vendredi 1 décembre 2017

AU HONDURAS, L’OPPOSITION CRIE À LA FRAUDE APRÈS L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE


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LE CANDIDAT DE L’OPPOSITION SALVADOR NASRALLA
LORS D’UNE MARCHE DE PROTESTATION,
LE 3 DÉCEMBRE À TEGUCIGALPA.
PHOTO RODRIGO

Donné gagnant au lendemain du scrutin par le Tribunal suprême électoral, Salvador Nasralla serait finalement devancé par le président conservateur sortant, Juan Orlando Hernandez.
DES MANIFESTANTS FAVORABLES AU 
CANDIDAT DE L’OPPOSITION ONT 
AFFRONTÉ LES FORCES ANTI-ÉMEUTES, 
À TEGUCIGALPA HONDURAS), 
LE 30 NOVEMBRE 2017.
PHOTO ORLANDO SIERRA
La tension monte au Honduras où l’opposition accuse le président conservateur sortant, Juan Orlando Hernandez, de vouloir se maintenir au pouvoir par la fraude. Après les élections présidentielle et législatives du dimanche 26 novembre, le Tribunal suprême électoral (TSE), un arbitre contesté, n’a toujours pas annoncé le vainqueur. L’évolution surprenante des résultats, qu’il a distillés, avec lenteur a ajouté à la confusion et nourri les accusations de fraude.

Par milliers, les partisans du candidat de l’Alliance de l’opposition contre la dictature, Salvador Nasralla, ont manifesté dans la capitale Tegucigalpa et dans d’autres villes du pays pour réclamer le respect de la volonté populaire. Des heurts ont éclaté, jeudi, avec les forces anti-émeutes à proximité du siège du TSE.

Dimanche soir, peu après la clôture du scrutin, MM. Hernandez et Nasralla s’étaient tous deux proclamés vainqueurs de la présidentielle à un tour. Portant sur 57 % des bureaux de vote, les premiers résultats communiqués lundi matin par le TSE plaçaient le candidat de l’opposition en tête avec cinq points d’avance sur le président sortant du Parti national (droite).

« Pannes informatiques »

LES LOCAUX DU TRIBUNAL SUPRÊME ÉLECTORAL
 À TEGUCIGALPA, AU HONDURAS, LE 4 DÉCEMBRE 2017.
PHOTO JOHAN ORDONEZ 
Durant trente-six heures aucun résultat n’a été publié par le TSE qui a fait état de « pannes informatiques ». Lorsque la diffusion des résultats a repris, ils ont fait apparaître un grignotage progressif de l’avantage de M. Nasralla et un reversement de tendance, jeudi à l’aube. Après le décompte de 90 % des bureaux de vote, le TSE a annoncé que le président sortant avait obtenu 42,6 % des suffrages, contre 41,6 % à son rival. Un magistrat du TSE, Ramiro Lobo, avait pourtant déclaré au micro d’une radio locale que l’avance de M. Nasralla était « irréversible ».

Journaliste sportif et populaire animateur de télévision, Salvador Nasralla a dénoncé « les manipulations » du TSE et annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas une victoire du président sortant. D’origine libanaise, fondateur d’un Parti anticorruption, se présentant comme centriste, il a pris la tête d’une coalition dont la principale force est le Parti libre (gauche) de l’ancien président Manuel « Mel » Zelaya. Pour M. Zelaya, qui avait été renversé par un coup d’État militaire en 2009, la seule issue à la crise post-électorale est un nouveau décompte, à la télévision, des procès-verbaux en présence des observateurs internationaux.

Deux missions, de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains, ont observé le processus électoral. Elles se sont jusqu’à présent contentées de multiplier les appels au calme et au respect de la volonté populaire. Malgré l’implication de plusieurs de ses proches dans des scandales de corruption et de narcotrafic, M. Hernandez a les faveurs des États-Unis qui craignent un regain d’influence de « Mel » Zelaya, sympathisant des idées chavistes.


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