dimanche 23 juillet 2017

VENEZUELA : « QUOTIDIEN LE MONDE » SOUTIENT L'OPPOSITION


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ORLANDO FIGUERA BRÛLÉ VIF PAR DES MANIFESTANTS ANTI MADURO.
PHOTO MERIDITH KOHUT POUR « THE NEW YORK TIMES»

« Au Venezuela, la tyrannie du camp Maduro » 
Face à une opposition qui réclame des élections libres anticipées, le régime répond par une répression brutale. Une médiation des pays voisins et le retrait du clan au pouvoir deviennent urgents.  
LOGOTYPE 
« QUOTIDIEN LE MONDE »

Editorial du « Monde »
LE POUVOIR CHAVISTE EST DÉSORMAIS MINORITAIRE DANS L’ÉLECTORAT, MAIS REFUSE L’ALTERNANCE.
DES MANIFESTANTS  ANTIGOUVERNEMENTAUX BLOQUENT
L'AUTOROUTE FRANCISCO FAJARDO À CARACAS.
PHOTO MERIDITH KOHUT 

Un peuple épuisé, un pays exsangue, en proie au chaos et à la misère, sous la botte d’un régime qui a sombré dans le gangstérisme : combien de temps la tragédie vénézuélienne peut-elle encore durer ? Héritier du « chavisme », autant dire d’un désastre économique et social de proportions historiques, le président Nicolas Maduro s’accroche au pouvoir, dans une fuite en avant où la violence d’État est le lot quotidien des citoyens.  

Ceux-ci ont pourtant plébiscité l’opposition au régime dimanche 16 juillet, lors d’un référendum informel et symbolique organisé par le Parlement, contrôlé par les opposants. Depuis sa défaite aux législatives de décembre 2015, le successeur de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013) a repoussé sine die tous les scrutins prévus par la loi. Le pouvoir chaviste, longtemps imbattable dans les urnes, est désormais minoritaire dans l’électorat, mais refuse l’alternance.

« GOLPE SUAVE » (COUP D'ÉTAT PARLEMENTAIRE)




Gabegie populiste et corruption

Il biaise, cherche des dérivatifs. Ainsi de la convocation d’une Assemblée constituante, qui doit être désignée le 30 juillet, selon un mode de scrutin corporatif, contraire au suffrage universel et à la Constitution chaviste elle-même. Cette Constituante est destinée à remplacer les institutions qui échappent à l’emprise de l’exécutif, comme le Parlement.

DES MANIFESTANTS  ANTIGOUVERNEMENTAUX SE
 VOIENT COMME DES COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ 

PHOTO MERIDITH KOHUT 
Depuis début avril, les Vénézuéliens disent « basta » à la prétendue « révolution bolivarienne », qui a ruiné une nation richissime en pétrole. Ce n’est pas la chute des cours du brut qui a précipité l’effondrement de l’économie, c’est la gabegie populiste, l’étatisation des secteurs-clés souvent confiés à des militaires incompétents, la corruption dans des proportions jamais vues auparavant : la moitié de la rente pétrolière des vingt dernières années a disparu sans laisser de trace.
DEPUIS MAI, LA SOLDATESQUE DU RÉGIME A ABATTU PAR BALLES UNE CENTAINE DE MANIFESTANTS.
Le « chavisme » masque un État mafieux, impliqué dans tous les trafics, de la drogue aux armes. Le pays est une des principales plates-formes d’exportation de stupéfiants vers l’Europe. Dernier pilier du régime, les forces armées détiennent un tiers des ministères et une partie de l’économie. Certains milieux militaires font des affaires juteuses, grâce entre autres au contrôle des changes institué depuis une quinzaine d’années.

Le sort des Vénézuéliens est moins enviable. Récession, hyperinflation, dévaluation de la monnaie et perte vertigineuse de pouvoir d’achat : l’appauvrissement est général. Le 16 juillet, les 7,5 millions de participants au référendum venaient aussi bien des quartiers des classes moyennes que des banlieues et « barrios » plus pauvres.
Incompétence et banditisme d’État

Face à cette opposition qui exige des élections libres anticipées, Maduro répond par une répression brutale, l’usage disproportionné de la force, les arrestations de masse et le recours aux tribunaux militaires contre des civils. Depuis mai, la soldatesque du régime a abattu par balles une centaine de manifestants. Deux jeunes gens ont encore été tués lors de manifestations accompagnant, jeudi 20 juillet, une journée de grève générale dans le pays.

Dans ce face-à-face inégal, les opposants ont besoin de solidarité internationale. Les grands voisins du Venezuela, comme la Colombie, doivent imposer une médiation, puis un retrait ordonné du clan Maduro. Il n’y a pas d’autre solution. Le populisme, version Hugo Chavez, a ravagé un pays, ruiné ses habitants, déchiré un tissu social déjà fragile. C’est l’alliance de l’incompétence et du banditisme d’État sur fond de tyrannie politique. Et rien d’autre.