vendredi 31 janvier 2020

ALLÉGATIONS DE VIOLATIONS GRAVES ET RÉPÉTÉES DES DROITS DE L’HOMME AU CHILI

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 « UN CAS EXCEPTIONNEL, INACCEPTABLE ET INTOLÉRABLE»
DESSIN ALEN LAUZAN 
Santiago du Chili, 31 janvier (Prensa Latina) De graves et répétées violations des droits de l’Homme ont été dénoncées par le Service de défense juridique de l’Université du Chili dans un rapport sur l’assistance, le suivi et l’observation de la question au cours des derniers mois.
Le texte de 218 pages présenté la veille dans cette capitale aborde le problème sous ses aspects qualitatif et quantitatif en dénonçant la gravité des violations et en rendant compte de leur ampleur au niveau de la société.

L’analyse porte sur la période allant du 18 octobre au 30 novembre 2019 et conclut qu’après avoir examiné toutes les informations recueillies, il est possible d’affirmer que  «  des violations graves, généralisées et systématiques des droits de l’Homme imputables à des agents de l’État chilien ont été commises ».

Il ajoute que les normes du droit international relatives au droit de protestation sociale et à l’usage nécessaire, légal et proportionnel de la force ont été violées, ce qui a conduit à une grave crise des droits de l’Homme dans le pays.

Au cours de la période analysée, 2 152 plaintes ont été déposées, dont 1 388 pour des blessures par balle, 214 pour des bombes lacrymogènes lancées sur le corps, 176 pour des passages à tabac par des carabiniers et 50 pour l’utilisation de gaz poivre.

Ont également été signalés 7 cas de collision avec des véhicules de police, 32 cas de violences sexuelles et 31 cas d’arrestation arbitraire.

Le document de l’Université du Chili conclut que l’État a violé les droits à la vie, à l’intégrité physique et psychique, à la liberté de la personne, à la liberté de réunion et à la liberté d’expression.

Le rapport s’ajoute à d’autres qui ont été élaborés par des organismes tels que l’ONU, Human Rights Watch et d’autres entités internationales et locales qui ont également dénoncé à la quasi-unanimité les violations des droits de l’Homme commises par des agents de l’État au cours des manifestations populaires depuis le 18 octobre.

jeudi 30 janvier 2020

PROCHE-ORIENT. LE LÂCHE ABANDON DU PEUPLE PALESTINIEN

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 «DEAL DU SIÈCLE»
Le plan présenté par Donald Trump donne le feu vert à Israël pour l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain. Le monde entier se tait.
[ Israël-Palestine Censé résoudre l’éternel conflit israélo-palestinien, ce plan fait l’objet de scepticisme de la part de nombreux observateurs. Mais surtout, pour ces mêmes observateurs, le timing de ce dévoilement s’imbrique stratégiquement dans l’agenda politique et judiciaire de Benjamin Netanyahou et de Donald Trump.  En effet, quoi de mieux que la présentation d’un plan de paix qui se veut capable de résoudre un des plus vieux conflits toujours en cours pour faire oublier ses déboires politiques et judiciaires à l’échelle nationale?   
​C’est d’ailleurs l’analyse que fait l’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël: «Le fait que le dévoilement de ce plan ait lieu au moment des discussions sur l’immunité de Netanyahou au Knesset et du procès pour destituer Donald Trump n’est pas une coïncidence», explique Dan Shapiro au micro d’Army Radio. Sputnik]
PHOTO AMMAR AWAD / REUTERS
C’est ce qui est appelé une répartition des rôles. Main dans la main, tels des marionnettistes, Donald Trump et Benyamin Netanyahou se sont partagé les effets d’annonce pour un « deal » qui se veut historique. De quoi contenter d’abord l’actuel locataire de la Maison-Blanche, marchand de biens de son état, pour qui le troc est une façon de faire de la politique. Devant un parterre choisi d’aficionados – des élus républicains, des représentants de l’aile droite de la communauté juive mais également des ambassadeurs de certains pays arabes –, Trump a dressé le cadre de ce qu’il a appelé son « plan de paix ». Il a pris bien soin de ne pas entrer dans les détails, mais les références bibliques à la Terre sainte laissaient peu de place à d’improbables interprétations.

À nouvelle politique, nouveau langage diplomatique

« UN FUTUR ÉTAT DE PALESTINE »

Rien d’étonnant en réalité puisque les États-Unis, depuis plusieurs mois, ont dit leur accord avec l’ensemble de la politique israélienne menée ces derniers temps sous la houlette de Benyamin Netanyahou. Le gendre de Trump, Jared Kushner, poussé dans ses retranchements par la journaliste de CNN, Christiane Amanpour, a lâché le morceau. Jusqu’à ce mardi qui restera très certainement dans les annales de l’histoire, la commaunauté internationale reconnaissait la ligne d’armistice de 1949 (brisée en juin 1967 par la guerre des Six-Jours), dite ligne verte, comme la frontière d’Israël. Peu importe pour celui qui a été chargé par son beau-père de dresser le fameux plan. Il l’a dit tout de go. « Peu importe 1967, ce qui compte c’est ce qui existe en 2020 », a-t-il expliqué en substance. Il est allé même plus loin, accusant les Palestiniens d’avoir « baisé » (screw up) toutes les chances qui leur avaient été offertes. À nouvelle politique, nouveau langage diplomatique.


CHILI: NOUVELLE FLAMBÉE DE VIOLENCES MEURTRIÈRES

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 PHOTO REUTERS / RODRIGO GARRIDO
« La journée la plus violente depuis le début de l'année 2020 », d'après la police. Près de trois mois et demi après le début d'un mouvement social historique au Chili en octobre, Santiago a connu mercredi soir une nuit de violences. Un manifestant est décédé au cours de ces débordements, et plusieurs policiers ont été blessés. Un regain de colère dû à la mort d'un supporter de foot mardi soir, écrasé par un camion de police à sa sortie du stade.
Par Justine Fontaine
« SPORT NATIONAL »
DESSIN ALEN LAUZAN 
Jorge Mora venait de sortir du match entre Colo Colo, son club favori, et une autre équipe de la capitale, mardi soir, quand il a été violemment percuté par un camion de police, qui ne s'est pas arrêté ensuite. Des supporters et des manifestants ont tenté de lui porter secours, malgré les canons à eau et les gaz lacrymogènes tirés par la police. Mais l'homme de 37 ans est mort avant d'arriver à l'hôpital.

Pour les ultras de Colo Colo et d'autres clubs de foot, souvent en première ligne lors des manifestations qui se déroulent depuis mi-octobre, ce décès est une démonstration de plus de la gravité des violences policières dans le pays.

Le conducteur du camion a été mis en examen pour homicide involontaire, et remis en liberté, sous contrôle judiciaire, dans l'attente de son procès.

Pour manifester leur colère contre la libération de ce policier, des centaines de personnes se sont rassemblées dans plusieurs quartiers de la capitale mercredi soir, ce qui a débouché sur des débordements violents : des véhicules ont été incendiés, des commerces et des supermarchés saccagés. Plusieurs policiers ont été blessés. Et un manifestant est mort écrasé pendant que d'autres tentaient de prendre le contrôle d'un bus.

De nouvelles manifestations sont attendues vendredi soir dans la capitale et dans plusieurs villes du pays. Depuis le début du mouvement social au Chili mi-octobre, au moins 30 personnes sont mortes, dont 6 par l'action des forces de l'ordre, et plus de 3 500 ont été blessées.

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mercredi 29 janvier 2020

VIDÉO : À SANTIAGO DU CHILI, LA GRANDE ÉVASION


 À SANTIAGO DU CHILI, LA GRANDE ÉVASION
  « À SANTIAGO DU CHILI, LA GRANDE ÉVASION»
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    Dans le centre historique de Santiago, la Moneda, le centre du pouvoir chilien, fait le bonheur des touristes venus assister à la relève de la garde. Pendant la dictature, le quartier abrite une prison réservée aux opposants politiques, principalement des intellectuels, qui vont très vite se muer en chefs de chantier.
    Pays : France  Année : 2019

    mardi 28 janvier 2020

    L´ACCUSATION CONTRE LE PRÉSIDENT DU CHILI PROGRESSE

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    DESSIN VINCENT RIF
    Santiago du Chili, 27 janvier (Prensa Latina) Une vingtaine d’autorités sont appelées à témoigner, et les enquêtes relatives à une nouvelle accusation contre le président Sebastián Piñera pour crimes contre l’humanité progressent.
    « FAIBLE AUDIENCE »
    DESSIN ALEN LAUZAN
    PIÑERAGATE
    Prensa Latina
    La plainte a été déposée le 16 décembre dernier devant le septième tribunal de garantie de Santiago par le sénateur Alejandro Navarro, du Parti progressiste (PRO), et concerne également l’ancien ministre de l’Intérieur Andrés Chadwick, le titulaire actuel de ce portefeuille, Gonzalo Blumel et le chef des carabiniers, le général Mario Rozas.

    Au cours de la dernière étape du processus, le juriste Mario Daza, qui est en charge de l’affaire, a demandé la déclaration de 20 autorités, ainsi que des informations à plusieurs institutions.

    Un reportage de Radio Bío Bío indique que l’objectif serait de recueillir des informations sur la mesure dans laquelle les décisions politiques prises par le mandataire ont conduit à des violations des droits de l’Homme lors des manifestations qui durent déjà depuis plus de cent jours.

    Le Contrôleur général Jorge Bermúdez, l’ex-présidente Michelle Bachelet, Karina Sosa, cheffe du Département des droits de l’Homme des carabiniers, Sergio Micco, directeur de l’Institut national des droits de l’Homme, et Paulo Abrao de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, sont appelés à déclarer.  

    Selon le texte de la pétition, les poursuites ont pour but de vérifier ou d’exclure la connaissance des membres de l’autorité civile, en particulier le président et les autres hauts fonctionnaires, concernant les attaques d’agents de l’État contre la population civile.

    Des renseignements ont également été demandés aux centres médicaux où des manifestants ont été soignés pour des blessures oculaires dues à l’utilisation de certains types de balles.

    Daza a également demandé que le parquet soit saisi d’une étude de la faculté des sciences physiques et mathématiques de l’Université du Chili, qui a confirmé que les balles utilisés par la police ne contenaient que 20 % de caoutchouc, le reste était composé de plomb, de baryum et de silicium.

    Le juge a expliqué que le but et la portée de la demande étaient que le Ministère Public mène une enquête pénale efficace, ce qui est très important, car le Chili est signataire du Statut de Rome.

    Il reconnaît en cela la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) en matière de crimes contre l’humanité, ce qui signifie que si la justice chilienne n’agit pas alors que la responsabilité des accusés est établie, l´entité internationale pourrait opérer dans le cas chilien.

    Daza a indiqué qu’il existait des indices clairs selon lesquels il y avait eu une attaque systématique grave commise par des agents de l’État.

    Il a ajouté qu’il existait un modèle de comportement de la police à l’égard des manifestants qui s’était mis en place depuis le début de l’explosion sociale dans tout le pays.

    jeudi 23 janvier 2020

    HOMMAGE AUX JOURNALISTES NON-MILITANTS DE BFMTV ET LCI


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    HOMMAGE AUX JOURNALISTES NON-MILITANTS DE BFMTV ET LCI. © MONTAGE TRA
    Après le coup d’éclat de Taha Bouhafs, “journaliste militant” accusé d’avoir signalé la présence d’Emmanuel Macron dans un théâtre, le journalisme non-militant a repris ses droits sur les chaînes info. Pour condamner les actions terroristes de syndicalistes radicalisés et vanter les réformes d’un gouvernement dépolitisé.
    Par Samuel Gontier
    Est-ce qu’on peut parler de climat insurrectionnel ? » demande Amélie Carrouër sur LCI, appuyée par le bandeau « Social : la violence comme mode d’action ». « La CGT est-elle hors de contrôle ? » interroge Olivier Truchot sur BFMTV, appuyé par le bandeau « Actions coup de poing : la CGT sans limite ? » Celui de 24h Pujadas questionne : « Radicalisation : qui sont les activistes ? » Certainement pas les journalistes de LCI ou de BFMTV… Enfin, je respire. Après un week-end pollué par Taha Bouhafs — « journaliste militant », « activiste » ou « militant islamiste », hésite BFMTV, bref, celui qui a osé informer qu’Emmanuel Macron se trouvait au théâtre des Bouffes du Nord — je renoue avec le journalisme non-militant.
     





    Dès dimanche soir, LCI donne la parole à un « éditorialiste politique » non-militant. Daniel Cohn-Bendit révèle : « À Clermont-Ferrand, pendant les vœux du candidat LREM aux municipales, une cinquantaine ou une quarantaine LFI, CGT et la candidate LFI attaquent le siège, cassent les vitres, commencent à cogner ceux qui sont dedans… C’est ça le problème. » Effectivement, pour tout journaliste non-militant, l’action violente de groupuscules radicalisés est problématique.Mut
    Le lendemain matin, l’éditorialiste non-militant insiste : « À Clermont-Ferrand, le groupe LREM veut faire ses vœux et lance la campagne municipale. Il y a une quarantaine de personnes, dont certains Insoumis, CGT, Gilets jaunes et tout ça, je sais pas, qui cassent, qui rentrent, qui veulent les empêcher de faire leurs vœux. » Dans un tweet militant, Marianne Maximi, militante LFI et candidate aux municipales, nie toute forme de violence en citant un article du journal La Montagne. Celui-ci, surtitré « Vérification », proclame : « Vitres brisées et personnes agressées dans la permanence d’Eric Faidy, candidat LREM… Quand Daniel Cohn-Bendit travestit la vérité sur LCI. » Et de prétendre qu’il ne s’est produit qu’une brève « bousculade ».
    Permettez-moi de douter. La Montagne ayant été créée en 1919 par un militant socialiste, il est fort probable qu’elle pratique un journalisme militant. Au contraire, en s’abstenant de contredire Daniel Cohn-Bendit, Amélie Carrouër et Audrey Crespo-Mara ont prouvé qu’elles étaient des journalistes non-militantes.





     

    Dimanche soir, BFMTV invite un sondeur non-militant, Stéphane Zumsteeg, d’Ipsos. Pour lui, « le gouvernement ne s’est pas trompé en jouant le pourrissement, en se disant que les Français seront toujours majoritairement favorable au mouvement mais c’est pas pour autant qu’on ira vers une amplification ». Nul besoin d’être militant pour comprendre que le gouvernement était visionnaire : « Et c’est ce qui s’est passé, il n’y a pas eu d’amplification du mouvement. » « Excusez-moi mais sur cette question de l’opinion, j’aimerais qu’on en revienne aux faits, proteste Benjamin Amar, militant CGT. Vous avez un sondage Ifop qui date d’aujourd’hui. Si vous cumulez les chiffres de l’opposition et de l’hostilité au mouvement, ça fait 33 %. Et vous avez 51 % des gens qui soutiennent ou qui ont de la sympathie. »
    Cette présentation du sondage est manifestement militante. Car BFMTV s’empresse d’afficher ses résultats à l’écran et là, surprise, les chiffres sont différents de ceux cités par le militant syndical : « 51 % soutiennent le mouvement, 49 % s’y opposent », proclame le graphique. BFMTV a tout simplement ajouté les 16 % de sondés « indifférents » aux 33 % opposés au mouvement. Prenant ainsi le contre-pied de l’information militante livrée par le syndicaliste de la CGT.





     

    Deux jours avant, le journaliste non-militant Christophe Barbier avait pareillement livré une analyse non-militante d’une étude selon laquelle 56 % des sondés s’opposent à la réforme des retraites, déduisant très logiquement : « Les Français sont profondément convaincus qu’il faut passer à la retraite par points. » Christophe Barbier poursuivait avec une interprétation tout aussi non-militante du sentiment des sondés à propos de la mobilisation contre la réforme : « On additionne généralement “sympathie” et “soutien”. Je suis pas d’accord ! Moi, j’ai de la sympathie pour les grévistes. Mais je les soutiens pas, parce qu’on n’a pas le droit d’empêcher les gens d’aller au boulot et de pourrir la vie des Franciliens comme ils l’ont fait. » Christophe Barbier offre là une définition toute particulière de la sympathie.
    Lundi, David Pujadas s’interroge sur LCI sur « le paradoxe France, déprimée mais attractive » (pour les investisseurs étrangers). Le journaliste non-militant est perplexe : « Les impôts ont baissé, il y a eu la prime pour l’emploi. » Et pourtant les Français râlent. Pour l’éclairer, Emmanuelle Ménard, présentée à l’écran comme « députée divers droite de l’Hérault » dans un souci de neutralité non-militante. À ses côtés, Romain Goupil, cinéaste non-militant. « C’est le paradoxe de Tocqueville, explique-t-il. Plus on résout les inégalités, plus l’inégalité la plus petite paraît insupportable. » Or, il saute aux yeux de tout journaliste non-militant que le gouvernement d’Emmanuel Macron « résout les inégalités » à marche forcée. Seuls les journalistes militants auront la mauvaise foi de prétendre que la fortune de Bernard Arnault est passée de 60 à 117 milliards d’euros en deux ans pendant que le taux de pauvreté augmentait.





     

    « Donc, poursuit Romain Goupil, comme ce pays va bien, les gens, les Gilets jaunes disent : “Pourquoi pas nous ? Pourquoi on a ce reste-à-vivre aussi peu (sic) alors que plein d’autres se gavent, n’arrêtent pas de profiter de la vie dans les villes, les ministères ?” » Ils sont jaloux, d’où leur mouvement exagérément militant. « Cette inquiétude du déclassement qu’a cette population… Il y a une espèce d’inquiétude anxiogène, au lieu de se dire : “Nom de Dieu, ce pays, par rapport aux retraites, au niveau de vie, à la protection sociale, aux hôpitaux, c’est un pays de cocagne !” » Surtout avec la providentielle réforme des retraites ou les largesses en faveur des hôpitaux offertes par notre gouvernement non-militant et saluées par tous les journalistes non-militants.
    « Romain Goupil a mis le doigt sur quelque chose qui est très juste, approuve Nicolas Bouzou, économiste non-militant. Quand vous regardez l’histoire, vous voyez que les périodes de troubles sociaux arrivent toujours quand il y a de la croissance et du pouvoir d’achat. C’est très exactement ce que l’on voit aujourd’hui. » Notre pays est trop riche, ce qui avive les passions des militants de tout poil : « Il y a une sorte de bataille pour la valeur. L’historiographie nous montre que 1789, c’est une période de croissance, d’augmentation du pouvoir d’achat. » Qui aurait perduré si on avait évité de couper sa tête au roi non-militant. « En 1895, le président Sadi Carnot se fait assassiner, c’est une période de croissance, l’économie française est la plus innovante. » Pareil quand Henri IV est assassiné par un militant nommé Ravaillac.





     

    David Pujadas en vient à la question de la « radicalisation » des militants. « Qui sont ces activistes qui ont tenté de s’en prendre à Emmanuel Macron au théâtre ou de mener d’autres opérations coup de poing ? Faut-il s’en inquiéter ou faut-il s’en accommoder ? » S’accommoder de la violence ? Seuls les militants terroristes y consentent. Ainsi, relève Olivier Truchot, présentateur non-militant de BFMTV, « la coupure d’électricité géante dans le sud de Paris, elle est revendiquée par la CGT », comme s’il s’agissait d’un attentat. Idem sur LCI, où un journaliste non-militant indique que la « nouvelle intrusion au siège de la CFDT a clairement été revendiquée par la CGT Energie. La précédente intrusion, vendredi dernier, a été revendiquée par la Coordination RATP-SNCF. C’est un groupe qui est assez proche du NPA ».





     

    Le journaliste pujadiste livre au public les noms de quelque-uns de ces terroristes militants, parmi lesquels Anasse Kazib, connu pour avoir fait allégeance au NPA.





     

    « En ce qui concerne le théâtre des Bouffes du Nord et l’incendie de la Rotonde, là, pas de revendication. » Même pas de Daesh ? « Au sujet du théâtre, on a entendu un nom, celui de Taha Bouhafs, c’est lui qui a signalé la présence du président par un tweet. » Un autre journaliste militant, David Dufresne, a prouvé que Taha Bouhafs n’était pas le premier à avoir informé de cette présence. « Il a 22 ans, il a été candidat en 2017 pour La France insoumise. » Preuve d’une militance exacerbée. « Depuis, il a pris ses distances, il se revendique comme “journaliste des luttes”, c’est lui qui a filmé Alexandre Benalla le 1er mai 2018. Il était aussi l’un des initiateurs de la marche contre l’islamophobie. » C’est donc aussi un militant islamiste.
    « Il se passe quelque chose de très inquiétant », réagit Romain Goupil. Nicolas Bouzou approuve son point de vue non-militant : « Il y a une radicalisation de l’opposition à la réforme des retraites qui est due au fait que cette réforme va passer. » Il suffit d’être non-militant pour le savoir. « Les syndicats qui demandaient le retrait ont perdu. » Par excès de militance. « Je voudrais ajouter que Les grandes gueules, l’émission de RMC, a été arrêtée vendredi dernier à Béziers. Ça, franchement, c’est atroce ! » Atroce, en effet, d’attenter à la liberté d’expression des réactionnaires non-militants des Grandes gueules.
    À propos de la violence des militants (syndicaux, pas libéraux), David Pujadas propose de revenir à « hier, lorsqu’on interrogeait sur cette chaîne Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry lors de leur traditionnel débat ». Luc Ferry, ancien ministre non-militant : « C’est arrivé à tous les présidents de la République… » « Vingt-sept tentatives d’attentat contre de Gaulle ! », complète Daniel Cohn-bendit, confirmant que les actions des syndicalistes sont bien des attentats.





     

    David Pujadas diffuse ensuite la réaction de Sibeth Ndiaye : « Si provoquer de la violence, c’est faire les réformes pour lesquelles vous avez été élu, je peux l’assumer. » En tant que non-militante de la non-violence. Suit Franck Riester, ministre de la Culture non-militante : « Nous sommes décidés à ne nous laisser manipuler par des individus politisés et radicalisés. » Alors que les membres gouvernements ne sont pas politisés et encore moins radicalisés. « Ça s’est complètement jaunisé », résume Romain Goupil en référence aux militants des Gilets jaunes.





     

    « À entendre ce qui se dit sur le plateau, proteste Nicolas Bouzou, on pourrait croire que le peuple français est en train de se révolter, de marcher sur l’Élysée. C’est évidemment pas du tout ce qui se passe. » Si des dizaines de professions s’insurgeaient, des enseignants aux musiciens de l’Opéra en passant par les avocats, les dockers ou les égoutiers, les journalistes non-militants le diraient. « Y a une réforme globalement impopulaire, comme la totalité des réformes économiques et sociales faites depuis vingt ou trente ans. Il n’y en a aucune qui a été populaire. » Les non-militants du libéralisme se sont pourtant échiné à convaincre qu’elles étaient indispensables au développement de la précarité, à l’enrichissement des détenteurs du capital et au démantèlement des services publics.
    « En revanche, poursuit Nicolas Bouzou, on a une radicalisation d’une partie de l’opposition. » Alors que la majorité, par définition, ne peut se radicaliser. « Les chaînes d’info en continu et les réseaux sociaux accroissent considérablement la rentabilité de cette radicalisation parce qu’elle est extrêmement visible. » Maudits réseaux sociaux noyautés par des militants. Quant aux chaînes info, il faudrait leur interdire de relayer les discours militants. « Mais ne faisons pas croire que le pays est à feu et à sang. » Quand un policier frappe à terre un militant ensanglanté, c’est par goût du non-militantisme.





     

    Sur LCP, je retrouve l’éditorialiste Roland Cayrol qui, à 78 ans, a passé l’âge de militer. « Moi, je crois que c’est plutôt une réforme de justice sociale, cette affaire de retraites. » Ce n’est pas être militant de l’affirmer. « Et c’est un paradoxe inouï de voir les catégories populaires plutôt contre alors que c’est censé être fait pour elles. » Ces catégories populaires se font intoxiquer par des militants alors même que tous les journalistes non-militants leur assurent à longueur d’antenne que cette réforme leur sera une bénédiction. « L’essentiel du problème, c’est qu’ils ne savent pas ce qui les menace ou les attend avec cette nouvelle formule de retraite. » Il faudrait user de pédagogie non-militante. « Donc c’est vraiment le problème : comment on fait pour mettre les citoyens dans le coup des réformes. » Sans jamais faire de militantisme, évidemment.
    Un bandeau s’affiche, « Christophe Barbier : profession journaliste ». Non-militant, ça va de soi. « On parle un peu de votre livre, Macron sous les masques, propose la présentatrice de LCP. De qui le président est-il le fils ? Sur le bandeau, vous fournissez quelques pistes, Louis XVI, Caligula, Giscard… Pourquoi y a pas Bonaparte ? » « Parce que je pense que c’est faux. Bonaparte n’a pas été élu, il a fait un coup d’État. » Alors que Louis XVI, lui, a été élu. « Si on peut le comparer, c’est peut-être à l’autre Bonaparte, élu comme lui à 40 ans président de la République. » Avant de fomenter un coup d’État non-militant.





     

    « Je pense qu’il est assez proche des deux Thiers, avance Christophe Barbier. Celui qui a servi Louis-Philippe et puis celui qui a installé la IIIe République. » En massacrant les militants de la Commune, c’est de bon augure. « Il est évidemment saint-simonien en économie mais il a aussi quelque chose de Schumpeter… C’est très complexe, les racines historiques de Macron. Il a raison d’ailleurs, il faut se construire de manière protéiforme pour correspondre à une modernité. » Tous les journalistes non-militants vous le diront : le président a toujours raison.
    « Du côté romanesque, précise Christophe Barbier, le premier Macron était évidemment stendhalien ; aujourd’hui il évolue. S’il veut embrasser le plus la France et n’oublier personne, y compris la France populaire, faut qu’il aille un peu vers Balzac. » « Rastignac ? », suggère la présentatrice limite militante. « Non, plutôt des figures plus consensuelles, peut-être le père Goriot, un modèle plus pompidolien, plus paternaliste. » Le paternalisme, voilà un mouvement non-militant, Pétain en est témoin. « Mais aujourd’hui, le penchant l’emmène vers quelque chose qui est plus à droite, on va être plus près de Mauriac. » Voire de Maurras, qui non-militait à l’Action française.





     

    « Vous racontez que, sous la nef du panthéon, il s’autorise à toucher et à relancer le pendule de Foucault… » « Ce pendule, explique Christophe Barbier, c’est ce qui prouve que la Terre tourne et donc, lancer ce pendule immense, c’est un geste extrêmement symbolique, c’est un peu comme mettre en marche le monde à l’aube des temps, et il s’offre ce petit plaisir. » En toute modestie. « Il a une volonté de se mettre dans une perspective historique. Y a une vision de l’Histoire chez cet homme. » L’Histoire avec une grande hache pour tailler dans les acquis sociaux et les services publics, diraient les journalistes militants.
    Comme la présentatrice l’interroge sur l’avenir du macronisme, Christophe Barbier craint qu’il n’y en ait pas en dehors de Macron. « Imaginons qu’il soit réélu en 2022… » Grâce aux louanges de journalistes non-militants dévoués à organiser son duel avec l’extrême-droite. « … Nous sommes dans l’obligation d’avoir un autre candidat macroniste pour 2027. » Pas du tout. Si son modèle est Napoléon (le Petit), il suffit à Emmanuel Macron de recourir à un coup d’État pour se maintenir au pouvoir.
    Sur BFMTV, on continue à s’interroger sur la « radicalisation » des militants CGT. Pour Jean Garrigues, historien non-militant, « le renoncement d’Édouard Philippe à l’âge pivot, qui a donné une victoire à la CFDT, c’est un tournant dans l’histoire des relations entre syndicats ». La victoire de Laurent Berger, syndicaliste non-militant, est indéniable : il a obtenu le retrait provisoire de l’âge pivot en attendant qu’il passe de 64 à 65 ans. « Il y a une forme de giletjaunisation du mouvement syndical de la CGT, la base a débordé les fédérations, ce qui explique cette forme de dérive. » Terroriste. « Y a des formes de manifestations du mouvement social expérimentées au moment du mouvement des Gilets jaunes qui ont gangrénées les pratiques syndicales. » Sans parler du journalisme, gangréné par des reporters militants.





     

    Olivier Truchot revient sur la prise de parole de Nicolas Sarkozy, qui s’inquiète d’un « climat de violences ». Mais pas de violences policières, cette inquiétude-là est réservée aux journalistes militants et aux militants droits-de-l’hommistes. Selon le présentateur non-militant, « il dénonce la tyrannie des minorités… » Mais pas celle de la minorité qui nous gouverne, plutôt celle de la minorité qui soutient majoritairement le mouvement social.





     

    Extrait du discours de l’ancien président : « Certains essaient d’allumer partout des feux de la discorde et de la haine. » Pour briser le consensus non-militant en faveur des réformes du gouvernement. « Je peux pas accepter ce spectacle-là. Parce qu’il abaisse notre pays. Et moi, je n’aime qu’une chose, c’est ce qui valorise la France. » Pour valoriser la France, Nicolas Sarkozy sera le premier président à être jugé pour corruption. « Ces scènes de violence, elles abaissent la France. » « C’est un Nicolas Sarkozy qui a pris de la hauteur, commente Olivier Truchot. Il parle en tant qu’ancien président, comme un sage. » Non-militant.