BRASILIA - La présidente brésilienne Dilma Rousseff, une ex-guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature, a installé mercredi la "Commission de la Vérité" destinée à faire la lumière sur les crimes commis sous le régime militaire (1964-85).
«Le Brésil mérite de connaître la vérité, les nouvelles générations méritent de savoir la vérité et surtout ceux qui ont perdu des amis ou des proches et qui continuent à souffrir, comme s'ils mouraient de nouveau tous les jours », a déclaré Mme Rousseff d'une voix émue.
La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a considéré dans un message lu au cours de la cérémonie que la commission était « un pas nécessaire et très attendu » pour que le Brésil rende des comptes sur ces années de plomb.
Tous les ex-présidents vivants ayant exercé depuis la fin de la dictature ont participé à la cérémonie qui se déroulait au palais présidentiel : Luiz Inacio Lula da Silva (2006-2010), le social-démocrate Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), Fernando Collor de Mello (1990-92) et José Sarney (1985-90), actuel président du Sénat.
La présidente a investi les sept membres de la commission --créée en novembre-- qui enquêteront pendant deux ans sur la disparition d'opposants à la dictature et sur les violations des droits de l'homme.
Cette commission ne remet toutefois pas en question la loi d'amnistie de 1979 qui a permis le retour des exilés mais protège aussi les tortionnaires. Beaucoup, dont la Cour Inter-américaine des droits de l'homme, demandent d'ailleurs sa révision.
Le Brésil a officiellement enregistré 400 morts et disparus pendant le régime militaire, contre 3.200 au Chili et 30.000 en Argentine.