lundi 27 septembre 2021

ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU PRÊTRE FRANÇAIS PIERRE DUBOIS


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LE PRETRE PIERRE DUBOIS S'INTERPOSE ENTRE LES POLICIERS ANTI-ÉMEUTE ET DES MANIFESTANTS, POUR EMPÊCHER LES FORCES DE RÉPRESSION D’ENTRER DANS LE QUARTIER PAUVRE DE LA VICTORIA, QUI MANIFESTE SON OPPOSITION À LA DICTATURE D’AUGUSTO PINOCHET. CETTE IMAGE CAPTÉE LE 27 MARS 1984 AU CHILI A FAIT LE TOUR DU MONDE.
Le lundi 1er Octobre 2012, ses obsèques ont été célébrées dans la Cathédrale de Santiago. Au terme de la cérémonie, il fut crématisé selon ses vœux, et ses cendres furent transférées à La Victoria, un quartier déshérité du sud de Santiago connu pour avoir opposé une vive résistance au régime de Pinochet.

La Croix annonce son décès en publiant l’article « Décès du P. Pierre DUBOIS, opposant à la dictature chilienne ». Il y est rapporté que « Le P. Pierre DUBOIS, farouche opposant à la dictature d’Augustin PINOCHET (1973-1990) est décédé vendredi 28 septembre à l’âge de 80 ans, a annoncé l’Église chilienne. Il était atteint de la maladie de Parkinson ». Par ailleurs, l’article souligne que « Prêtre Fidei Donum français, il avait obtenu la nationalité chilienne en 2001 et vivait dans la paroisse de Notre Dame de la Victoire, dans le sud de Santiago, une zone dont les habitants se sont opposés au régime PINOCHET. Il fut à la fois témoin et acteur des bouleversements politiques, sociaux et économiques qui ont touché le Chili tout au long de ces années ».

Pour sa part, RFI fait part de son décès via l’article intitulé « Chili : mort du prêtre français Pierre DUBOIS, opposant à la dictature ». Il y est annoncé que « Le père Pierre DUBOIS est mort à l’âge de 80 ans à la Victoire, la commune pauvre de Santiago où il avait passé presque toute sa vie. Ce Français, naturalisé chilien en 2001, était un farouche opposant à la dictature d’Augusto DUBOIS. Expulsé du pays en 1986, il était revenu en 1990, au retour de la démocratie. Les bras en croix devant un bus de la police militarisée. C’est ainsi que les Chiliens se souviennent du père Pierre DUBOIS. Cette image captée le 27 mars 1984 a fait le tour du monde. Le prêtre ouvrier tente alors d’empêcher les forces de répression d’entrer dans le quartier pauvre de la Victoria, qui manifeste son opposition à la dictature d’Augusto PINOCHET ».


lundi 19 avril 2021

JULIAN GRIMAU, LA DIGNITÉ HUMAINE ASSASSINÉE



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JULIÁN GRIMAU GARCÍA
Le 20 avril 1963, le dirigeant communiste est exécuté par un peloton franquiste au terme d’une parodie de justice. Sa réhabilitation reste d’actualité dans une Espagne qui ne veut pas se prononcer sur les crimes de la dictature. Une Espagne qui se refuse à solder les comptes du passé.

1963 - 20 AVRIL - 2023
SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE 
LA MORT DE JULIAN GRIMAU 

    « QUE DIRA EL SANTO PADRE » VIOLETA PARRA
     Durée: 00:02:55


    UNE DU QUOTIDIEN L'HUMANITÉ
    DU LUNDI 22 AVRIL 1963
    CATHY CEÏBE [VENDREDI, 19 AVRIL, 2013 L'HUMANITÉ]
    Il est des matins de printemps qui n’en sont pas. Comme ce samedi 20 avril 1963, lorsqu’un peloton d’exécution franquiste perfore de trente balles Julian Grimau. Cinquante ans ont passé depuis l’assassinat du dirigeant communiste dans la prison de Carabanchel à Madrid. De ce côté-ci des Pyrénées, des rues et des cités populaires portent ce nom qui résonne encore dans la mémoire des républicains espagnols.

    Grimau est un symbole de la répression de la dictature que la générosité d’une mobilisation mondiale ne parviendra pas à sauver. Ce 20 avril 1963, il est allé à la mort avec l’état d’esprit qui fut toujours le sien, « sans attendre d’autre récompense que la conscience tranquille de celui qui a fait son devoir devant sa classe, son peuple, son parti ». Julian Grimau est né le 18 février 1911 à Madrid. C’est un jeune ouvrier typographe qui voit alors deux Espagne se défier : l’une, réactionnaire, oligarque, dévote, militariste ; l’autre, républicaine, progressiste, agnostique. Il choisit son camp.

    En 1931, il rejoint le Parti républicain démocratique fédéral. Le 18 juillet 1936, Franco déclare la guerre à la République. À l’automne, Julian Grimau adhère au Parti communiste d’Espagne (PCE) dont il deviendra, en 1937, secrétaire d’une brigade de police à Barcelone. À la fin de la guerre, il est contraint à l’exil. Il se réfugie alors à Cuba.

    De retour en Europe, il participe à Prague, en 1954, au 5ème Congrès du PCE, où il est élu membre du comité central que dirige Dolores Ibarruri, la Pasionaria. En 1962, il est élu secrétaire du Parti. Dans la clandestinité, Grimau assume cette lourde et dangereuse responsabilité à Madrid. Le pays, garrotté par le despote, est le théâtre de luttes sociales et ouvrières grandissantes.

    Le 7 novembre 1962, il est arrêté dans un bus par deux membres de la police politique. Julian Grimau est alors transféré au sinistre siège de la direction générale de la sécurité (DGS). Pour ceux qui ont foulé la Puerta del Sol, la place épicentre de la capitale, là où se trouve le kilomètre zéro des routes espagnoles, il s’agit désormais du siège du gouvernement de la région autonome de Madrid, dirigé par la droite du Parti populaire (PP). En ce lieu, rien ne rappelle qu’on y a frappé et torturé. Que les cris sortaient des soupiraux. Que les bourreaux ont frappé et défenestré Julian Grimau, sans le tuer. Aucune plaque à la mémoire des combattants de la liberté que l’on a voulu faire taire à jamais. Le PP, ex-Alianza popular fondé par Manuel Fraga, ministre de l’Information et du Tourisme de Franco qui osa déclarer que Grimau s’était jeté dans le vide de manière « inexpliquée », nie encore son terrible passé. Ou l’assume…

    Le 18 avril 1963, Julian Grimau est traduit devant un conseil de guerre (procès no 1.601/62). Outre son « activité subversive et sa propagande illégale », on l’accuse de « crimes commis pendant la guerre civile » lorsqu’il dirigeait la tcheka (centre de détention politique) de la rue Barenguer à Barcelone. Une campagne médiatique alimentée par le régime vise à discréditer Grimau, à le faire passer pour « un délinquant de première grandeur au service d’une cause criminelle » : le communisme.

    Le dossier est vide, et les supposés crimes proscrits. Les manifestations de soutien, elles, gonflent en Europe et en Amérique latine. Digne et courageuse, son épouse, Angela, résiste pour leurs deux fillettes, en se battant pour sa libération. Plus de 800 000 télégrammes arrivent à Madrid pour que cesse la parodie de justice d’une cour martiale dont le « conseiller légal » n’est en possession d’aucun titre juridique ! La dictature veut bâillonner cet homme, image de la lutte antifasciste, dépositaire de l’Espagne, légale, républicaine et égalitaire. Julian Grimau est un héros qu’il faut tuer.

    « Ne vous y trompez pas. Ils me fusilleront sans aucune hésitation : ma mort est décidée depuis longtemps. À tous, je vous demande une chose : maintenez votre unité, continuez la lutte pour la liquidation définitive du franquisme », dit-il à ses compagnons de détention avant de tomber sous les balles. Paris, et d’autres capitales grondent de colère contre ce crime d’État. Dans l’Humanité, le poète et communiste espagnol Marcos Ana, qui a passé vingt-trois ans dans les geôles franquistes, déclare : « Avec Julian Grimau, on a voulu assassiner l’esprit même de liberté, de la dignité humaine. »

    En 1964, Léo Ferré lui rend hommage : « L’heure n’est plus au flamenco. Déshonoré, Mister Franco. Nous vivons l’heure des couteaux. Nous sommes à l’heure de Grimau. » Un an plus tard, il reçoit à titre posthume la médaille d’or du Conseil mondial de la paix. Cinquante ans plus tard, la réhabilitation de 
Julian Grimau est toujours d’actualité : l’Espagne, atrophiée par le silence, se refuse à solder les comptes du passé.

    Vers la réhabilitation ?  En 2006, une brèche s’est ouverte. Sur proposition du groupe mixte et particulièrement de la Gauche unie, le Sénat espagnol a approuvé une motion dans laquelle elle enjoignait le gouvernement socialiste de « procéder à la réhabilitation citoyenne et démocratique 
de la figure de Julian Grimau ». Car, officiellement, le dirigeant communiste 
est toujours considéré comme un criminel. À l’époque, tous les groupes avaient voté la motion, à l’exception du Parti populaire. L’initiative est tombée aux oubliettes 
de l’histoire. L’exécution de Julian Grimau fut pourtant un crime d’État. Un parmi des milliers d’autres perpétrés par la dictature de Franco. L’anniversaire de son assassinat est l’occasion pour les organisations mémorielles d’exiger 
des autorités l’annulation de tous les procès et sentences prononcés par les conseils de guerre et les tribunaux spéciaux du franquisme. C’est à leurs yeux une dette non soldée à l’égard des victimes. C’est aussi une question politique, éthique et de justice.