dimanche 18 février 2018

MAÎTRE MIGNARD : « RICARDO PALMA SALAMANCA N'A PAS EU DE PROCÈS JUSTE AU CHILI »


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  MAÎTRE  JEAN-PIERRE MIGNARD, AVOCAT
DU RÉSISTANT CHILIEN RICARDO PALMA SALAMANCA
PHOTO FRÉDÉRIC LAVAL

L'avocat français qui représente l'ex-guérillero chilien confirme que son client a sollicité l'asile politique en France. Ricardo Palma Salamanca, condamné pour le meurtre du sénateur et idéologue de la dictature Jaime Guzmán, fut arrêté, puis laissé en liberté, après 22 ans de cavale.
Por Paula Estañol
Jean-Pierre Mignard est l'avocat français de Ricardo Palma Salamanca, ancien membre de la guérilla urbaine chilienne « Front Patriotique Manuel Rodríguez ». L'ancien guérillero a été arrêté il y a quelques jours par la police française en vertu d'un mandat d'arrêt émanant du Chili, d'où Palma Salamanca, condamné à perpétuité, s'était évadé il y a plus de vingt ans, accusé d'avoir assassiné le sénateur Jaime Guzmán, homme clef de la dictature d'Augusto Pinochet.


Après son arrestation à Paris, Palma Salamanca a comparu devant la justice qui lui a finalement octroyé la liberté surveillée, dans l’attente de sa possible extradition au Chili. « Nous avons demandé l'asile politique, je le confirme », a dit à RFI Ma Mignard. «Nous l'avons fait en prenant compte des conditions dans lesquelles  il fut jugé, la date à laquelle sa sentence a été prononcée,  c'est-à-dire durant une période où l'influence de la Junte Militaire était encore considérable dans la société chilienne, aussi pour les conditions dans lesquelles il a été interrogé, et sur ce point nous devons signaler les mauvais traitements qui lui ont été infligés », a ajouté l'avocat. « Pour tout cela nous pouvons dire qu'il n'a pas eu un procès juste et équitable et que nous parlons évidemment de faits de nature éminemment politique », a-t-il affirmé.

Le sénateur Jaime Guzmán est assassiné en 1991 au Chili, en pleine période de transition, après 17 ans de dictature militaire. Un an plus tard Ricardo Palma Salamanca est jugé, condamné pour ce crime et écroué dans une prison de laquelle il réussit à s’évader lors d'une séquence cinématographique qui a inclus un hélicoptère. Il était fugitif de la justice chilienne depuis lors.

C'est pourquoi son arrestation et postérieure mise en liberté par la justice française ont causé tant d'agitation dans le pays sud-américain. Selon la presse chilienne, le ministre des Relations Extérieures Héraldo Muñoz, se réunira avec les autorités de la Chancellerie française pour traiter la possible extradition de l'ancien résistant.

« Il est possible que l'État chilien essaie de faire pression pour son obtenir son extradition », commente Jean-Pierre Mignard. Mais l'avocat relativise : « nous savons les conditions dans lesquelles s'est déroulée la transition au Chili, l'immunité qui a été octroyée à tous les dirigeants de la Junte Militaire et principalement à un groupe de personnes qui ont commis violations des droits de l'homme et crimes pendant le gouvernement du général Pinochet ». « Cela a pu fonctionner pour la société chilienne, permettre la transition, mais le droit, c'est le droit et d'autres États ne dépendent pas de ce que fut cet accord de transition. Il y a des bourreaux qui ont échappé à ce que le droit pénal international aurait jugé, c'est-à-dire ils qu'ils ont échappé au jugement et à la condamnation », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, maître Mignard dément que son client ait utilisé en France une fausse identité : « Il est venu en France en disant qui il était, en s’identifiant ».

Le professionnel signale avec insistance que la défense sera basée sur le contexte politique dans lequel les faits se sont déroulés, pour lesquels Palma Salamanca fut condamné au Chili : « nous plaiderons et nous défendrons le principe de non reconnaissance de la validité de la décision qui a été prise à son encontre en 1992, à un moment où Pinochet était toujours  Commandant  en Chef de l'Armée chilienne ». Monsieur Palma Salamanca « est un militant antifasciste, mais aussi il est aussi le produit de la guerre terrible civile qui a été vécue au Chili après le coup d'État militaire, de nature fasciste, contre un gouvernement légitime », a terminé maître Mignard.