lundi 27 juillet 2015

CHILI : LA JUSTICE S’EMPARE DU « CASO QUEMADOS »

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


VERONICA DENEGRI ET ALICIA LIRA MATUS, PRÉSIDENTE
DE L'AFEP (ASSOCIATION DE FAMILLES D'EXÉCUTÉS POLITIQUES)
PHOTO AFP

Exilé aux États-Unis, il vient tout juste de rentrer au Chili, où le général Pinochet fait régner la terreur depuis treize ans. La seconde a 18 ans, elle est étudiante. Elle accompagne son ami, venu photographier des manifestants dans un quartier populaire de Santiago en ce jour de grève nationale contre la dictature. Les soldats se saisissent des deux jeunes gens, les traînent dans une ruelle et, se croyant à l’abri des regards, ils les cognent et les frappent, encore et encore, à coups de pied, à coups de crosse. Carmen se souvient qu’ils devaient être trente, au moins, à s’acharner sur eux. La rage des tortionnaires est inextinguible, tabasser ne leur suffit plus. Ils aspergent leurs victimes d’essence, craquent une allumette et savourent le macabre spectacle des deux jeunes corps en flammes, avant de les enrouler dans des couvertures et de les jeter dans un camion. 

Carmen et Rodrigo sont laissés pour morts au fond d’un fossé, à l’extérieur de la ville, avant d’être découverts, quelques heures plus tard, par des passants qui les transportent à l’hôpital. Le photographe agonise quatre-vingt-seize heures durant, avant de rendre son dernier souffle. Son amie, elle, est sauvée in extremis mais, brûlée à 62 %, elle est défigurée et conservera toute sa vie de douloureuses séquelles.

Des milliers de personnes emprisonnées, torturées, tuées...

Devant la colère et l’indignation que soulève cet acte de barbarie, le général Pinochet lui-même est contraint de s’exprimer sur l’affaire, laissant entendre que les deux victimes auraient été brûlées par l’explosion accidentelle de produits inflammables. La presse, à l’époque, livre une version tout aussi saugrenue, mettant en scène des émeutiers victimes d’un barrage de feu allumé pour repousser les militaires. 

Finalement, il faudra attendre 1993, après le départ de Pinochet, pour que le chef de la patrouille, le capitaine Pedro Fernández Dittus, soit condamné… pour « négligence ». Il écope d’abord de six cents jours de prison, avant de voir sa peine, qu’il purge dans la prison de luxe pour tortionnaires de Punta Peuco, réduite à un an pour « raisons de santé ».

Le déni de justice du « Caso quemados » (« l’affaire des brûlés ») sera-t-il enfin réparé ? Le 24 juillet, près de trente ans après les faits, la justice chilienne a inculpé sept anciens militaires, six comme auteurs et un comme complice, pour homicide dans le cas de Rodrigo Rojas de Negri et pour tentative d’homicide dans le cas de Carmen Gloria Quintana, aujourd’hui exilée au Canada. 

Le magistrat Mario Carroza avait rouvert le dossier en 2013, ordonnant l’arrestation des ex-officiers impliqués dans l’affaire après le témoignage d’un militaire, Fernando Guzman, ayant contredit ses précédentes déclarations. Une entaille dans le « pacte du silence » liant les tortionnaires d’une dictature sanglante, durant laquelle des dizaines des milliers de personnes ont été emprisonnées arbitrairement, torturées, violées, tuées ou soumises à des disparitions forcées. 

« Avec ces poursuites, l’affaire ne s’arrête pas là, il faut voir comment elle suivra son cours, a commenté la mère du jeune photographe assassiné, Veronica de Negri. Nous devons insister encore pour que cesse ce pacte du silence, pour que tous les militaires ayant commis des crimes contre l’humanité soient dégradés. » 

Deux jours plus tôt, le 22  juillet, le juge Miguel Vázquez inculpait dix autres anciens militaires, accusés de l’enlèvement et de l’assassinat de Víctor Jara et de l’ex-chef de la police militaire, Littré Quiroga Carvajal. 

Auteur, compositeur, interprète, militant communiste, Victor Jara est l’un des symboles de la sauvage répression qui s’est abattue sur le peuple chilien au lendemain du coup d’État du 11 septembre 1973 contre le président Salvador Allende et le gouvernement d’Unité populaire. 

Arrêté durant le coup d’État, détenu à l’Estadio Chile, qui porte aujourd’hui son nom, puis à l’Estadio Nacional, le musicien a succombé à des sévices atroces, ses tortionnaires allant jusqu’à lui détruire les mains pour s’assurer que jamais plus il ne pourrait jouer de la guitare. 

Témoin lors d’un premier procès, en 2009, Hector Herrera décrit la dépouille du chanteur « couverte de boue, mains écrasées, criblée de dizaines d’impacts de balles », au milieu des « corps entassés dans les couloirs, les escaliers ». 

La nouvelle de l’assassinat du musicien avait, à l’époque, profondément affecté Pablo Neruda, lui inspirant ces mots terribles : « La morgue est pleine de cadavres en pièces. Victor Jara est l’un de ces cadavres en pièces. Mon dieu ! C’est comme tuer un rossignol… »

Du Caso quemados à Victor Jara, ces nouveaux développements judiciaires témoignent d’une volonté de mettre fin à la longue nuit de l’impunité qui a prévalu longtemps après la chute de la dictature. 

Pinochet lui-même, protégé par son statut d’ancien chef d’État et de sénateur à vie, n’est-il pas mort paisiblement, sans avoir à rendre compte de ses innombrables crimes ? Si cette page semble se tourner, pour les victimes de disparitions forcées et de torture, pour leurs familles, l’attente est longue, interminable. 

« Les autorités doivent tout mettre en œuvre pour que toutes les victimes et leurs familles obtiennent justice et les réparations auxquelles elles ont droit », insiste Ana Piquer Romo, directrice d’Amnesty International Chili. 

À ce jour, seules 262 personnes ont été condamnées pour des violations des droits humains commises pendant la dictature.

CHILI : UN MANIFESTANT TUÉ PAR LA POLICE


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LES TRAVAILLEURS DU CUIVRE BARRANT UNE ROUTE DANS LA RÉGION D'ATACAMA

Un ouvrier de 47 ans, Nelson Quichillao, fut abattu par la police le vendredi [24 juillet 2015] près de la mine de cuivre El Salvador de Codelco dans la région de l’Atacama, au nord du Chili. Les travailleurs contractuels des sous-traitants des compagnies minières sont en grève et manifestent pour exiger les avantages des travailleurs directement employés par les compagnies minières. 
Secours rouge.org
La police prétend avoir employé des armes pour répondre à une attaque avec des engins lourds. Des manifestants bloquaient les routes menant à la ville d’El Salvador, et c’est dans une opération policière pour dégager une route que Nelson Quichillao, employé par la société Geovita, sous-traitant de Codelco, a été tué. La mine est à l’arrêt.

samedi 25 juillet 2015

CHILI : AFFRONTEMENTS À SANTIAGO APRÈS LA MORT D'UN MINEUR EN GRÈVE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

  VEILLÉE FUNÈBRE DE NELSON QUICHILLAO LÓPEZ  

Une manifestation a dégénéré, le 24 juillet 2015, dans la capitale chilienne Santiago suite à la mort le jour-même d'un mineur en grève dans la région d'Atacama. 
D'après des sources syndicales, Nelson Quichillao López serait mort d'une crise cardiaque après avoir été touché à la jambe par un tir de la police au cours d'une manifestation. Les sous-traitants de la compagnie minière Codelco, le premier producteur mondial de cuivre, sont en grève depuis plusieurs jours pour réclamer des augmentations de salaires.

mardi 7 juillet 2015

EUCLIDE TSAKALOTOS, NOUVEAU MINISTRE DES FINANCES GREC

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LE NOUVEAU MINISTRE DES FINANCES GREC, EUCLIDE TSAKALOTOS PHOTO REUTERS

On le dit discret et taiseux mais en fait, dès qu’il est lancé sur une thématique qu’il maîtrise, il se montre passionné… et très disert ! Lors d’un point avec la presse étrangère en Grèce il y a quelques semaines, il a ainsi tenu en haleine des dizaines de collègues à grands coups de discours enflammés, ponctués de sourires charmeurs et d’anecdotes. Son message principal : « Quel échec de l’Europe de ne pas réussir à faire de la place à une petite voix différente au programme pourtant loin d’être révolutionnaire ! »

« Sounds very logical » (« Tout ceci paraît très logique»), en retiendra, conquis, un journaliste américain. « C’est la force d’Euclide, il sait convaincre sans arrogance, mais c’est un homme de convictions. Plus radical que Varoufakis, même ! », assure l’un de ses collègues de l’université d’Athènes.

Ardent partisan du référendum

Au fond, c’est vrai, il défend les mêmes positions que son ami déchu, et a souvent rappelé, lorsqu’il est interrogé par la presse, qu’un gouvernement de gauche est tenu de réguler le marché du travail, doit se battre pour la mise en place de conventions collectives, et ne doit pas baisser les retraites ou augmenter la TVA.

Alors que Varoufakis est un Européen convaincu, qui
a longtemps appelé même à plus de fédéralisme, Tsakalotos défend plutôt par tactique l’appartenance de la Grèce à la zone euro. « Une route grecque où vous quittez l’euro et faites votre propre stratégie nationale semble être une répétition droite du Royaume-Uni dans les années 1970 et la France dans les années 1980. La voie des solutions nationales a échoué. Nous avons besoin de solutions internationalistes », expliquait-il en janvier 2014, lors du lancement à Londres de son livre Crucible of Resistance : Greece, the Eurozone and the World Economic Crisis (Pluto Press, non traduit).

Il fut un ardent partisan du recours au référendum car il croit dans la démocratie directe. C’est en fait, lui aussi, un marxiste revendiqué. Et même un cadre du comité directeur de Syriza depuis dix ans, là où Yanis Varoufakis avait toujours précieusement cultivé son indépendance en ne s’attachant au parti que lors des dernières élections. Il est par ailleurs très proche du vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, le doyen du groupe d’experts qui conseillent Alexis Tsipras depuis 2012.

À Bruxelles, son anglais teinté d’accent oxfordien, héritage de ses longues études en Angleterre, est à la fois apprécié et gentiment moqué. Euclide Tsakalotos est né à Rotterdam, aux Pays-Bas, et a étudié à Oxford, où il a suivi un cursus de politique, de philosophie et d’économie. En 1989, il a intégré l’université du Kent, à Canterbury au Royaume-Uni, d’abord pour y faire de la recherche, puis pour y enseigner l’économie. Il est marié à l’économiste écossaise Heather D. Gibson, qu’il a rencontrée durant ses études.

Reste à savoir quelle sera sa stratégie de négociation. Dans une note adressée à la presse le 30 juin, au soir de la rupture avec les créanciers, Euclide Tsakalotos n’avait pas mâché ses mots. Il pointait alors du doigt « le manque de flexibilité » et les divergences de point de vue entre les « trois institutions avec lesquelles nous négocions ». Pour sa première intervention publique en tant que ministre lundi soir, il a déclaré que les Grecs avaient fait comprendre lors du référendum « qu’ils méritaient mieux » et qu’ils « n’allaient pas accepter une solution non viable ». La continuité de la ligne Tsipras, donc.


lundi 6 juillet 2015

LE VENDEUR DE LOGICIELS ESPIONS HACKING TEAM VICTIME D’UN PIRATAGE MASSIF

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

Hacking Team, une entreprise italienne qui vend des outils de surveillance et d’espionnage informatiques dans le monde entier, a subi dimanche 5 juillet un piratage qui aurait abouti au vol de 400 gigaoctets de données confidentielles. Cette fuite massive contiendrait des emails et documents internes et le code source de plusieurs logiciels conçus par l’entreprise.
Florian Reynaud
DANS LA LISTE DES PAYS CLIENTS DE HACKING TEAM, FIGURE UN CONTRAT DE 2,85 MILLIONS DE DOLLARS AVEC LE CHILI 
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 
Le compte Twitter de l’entreprise a également

été
piraté et a diffusé des liens vers les documents volés, ainsi que des captures d’écran d’emails. Le nom du compte Twitter a été changé de Hacking Team (« Equipe de pirates ») à « Hacked Team » (« Equipe de piratés »). Le compte Twitter de Christian Pozzi, un des responsables de la sécurité de l’entreprise, a également été piraté, et son compte est désormais inaccessible.



[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

ILLUSTRATION LO COLE
De par ses activités, Hacking Team n’a pas la meilleure des réputations. L’association Reporters sans frontières (RSF) l’a même classé dans son édition 2013 du rapport sur les « ennemis d’Internet ». « L’entreprise italienne Hacking Team décrit elle-même ses technologies comme étant “offensives”. La société a été mise en cause pour des ventes au Maroc et aux Emirats arabes unis. Selon la société Hacking Team, le Remote Control System [logiciel espion de l’entreprise], dénommé avec modestie DaVinci, est capable de casser le chiffrement utilisé pour les emails, les fichiers et les protocoles VOIP [téléphonie via Internet] », indique le document de RSF.

La dernière version de Remote Control System (RCS), nommée « Galileo », est présentée par 
ILLUSTRATION LO COLE
Hacking Team comme « la suite de piratage pour les interceptions gouvernementales ». RCS peut infecter la majorité des systèmes d’exploitation (Windows, Android, OSX, iOS…), qu’il s’agisse d’un ordinateur ou d’un téléphone portable. Hacking Team assure que ses logiciels espions sont indétectables par les antivirus. RCS peut alors enregistrer des conversations Skype, voler des emails, des SMS ou même des clés de chiffrement utilisées pour s’échanger des informations confidentielles. L’entreprise assure qu’elle vérifie que ses outils ne soient jamais utilisés contre des journalistes, travailleurs humanitaires ou à toute fin constituant une violation des droits humains.

Plusieurs rapports de l’entreprise russe en sécurité informatique Kaspersky et des chercheurs du Citizen Lab (lié à l’université de Toronto) ont affirmé que Hacking Team vendait des solutions de surveillance à des dictatures et gouvernements oppressifs. En 2012, les ordinateurs de journalistes citoyens marocains ont par exemple été infectés par un logiciel espion suspecté d’avoir été conçu par l’entreprise.

« Nous faisons extrêmement attention à qui nous vendons nos produits. Nos investisseurs ont mis en place un comité légal qui nous conseille continuellement sur le statut de chaque pays avec lequel nous entrons en contact », avait assuré le PDG de Hacking Team, David Vincenzetti, dans une interview accordée en 2011 au journaliste Ryan Gallagher (aujourd’hui journaliste d’investigation pour The Intercept). « Le comité prend en compte les résolutions de l’ONU, les traités internationaux et les recommandations d’Human Rights Watch et d’Amnesty International », avait-il ajouté.

Un contrat avec le Soudan
ILLUSTRATION LO COLE
Les fichiers mis en ligne dans la nuit recèlent ce qui apparaît comme la liste des pays clients de Hacking Team. Figure ainsi un contrat de 2,85 millions de dollars avec le Chili, mais aussi un autre de 1 million de dollars passé avec l'Éthiopie ou un troisième de 480.000 euros avec le Soudan. Or, Hacking Team avait spécifiquement nié toute relation commerciale rappelle Christopher Soghoian, l'un des dirigeants de l'Union américaine pour les libertés civiles, une ONG de défense des libertés.[ Benjamin Ferran ]

Une experte de l’association militante Electronic Frontier Foundation a publié lundi 6 juillet sur Twitter une liste des clients supposés de Hacking Team, issue des documents volés à l’entreprise, parmi lesquels de nombreux services de police mais aussi de renseignement.

Selon le document, l’entreprise a vendu ses services de manière non officielle aux services secrets et au ministère de la défense saoudiens, mais aussi aux services de renseignement russes, au ministère de la défense et aux services secrets soudanais. Un autre document volé indique que Hacking Team a facturé un contrat de 480 000 euros au Soudan, alors même que l’Organisation des nations unies (ONU) impose un embargo sur la vente d’armement et de « matériels connexes » au Soudan. Hacking Team avait d’ailleurs nié toute relation commerciale avec le Soudan. Parmi les clients supposés toujours en contrat, on trouve également la Turquie, la Thailande, les Etats-Unis, l’Espagne, le Nigeria, l’Australie mais aussi de nombreux clients au Mexique.

Sur son compte Twitter, désormais supprimé, Christian Pozzi a réagi lundi matin à la publication des documents. « Une grande partie de ce que les pirates affirment concernant notre entreprise est faux. Merci de ne pas répandre de fausses informations sur les services que nous offrons », a-t-il tweeté. « Nous sommes en train de travailler étroitement avec la police », a-t-il assuré.

Journaliste au Monde

GRÈCE : YANIS VAROUFAKIS DÉMISSIONNE AVEC PANACHE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
DESSIN PARU DANS LES-CRISES.FR
Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a annoncé lundi matin sa démission pour aider Alexis Tsipras dans les difficiles négociations avec la troïka. 
Au lendemain de l’écrasante victoire du non au référendum sur les propositions des créanciers d’Athènes, c’est sur son blog qu’il a annoncé son départ : Par Michel Soudais
« Peu de temps après l’annonce des résultats
PHOTO ALKIS KONSTANTINIDIS 
 
du référendum, on m’a informé d’une certaine préférence de certains membres de l’Eurogroupe, et de "partenaires" associés, (...) pour mon "absence" des réunions ; une idée que le Premier ministre (Alexis Tsipras) a jugé potentiellement utile à l’obtention d’un accord. Pour cette raison je quitte le ministère des Finances aujourd’hui.
»
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

 PHOTOMONTAGE YANIS VAROUFAKIS EN TERMINATOR
« Je porterai le dégoût des créanciers avec fierté », écrit Yanis Varoufakis qui ne manifeste aucun désaccord avec le chef du gouvernement : Je considère qu’il est de mon devoir d’aider Alexis Tsipras à exploiter, comme il l’entend, le capital que le peuple grec nous a accordé par référendum hier, poursuit-il en expliquant que les hommes de gauche savent « agir collectivement sans se soucier des privilèges de la charge ».

dimanche 5 juillet 2015

RÉFÉRENDUM GREC : VICTOIRE ÉCRASANTE DU « NON »

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
 « ΌΧΙ », PHOTO JEAN-PAUL PELISSIER
Όxi ! La victoire du « non » est acquise et elle est écrasante. Il l’emporte à 60,7% sur 30,1% des bulletins dépouillés, selon le ministère de l’Intérieur, deux heures après la clôture du scrutin. Et ce score pourrait encore monter avec le résultat du vote dans les îles.
Par Politis.fr
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
 PARTISANS DU NON CÉLÈBRENT UN MOMENT «HISTORIQUE» PHOTO EFE
dès la fermeture des bureaux de vote à 19h (18h heure française), deux sondages par téléphone annonçaient que le «non» au plan des créanciers l’emporterait au référendum initié par le gouvernement grec d’Alexis Tsipras, portant sur l’acceptation ou non par les électeurs de la dernière proposition de réformes formulée par les créanciers du pays (BCE, UE, FMI).

L’étendue de la victoire du « non » est toutefois plus important que ce que prédisaient ces sondages. Le sondage de la chaîne Star donne au non une fourchette entre 49% et 54% contre 46 à 51% au oui. La chaîne Mega donne entre 49,5% et 53,5% au non et entre 46,5% et 50,5% pour le oui. Les résultats des premiers bulletins dépouillés vont toutefois bien au-delà :

Si cette victoire du non se confirmait avec un tel écart, ce serait une formidable victoire pour le gouvernement d’Alexis Tsipras dont le parti, Syriza, avait certes gagné les élections le 25 janvier avec 149 députés sur 300 mais avec 37% des suffrages exprimés.

Réactions : Premier à réagir, le ministre de la Défense grec, Panos Kamménos, allié de la coalition du gouvernement Tsipras, a déclaré : « Le peuple grec a prouvé qu’il n’est pas soumis au chantage. » 

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

GRÈCE : PREMIERS RASSEMBLEMENTS PLACE SYNTAGMA APRÈS LA VICTOIRE ATTENDUE DU NON

Manifestations de joie. Un peu avant 20h, des centaines de partisans du non ont commencé à se rassembler sur la place Syntagma, en bas du Parlement d’Athènes, pour manifester leur joie. Tenant des drapeaux grecs et des pancartes frappés du non, ils scandent des slogans contre l’austérité.
En écho à cette manifestation de joie, un rassemblement est annoncé à Paris, place de la République à 21h30.

François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont prévu d’« évaluer les conséquences du référendum en Grèce », lundi soir lors d’« un entretien suivi d’un dîner de travail » à l’Elysée. « Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la coopération permanente entre la France et l’Allemagne pour contribuer à une solution durable en Grèce », précise l’Elysée dans un communiqué. « L’entretien avec le président français et le dîner qui suivra seront consacrés à une analyse commune de la situation après le référendum grec et la poursuite de la coopération franco-allemande étroite sur ce sujet », a indiqué de son côté la chancellerie allemande.

vendredi 3 juillet 2015

MORT DE SERGIO DIEZ URZÚA, « DÉFENSEUR DES INDÉFENDABLES»

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

SERGIO DIEZ SERRE LA MAIN D'AUGUSTO PINOCHET UGARTE
PHOTO BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS NATIONAL CHILIEN
Sergio Eduardo Diez Urzúa (né à Curicó, le 2 avril 1925 – décédé à Santiago, le 29 juin 2015) fut un avocat, et homme politique chilien de droite, de longue trajectoire. 
Avocat de province, politicien de droite, sa
SERGIO DIEZ URZÚA EN 1991
carrière le mène tout droit à faire partie du staff de la dictature de Pinochet. Représentant du Gouvernement chilien à partir de 1975, il fut désigné comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire pour toutes les questions relatives aux enquêtes sur la situation des droits de l'homme.


En 1975 Sergio Diez prend la parole  à l’ONU, égal à lui-même, sans talent mais avec conviction, et soutient  «que les soi-disant disparus n'existent pas» et que les «noms étaient des inventions, des faux».

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

FOURS À CHAUX DE LONQUÉN
La découverte massive de cadavres dans les fours à chaux de Lonquén a permis de prouver que la plupart des restes trouvés étaient ceux de personnes figurant sur ces listes ou enregistrées comme mortes à l'institut médico-légal, ou encore, pour un cas, déclarée comme sans existence légale.

Après la fin de la dictature, Sergio Diez fut élu sénateur pour la droite et n’a jamais reçu de sanction sociale, morale ou politique.

Le monde politique chilien, « a exprimé sa profonde et très grande tristesse à l’annonce de la mort de l’ancien sénateur ». Les victimes de la dictature et leurs familles, quant à elles, manifestent leur profond dégoût. 

jeudi 2 juillet 2015

LES ESPAGNOLS SE BÂILLONNENT POUR LA DÉMOCRATIE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LE BAÎLLON EST LE SYMBOLE UTILISÉ POUR DÉNONCER CETTE LOI JUGÉE LIBERTICIDE. PHOTO JAVIER SORIANO 
Deux mille personnes ont manifesté mardi 30 juin à Madrid pour protester contre une loi jugée liberticide par de nombreuses ONG, des associations d'avocats ou encore des journalistes.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 
Avec un simple foulard sur la bouche ou dans des

costumes plus folkloriques, environ deux mille espagnols ont manifesté mardi soir à Madrid contre la «loi bâillon». Cette nouvelle législation qui encadre le droit de manifester a été adoptée en décembre dernier et est entrée en vigueur aujourd'hui. Elle reste cependant très critiquée par de nombreuses ONG, associations d'avocats et des journalistes.


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

LES FEMENS ONT MANIFESTÉ CONTRE CETTE NOUVELLE LÉGISLATION MERCREDI MATIN SUR LA FONTAINE DE CYBÈLE À MADRID. PHOTO DANI POZO

La «Ley Mordaza» (loi bâillon)prévoit notamment de sanctionner des manifestations non autorisées jusqu'à 600.000 euros et le délit de désordre et les entraves aux expulsions de familles peuvent coûter aux contrevenants 30.000 euros. Un «manque de respect» à un policier pourra être puni d'une amende de 600 euros. 

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

SUR SA POITRINE CETTE FEMME AFFIRME
«LES AMENDES, NON!».
PHOTO JAVIER SORIANO 


« Ils veulent que nous nous taisions tous, que personne ne proteste", s'est plaint à l'AFP Juan Sánchez, un étudiant de 21 ans. L'association de la presse de Madrid s'est fendue d'un communiqué expliquant que l'entrée en vigueur de cette loi entraverait le métier des journalistes." Les Femens espagnoles ont également protestées seins nus contre cette loi. Quatre d'entres elles ont pris d'assaut la fontaine de Cybèle de Madrid ce matin. Sur leur poitrine on pouvait lire "My name is democracy.»

mercredi 1 juillet 2015

GRÈCE : TSIPRAS MAINTIENT LE RÉFÉRENDUM ET APPELLE AU « NON »
POUR OBTENIR UN « MEILLEUR ACCORD »

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
À ATHÈNES, UN HOMMES PLACARDE DES AFFICHES EN FAVEUR DU « NON » AU RÉFÉRENDUM, « ΌΧΙ » EN GREC. PHOTO JEAN-PAUL PELISSIER  
Décryptage de l'intervention d'Alexis Tsipras par Adéa Guillot, correspondante du Monde à Athènes : L'allocution d'Alexis Tsipras aura duré quelques minutes seulement, donnée depuis son bureau, encadré des drapeaux grec et européen. Dans un ton très direct, il s'est à la fois adressé à son peuple qui souffre ces derniers jours de la fermeture des banques , et notamment aux retraités, en leur promettant «que ces difficultés n'étaient que temporaires».
Mais il s'est surtout adressé à l'Europe en leur demandant de respecter le processus démocratique du référendum regrettant « que l'Europe ne veuille pas donner au peuple grec le temps de prendre une décision dans le calme ». « Les sirènes de la catastrophe vous exhortent à voter OUI en vous demandant de devenir complices d'un nouveau mémorandum » mais « seul un NON pourra nous permettre d'obtenir un meilleur accord », appelle-t-il.


Il a réaffirmé sa volonté d'obtenir un accord mutuellement bénéfique et digne  « tout de suite après le référendum ». Ce qui semble indiquer qu'aucune solution ne semble à attendre dans les prochaines heures alors qu'un nouvel Eurogroupe est toujours programmé ce soir .

Les 19 ministres des finances de la zone euro doivent discuter des deux lettres envoyées hier et aujourd'hui par Alexis Tsipras qui accepterait , à quelques amendements près les propositions des créanciers de la semaine dernière, en échange d'un nouveau prêt de 30 milliards et d'une renégociation de la dette publique grecque.