samedi 30 novembre 2013

CHILI: DES FEMMES AU COEUR DU POUVOIR, MAIS LOIN DE LA PARITÉ

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POUR LA PREMIÈRE FOIS EN AMÉRIQUE LATINE, UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE MET EN PRÉSENCE DEUX FEMMES AU CHILI, ALORS QUE D'AUTRES DIRIGENT DES SYNDICATS DE SALARIÉS OU D'ÉTUDIANTS, MAIS LES FEMMES CHILIENNES SONT POURTANT ENCORE LOIN DE L'ÉGALITÉ POUR TOUTES. PHOTO AFP
Santiago du Chili (AFP) - Pour la première fois en Amérique latine, une élection présidentielle met en présence deux femmes au Chili, alors que d'autres dirigent des syndicats de salariés ou d'étudiants, mais les femmes chiliennes sont pourtant encore loin de l'égalité pour toutes.
Agée de 62 ans, Michelle Bachelet, ex-présidente et candidate socialiste, affrontera le 15 décembre prochain au second tour de la présidentielle l'ex-ministre du Travail et candidate de la droite au pouvoir, Evelyn Matthei.
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MICHELLE BACHELET, PRÉSIDENTE DU CHILI
DU 11 MARS 2006 AU 11 MARS 2010. 
Première femme élue à la tête d'un pays sud-américain, médecin de formation, Michelle Bachelet, ex-directrice exécutive de l'ONU Femmes, a jugé « sexiste » de présenter ce scrutin comme un duel entre femmes, estimant qu'on n'agirait pas de la sorte s'il s'agissait d'hommes.

« Quelqu'un a-t-il jamais souligné qu'il y avait une compétition entre deux hommes » lors des précédentes élections ?, s'est interrogée récemment l'ex-présidente (2006-2010).

« Quand deux hommes sont candidats, évoque-t-on l'enjeu ou les circonstances ? », a-t-elle relevé.
« Mme Bachelet nous a donné un exemple tellement magnifique que maintenant n'importe quelle femme peut réussir à devenir présidente », assure à l'AFP Ines Vega, membre des « clones de Bachelet », un groupe de ferventes admiratrices de la candidate socialiste.



Pour la plupart retraitées, elles sont vêtues à l'identique de la sobre tenue habituellement adoptée par l'ancienne présidente - pantalon noir, chemise blanche et bandeau présidentiel, et la suivent dans tous les meetings.

Mais plusieurs femmes occupent des postes de responsabilité au Chili: Caroline Toha, 48 ans, est depuis un an la première femme maire de Santiago, une capitale de 6 millions d'habitants.


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CAROLINA TOHÁ, MAIRESSE DE SANTIAGO DU CHILI ( PREMIÈRE FEMME UN MAIRE DE LA COMMUNE DE SANTIAGO, 2012).

Sept femmes viennent d'être élues au Sénat et 18 autres sont devenues députés dont Camila Vallejo, l'égérie du mouvement étudiant le plus massif de ces dernières années au Chili.

Communiste, fille de syndicalistes communistes, ex-professeur de philosophie, Barbara Figueroa, 34 ans, est quant à elle la première femme nommée à la tête de la plus puissante centrale syndicale du Chili, la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), une première en Amérique latine.


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KAROL CARIOLA DÉPUTÉE ÉLUE, BÁRBARA FIGUEROA, PRÉSIDENTE DE LA CENTRALE UNITAIRE DE TRAVAILLEURS DU CHILI (CUT),  CAMILA VALLEJO, DÉPUTÉE ÉLUE

Les présidences des deux principales fédérations d'étudiants sont désormais occupées par deux jeunes femmes, Naschla Aburman, de l'Université catholique, et Melissa Sepulveda à la tête de l'Université du Chili.
« Un mirage »

Pourtant le parcours de ces femmes de pouvoir n'est guère représentatif de la réalité de la grande majorité des Chiliennes.

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MELISSA SEPULVEDA PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION DES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ DU CHILI (FECH). PHOTO  NICOLÁS CELAYA  

« Il s'agit plutôt d'un mirage », relève Carolina Carrera, présidente d'une organisation féministe.

Le taux de femmes qui travaillent au Chili est l'un des plus bas d'Amérique latine (48%) tandis que l'écart des salaires entre hommes et femmes dépasse les 30%, malgré l'existence de lois sur la parité salariale.
Le Congrès chilien ne compte que 20% de femmes parlementaires (26% en France) et les Chiliennes qui veulent entrer en politique parviennent difficilement à des postes de responsabilités.

A l'heure d'élire des candidats, les partis optent majoritairement pour des hommes « en raison d'une tradition machiste », dit Carolina Carrera à l'AFP.

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NASCHLA ABURMAN  PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS DE L'UNIVERSITÉ PONTIFICALE CATHOLIQUE DU CHILI, (FEUC). PHOTO THE CLINIC 

En outre les femmes ne bénéficient d'aucune aide pour la garde de leurs enfants, faisant face souvent à de maigres salaires et de longues journées de travail.
« De toutes celles qui pour la première fois pourraient rechercher un emploi, environ 54% ne le font pas car le marché du travail est peu attractif pour les femmes salariées », indique à l'AFP Barbara Figueroa, la présidente de la CUT.

La plus grande difficulté, selon elle, « est que la garde des enfants n'est ni garantie, ni protégée », en l'absence d'un réseau de crèches et de garderies.

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CAROLINA CARRERA,  PRÉSIDENTE
DE L'ONG 
« HUMAINES »
Michelle Bachelet, qui devrait l'emporter largement au deuxième tour des élections en décembre, a d'ores et déjà annoncé la création d'un ministère de la Femme, compte durcir les lois contre la violence conjugale et promet de nouveaux plans de santé à l'intention des femmes, ainsi qu'une augmentation du nombre de crèches.

La base de l'électorat de la candidate socialiste, qui avait lors de son précédent mandat créé la première pension de vieillesse à l'intention des femmes, est principalement constituée de femmes d'un certain âge, pauvres et délaissées, selon plusieurs études. «Elles la voient comme comme quelqu'un capable de représenter leurs intérêts », explique à l'AFP le journaliste politique Daniel Matamala.

vendredi 29 novembre 2013

CHILI : HOMMAGE AU SYNDICALISTE JUAN PABLO JIMÉNEZ À SANTIAGO

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PHOTO FERNANDO LAVOZ
Plusieurs milliers de personnes ont participé, le 27 novembre 2013 à Santiago du Chili, à une marche en hommage au syndicaliste et salarié de la société Chilectra, Juan Pablo Jimenez, retrouvé mort d'une balle dans la tête sur son lieu de travail.
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PHOTO FERNANDO LAVOZ
Selon l'état actuel de l'enquête, il s'agirait d'une mort accidentelle, mais l'épouse de Jimenez, Ximena Acevedo, se bat pour établir la vérité par l'incident commis dans le voisinage de l'entreprise.
  
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PHOTO FERNANDO LAVOZ
La police n'a pas pu établir les circonstances du décès si ce n'est que la balle a été tirée de l'intérieur de l'entreprise. L'étude des vidéos de caméras de surveillance n'ont pas permis d'en savoir plus. Sur la rue Alameda, une des artères principales de Santiago, des combats ont éclaté entre forces de police et manifestants.  

jeudi 28 novembre 2013

LULA REND HOMMAGE À CAMILA VALLEJO LORS DE SA VISITE AU CHILI

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BÁRBARA FIGUEROA, PRÉSIDENTE DE LA CENTRALE UNITAIRE DE TRAVAILLEURS DU CHILI (CUT),  CAMILA VALLEJO, DÉPUTÉE ÉLUE, LULA DA SILVA, L'EX-PRÉSIDENT DU BRÉSIL, ET ALICIA BÁRCENA, SECRÉTAIRE EXÉCUTIVE DE LA CEPAL, LE 27 NOVEMBRE 2013. PHOTO CARLOS VERA / CEPAL 

Lula a rappelé qu'en 2011, au milieu des protestations des étudiants chiliens,  Camila Vallejo s'est rendue à Brasilia et l'a invité à Santiago. En plaisantant, Lula a toutefois expliqué qu'il ne pouvait pas accepter l'offre afin d'éviter des problèmes diplomatiques.  Les invités, parmi lesquels la jeune géographe de 25 ans, a apprécié la plaisanterie de Lula.
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BÁRBARA FIGUEROA, PRÉSIDENTE DE LA CENTRALE UNITAIRE DE TRAVAILLEURS DU CHILI (CUT),  CAMILA VALLEJO, DÉPUTÉE ÉLUE, LULA DA SILVA, L'EX-PRÉSIDENT DU BRÉSIL. PHOTO UPI

L'ancien président est arrivé dans la capitale chilienne pour participer au séminaire développement et l'intégration de l'Amérique latine , qui comptait également l'ancien président chilien Ricardo Lagos. Après la réunion, Lula a parlé avec Camila Vallejo et Barbara Figueroa, présidente du plus grand syndicat du Chili, la Centrale unitaire des travailleurs (CUT).

mercredi 27 novembre 2013

CHILI, MICHELLE BACHELET, LA NOUVELLE MAJORITÉ, SON PROGRAMME ET LE PARTI COMMUNISTE

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PHOTO STRINGER CHILE. REUTERS CHEZ LIBÉRATION
Plusieurs enseignements peuvent être tirés des résultats des élections législatives et du premier tour de l'élection présidentielle du dimanche 17 novembre 2013 au Chili. Le taux d'abstention, presque 50%, a énormément augmenté, comme le prévoyaient les analystes (1)À cela plusieurs raisons, dont les suivantes.
par J.C. Cartagena et N. Briatte
Depuis le début 2012, l'inscription dans le registre électoral est automatique tandis que la participation au vote est volontaire. De ce fait, à l'énorme masse de gens qui refusait même de s'inscrire, il faut ajouter le presqu'un million de chiliens vivant à l'étranger et comptabilisés comme abstentionnistes.
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LE PRÉSIDENT SALVADOR ALLENDE APPARAÎT SUR LES LISTES ÉLECTORALES. PHOTO AGENCIA UNO. 

En plus, 10% des inscrits pourraient être ou des morts, ou des personnes ayant au moins entre 80 et 139 ans (2).

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L'HISTORIEN GABRIEL SALAZAR.
PHOTO LA TERCERA.
 
La Concertation depuis 1990, mais aussi la droite, ont tout fait pour désintéresser les citoyens et les décourager de la participation tant sociale que politique. Par conséquent, l'explication de l'énorme taux d'abstention est plutôt à rechercher dans le déficit de conscience citoyenne que dans une prétendue attitude de rejet du système, comme le prétend l'historien Gabriel Salazar (3). En effet, d'après une enquête de la Corporation Latinbarômetro en 2013, 31% des chiliens sont soit indifférents à la politique, soit carrément réfractaires à la démocratie (4).

Malgré ces pourcentages, certains responsables politiques considèrent que l'abstention ne constitue pas un problème (5), mais Guillermo Teillier, président du Parti communiste du Chili (PCCh) insiste pour encourager le déplacement aux bureaux de vote, car, estime-t-il, l'abstention favorise surtout la droite (6).

Le résultat des élections a montré, outre l'effondrement de la droite, la faible audience chez les électeurs de candidatures dites « alternatives » de gauche, et aussi la victoire nette, mais sans surprise, de la toute nouvelle alliance politique, la Nouvelle Majorité (NM).

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MARCEL CLAUDE ET
ROXANA MIRANDA
Les deux événements qui ont soulevé le plus de polémiques pendant la campagne ont été la savoureuse saga des candidats de droite et surtout l'intégration à la coalition NM regroupant 6 autres partis et mouvements, du PCCh. En effet, cette attitude unitaire du PCCh, seul parti de gauche exclu, pendant plus de 20 ans, de la coalition qui a gouverné le pays, mais aussi de la vie politique, a déclenché de nombreuses critiques, y compris de la part d'analystes français (7).

Bien que le programme de la Nouvelle Majorité comprenne des mesures destinées à, enfin, démocratiser définitivement le pays, beaucoup des opinions provenant de la gauche radicale le présentent comme devant rester lettre morte, au regard de la politique du précédent gouvernement de Bachelet.

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CAMILA VALLEJO ET
GUILLERMO TEILLIER
Le fait que, dans cette polémique, l'attitude du PCCh ait été qualifiée d'« opportuniste » et de « traître », montre que les gens de gauche au Chili (mais ailleurs aussi), admettent, y compris inconsciemment, que cette organisation est indispensable pour engager tout changement important au pays.

Avec le recul, si on lit le discours de prise de fonction de la présidente de la Fech, militante des Jeunesses communistes, Camila Vallejo, en novembre 2010 (8), on ne peut qu'être étonné de voir décrite en toutes lettres l'évolution du mouvement des étudiants dont les grèves en 2011 ont ébranlé une société profondément acquise à des certitudes néo-libérales.

Depuis lors, la mentalité d'une bonne partie des chiliens a commencé à évoluer et, de ce fait, la situation politique n'est plus du tout la même aujourd'hui.


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MILTON FRIEDMAN EXERÇA UNE INFLUENCE IMPORTANTE SUR LES ÉCONOMISTES CHILIENS SURNOMMÉS LES « CHICAGO BOYS » 

Il n'est pas inutile de rappeler que le caractère prédominant de la société chilienne actuelle est libéral, aussi bien dans la vie courante qu'idéologiquement. Le modèle néolibéral imposé par Pinochet a fini par s'ancrer dans les mentalités jusqu'à devenir la pensée hégémonique (9). Ainsi la domination s’exerce-t-elle «par la force et le consentement, l’autorité et l’hégémonie » (Gramsci), c’est-à-dire aussi grâce à une acceptation volontaire gagnée dans le domaine idéologique. L’hégémonie est, dès lors, une contrainte considérée comme légitime par ceux qui la subissent.

Jamais, depuis le départ de Pinochet, on n'avait entendu parler aussi massivement de changement radical de l'éducation, de la fiscalité, de mode de scrutin, ni de la récupération des ressources primaires ou de la sauvegarde de l'environnement, etc., ni surtout du remplacement de la constitution pinochetiste, toutes ces mesures étant comprises dans le programme de la NM.

Au Chili une union aussi large ne s'était jamais constituée, et ce n'est pas le moindre des avantages, elle devrait pouvoir paralyser n'importe quelle velléité, aussi bien civile que militaire, nostalgique des temps dictatoriaux.


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CANDIDATS À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AU CHILI 2013

Des neuf candidats à l'élection présidentielle, seule Evelyn Matthei, héritière de l'œuvre du président en exercice Piñera, a défendu ouvertement l'actuelle constitution. A ce sujet, la seule interrogation qui reste est la méthode qu'utilisera la NM pour mener à terme le changement de la loi suprême.

L'enjeu primordial de cette élection était, donc, d'en finir avec l'héritage institutionnel du pinochetisme, ce qui permettra, par ailleurs, de commencer à récupérer les libertés syndicales indispensables (droit à la négociation collective, à la grève, etc.), pour mieux combattre le néolibéralisme régnant. Vouloir substituer une bataille à une autre, en occultant l'essentiel, comme l'indiquent certains analystes partisans, ne peut que semer de la confusion chez les lecteurs (10).

L'effondrement de la droite -malgré la perversion du système de scrutin binominal-, a fait se dégager une majorité confortable pour la NM, ce qui lui donnera les moyens de mener à terme la plupart de ses projets de réforme (11).

Le deux candidats « alternatifs », Marcel Claude et Roxana Miranda, malgré la proximité de leurs programmes, mais à cause de visées personnalistes, n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour une candidature commune et la première victime en a été l'unité. En apprenant les résultats, M. Claude a déclaré, s'il vous plaît, que « la société chilienne n'était pas prête pour des changements », dévoilant ainsi le « militant » -du dimanche ou électoraliste-, dans toute sa dimension élitiste (12). R. Miranda, de son côté, a promis qu'elle serait « la première dans la rue pour demander l'application effective de son programme » à la présidente Bachelet (13). En appelant avec Claude à l'abstention au deuxième tour (14), elle nous dévoile son degré de sérieux et de disposition à prendre des responsabilités politiques. On peut parier dès aujourd'hui qu'aucun des deux n'aura de rôle à jouer à l'avenir.

Cette gauche « alternative » et « anti-néolibérale », toujours impatiente, n'a pas encore compris qu'on ne peut ni se substituer à la volonté populaire, ni imposer ses options politiques aux autres (en particulier aux électeurs). Cette attitude maximaliste, qui veut toujours mettre la charrue avant les bœufs, est somme toute stérile et bénéficie, en fin de compte, grâce à la promotion de la division, aux forces les plus rétrogrades de la société.

Les médias chiliens, à presque 100% aux mains de la droite avec le duopôle El Mercurio et Copesa, ont réservé une audience grandissante à ces deux candidats, dans l'espoir de voir réduit le score de la NM et limiter ainsi la déconfiture majeure d'E. Matthei, la candidate de la droite.

Une liste commune de toutes les forces qui réclamaient le remplacement de la constitution (Bachelet, Claude, Miranda, Enríquez), aurait obtenu facilement les deux tiers des deux chambres (députés et sénateurs), pourcentage requis pour le changement de tout article de la constitution. Maintenant, Bachelet devra imaginer une autre procédure pour y parvenir : plébiscite, assemblée constituante ou autre.


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CHILI : DES ANCIENS LEADERS ÉTUDIANTS SONT ÉLUS DÉPUTÉS

Le sort des candidats issus des mouvements sociaux est un signe qui permet de prendre la mesure du changement de mentalité amorcé dans la société chilienne. L'ex président des étudiants de l'Université Catholique, Giorgio Jackson, appuyé par la Nouvelle Majorité (NM), a été largement élu à Santiago. C. Vallejo (NM), ex présidente de la Fech, a également été élue avec plus de 40% à La Florida. L'ex présidente des étudiants de l'Université de Conception et actuelle secrétaire générale des Jeunesses Communistes, Karol Cariola (NM), est élue aussi à la première majorité à Independencia-Recoleta. Le seul dirigeant élu qui n'ait pas bénéficié de l'appui de la NM a été Gabriel Boric à Punta Arenas. Les trois autres candidats étudiants qui se présentaient contre la NM ont, eux, été battus. Francisco Figueroa vaincu à Ñuñoa avec 10%, à Valparaíso, Sebastián Farfán avec 7,15% et Daniela López, dans le même district, avec 7.42% (15). Ce dernier cas est une autre illustration de l'ascendant du personnalisme sur la vision politique unitaire et généreuse. Enfin, le dirigeant social surgi des grandes manifestations de la province d'Aisén, Iván Fuentes, a été élu (36,12%), en tant qu'indépendant, sur la liste de la NM. Contrairement à ce que prétendent certaines analyses biaisées en France (16), les revendications de larges secteurs sociaux de la société chilienne ont fait leur entrée au parlement grâce à l'élection de dirigeants sociaux proches de la NM.


LES SÉNATEURS BATTUS 


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 SOLEDAD ALVEAR
CAMILO ESCALONA.








En outre, l'échec à la réélection de deux sénateurs, principaux piliers du statu quo institutionnel de la ex-Concertation, (Alvear, démocrate chrétien et Escalona, socialiste), révèle que les changements de mentalité  commencent à pénétrer aussi les électeurs de la Nouvelle Majorité.

Les communistes ont doublé leur représentation parlementaire avec 6 députés -de 9 candidats au départ-, dont tous, sauf un, ont obtenu des premières majorités dans leur circonscription. Les trois autres candidats malheureux ont recueilli au minimum 15% des voix.

Comme anecdote on peut mentionner l'élection, en tant que députée, de la petite fille d'Allende dans le district de Ñuñoa, dans la liste de la NM.


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LA PETITE FILLE D'ALLENDE A ÉTÉ ÉLU DÉPUTÉE. PHOTO BBC  
La dynamique qui permettra de mettre un terme à la période de transition, fait, à notre sens, non négligeable, semble, donc, être en marche. La vitesse de démocratisation et de transformation politique mais aussi sociale du pays dépendra, comme toujours, de la vigueur du mouvement populaire.

Pendant toute la durée du gouvernement de l'Unité Populaire, Allende, le PCCh et des secteurs du Parti Socialiste Chilien, ont recherché des accords avec la Démocratie Chrétienne, dont le programme électoral de Tomic en 1970 était très proche. Est-ce que, avec cette large alliance, le Chili en aura enfin terminé avec le pinochetisme? Mais aussi jusqu'où pourra aller cette coalition dans le futur?


J.C. Cartagena et N. Briatte

Notes :

(1) http://ciperchile.cl/2013/11/22/precisiones-sobre-el-sesgo-de-clase-con-voto-voluntario/

(2) http://el-siglo.blogspot.fr/2013/11/chili-linscription-automatique-savere.html

http://www.24horas.cl/politica/decision2013/fallecidos-y-dddd-volveran-a-aparecer-en-el-padron-electoral-903938

(3)
http://www.elciudadano.cl/2012/11/02/59473/gabriel-salazar-la-abstencion-no-es-solo-escapismo-sino-que-implica-una-critica-un-rechazo-a-participar-de-este-modelo/

(4)
http://www.latinobarometro.org/latNewsShow.jsp

(5)
http://www.elciudadano.cl/2012/11/22/60578/nuevos-partidos-y-pactos-alternativos-la-fuerza-de-los-chicos/

(6)
http://www.pcchile.cl/?p=5365

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=158267

https://www.facebook.com/permalink.php?id=103468783039015&story_fbid=375980212483631

(7)
http://www.humanite.fr/monde/chili-40-ans-apres-l-unite-populaire-dallende-touj-548885

http://www.legrandsoir.info/recherche.html?cx=partner-pub-4397068416067908%3A6ww16eql74y&cof=FORID%3A9&ie=utf-8&sitesearch=legrandsoir.info&q=+chili+bachelet

(8)
http://www.theclinic.cl/2011/08/18/el-discurso-de-camila-vallejo-al-asumir-en-la-fech/

(9)
http://chili-neoliberal.sciencesconf.org/

(10) 
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30385

(11) http://www.lanacion.cl/bachelet-asegura-contar-con-mayoria-parlamentaria-para-ejercer-cambios/noticias/2013-11-24/161433.html

(12) http://www.latercera.com/noticia/politica/2013/10/674-549112-9-roxana-miranda-si-bachelet-llega-a-ser-presidenta-sere-la-primera-en-la-calle.shtml

http://piensachile.com/2013/11/un-breve-recuento-despues-de-los-resultados-de-marcel-claude/

http://elclarin.cl/web/index.php/opinion/politica/9768-la-primera-batalla

(13) 
http://www.latercera.com/noticia/politica/2013/10/674-549112-9-roxana-miranda-si-bachelet-llega-a-ser-presidenta-sere-la-primera-en-la-calle.shtml

(14)
http://www.lanacion.cl/claude-y-miranda-para-la-segunda-vuelta-llaman-a-no-votar/noticias/2013-11-22/165036.html

(15) 
http://rvl.uv.cl/new/index.php/8-noticias/910-diputados-por-el-distro-13-resultados-serven

http://www.latercera.com/noticia/educacion/2013/11/657-552208-9-vallejo-jackson-boric-cariola-y-fuentes-las-caras-del-movimiento-social-y.shtml

(16)
http://www.npa2009.org/node/39678

http://www.humanite.fr/monde/chili-40-ans-apres-l-unite-populaire-dallende-touj-548885

http://www.legrandsoir.info/recherche.html?cx=partner-pub-4397068416067908%3A6ww16eql74y&cof=FORID%3A9&ie=utf-8&sitesearch=legrandsoir.info&q=+chili+bachelet

lundi 25 novembre 2013

AU HONDURAS, RÉSULTAT CONTESTÉ À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

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DES PARTISANS DE XIOMARA CASTRO, LA CANDIDATE DU PARTI DE GAUCHE LIBRE, À TEGUCIGALPA LE 24 NOVEMBRE. PHOTO  INTI OCON 
Loin de remettre le Honduras sur le chemin de la démocratie et de tourner la page du coup d'Etat de 2009, les élections générales qui ont eu lieu dimanche 24 novembre ont plongé le pays dans la confusion.
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JUAN HERNÁNDEZ, LE CANDIDAT DU PARTI NATIONAL
 (DROITE), DEVANT SES PARTISANS LE 24 NOVEMBRE  
2013 À TEGUCIGALPA. PHOTO REUTERS
Moins de deux heures après la fermeture des bureaux de vote, les deux principaux candidats au scrutin présidentiel, Juan Orlando Hernández et Xiomara Castro, se sont proclamés vainqueur, sur la base de «sondages de sortie des urnes ».

Portant sur 54 % des bureaux de vote, les résultats préliminaires annoncés par le Tribunal suprême électoral (TSE), dans la nuit de dimanche à lundi, plaçaient M. Hernandez, le candidat du Parti national (PN, droite), au pouvoir, en tête avec 34,27 % des voix. Mme Castro, l'épouse de l'ancien président Manuel "Mel" Zelaya renversé en 2009, était créditée de 28,67 %. Le candidat du Parti libéral (droite), Mauricio Villeda, arrivait en troisième position avec 20,94 % des voix. Au cours des dernières semaines, le parti Liberté et Refondation (Libre, gauche) de Xiomara Castro avait dénoncé les risques de fraude. Dimanche soir, la direction de Libre a déclaré sur Twitter : « Nous ne reconnaissons pas les résultats annoncés par le TSE. » Ce parti n'est pas représenté au sein du Tribunal suprême électoral, qui est présidé par un responsable du Parti national.

Mme Castro, qui a longtemps caracolé en tête des sondages, et M. Hernandez étaient au coude à coude, avec un peu moins d'un tiers des intentions de vote chacun, selon la dernière enquête réalisée il y a un mois par Cid Gallup. Au total, huit candidats à la présidence étaient en lice. Les électeurs étaient également appelés à renouveler le Parlement et les municipalités.

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PRÉSIDENTIELLE AU HONDURAS, MINÉ PAR LA VIOLENCE ET LA PAUVRETÉ
TAUX D'HOMICIDE LE PLUS ÉLEVÉ DU MONDE

Juan Hernandez, le candidat du Parti national (droite), devant ses partisans le 24 novembre à Tegucigalpa. 

Face à Mme Castro, qui proposait de convoquer une Assemblée constituante pour « refonder » le pays et construire un « socialisme démocratique hondurien », M. Hernandez a axé sa campagne sur la lutte contre l'insécurité. Il a promis de "faire ce qu'il faudra pour rétablir la paix et la sécurité au Honduras". Avec une vingtaine de meurtres par jour, la petite république centraméricaine affiche le taux d'homicide le plus élevé du monde, 85 pour 100 000 habitants. Quelque 87 % de la cocaïne sud-américaine consommée aux Etats-Unis transite par le Honduras, qui est devenu l'un des principaux entrepôts des cartels mexicains.

La situation sécuritaire n'a cessé de se dégrader dans ce pays gangréné par la corruption et où l'impunité règne. Pour lutter contre les « maras », les gangs ultraviolents qui ont étendu leurs zones d'extorsion, M. Hernandez compte sur le déploiement de la police militaire, dont il prévoit de quintupler l'effectif.Ce recours aux militaires inquiète les défenseurs des droits de l'homme, alors que les assassinats d'avocats, de journalistes, de syndicalistes et de dirigeants paysans se sont multipliés depuis le coup d'Etat de 2009.

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DES TECHNICIENS DE POLICE FONT DES PRÉLÈVEMENTS SUR LE CADAVRE D'UN MEMBRE D'UN GANG, LE 21 NOVEMBRE 2013.  PHOTO TOMAS BRAVO

DEPUIS QUATRE ANS, LES INÉGALITÉS SE SONT ENCORE CREUSÉES

Avocat et sous-lieutenant de réserve âgé de 45 ans, Juan Orlando Hernandez appartient à la jeune garde du Parti national qui a appuyé le coup d'Etat de 2009. Elu député pour la première fois en 1997, il préside le Congrès depuis un peu moins de quatre ans. Lors de la primaire de son parti, son rival Ricardo Alvarez l'a accusé de fraude. Parallèlement à ses fonctions d'élu, il s'est lancé dans les affaires et possède une exploitation agricole, un hôtel, une radio et une chaîne de télévision.

Durant la campagne, M. Hernandez a pris soin de se démarquer du président sortant de son parti, Porfirio Lobo, qui laisse une situation économique désastreuse. Depuis quatre ans, les inégalités se sont encore creusées au Honduras, l'un des pays les plus pauvres des Amériques avec Haïti, la Bolivie et le Nicaragua : 66 % de la population vit dans la pauvreté. Lourdement endetté, confronté à un déficit qui va dépasser 6 % du produit intérieur brut cette année, l'Etat a du mal à payer les fonctionnaires et à équiper les policiers.

Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant régional) 
Journaliste au Monde

IMAGE DE LA SEMAINE

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PHOTO STRINGER CHILE. REUTERS CHEZ LIBÉRATION
Le 17 novembre 2013. Les supporters de la présidente socialiste Michelle Bachelet, qui brigue un second mandat, fêtent sa victoire au premier tour à Santiago au Chili. Elle affrontera au 2ème tour Evelyn Matthei, première femme conservatrice candidate à une présidentielle.

PRÉSIDENTIELLE AU HONDURAS : LE CANDIDAT DU PARTI DE DROITE AU POUVOIR EN TÊTE

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JUAN ORLANDO HERNANDEZ, CANDIDAT DU PARTI DE DROITE AU POUVOIR, FÊTE SA VICTOIRE À TEGUCIGALPA, CAPITALE DU HONDURAS, LE 24 NOVEMBRE 2013. PHOTO ORLANDO SIERRA
Les Honduriens semblent avoir privilégié la continuité, dimanche 24 novembre, en plaçant en tête de la course à la présidence Juan Orlando Hernandez, candidat du Parti national au pouvoir, qui a promis de lutter d'une main de fer contre une criminalité endémique. 
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HONDURAS: LES DEUX CANDIDATS AUX ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES SE DISENT VICTORIEUX
«JE SUIS LA PRÉSIDENTE DU HONDURAS»,
A AFFIRMÉ DE SON CÔTÉ SA PRINCIPALE

OPPOSANTE, XIOMARA CASTRO (GAUCHE),
 À PEU PRÈS AU MÊME MOMENT. 
PHOTO EL HERALDO 
Selon des résultats partiels portant sur un quart des suffrages, le candidat de droite totalisait 34 % des voix, devançant la candidate de gauche Xiomara Castro (28 %) et le Parti libéral de Mauricio Villeda (24 %), à l'issue d'un scrutin qui a fortement mobilisé les 5,4 millions d'inscrits.
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XIOMARA CASTRO, LA CANDIDATE DE LA GAUCHE AUX ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLE DU HONDURAS REVENDIQUAIT LA VICTOIRE DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2013. PHOTO MOISES CASTILLO 
Les bureaux de vote ont fermé une heure plus tard que prévu en ce jour d'élections présidentielles, législatives et municipales, en raison de l'affluence massive des électeurs. La journée s'est déroulée sans incident majeur, sous la surveillance de 25 000 policiers et militaires, dans le pays affichant le plus fort taux d'homicides de la planète – 85,5 pour 100 000 habitants en 2012, soit environ vingt meurtres par jour.


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SELON DES RÉSULTATS PARTIELS PORTANT SUR UN QUART DES SUFFRAGES, LE CANDIDAT DE DROITE TOTALISAIT 34 % DES VOIX, DEVANÇANT LA CANDIDATE DE GAUCHE XIOMARA CASTRO (28 %) ET LE PARTI LIBÉRAL DE MAURICIO VILLEDA (24 %), À L'ISSUE D'UN SCRUTIN QUI A FORTEMENT MOBILISÉ LES 5,4 MILLIONS D'INSCRITS. 

PANSER LES PLAIES DU COUP D'ÉTAT DE 2009

Epouse de l'ex-président Manuel Zelaya, renversé par un coup d'Etat en 2009, Mme Castro représentait une occasion historique d'alternance politique dans un pays dirigé par deux partis de droite (le Parti national et le Parti libéral) depuis plus d'un siècle. L'un des principaux enjeux de ce scrutin à un tour était de panser les plaies nées du coup d'Etat militaire qui avait renversé son époux Manuel Zelaya, élu en 2005 sur un programme libéral, lorsqu'il avait opéré un virage à gauche en se rapprochant notamment du Vénézuélien Hugo Chavez. Soutenu par la droite et les milieux d'affaires, le putsch avait profondément divisé le pays.
Omniprésent dans cette campagne présidentielle au côté de son épouse, M. Zelaya est candidat à un siège au Congrès, les Honduriens élisant également dimanche leurs 128 députés et leurs 229 maires. Candidate pour le parti de gauche fondé par son mari, Mme Castro a fait campagne sur le thème de la réconciliation, appelant de ses vœux un  « socialisme démocratique ».

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LES PREMIERS RÉSULTATS DES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DU HONDURAS 2013. EFE

« LE PRINCIPAL PROBLÈME EST LA VIOLENCE »

Actuel président du Congrès, M. Hernandez, homme d'affaires prospère âgé de 45 ans et partisan du coup d'Etat de juin 2009, parfois taxé d'autoritarisme, a de son côté mis l'accent sur le thème de la sécurité, promettant de lutter avec l'appui de l'armée contre une criminalité galopante. Un message apparemment bien perçu par la population.  « Le principal problème est la violence, causée par le chômage. Les gens se sont habitués à gagner de l'argent en tuant », estimait dans la journée Pedro Garay, un économiste retraité, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.

Cinq personnes ont d'ailleurs péri lors d'une fusillade dimanche à proximité d'un bureau de vote, dans le département isolé de Gracias a Dios dans l'est du pays, considéré comme un repaire de narcotrafiquants. Avant le vote, des analystes craignaient qu'un résultat serré ne soit porteur de contestations et de violences. Environ 800 observateurs étrangers ont été déployés pour garantir la transparence du scrutin.