jeudi 4 août 2016

QUAND LE CHILI RÉALISE QUE BIEN TROP D'ENFANTS MEURENT SOUS LA TUTELLE DE L'ÉTAT

Mais surtout, à 85 %, il gère des foyers qui accueillent des enfants qui ont été séparés de leur famille quand la justice estime que celle-ci est incapable de les élever. 

Lissette faisait partie de cette dernière catégorie. Elle était battue par son père et a été également victime d’abus sexuel. L'enfant est morte d’un arrêt cardio-vasculaire. La directrice de l’organisme a immédiatement expliqué que c’était la tristesse qui l’avait tuée : elle attendait une visite qui n’est pas venue. Une explication qui n’a convaincu personne. La directrice a finalement donné sa démission onze jours plus tard.

Le Sename, un système en roue libre ?

L’enquête n’est pas terminée, mais il pourrait y avoir eu négligence du foyer. L'affaire a conduit la Chambre des députés à créer une commission d’enquête sur le fonctionnement de cet organisme d’'État. Jusqu'ici, cette commission a révélé que le personnel de ce type de foyers n’est absolument pas qualifié, qu’il administre des sédatifs et tout type de médicaments à tout va aux mineurs et sans aucun contrôle.

Elle a également révélé que les infrastructures sont déplorables et que les ressources sont insuffisantes. Et que Lissette n'est que la dernière d’une longue liste. Combien de mineurs sous la responsabilité de l’'État chilien sont-ils morts ? La Chambre des députés a posé la question au ministère de la Justice, portefeuille en chargé du Sename. Réponse : 185 depuis 2005. Un chiffre qui a consterné et horrifié les Chiliens.

Une estimation encore en deçà des faits ?

Et pourtant, ce chiffre s’est pourtant vite révélé en deçà de la réalité. La nouvelle directrice du Sename a tout simplement avoué que ses services ne savaient pas combien ils sont. Car les décès ne sont pas enregistrés comme tels. Le Sename est en train de recouper tous les registres pour pouvoir donner un chiffre précis. Il pourrait être question de près de 500 décès, dont beaucoup par négligence.

Cette bataille des chiffres révèle un dispositif en faillite totale, incapable de protéger les enfants dont il a la charge. Par ailleurs, les défaillances du Service national des mineurs posent la question du statut des enfants dans ce pays, le Chili. Les enfants, des citoyens de deuxième catégorie parce qu’ils ne votent pas, critiquent des analystes.