jeudi 19 janvier 2017

CHILI : LES DIFFICULTÉS DE BACHELET NOURRISSENT LES ESPOIRS DE LA DROITE

À soixante-sept ans, l'ancien président de centre-droit de 2010 à 2014 pourrait bien préparer son grand retour en politique. Cet homme d'affaires milliardaire trône en tête des sondages, avec 23 % d'opinions favorables.  

« La politique menée par Michelle Bachelet a déçu. Elle n'a pas réussi à tenir ses promesses de réformes, notamment en ce qui concerne les retraites et l'université. La colère sociale n'a fait qu'augmenter dans le pays », explique le politologue Manuel Antonio Garretón. Le second gouvernement de Michelle Bachelet - déjà présidente entre 2006 et 2010 et réélue triomphalement avec 62 % des voix en 2013 - a dû faire face à d'importants conflits sociaux, comme l'ont montré les manifestations de l'an dernier contre le système de retraites privées. La crédibilité de la chef d'Etat a aussi été affectée par l'affaire Caval, un scandale de corruption impliquant sa belle-fille, dont l'entreprise aurait obtenu un prêt de 10 millions de dollars de Banco de Chile pour réaliser une opération immobilière très lucrative. Une enquête a été ouverte pour trafic d'influence. « Pour Michelle Bachelet, cela a été le coup de grâce. Elle, qui se présentait comme une dirigeante intègre, en dehors de l'élite chilienne, a tout d'un coup été touchée par la corruption », indique Alberto Mayol, professeur de sociologie à l'université du Chili. Le mois dernier, Michelle Bachelet terminait 2016 avec seulement 22 % de popularité, contre... 84 % à la fin de son premier mandat en 2010.

« C'est la classe politique chilienne dans son ensemble qui est discréditée, estime Manuel Antonio Garretón, la désillusion des électeurs de centre-gauche encourage l'abstention, ce qui joue en faveur de l'opposition. » Une perte de confiance qui s'est déjà fait sentir au moment des municipales d'octobre dernier, lorsque 65 % des électeurs chiliens ont boycotté les urnes. La Nouvelle Majorité, coalition de centre-gauche de Michelle Bachelet, a essuyé une importante défaite en voyant basculer à droite certaines communes emblématiques comme Santiago Centre ou Maipú.

Fort de cette victoire, Sebastián Piñera pourrait bien se présenter comme l'homme providentiel pour tenter de l'emporter le 19 novembre. Mais pour Alberto Mayol, « ce ne sera pas si simple. Sebastián Piñera est impliqué dans plusieurs affaires de conflits d'intérêts. Des scandales qui pourraient remettre en cause sa candidature à droite. »

De l'autre côté du spectre politique, c'est Alejandro Guillier qui est pressenti pour prendre la tête de la coalition menée auparavant par Michelle Bachelet - la Constitution chilienne n'autorisant pas le président sortant à se représenter immédiatement. Cet ancien journaliste de 63 ans très populaire, sénateur indépendant, apparaît comme une personnalité capable de faire face à Sebastián Piñera. Il devrait être intronisé candidat de la Nouvelle Majorité lors d'une primaire organisée en juillet. Mais rien de garanti là non plus, puisqu'il devra faire face à un autre ancien président, le socialiste Ricardo Lagos