jeudi 22 février 2018

VU DE L’ÉTRANGER. LE « TOUR DE VIS » DE LA FRANCE CONTRE LE DROIT D’ASILE

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DES TENTES OCCUPÉES PAR DES MIGRANTS LE LONG
 DU CANAL SAINT-MARTIN À PARIS
PHOTO REUTERS
Le projet de loi sur l’asile et la migration a été débattu en conseil des ministres, ce mercredi 21 février. La presse étrangère y voit un durcissement de la politique d’accueil française et un pari risqué pour Emmanuel Macron.
 DES AVOCATS FRANÇAIS ONT MANIFESTÉ, 
LE 21 FÉVRIER 2018 À PARIS, CONTRE LE 
PROJET DE LOI IMMIGRATION ET ASILE.  
PHOTO PASCAL ROSSIGNOL
le projet de loi asile et migration, porté par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, « se présente comme ‘énergique, sévère et humaniste’ », relate le journal conservateur espagnol ABC, avant d’ajouter: « Mais il semble en réalité très dur contre l’immigration et le droit d’asile, à la fois en termes judiciaires et de maintien de l’ordre, ouvrant la voie à une immigration sélective. »

« Toujours avide de négociation et de compromis, Emmanuel Macron ne raconte pas d’histoire sur l’immigration et suit le vent de l’opinion publique, qui veut plus de fermeté », estime de son côté La Stampa. Le journal italien juge que cette réforme constitue « un véritable tour de vis dans le secteur ».


« La future loi créera un règlement d’un nouveau genre, définissant de nouveaux délits, afin de produire un nouveau modèle d’immigration contrôlée », constate ABC. L’un des principaux objectifs du texte est de réduire à six mois le délai d’instruction de la demande d’asile, notamment en limitant les délais des recours possibles. De plus, ces recours ne seraient plus automatiquement suspensifs. « En résumé, les migrants seront expulsés avant même de connaître leur jugement en appel », souligne La Stampa.

Le texte vise également à faciliter les reconduites à la frontière et pourrait étendre la durée maximale de rétention à 90 jours. « Il érige aussi un nouveau délit, celui de franchissement non autorisé des frontières, détaille le journal italien : jusqu’à un an de prison et 3 750 euros pour ceux qui, par exemple, passeraient d’Italie en France par les Alpes sans entrer par un poste frontière. » 

Une mise à l’épreuve pour la majorité

Ce projet de loi n’est pas sans risque politique pour le président français, pointe El País« Il met à l’épreuve pour la première fois la majorité d’Emmanuel Macron. » Plusieurs députés LRM ont en effet fait part de leur réticence à valider le projet de loi en l’état. Résultat, selon La Stampa, la majorité pléthorique de Macron « pourrait cette fois réserver quelques surprises ».

Côté allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne que « le sujet divise la société française, ce qui aboutit aux premiers grognements au sein du parti au pouvoir ». Le journal de Francfort rappelle qu’Emmanuel Macron avait toujours défendu le droit d’asile lorsqu’il était en campagne, « et nombreux sont ceux qui l’accusent désormais de tourner le dos à cet humanisme ».