jeudi 13 juillet 2017

INCORRIGIBLE OPTIMISTE, HENRI MALBERG EST DÉCÉDÉ


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HENRI MALBERG

HENRI MALBERG, NÉ LE 26 JANVIER 1930 À PARIS ET MORT LE 13 JUILLET 2017 DANS LA MÊME VILLE, FUT UN HOMME POLITIQUE FRANÇAIS.
Au cours de ces dernières années, Henri Malberg s’est consacré largement à la défense de l’Humanité comme président puis président d’honneur de la société des lecteurs. Par ailleurs, il est intervenu régulièrement dans les débats et controverses au sein du PCF. Il semblait habité d’un optimisme à toute épreuve, mais il faisait preuve avant tout d’un refus du renoncement.
Il avait douze ans quand avec ses parents il parvient à échapper à la rafle du Vel d’hiv. Suivront deux ans d’errance, de cache puis d’internement dans le camp de Douadic (Indre), avant de retrouver Paris libéré, et l’appartement de Belleville, entre temps occupé. L’occupation nazie et les persécutions antijuives du régime de Pétain ont fait basculer la vie du jeune Henri Malberg, au moment où celui-ci entrait dans l’adolescence. On avait peine à croire en rencontrant cet homme cultivé, habité par la passion de convaincre, qui fut pendant un quart de siècle conseiller de Paris, dirigeant communiste de la capitale, qui dirigea l’hebdomadaire France Nouvelle puis la revue Regards et avant d’animer, ces dernières années, la Société des lecteurs de l’Humanité, que celui-ci n’était plus jamais retourné à l’école que le fascisme collaborationniste refusait aux enfants juifs. Sa voix se brisait quand il évoquait son copain avec qui il faisait les courses pour leurs familles terrées chez elles. Un flic plus zélé qu’un autre suivit l’enfant… dont le nom et celui de son petit frère figurent aujourd’hui sur le mur du mémorial de la Shoah.

Henri Malberg est né dans le 20ème  arrondissement de Paris en 1930. Ses parents étaient des immigrés juifs polonais arrivés en France après la première guerre mondiale. Son père, Ignace avait été mineur de fond. A Paris, il ouvrit un atelier de cuir et peaux dans le quartier de Belleville, où il s’était marié avec Fanny. Henri fut leur seul enfant. “Mon père était convaincu qu’en travaillant bien, qu’en étant un honnête homme, rien ne pouvait lui arriver”. Ces immigrés, juifs de Pologne, de Roumanie, de Hongrie qui parlaient yiddish, au milieu desquels évoluait la famille Malberg, aimaient passionnément la France. L’école était le moyen pour les enfants d’accéder véritablement au statut de citoyen , et Henri de rappeler l’immense fierté de son père assistant à la distribution des prix, de l’école de la rue du général Lassalle , et entendant appeler “Monsieur Malberg” (Nous étions des enfants, film de Jean-Gabriel Carasso).

L'enfant de Belleville

Dans ce Paris de la Libération, Henri Malberg devient ouvrier métallurgiste, adhère, comme une évidence, à la jeunesse communiste. Il n’avait pas lu Marx, mais les communistes avaient fait la Résistance, l’image de l’Union soviétique était au zénith. La bande de jeunes bellevillois partage le temps libre entre la vente d'Avant-Garde, les sorties au bal, au cinéma et au théâtre. Henri Malberg milite activement, prend des responsabilités au parti communiste. En 1949, il est condamné à un mois de prison pour sa participation à une manifestation contre la guerre coloniale en Indochine. “Ma génération, celle qui est venue très jeune au communisme au sortir de la guerre, a passé seize années de sa vie à mener le combat anticolonialiste”(Interview dans l’Humanité.fr 16 octobre 2011 par Sébastien Crépel). Après le Vietnam, ce furent les longues années de guerre en Algérie, le massacre de centaines d’Algériens le 17 octobre 1961, sous la houlette de Maurice Papon, passé de la traque des juifs dans le Bordeaux des années 40 à la préfecture de police de Paris deux décennies plus tard.

En 1961, Henri Malberg travaille au côté de Waldeck Rochet qui succèdera à Maurice Thorez au poste de secrétaire général du PCF en 1964. Un an plus tard, il est élu pour la première fois conseiller municipal de Paris. En 1972, Henri Malberg entre au comité central du PCF. En 1979, une  crise politique secoue la fédération parisienne sur fond de tensions entre communistes et socialistes qui ne parviennent pas à mettre sur pied l’actualisation du Programme commun de gouvernement. Henri Malberg remplace alors le secrétaire fédéral Henri Fiszbin, son cousin, qui a échappé comme lui à la rafle du Vel d’Hiv. Les rapports personnels entre les deux hommes resteront bons. Henri Malberg dirigera la fédération jusqu’en 1995.

Incorrigiblement communiste

HENRI MALBERG EST DÉCÉDÉ
Au cours de ces dernières années, Henri Malberg s’est consacré largement à la défense de l’Humanité comme président puis président d’honneur de la société des lecteurs. Par ailleurs, il est intervenu régulièrement dans les débats et controverses au sein du PCF. Il semblait habité d’un optimisme à toute épreuve, mais il faisait preuve avant tout d’un refus du renoncement. Le titre de son livre, paru en 2014, résume bien son état d’esprit: Incorrigiblement communiste. Il était fidèle à son engagement de jeunesse et avait conservé intacte sa capacité de révolte contre les injustices, contre les violences sociales exercées sur les plus fragiles. Lucide sur l’affaiblissement de son parti "C’est justement cette faiblesse qui autorise l’adversaire à porter tous les coups”, il refusait l’idée d’une quelconque obsolescence du communisme et le dénigrement des partis politiques comme cadre de l’engagement militant . Remplacer le PCF par une autre organisation “entraînerait une énorme déperdition d’intelligence et d’expériences accumulées. Une fois qu’on a tiré le rideau, il faut des générations pour reconstituer une force comme le PCF“ et j’ajouter: il y a mieux à faire, même si c’est réellement difficile”.(Réunion à Argenteuil en 2007)

"Poing levé et main tendue “ ou dit autrement combativité et ouverture aux autres: deux balises qui ont guidé toute sa vie durant l’enfant de Belleville, qui faussa compagnie à la maréchaussée un jour d’été de 1942.