vendredi 3 octobre 2014

MILLE TAMBOURS ENVAHISSENT VALPARAÍSO

Batucadas, pasacalles (littéralement, « qui passe dans les rues »), fanfares, spectacles fixes ou mobiles, de musique, de danse ou des deux, il y en avait pour tous les goûts : la liste des festivités à Valparaíso est longue durant ce week-end, et s’allonge un peu plus à chaque édition des Mille Tambours. Les cerros peuvent établir leur propre programme, et cette année, sept d’entre eux avaient officiellement dressé une scène pour la journée et la soirée de samedi. Centre névralgique des représentations et partenaire de cette manifestation, le Ele Bar organisait des activités variées tout le week-end, autour de la danse et de la musique traditionnelles chiliennes ; la plupart des autres établissements de la ville proposaient également de la musique live à leurs clients. En parallèle, les plus jeunes étaient aussi de la partie, puisque plusieurs écoles avaient monté leur propre fanfare et leur défilé. J’avais déjà fait l’apologie de la couleur et des odeurs à Valpo, mais avec un tel événement, c’est un peu comme si la ville transformait son agitation habituelle en transe festive : l’ouïe devient aussi indispensable que l’odorat ou la vue ; la synesthésie est complète.

Un anniversaire pour mille tambours

La première édition des Mille Tambours était organisée en 1999 par le centre culturel Playa Ancha, pour promouvoir une vision populaire de la culture, en réclamant sa valorisation dans des lieux publics gratuits. C’est dans cette lignée que s’inscrit le Carnaval des Mille Tambours, durant lequel on peut assister à de nombreux spectacles et aux pasacalles sans avoir à débourser un centime. C’est aussi le collectif Playa Ancha qui a, dans le même esprit, œuvré pour que l’ancienne prison de Valparaíso soit transformée en centre culturel.


Danse traditionnelle chilienne dans la cour d’une école pour les Mille Tambours (Crédit photo : FL)
Bon gré, mal gré, les choses ont quelque peu évolué : les Mille Tambours, qui fêtaient ce week-end leurs quinze printemps, ont grandi et y ont laissé une peu de leur innocence. D’une part, parce qu’avec la renommée se sont multipliées les considérations financières. Selon de nombreux habitants, « Les Tambours, c’est plus ce que c’était », certains allant même jusqu’à affirmer que « cela fait plusieurs années que c’est un événement commercial avant d’être un événement culturel ». D’autre part, la fête durant un week-end entier, les débordements sont nombreux : lors des précédentes éditions, des heurts avaient eu lieu entre des jeunes et les forces de l’ordre, et des boutiques avaient été mises à sac. Cette année, le conseil municipal avait interdit la vente d’alcool dans le centre-ville à partir de 21 heures pour calmer les ardeurs des potentiels fauteurs de trouble, déclenchant du même coup la colère des commerçants.

Loin d’être exempt de critiques, le Carnaval des Mille Tambours, plus festif que familial, continue toutefois d’unir les générations et de rapprocher les horizons pendant une poignée d’heures, autour de la musique, de la danse, et (presque) toujours dans la bonne humeur. Et c’est sûrement le premier de ses objectifs.

*Comme j’ai pu le rappeler dans mon précédent article, Valparaíso est un port. Et en espagnol, les habitants d’un port sont appelés « porteños ». Par raccourci, au Chili, « porteño » est devenu l’adjectif propre pour qualifier ce qui vient de Valpo.