vendredi 29 février 2008

Le Chili menacé d'une pénurie d'électricité liée à une grave sécheresse

Un paysan face à des carcasses d'animaux victimes de la sécheresse
à Til Til au Chili © Raul Bravo / AFP


A Til Til, une commune agricole située à 50 km au nord de Santiago, de vastes étendues de terres cultivées sont totalement sèches et les bêtes meurent par manque de fourrage.

Le bassin Rungue, qui approvisionne en eau habituellement toute la zone, à sec depuis décembre, ne l'avait pas été depuis 1968, affirment les gens du coin de plus en plus inquiets.

"La situation ici est critique. Toute la commune est affectée par la sécheresse", déclare le maire de Til Til, Salvador Delgadillo, alors que sont distribuées des réserves d'eau alimentées chaque semaine par des camions citerne.

La municipalité, une des 135 du pays dont le secteur agricole est en situation d'urgence, a commencé à distribuer du fourrage pour les bétails d'élevage les plus touchés, ainsi que des réserves de 200 litres d'eau propre à la consommation humaine.

Flor Ramos, en pleurs, bénéficie de l'aide municipale. Car cela fait trois jours que le puits qui alimente toute sa famille est asséché.

"Avant ici il y avait des pruniers et des plantations de cognassiers et maintenant il ne reste plus rien. Je ne sais pas comment nous allons faire sans eau", dit-elle avec une certaine résignation.

Or, la situation dont souffre de Til Til, se retrouve dans les 134 des 345 communes du Chili, où quelque 100.000 familles sont victimes de la sécheresse liée au phénomène de La Niña. Et les services de météorologie ne sont guère encourageants puisqu'ils annoncent qu'il ne tomberait pas de pluie avant avril.

Les cultures de pommes de terre, d'oignons, de blé et d'orge, sont d'ores et déjà sévèrement affectées et les répercussions à la hausse sur les prix s'en font évidemment ressentir sur les marchés.

Le gouvernement de Michelle Bachelet a créé un comité d'urgence doté de 20 millions de dollars pour l'achat de fourrages et la distribution d'eau dans les zones touchées.

"Le phénomène est extraordinairement aigü (...) nous sommes confrontés à une des pires sécheresses de ces 80 dernières années", a estimé le secrétaire exécutif du comité interministériel pour la sécheresse, Rodrigo Weisner.

Le manque de pluie frappe aussi la production d'électricité, dont 60% sont d'origine hydraulique au Chili. La capacité de production des centrales s'en trouve sérieusement diminuée.

Au manque d'eau s'ajoute la pénurie de gaz naturel - qui fournit les 40% de la production électrique restante - notamment liée aux restrictions des importations en provenance d'Argentine.

"Nous nous trouvons dans un moment plutôt critique avec un approvisionnement électrique très juste", a déclaré à l'AFP Maria Isabel Gonzalez, experte en matière d'énergie.

"Nous sommes dans des conditions de vulnérabilité absolue, un rien pourrait avoir de graves répercussions", a-t-elle ajouté.

En mars, la consommation électrique devrait en outre s'emballer avec la fin des vacances et la rentrée scolaire. Aussi au cours de ce mois des coupures de courant seront programmées, a prévenu le ministre de l'Energie Marcelo Tokman.

La réduction de voltage de 220 à 210 volts, ainsi que l'extension de trois semaines de l'heure d'été (-3 GMT) jusqu'à la fin mars ont été aussi décrétées.