vendredi 30 novembre 2018

VU D’ARGENTINE. MACRON ET LE GILET JAUNE DE BUENOS AIRES : « UNE HORREUR DIPLOMATIQUE »


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EMMANUEL ET BRIGITTE MACRON LORS DE LEUR ARRIVÉE À
L’AÉROPORT DE BUENOS AIRES, LE 28 NOVEMBRE.
PHOTO LUDOVIC MARIN 
À l’atterrissage de son avion, le jeudi 29 novembre, aucune délégation argentine n’attendait le président français, qui a salué un employé de l’aéroport vêtu d’un gilet jaune. Un impair diplomatique qui ne passe pas inaperçu en Argentine.
Courrier international 
À la une de la presse argentine, ce vendredi 30 novembre, Emmanuel Macron fait jeu égal avec Donald Trump pour l’ouverture du G20, avec six couvertures de journaux nationaux chacun. Si les rencontres avec le président Mauricio Macri sont mises en avant, un autre événement a retenu l’attention du grand quotidien La Nación : l’arrivée du président français à l’aéroport “en a étonné plus d’un et soulevé des interrogations quant au fonctionnement du protocole diplomatique quand il s’agira de recevoir tous les chefs d’État participant au sommet du G20”.

MACRON ET MACRI EN UNE DE
UNO, LE 30 NOVEMBRE.
À sa sortie de l’avion, en compagnie de sa femme, Brigitte Macron, aucune délégation officielle n’attendait le chef de l’État français. “En l’absence de la vice-présidente Gabriela Michetti, qui était censée le recevoir, et de tout comité d’accueil, Macron a choisi de serrer la main à un agent de l’aéroport international d’Ezeiza”, raconte La Nación. D’après le journal Clarín, c’est une mésentente entre la vice-présidente et le ministre des Affaires étrangères, Jorge Faurie, qui est à l’origine de l’impair diplomatique.

L’image a rapidement fait le tour du monde, l’employé de l’aéroport salué par Emmanuel Macron portant un gilet jaune, symbole de la protestation en France. “Reste à savoir si Macron, entre la confusion à son arrivée et les heures de vol, a fait le rapprochement entre ces deux faits”, s’interroge naïvement La Nación.

« De telles choses peuvent se produire, mais pas à ce niveau. C’est une erreur, c’est une horreur”, a réagi Guillermo Fogg, président du Centre des études de relations internationales de Buenos Aires, dans le quotidien. Le spécialiste poursuit :

Un président doit être reçu par son homologue, d’autant plus quand il s’agit de la France, un pays très important, sans sous-estimer les autres. »

L’EXTRÊME DROITE SALUE LA VICTOIRE DE BOLSONARO


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DESSIN LES HUMEURS D'OLI 
L’élection de Jair Bolsonaro au Brésil a ravi les représentants de l’extrême droite et de la droite extrême sur toute la planète. Donald Trump aurait été le premier à appeler personnellement le nouveau dirigeant brésilien pour « le féliciter ». 
« Les deux hommes ont exprimé leur engagement fort à travailler ensemble pour améliorer la vie des habitants des États-Unis et du Brésil et, en tant que leaders régionaux, des Amériques », a fait savoir la Maison-Blanche. 

En Italie, le ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini, s’est ainsi enthousiasmé : « Au Brésil aussi les citoyens ont chassé la gauche ! Bon travail au président Bolsonaro, l’amitié entre nos peuples et nos gouvernements sera encore plus forte. » Le Transalpin ajoute qu’il va demander le renvoi en Italie du « terroriste rouge » Cesare Battisti, exilé au Brésil depuis 2004, où l’asile lui a été accordé en 2007. En France, Marine Le Pen a souhaité « bonne chance » à Bolsonaro et affirmé que « les Brésiliens viennent de sanctionner la corruption généralisée et la terrifiante criminalité qui ont prospéré sous les gouvernements d’extrême gauche ». Robert Ménard, proche du RN, n’est pas en reste et a déclaré que « le mythe du Brésil métissé et multiculturel vendu par nos médias prend un coup très dur ce soir. Le peuple brésilien a choisi la droite sans complexes ! ».

jeudi 29 novembre 2018

LA MAUVAISE MÉMOIRE DES BONS MÉDIAS


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DONALD TRUMP ET JIM ACOSTA DE CNN LORS DE
LEUR ALTERCATION LE 7 NOVEMBRE 2018 DERNIER
À LA MAISON-BLANCHE
PHOTO JONATHAN ERNST
Le journaliste de l’agence CNN, Jim Acosta, a fait la une des médias à la suite d’un incident avec le président des États-Unis, Donald Trump, survenu au cours d’une conférence de presse à la Maison-Blanche 
ABILIO JAMES ACOSTA, MIEUX CONNU
SOUS LE NOM DE JIM ACOSTA

PHOTO GAGE SKIDMORE
Le journaliste de l’agence CNN Jim Acosta a fait la une des médias à la suite d’un incident avec le président des États-Unis Donald Trump, survenu lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche. Acosta a d’abord interrogé le président Donald Trump sur le fait d’avoir qualifié d’ « invasion » la caravane de migrants d’Amérique centrale qui cherchent à entrer aux États-Unis, l’accusant ensuite de les diaboliser. Au cours de l’échange, une stagiaire a tenté de lui retirer le micro, mais Acosta a résisté et a posé une deuxième question à propos de l’« enquête russe ».

À la suite de quoi, Jim Acosta a été expulsé de la conférence de presse et son accréditation à la Maison-Blanche lui a été retirée, ce qui a fait l’objet de milliers de dépêches.

PHOTO NICHOLAS KAMM
Ce qu’aucune de ces dépêches n’a rappelé, c’est que lorsque Jim Acosta est venu à La Havane, « incrusté» dans la délégation conduite par le président étasunien de l’époque, Barack Obama, qui effectuait une visite dans l’Île, il eut également un dialogue tendu, cette fois avec le président cubain Raul Castro, à l’issue duquel personne n’a tenté de lui retirer le micro ni ne l’a expulsé de la salle : Jim Acosta : « Pourquoi avez-vous des prisonniers politiques à Cuba et pourquoi ne les libérez-vous pas? » Raul Castro : « Donne-moi la liste des prisonniers politiques maintenant pour qu’ils soient libérés. Ou donne-moi une liste avec les noms des prisonniers politiques, s’il y en a.»

Inutile de préciser qu’Acosta n’a fourni aucune liste, mais personne ne l’a expulsé de Cuba pour autant.

PRISONNIERS POLITIQUES PALESTINIENS,
LES CHIFFRES-CLÉS 2018
Il s’avère que la préoccupation de la CNN semble un tant soit peu sélective, et en général, celle des médias étasuniens, quand il s’agit de prisonniers politiques et de libertés, de même que leur hostilité envers Donald Trump. Durant sa visite en Israël, qui a coïncidé avec les fortes manifestations violemment réprimées des Palestiniens qui apportaient leur soutien à leurs prisonniers dans des geôles israéliennes, aucune question n’a été posée au président et les médias n’ont rien dit sur les prisonniers politiques en Israël.

Quant à l’« invasion » de migrants d’Amérique centrale, principalement des Honduriens, ni Acosta ni la CNN, ni aucun média étasunien n’a évoqué la responsabilité des États-Unis dans l’état de pauvreté, de crise sociale et de violence à laquelle font face les pays du Triangle Nord (Guatemala, Salvador et Honduras), déchirés par des décennies de guerre sale et de néolibéralisme encouragés par Washington.

Dans le cas particulier du Honduras, au moment où ce pays s’engageait dans une voie visant à prendre en charge les besoins sociaux, en s’intégrant aux programmes d’éducation et de santé de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA), en 2009, il subit un coup d’État militaire qui amorça le début de la contre-offensive étasunienne en Amérique latine afin de rétablir son hégémonie dans la région, dirigée par Barack Obama depuis la Maison-Blanche, lequel fut d’ailleurs le président étasunien ayant expulsé le plus grand nombre d’immigrés dans l’Histoire.

HONDURAS: ON ASSASSINE TOUJOURS LES JOURNALISTES
PHOTO JORGE CABRERA
Au Honduras, 15 journalistes ont été assassinés après ce coup d’État appuyé par les États-Unis. Il existe même une vidéo dans laquelle le meurtre d’un informateur est commandité, à la suite d’une question épineuse posée à un chef d’entreprise puissant lié aux putschistes – elle se trouve sur Internet depuis octobre 2011 –, mais ni les démocrates ni les républicains ne se sont manifestés à ce sujet, et encore moins la CNN, ni aucun milieu professionnel étasunien.

Trump, Jim Acosta, Barack Obama, la CNN, ainsi que l’ensemble de la « presse libre », sont d’accord, à l’unanimité, sur le fait que les États-Unis, contrairement à Cuba, sont un pays où règne la démocratie et la liberté d’expression, alors que de plus en plus des événements s’y produisent qui ont cours en général dans les pays qualifiés de « républiques bananières », un terme inventé par l’écrivain étasunien O. Henry dans son recueil de contes Cabbages and Kings [1904] faisant référence à la vie au Honduras. Une situation qui est le résultat des interventions militaires répétées et du pillage économique, outre l’exportation de la violence, des bandes armées et de la corruption depuis Washington.

Or, ce qui se passe aux États-Unis de Trump, avec des scandales liés aux relations du président avec des prostituées, aux licenciements de fonctionnaires pour des raisons fallacieuses, et même un propriétaire de maison close élu aux élections après sa mort, éclipsent des romans tels que L’Automne du Patriarche [Gabriel Garcia Marquez] ou Le recours de la méthode [Alejo Carpentier], bien que ces conclusions soient trop profondes pour que Jim Acosta ou la CNN ne nous en fassent part, et s’ils venaient à le faire, ce serait pour dire qu’il s’agit du résultat exceptionnel de la gestion d’un fou irresponsable, jamais d’un système où l’argent règne en maître et grâce auquel un magnat, qui dirige un pays comme si c’était son entreprise, a pu devenir président.

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mercredi 28 novembre 2018

NICARAGUA: SANCTIONS CONTRE UN CONSEILLER ET LA FEMME DU PRÉSIDENT


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DANIEL ORTEGA DESSIN DE PANCHO CAJAS
POUR LE QUOTIDIEN CONSERVATEUR
EL COMERCIO  D'EQUATEUR
Les États-Unis ont pris hier des sanctions contre un conseiller et la femme du président nicaraguayen Daniel Ortega pour leurs liens avec la répression des manifestations contre le président Ortega. 
Plus de 300 personnes ont été tuées et au moins 2.000 autres blessées au Nicaragua depuis le déclenchement en avril dernier d'un mouvement de contestation contre le gouvernement.

Provoqué initialement par un projet gouvernemental de baisse des retraites conçu pour réduire le déficit de la sécurité sociale, le mouvement de protestation s'est élargi notamment du fait de la violence de la répression.

Ancien chef de file de la guérilla sandiniste qui a dirigé le pays de 1979 à 1990, Daniel Ortega est revenu au pouvoir en 2007 et a été réélu en novembre 2016 à la présidence du pays.

Le département américain du Trésor accuse Rosario Murillo, qui est la femme de Daniel Ortega et la vice-présidente du Nicaragua, et Nestor Moncada Lau, conseiller officieux d'Ortega, de nuire à la démocratie dans le pays d'Amérique centrale. Il a ainsi décidé le gel de leurs actifs et interdit aux banques, individus et autres entités américaines de commercer avec eux

mardi 27 novembre 2018

LES MAPUCHES DU CHILI, TUÉS OU «PACIFIÉS» DANS L’IMPUNITÉ


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DES ÉTUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ DU CHILI BRANDISSENT 
DES IMAGES DE CAMILO CATRILLANCA POUR PROTESTER 
CONTRE SA MORT DEVANT LE PALAIS PRÉSIDENTIEL 
LA MONEDA À SANTIAGO DU CHILI, JEUDI
 22 NOVEMBRE 2018
PHOTO  ESTEBAN FELIX
Ce mercredi, place de la Palud à Lausanne (18 h 30), sera commémorée la mort de Camilo Catrillanca, survenue dans la communauté de Temucuicui, au sud du Chili, le 14 novembre 2018. Ce jeune agriculteur mapuche, papa d’une fillette de 4 ans, a été abattu de plusieurs balles dans le dos alors qu’il rentrait son tracteur; le mineur qui l’accompagnait a été molesté et arrêté, avant d’être relâché.
ANNE LAVANCHY, ANTHROPOLOGUE
PHOTO 24HEURES
Le nom de Camilo Catrillanca s’ajoute à la liste tragique des jeunes Mapuches tués – à ce jour en toute impunité – par les forces de l’ordre chiliennes, en l’occurrence le commando «Jungla», formé en Colombie et aux États-Unis.
«Les revendications mapuches touchent à la mémoire de l’État-nation chilien»
Lors de sa campagne, l’actuel président du Chili, Sebastián Piñera, a promis de mettre sur pied un «plan de paix sociale en Araucanie». Le choix des termes n’est pas anodin: l’Araucanie, l’une des régions australes où vivent les Mapuches, le principal peuple autochtone au Chili, a été marquée à la fin du XIXème siècle par la mal nommée «pacification», une entreprise militaire de colonisation et de génocide.

Si elle intervient dans ce contexte, la mobilisation des forces Jungla s’inscrit surtout dans la lignée d’une série de dispositifs policiers mis en place par les différents présidents depuis le début des années 2000, et ce, quelle que soit leur orientation politique. L’actuelle haut-commissaire pour les droits humains, Michelle Bachelet, ne s’est malheureusement pas distinguée puisque, durant ses deux mandats (2006-2010 et 2014-2018), elle aussi a appliqué à l’encontre des Mapuches la loi antiterroriste instaurée durant la dictature du général Pinochet.

Les revendications autochtones sont criminalisées au Chili, pays extrêmement centralisé ne laissant qu’une place infime à des manifestations de diversité linguistique, culturelle et sociale. Les partis politiques pourtant très polarisés se rejoignent pour qualifier de terroristes les demandes mapuches – reconnaissance de la dette historique contractée par le pays lors de la conquête militaire, droit à l’autodétermination, récupération des terres monopolisées par quelques grands propriétaires terriens et entreprises forestières internationales.

Des inégalités extrêmes

Prospère économiquement, le pays connaît aussi des inégalités socio-économiques extrêmes, qui tendent par ailleurs à s’accroître. La surreprésentation des Mapuches dans les catégories de pauvreté et d’extrême pauvreté rend compte des processus d’exclusion et de paupérisation qui les affectent.

Pourtant, la question économique est secondaire: les revendications mapuches touchent à la mémoire de l’État-nation chilien, qui nie sa dette historique envers les peuples autochtones, refuse tout dialogue sur l’autodétermination et entretient des mécanismes structurels d’exclusion et de discrimination. Autant de manières d’attiser une violence étatique ancrée dans l’amnésie collective, dont, malheureusement, il est peu probable que Camilo soit la dernière victime. (24 heures)
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CAMILO CATRILLANCA
« QUE SON VISAGE RECOUVRE L'HORIZON » 



lundi 26 novembre 2018

UN NOUVEAU LOGO POUR LE PCF

«UN NOUVEAU LOGO POUR LE PCF» 
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dimanche 25 novembre 2018

« CHILI : UN PROGRAMME DE « RETOUR VOLONTAIRE » DES RESSORTISSANTS HAÏTIENS FAIT POLÉMIQUEÀ »

« CHILI : UN PROGRAMME DE « RETOUR VOLONTAIRE »  DES RESSORTISSANTS HAÏTIENS FAIT POLÉMIQUEÀ » 
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PCF : FABIEN ROUSSEL ÉLU NOUVEAU SECRÉTAIRE NATIONAL


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FABIEN ROUSSEL, LE 2 DÉCEMBRE 2015.
PHOTO PHILIPPE HUGUEN 
Sa liste pour le Conseil national a obtenu 442 voix des 569 délégués qui ont voté, pour 127 bulletins blancs ou nuls.  Fabien Roussel a été élu dimanche à la tête du parti communiste lors de son Congrès d’Ivry-sur-Seine, mettant fin à l’ère de huit années de Pierre Laurent comme secrétaire national.
LE NOUVEAU LOGO DU PCF
La liste pour le Conseil national tirée par M. Roussel, jusqu’ici secrétaire de la fédération du Nord, a obtenu 442 voix des 569 délégués qui ont voté, pour 127 bulletins blancs ou nuls.

La révolution au PCF a commencé début octobre lorsque le texte d’orientation stratégique de Pierre Laurent a été devancé par un texte soutenu par Fabien Roussel (37,9% contre 42,1% des votes des adhérents).

«UN NOUVEAU LOGO POUR LE PCF» 
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UN NOUVEAU LOGO POUR LE PCF 
Une étoile, un bourgeon, des cerises, la France, un humain… un symbole tout-en-un pour renouveler l’image du PCF.En quête d’un regain de visibilité, le PCF a présenté vendredi soir son nouveau logo lors de la première journée de son 38econgrès qui se tient jusqu’à dimanche dans le Val-de-Marne. Tout un symbole, selon le sénateur Fabien Gay chargé de présenter le « le fruit d’un long travail entamé il y a un an ».  
« Certains y verront l’étoile de notre idéal, d’autres une France ouverte sur le monde, accueillante envers les réfugiés qui fuient la guerre et la misère. D’autres un bourgeon qui montre que le communisme est une idée neuve mais aussi notre combat écologique, d’autres encore un point levé et même les cerises de la commune. Certains y verront enfin un humain debout, fier, les bras ouverts, fraternel pour symboliser notre signature : l’humain d’abord », décrit le jeune élu avant de conclure : « ce logo c’est tout ça à la fois, c’est ça le Parti communiste français ».  
L’équipe de communication, dirigée par Julia Castanier, pour concevoir ce logo a « interrogé hors (des) murs » du PCF sur ce qui lui fait défaut. « Le PCF ne souffre pas d’une faiblesse de notoriété mais là où ça devient plus complexe c’est lorsqu’on interroge sur notre image. On nous dit pas assez fort, pas assez identifiable, pas assez visible et surtout pas assez moderne », analyse Fabien Gay.« Nous sommes tous convaincus de la modernité de notre combat, de la modernité du communisme, de son urgence même face à cette crise qui broie l’humain et détruit notre planète alors il n’appartient qu’à nous d’en faire la démonstration », pousuit-il. D’où l’ambition d‘être raccord niveau communication. 
Alors que la disparition de la faucille et du marteau avait suscité de nombreux débats au sein du PCF, « aujourd’hui nous sommes prêts, ajoute le sénateur de Seine-Saint-Denis, car tout nous invite à nous réinventer dans cette période où le paysage politique a été bouleversé, où la droite gouvernementale frappe les familles populaires et les classes moyennes et cajolent les ultra riches ».

Les tractations longues et douloureuses ont suivi ont poussé Pierre Laurent à passer la main, assuré néanmoins de devenir président du parlement du parti, le Conseil national. Fabien Roussel, 49 ans, aura pour mission de réaffirmer le PCF au moment où la crise existentielle qui le touche depuis des décennies n’a jamais été aussi aigüe : absence à la présidentielle, score de 2,7% aux législatives de 2017, mauvais sondages pour les européennes.

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LE PCF, DÉCIDÉ À SORTIR DE L’ORNIÈRE ET CONJURER
LA DÉFIANCE POPULAIRE VIS-À-VIS DES PARTIS TRADITIONNELS,
A PORTÉ DIMANCHE À SA TÊTE FABIEN ROUSSEL.
- PHOTO « LE PARISIEN »
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samedi 24 novembre 2018

ARGENTINE: UN FORUM AUX ALLURES DE CONTRE-SOMMET DU G20


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L'ANCIENNE PRÉSIDENTE BRÉSILIENNE DILMA ROUSSEFF FAIT
PARTIE DES FIGURES DE LA GAUCHE LATINO-AMÉRICAINE À
ÊTRE INTERVENUE LORS DU FORUM, LE 19 NOVEMBRE.
PHOTO MARTIN ACOSTA
En Argentine, le « Forum de la pensée critique», qui a rassemblé des centaines d'intellectuels latino-américains, a pris fin ce vendredi 23 novembre. Ouvert lundi dernier par les anciennes présidentes argentine Cristina Kirchner et brésilienne Dilma Roussef, ce forum a été présenté comme le contre-sommet du G20, le groupe des 20 pays les plus puissants du monde, qui se réunit la semaine prochaine à Buenos Aires. 
Contre-sommet ? Les organisateurs du forum récusent l'expression et affirment ne pas être opposés au G20. Nicolás Trotta a présenté la conférence de l'ancienne présidente brésilienne Dilma Roussef.

Un « espace différent »

« Nous ne nous posons pas comme un contre-sommet parce que nous n'avons pas un regard opposé à celui du G20, qui est une rencontre multilatérale de différents pays. Ici, nous avons un espace différent, pour tenter d'analyser les défis auxquels doivent faire face nos pays. »

En réalité, la présence de leaders de la gauche latino-américaine en ouverture de la rencontre et, à une semaine du G20, a poussé les médias à parler d'un «contre-sommet », avec la complicité inavouée des organisateurs.

Certains participants en ont été gênés, comme la politologue mexicaine Vanessa Góngora. « Nous avons été retenus pour présenter les avancées de nos recherches. Mais ce qui a dominé le Forum, c'est l'approche du G20 et l'ouverture avec une forte présence de leaders politiques que l'on ne voit pas habituellement dans ce genre de rencontres ».

Regard critique

Les débats du Forum ont jeté un regard critique, et utile, sur l'évolution actuelle du monde. La mobilisation contre le G20, à l'initiative d'une centaine d'organisations argentines et internationales, commencera le 28 novembre, deux jours avant l'ouverture du sommet.

jeudi 22 novembre 2018

AU CHILI, LES INTOXIQUÉS DE LA «ZONE SACRIFIÉE»


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À QUINTERO, UNE HABITANTE DE LA RÉGION MONTRE LES
LÉSIONS CUTANÉES DE SA FILLE, VRAISEMBLABLEMENT
CAUSÉES PAR L’INTOXICATION AU GAZ.
PHOTO MARTIN BERNETTI. AFP
Plus de 1 600 personnes ont subi des émanations de gaz dans les localités de Quintero et Puchuncaví. Mais depuis deux mois, les habitants en proie à la pollution industrielle sont confrontés à l’inaction des autorités.
Le 21 août, dans le collège de Quintero où travaille Joshua Cadima, plusieurs élèves se plaignent de maux de tête, de nausées… Ce professeur d’arts est chargé de les emmener à l’hôpital de la ville. Sur place, la salle d’attente et les couloirs sont saturés : «Il y avait une soixantaine d’enfants intoxiqués, sous perfusion, et des enfants continuaient d’arriver. Certains ne pouvaient pas marcher», se souvient-il, encore marqué par la scène. Un mois plus tard, son fils de 14 ans présente les mêmes symptômes, et vomit plusieurs fois. «Il avait des fourmis dans les jambes, très intenses, et ne répondait pas aux tests de réflexes. La médecin a tout de suite écarté l’hypothèse d’une indigestion, et a dit "c’est une intoxication à cause d’un gaz"», décrit Joshua Cadima. Ces dernières semaines, «une ou deux personnes arrivent chaque jour à l’hôpital, avec les mêmes symptômes», assure María Araya, présidente du Conseil des usagers de l’hôpital de Quintero, une instance qui regroupe habitants, salariés et direction de l’hôpital. Mais après plus de 1 600 cas établis, ni le gaz ni l’entreprise responsables de ces intoxications n’ont été identifiés.

Cuivre

Quintero et Puchuncaví, une commune voisine, 50 000 habitants à elles deux, n’avaient jamais connu une intoxication au gaz de cette ampleur. Mais les deux villes sont coutumières des épisodes de pollution : depuis la plage de Quintero, déserte en ce jour nuageux du printemps austral, on aperçoit clairement de grandes usines installées le long de la baie. Juan Suárez, pêcheur et père d’une enfant intoxiquée en août, pointe du doigt les cheminées, les conduites d’hydrocarbures et les cuves de stockage blanches : «C’est là-bas que commence la zone industrielle, pile entre les deux communes. Voyez les usines, les unes à la suite des autres, dix-huit au total», énonce ce petit homme, membre du syndicat de pêcheurs S-24, fondé après une marée noire dans la baie.

Quintero est ce qu’on appelle au Chili une «zona de sacrificio», une zone sacrifiée à cause de la pollution. Une fonderie-raffinerie de cuivre, quatre centrales électriques à charbon, des terminaux pétroliers et gaziers, et des usines chimiques s’y sont installés progressivement depuis les années 50, avec le soutien de l’État. 43 % des hydrocarbures importés chaque année dans le pays arrivent ici.

«Le nombre de cas d’intoxication diminue les jours fériés et le week-end», observe Hernán Ramírez, chercheur à la fondation environnementale chilienne Terram. «Pour nous, il n’y a pas de doute : cela vient des usines, et l’État n’a pas pris de mesures suffisantes pour établir quels sont les polluants responsables», ajoute cet ingénieur, originaire de Quintero.

Le lendemain du premier pic d’intoxications, fin août, le ministère de l’Environnement envoie à Quintero un nouvel appareil, qui permet de mesurer près de 120 substances, et qui détecte dans l’air trois produits dangereux pour la santé : du toluène, du nitrobenzène et du méthylchloroforme, un gaz pourtant interdit au Chili et dans de nombreux autres pays, pour son effet négatif sur la couche d’ozone. Mais pour l’instant, la ou les entreprises à l’origine de leur émission n’ont pas été identifiées, et aucun lien n’a pu être établi entre ces substances et les intoxications. Dans les jours qui suivent, les autorités suspendent les cours. Le président Sebastián Piñera, de droite, se rend sur les lieux. Peu après, un hôpital de campagne vient renforcer les services de l’hôpital local, et une alerte environnementale est lancée, pour réduire l’activité des industries quand le vent n’est pas suffisant pour disperser les polluants.

«Fermez les usines, pas les écoles», répondent les habitants et les associations. Un slogan repris par Joshua Cadima, dont les enfants ont perdu près d’un mois de cours. Aujourd’hui, il s’interroge sur l’action des autorités, car son fils n’a été soumis à aucun examen pour établir les causes de l’intoxication. «Réaliser des examens toxicologiques requiert l’autorisation du secrétaire régional ministériel à la santé [nommé par le gouvernement, ndlr], affirme María Araya. Mais pour le moment, il n’a pas donné d’instructions à ce sujet.»

Le professeur de médecine Andrei Tchernitchin reçoit dans son laboratoire de l’université du Chili, à Santiago. Il s’est rendu à Quintero fin septembre afin de réaliser un rapport sur les intoxications en cours dans la commune, pour le compte de l’Ordre des médecins dont il préside le département de l’environnement. «C’est incompréhensible qu’après plus de deux mois, la cause des intoxications n’ait toujours pas été établie, s’emporte-t-il. La seule chose que l’organisme chargé de gérer ce type d’urgence a faite, c’est de venir dire aux habitants : "Tout est sous contrôle, ne vous inquiétez pas ." Alors qu’en présence d’un gaz qui produit ce genre de symptômes, il aurait fallu au minimum évacuer les jeunes enfants et les femmes enceintes, car les substances chimiques détectées peuvent laisser des séquelles chez le fœtus.»

«Dignité»

Depuis fin septembre, les cours ont repris, sauf dans certains lycées occupés par les élèves en signe de protestation. Des perquisitions ont aussi été menées par la police et les services de l’environnement dans différentes usines de la zone industrielle, sans trouver l’origine des gaz toxiques détectés dans l’air fin août. «Cette situation nous met très en colère», insiste Sebastián Santos, jeune porte-parole des associations et des habitants qui occupent depuis des semaines la place principale de Quintero, qu’ils ont rebaptisée «place de la dignité». «On a peur aussi, parce qu’à tout moment on se dit que quelqu’un peut mourir», précise-t-il, pendant que quelques habitants et militants préparent le dîner sous un abri de fortune. Ils s’apprêtent à passer une nouvelle nuit sur la place, dans des tentes, et affirment vouloir rester tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites. Ils demandent notamment à ce que le Chili adopte des normes environnementales conformes à celles recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «l’arrêt des activités de la zone industrielle jusqu’à ce que les responsables soient trouvés, […] la fermeture des centrales électriques à charbon aujourd’hui obsolètes et de la fonderie de cuivre», ou encore l’embauche de médecins spécialistes à l’hôpital local.

ALEJANDRO CASTRO, L’UN DES LEADERS
DE LA CONTESTATION, A ÉTÉ RETROUVÉ MORT

PHOTO  FACEBOOK ALEJANDRO CASTRO
Le 4 octobre, Alejandro Castro, l’un des leaders de la contestation, a été retrouvé mort quelques heures après une manifestation contre la pollution, à Valparaíso. La police a tout de suite parlé d’un suicide, puis a indiqué qu’aucune piste n’était privilégiée, et que le militant avait reçu des menaces.

Passé

De l’autre côté de la zone industrielle, la commission d’enquête parlementaire sur la pollution et les intoxications dans la baie de Quintero siège ce jour-là à Puchuncaví. Pour s’y rendre, il faut longer les usines, les cheminées, et des dunes de charbon stocké à ciel ouvert. Dans une modeste salle communale, les députés auditionnent la secrétaire régionale ministérielle à l’Environnement, Victoria Gazmuri. Les maires des communes concernées n’ont pas fait le déplacement. «Nous avons renforcé les contrôles et multiplié par trois ou quatre le nombre d’inspecteurs», se défend-t-elle, avant d’évoquer la question de la présence de méthylchloroforme dans l’air : «Lors des premières mesures réalisées, l’appareil n’avait été utilisé qu’une seule fois auparavant, au moment de la formation des fonctionnaires […], et apparemment, du méthylchloroforme aurait été détecté», dit-elle avant de mettre en doute ces mesures, le gaz ayant été détecté en quantité trop faible selon elle.

«Invoquer cette raison pour justifier le fait de ne pas réaliser de contrôles dans les entreprises et sanctionner ceux qui l’utiliseraient nous semble aussi ridicule que le niveau de négligence de l’État» concernant la pollution dans la zone, tranche Diego Ibañez, député de la coalition d’opposition Frente Amplio (gauche) et président de la commission d’enquête.

L’annonce de la détection de ce gaz, fin août, nourrit en tout cas les soupçons des habitants mobilisés contre la pollution : Oxiquim, une entreprise chimique de la zone industrielle, produisait ce gaz dans le passé. Le président du directoire de la firme, un avocat, a défendu le président, Sebastian Piñera, dans plusieurs affaires, et a longtemps été l’associé du mari de la ministre de l’Environnement.

Lors de sa visite dans la commune en septembre, le chef de l’Etat a promis un plan de «dépollution» à partir de 2019, pour négocier avec les usines une baisse de leurs émissions, aujourd’hui mesurées par les entreprises elles-mêmes. Le plan précédent, adopté sous le gouvernement de la socialiste Michelle Bachelet, avait été retoqué par la Contraloría, une instance de contrôle administratif, car il aurait permis aux entreprises d’augmenter les émissions polluantes. «On a déjà attendu cinquante ans, on ne veut pas attendre cinquante années de plus, résume Juan Suárez, du syndicat de pêcheurs S-24. On sait que les entreprises ne vont pas partir, mais au moins qu’elles investissent dans des technologies plus propres.» 

SOUTIEN AU PEUPLE NATION MAPUCHE


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JEAN BEAUSEJOUR
SOUTIEN AU PEUPLE NATION MAPUCHE 
Jean André Emanuel Beausejour Coliqueo, né le 1er juin 1984 à Santiago, est un footballeur international chilien.  Le joueur a eu un geste salué envers l'ethnie originelle, à laquelle il appartient du côté maternel. 

Aujourd'hui, l'Araucanie vit des jours très intenses au cours desquels le deuil est devenu une partie intégrante des communautés mapuches à la suite de la mort de Camilo Catrillanca, décédé des suites d'une balle dans la tête infligée par un carabinier. 

C'est pourquoi Jean Beauséjour, Mapuche par sa mère, a décidé de rendre hommage à son peuple. Le joueur de l'Université du Chili a décidé de porter le nom de famille de sa mère, Coliqueo, sur le dos au lieu de celui de son père.


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mardi 20 novembre 2018

AU BRÉSIL, LA DIPLOMATIE SOUS LE SIGNE DE L’EXTRÊME DROITE ET DES THÉORIES DU COMPLOT

LE PRÉSIDENT ÉLU DU BRÉSIL, JAIR BOLSONARO (À GAUCHE),
ET SON NOUVEAU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
ERNESTO ARAUJO, SONT VUS AU SIÈGE DU GOUVERNEMENT
DE TRANSITION À BRASILIA, LE 14 NOVEMBRE.
PHOTO AFP-JIJI
Le nouveau ministre des affaires étrangères brésilien de Jair Bolsonaro, admirateur de Donald Trump, incarne une pensée extravagante que l’on pensait réservée à quelques farfelus paranoïaques. 
Les polis parlent d’une « pensée hétérodoxe », les sarcastiques évoquent une « philosophie Seigneur des anneaux », les autres sont perplexes, incapables de trouver un qualificatif approprié pour qualifier les écrits du futur ministre des relations extérieures du Brésil, Ernesto Araujo, figurant dans son blog « Metapoliticabrasil ».

À 51 ans, dont 28 passés dans la fonction publique, l’ex-directeur du département des États-Unis, du Canada et des affaires internationales au ministère des affaires étrangères brésilien est la dernière prise de Jair Bolsonaro, leader de l’extrême droite élu le 28 octobre à la présidence de la République.

Après Paulo Guedes, le « Chicago boy » ultralibéral pour l’économie, après le juge Sergio Moro, héros de l’anticorruption à la justice, après l’astronaute Marcos Pontes aux sciences, voici Ernesto Araujo, un « écrivain », à l’Itamaraty, le ministère des affaires étrangères. Un « brillant intellectuel », selon M. Bolsonaro.

Admirateur de Donald Trump, qu’il considère comme le « sauveur de l’âme de l’Occident », ce disciple d’Olavo de Carvalho, référence intellectuelle de l’extrême droite brésilienne, partage avec le président élu cette rage délirante contre la gauche et toutes ses déclinaisons. Le quinquagénaire abhorre le communisme, a le marxisme en horreur, fustige la Chine, hait Cuba, méprise l’Europe et vomit la « théorie du genre ».

Cabales et complots

Pour connaître celui qui sera la voix du Brésil à l’étranger, la lecture de son blog s’impose. Mêlant théories du complot et éloges à la grandeur perdue du Brésil, les réflexions libres de M. Araujo éclairent mieux que n’importe quel CV.

Extrait : « La tactique de la gauche consiste pour l’essentiel à séquestrer les causes légitimes et des concepts nobles pour les pervertir afin de servir un projet politique de domination totale », écrit-il dans un article daté du 12 octobre. La cause environnementale est à ses yeux le parfait exemple de cette manipulation des esprits. Le réchauffement climatique, qualifié d’« idéologie », n’a qu’un but : faire « suffoquer la croissance économique des pays capitalistes démocratique pour favoriser celle de la Chine », dit-il.

Dans la lignée de Steve Bannon, ex-stratège de Donald Trump, Ernesto Araujo dénonce aussi au fil de ces écrits le « mondialisme » qui, comme le marxisme, voudrait « instiller la peur pour obtenir plus de pouvoir ». Le monde selon M. Araujo est un univers de cabales peuplé de personnages orwelliens.

Les mauvais esprits diront que le diplomate est un flatteur. Un courtisan de Jair Bolsonaro qui le 27 octobre, à la veille du second tour de l’élection présidentielle, semblait comparer son idole à Alfonso Henriques, roi du Portugal, vainqueur de la bataille d’Ourique contre les maures en 1139. « Grâce à sa foi et à son épée nous sommes là et connaissons le nom du sauveur », écrit-il.

Mais le diplomate est bien plus qu’un flagorneur bavard. Il signe le triomphe d’une pensée bolsonariste extravagante que l’on pensait réservée à quelques farfelus paranoïaques. Une partie du Brésil ricane. « Si l’astronaute affirme que la Terre est ronde, il va y avoir des bagarres entre ministres », raille sur Twitter le « Cidadao de bem » (citoyen de bien, référence ironique à l’électeur de Jair Bolsonaro).

Revanche face aux élites

Mais être la risée du monde n’effraye guère Jair Bolsonaro. Pourfendeur de l’intelligentsia, l’ex-parachutiste voit dans le choix de ce chancelier baroque une revanche face aux élites. Reste que M. Araujo promet de secouer la scène diplomatique brésilienne. Ses opinions singulières sont bien éloignées des intérêts économiques du pays, dont la Chine est un partenaire commercial stratégique.

« Le ministre des affaires étrangères pourrait n’avoir qu’un rôle secondaire », relativise Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas, à Sao Paulo. Qui sait, dans une diplomatie 2.0, la fonction de M. Araujo pourrait se borner à écrire quelques tweets politiquement incorrects à même de satisfaire un électorat radical sans, pour autant, déstabiliser les équilibres économiques du pays.

Dimanche 18 novembre, le futur chancelier a adressé un tweet rageur à Celso Amorim, l’ancien ministre des affaires étrangères de Lula : « Celso Amorim dit que je représente le retour au Moyen Age. Je n’ai pas compris s’il s’agissait d’une critique ou d’un éloge », écrit-il, assurant toutefois avoir mieux à faire que de revenir au temps des croisades. Voilà les Brésiliens rassurés.

Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante)