mardi 5 décembre 2017

DIX JOURS APRÈS L'ÉLECTION, LE HONDURAS N'A TOUJOURS PAS DE PRÉSIDENT


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

MANIFESTANTE PRO-NASRALLA DEVANT  
UNE BARRICADE, LE 1ER DÉCEMBRE. 
 PHOTO ORLANDO SIERRA
Refusant de désigner de vainqueur, le Tribunal suprême électoral reconnaît une avance au président sortant, Juan Orlando Hernadez. Son rival de gauche, Salvador Nasralla, d'abord donné gagnant, dénonce des fraudes massives. L'état d'urgence a été décrété.
LES LOCAUX DU TRIBUNAL SUPRÊME ÉLECTORAL
 À TEGUCIGALPA, AU HONDURAS, 
LE 4 DÉCEMBRE 2017. 
PHOTO JOHAN ORDONEZ 
La situation s'enlise au Honduras. Dix jours après le scrutin présidentiel, ce petit pays d'Amérique centrale ne connaît toujours pas le nom du vainqueur. Le Tribunal suprême électoral (TSE) vient de finir le recomptage des voix. Il reconnaît une avance relativement nette au président sortant, Juan Orlando Hernadez avec 42,98% des voix, contre 41,39% à son rival de gauche, Salvador Nasralla. Pour autant, l'institution n'a pas reconnu la victoire du premier. Elle attend pour cela l'épuisement des recours possibles, qui pourraient prolonger cette période d'incertitude pendant encore 22 jours.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

SALVADOR NASRALLA DANS LES RUES DE LA
CAPITALE, TEGUCIGALPA, DIMANCHE SOIR. 
PHOTO ORLANDO SIERRA


Car Salvador Nasralla n'entend pas en rester là. Donné en tête avec 5% des voix d'avance sur la base des votes électroniques le soir du vote, il avait vu ce capital fondre au fur et à mesure du recomptage des bulletins physiques, qui ne représentent qu'un tiers des voix, alors même que son avance était jugée irréversible par les experts. «Le Tribunal électoral est un valet du président Hernadez, a-t-il dénoncé dans une interview sur France 24. Ce n'est pas une entité indépendante. [Ce renversement des résultats] est un vol à main armée.» Il fait remarquer que nombre de bulletins exprimés en faveur de son adversaire n'ont pas été pliés. Or, pour entrer dans une enveloppe, ils devaient auraient dû l'être au moins trois fois. Ils ont été, selon lui, directement glissés dans les urnes.

Les États américains ne reconnaissent pas l'élection

Appuyant le candidat de gauche, l'Organisation des États américains (OEA, qui regroupe l'ensemble des États d'Amérique du Nord, du Centre et du Sud) a annoncé lundi ne pas reconnaitre en l'état les résultats proclamés par le TSE (document PDF en espagnol), affirmant qu'ils n'apportent aucune «certitude» pour le moment.

Depuis l'annonce des résultats par le TSE, le président sortant s'est contenté de lancer un message consensuel. «Je lance un appel en faveur de la paix, de la fraternité, de la raison, de l'unité nationale. Ma détermination à œuvrer pour la paix et la tranquillité du Honduras est plus forte que jamais

La police anti-émeute avec les manifestants

Voyant la victoire promise leur échapper, les partisans de Salvador Nasralla sont descendus dans les rues ces derniers jours. Plusieurs routes importantes ont été coupées par les manifestants. Des pillards ont profité des protestations pour dévaliser des boutiques. Les dirigeants économiques du pays avertissent que l'économie hondurienne perd 40 millions d'euros par jours en raison de la crise politique.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]


PLUSIEURS POLICIER ANTI-ÉMEUTE REFUSANT
DE PARTICIPER À LA RÉPRESSION DES MANIFESTATIONS.
PHOTO JOHAN ORDONEZ

Pour tenter de faire taire les protestations, le gouvernement a imposé un couvre-feu pendant les nuits. L'état d'urgence a été décrété. Cependant, lundi, des centaines de policiers, et notamment des membres de la police anti-émeute, se sont joints aux manifestants, refusant de les réprimer. Salvador Nasralla leur a également apporté son soutien. «Tout ce qui reste au peuple, c'est de se faire entendre dans les rues», estime-t-il.