lundi 24 juillet 2017

24 JUILLET 1967, LE « VIVE LE QUÉBEC LIBRE» DU GÉNÉRAL DE GAULLE

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LE GÉNÉRAL DE GAULLE À MONTRÉAL LE 24 JUILLET 1967 
[CE JOUR-LÀ] En voyage officiel au Canada, le général de Gaulle plongeait le 24 juillet 1967 les Canadiens en état de choc en ponctuant son discours de Montréal d’un « Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français ! Vive la France ! ».
  ARCHIVES DE MONTRÉAL
«Rarement, un geste du président de la République aura fait couler autant d’encre. Consternation, colère, inquiétude, ironie, tous ces sentiments sont encore mêlés dans les commentaires de la presse internationale et dans les déclarations des hommes politiques », écrivait Noël Copin, rédacteur en chef à La Croix, dans l’édition du 29 juillet 1967.
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24 JUILLET 1967, LE « VIVE LE QUÉBEC LIBRE » DU GÉNÉRAL DE GAULLE
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LE GÉNÉRAL CHARLES DE GAULLE S’ADRESSANT  À LA FOULE LORS 
DE SA VISITE AU QUEBEC LE 24 JUILLET 1967. 
PHOTO  AFP 


Quelques jours plus tôt, le 24, le général de Gaulle alors en voyage officiel au Canada plongeait ce pays en état de choc et ravissait les indépendantistes québécois en ponctuant son discours de Montréal d’un tonitruant : « Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français ! Vive la France ! ». Des propos jugés « inacceptables » par le Canada fédéraliste et anglophone.

Ce discours, prononcé devant 15 000 personnes massées sur la place Jacques-Cartier au-dessus de laquelle se dressaient des pancartes du RIN (Rassemblement pour l’indépendance nationale), avait été le paroxysme d’une journée étonnante qui avait conduit le général le long de la « Route du Roy », reliant Québec à Montréal par la rive nord du Saint-Laurent.

Pour certains, comme le relevait la Croix dans son édition du 26 juillet 1967, le discours de Montréal avait été « le point culminant d’une " escalade " dont les étapes ont été " patriotiques " à Québec, " nationalistes à Trois-Rivières " et " séparatistes " à Montréal. »

« La question qui revient le plus souvent est celle-ci, écrivait alors Noël Copin dans la Croix : le général de Gaulle s’était-il laissé griser par l’ambiance, comme le croient par exemple MM. Gaston Defferre et André François-Poncet ? ».

Pour François Roussel, également journaliste à La Croix, « on a du mal à le croire », écrivait-il dans l’édition du 26 juillet.Le général de Gaulle aurait bien selon lui parlé conformément à un plan calculé. « Il faut plutôt sans doute penser à cette obsession américaine qui s’inscrit en tête de tous les considérants de sa politique et qui le conduit à des attitudes et des orientations déconcertantes tant pour les Français que pour les étrangers », avançait-il comme explication.

Quoi qu’il en soit, après un voyage écourté – le 26 juillet, le Canada décidait de ne pas l’accueillir, selon certains historiens, tandis que pour d’autres, c’est le général qui avait annulé sa visite à Ottawa –, l’attendaient à son arrivée à Paris des ministres stupéfaits, une opposition déchaînée, une presse exceptionnellement véhémente.

En Conseil des ministres, le lundi suivant, le général de Gaulle avait réitéré ses propos, précisant qu’il entendait aider les Canadiens français et leur gouvernement « à atteindre les buts libérateurs qu’eux-mêmes se sont fixés ». Le communiqué précisé toutefois « que la France n’a aucune visée de direction et, a fortiori, de souveraineté, (..) mais qu’elle ne saurait se désintéresser du sort présent et futur d’une population venue de son propre peuple. »

Des propos qui marquèrent durablement les relations entre la France et le Canada. Elles ne s’amélioreront qu’après la démission de la présidence française de Gaulle en 1969.


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