquées qui sont vivantes et au Chili, et qui auraient participé non pas à l'ordre ou à l'exécution, mais au camouflage des preuves », a-t-il ajouté. Les documents, contenus dans une clé USB, ont été remis au cours d'une réunion de John Kerry avec la présidente chilienne Michelle Bachelet en marge de la conférence "Notre océan" qui s'est tenue à Vina del Mar (120 kilomètres à l'ouest de Santiago). Orlando Letelier avait été arrêté après le coup d'État du général Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, puis placé en détention et torturé. Libéré un an plus tard, il était parti vivre en exil aux États-Unis en 1975. Le 21 septembre 1976, il était tué avec sa secrétaire dans un attentat à la voiture piégée à Washington, sur ordre du régime Pinochet, qui a exercé une dictature au Chili de 1973 à 1990.

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LE 21 SEPTEMBRE 1976, PHOTO DU DOSSIER DES POMPIERS  LORS QU'ILS ENLÈVENT LES VICTIMES  -ORLANDO LETELIER, ANCIEN AMBASSADEUR CHILIEN AU ÉTATS-UNIS ET RONNE KARPEN MOFFITT, SA  SECRÉTAIRE- DE LA VOITURE BRISÉE PAR L'EXPLOSION D'UNE BOMBE SUR L’« EMBASSY ROW » QUARTIER DES AMBASSADES DE WASHINGTON. 
La Dina, la redoutable police politique de Pinochet

L'enquête sur cette affaire a été close en 1995 avec la condamnation des généraux Pedro Espinosa et Manuel Contreras. Contreras, décédé en août dernier à 86 ans, avait été le fondateur et unique directeur de la Direction nationale du renseignement (Dina), la redoutable police politique de Pinochet à laquelle est imputée la majorité des victimes de la dictature chilienne – plus de 3 200 morts ou disparus et plus de 38 000 personnes torturées au nom de la lutte antisubversion. Contreras était également impliqué dans les assassinats de l'ex-commandant en chef de l'armée chilienne Carlos Prats et de son épouse, perpétrés en Argentine en 1974 dans le cadre du « Plan Condor » d'élimination des opposants mis en place dans les années 1970 par les dictatures militaires d'Amérique du Sud. Augusto Pinochet est mort le 10 décembre 2006 sans n'avoir jamais été condamné.

AU CHILI, LES RÉFORMES DE MICHELLE BACHELET SONT EN PANNE

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LE COSTANERA CENTER, SANTIAGO DU CHILI
La cote de popularité de la présidente socialiste, Michelle Bachelet, est au plus bas, avec moins de 30 % d’opinions favorables. La présidente a reconnu, en juillet, qu’il lui sera difficile, d’ici à la fin de son mandat, en mars 2018, de concrétiser les réformes promises pendant sa campagne électorale, qui avaient soulevé d’immenses espoirs. Beaucoup considéraient ce second mandat de Mme Bachelet, qui avait déjà gouverné entre 2006 et 2010, comme une opportunité historique pour en finir avec l’héritage de la dictature militaire (1973­-1990).

« Regarder la réalité en face »

Pour remédier aux profondes inégalités sociales, elle avait promis une nouvelle Constitution, une réforme fiscale et la gratuité dans l’éducation. Des défis qui n’avaient pas été relevés pendant la transition vers la démocratie par la coalition de centre gauche, au pouvoir entre 1990 et 2010.

« Il n’est pas question de renoncer aux changements, mais de regarder la réalité en face, affirme Michelle Bachelet. Nous disposons de moins de ressources, et la capacité de l’Etat et du système politique pour opérer des réformes structurelles si profondes, en si peu de temps, a sans doute été surestimée. » La prévision de croissance a été rabaissée de 3,6 % à 2,5 % pour 2015.

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La présidente a dû réviser sa feuille de route : la gratuité dans l’éducation supérieure sera mise en place graduellement, à partir de 2016 et jusqu’en 2020, pour 60 % des étudiants les plus pauvres, et non plus 70 % comme prévu. La réforme fiscale, promulguée en 2014, a été mal accueillie et doit sans cesse être corrigée. L’objectif est de collecter 8,3 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros, près de 3 % du produit intérieur brut) pour financer la gratuité de l’éducation. Enfin, le texte définitif de la nouvelle Constitution, qui doit remplacer celle imposée en 1980 par le général Augusto Pinochet, est toujours en examen au Congrès.

Rumeurs de démission

Mme Bachelet est la cible quotidienne de la presse, de droite dans son ensemble, qui dénonce un vide politique. À deux reprises, la présidente a démenti d’insistantes rumeurs selon lesquelles elle envisageait de démissionner. Elle a dû remanier son gouvernement.


On la dit déprimée à la suite d’un scandale de corruption dont le protagoniste est son fils aîné, Sebastián Dávalos. Ce dernier est accusé de trafic d’influence après avoir obtenu un prêt bancaire de 10 millions de dollars destiné à des investissements immobiliers. M. Dávalos a nié les faits, et Mme Bachelet a affirmé n’avoir jamais été au courant de cette transaction.

Plusieurs affaires de fraude fiscale et de financement illicite de campagnes électorales éclaboussent les partis politiques, en particulier l’Union démocrate indépendante (droite). Huit sénateurs et plusieurs hommes d’affaires sont impliqués. Mme Bachelet a créé une commission anti­corruption afin d’assurer une plus grande transparence dans le financement des partis politiques et les dons des grandes entreprises.


Des analystes dénoncent aussi une répression de plus en plus dure à l’égard des mouvements sociaux. Le sociologue Marcos Roitman donne en exemple les manifestations étudiantes et celles des indiens Mapuche, dans le sud du pays. Il rappelle la mort, fin juillet, d’un ouvrier du cuivre, tué par la police, lors d’une mobilisation pour réclamer des augmentations de salaires.