mardi 30 décembre 2014

LE CHILI VA RETROUVER SON DROIT DE GRÈVE

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SIGNATURE DU PROJET DE « LOI QUI MODERNISE LES RELATIONS DE TRAVAIL ». PHOTO JOSÉ MANUEL DE LA MAZA 

Le projet de loi, qui doit désormais être débattu au Parlement, interdit le remplacement des grévistes par d’autres travailleurs, un élément clé de la norme établie en 1979 par le général Pinochet pour combattre le droit de grève. Il rétablit aussi la négociation collective entre syndicats et plusieurs entreprises. «Nous sommes en train de rembourser une dette que nous avions envers les travailleurs et travailleuses du Chili», a déclaré Michelle Bachelet en signant ce projet.


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« NOUS COMMENÇONS À DÉMANTELER, LE PLAN LABORAL DE JOSÉ PIÑERA » « NOUS COMMENÇONS À DÉMANTELER, LE PLAN LABORAL DE JOSÉ PIÑERA » BÁRBARA FIGUEROA LA PRÉSIDENTE CUT


«PLAN LABORAL» PDF
L’ANCIEN MINISTRE DE PINOCHET JOSÉ PIÑERA QUI ÉLABORE, UNE NOUVELLE LOI DU TRAVAIL (LE « PLAN LABORAL »)  DE 1978 (DECRETO - LEY N°2756), QUI FUT IMPOSÉE POUR ÉTABLIR UN NOUVEL ORDRE SOCIAL, POUR RÉDUIRE LES ORGANISATIONS SYNDICALES À LEUR PLUS SIMPLE EXPRESSION. LA LIBERTÉ SYNDICALE ET LE DROIT DE GRÈVE ONT ÉTÉ BAFOUÉS ET LE MOUVEMENT SYNDICAL FORTEMENT RÉPRIMÉ, DÉSTRUCTURÉ ET AFFAIBLI.

La réforme suscite une vive résistance du milieu patronal, mais est soutenue par la Centrale unitaire de travailleurs (CUT), la plus grande confédération syndicale du pays. L’initiative «ne va pas dans le bon sens, car elle ne se soucie pas des problèmes de tous les travailleurs, mais seulement de donner davantage d’attributions et d’espace aux dirigeants syndicaux», a regretté le président de la Confédération de la Production et du Commerce (CPC), Andrés Santa Cruz. A l’inverse, la présidente de la CUT, Barbara Figueroa, a quant à elle estimé qu’il s’agissait d'«un pas considérable pour avancer vers la justice sociale». «Nous avons attendu des décennies pour retrouver le droit de grève».

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LE PRÉSIDENT  DU SYNDICAT PATRONAL « CP», ANDRÉS SANTA CRUZ

La loi du travail d’Augusto Pinochet n’autorisait les grèves que dans le cadre des négociations au sein d’une entreprise, les interdisant par exemple pour des thématiques sociales plus générales. Sous la dictature du général chilien (1973-1990) des centaines de dirigeants syndicaux ont été persécutés, torturés, envoyés en exil ou assassinés. Encore aujourd’hui, le taux de syndicalisation au Chili n’est que de 14%, soit l’un des plus bas d’Amérique latine.

Michelle Bachelet, elle-même torturée sous la dictature, a fait une priorité de son mandat d’abolir les lois héritées de la période de la dictature, qui a fait plus de 3 000 morts et disparus.

AFP

lundi 29 décembre 2014

UNE DÉLÉGATION DU PCF AU CHILI

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DÉLÉGATIONS DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS (PCF) ET DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN (PCCH) À SANTIAGO DU CHILI, 24 DÉCEMBRE 2014
Une délégation du PCF conduite par Pierre Laurent est partie à la rencontre des progressistes en Équateur, en Bolivie et au Chili, du 14 au 23 décembre 2014.
Afin de resserrer les liens d'amitié et de coopération entre le Parti communiste français (PCF) et le Parti communiste chilien (PCCh), une réunion fut organisée à Santiago entre les délégations des deux collectivités.

À la rencontre ont participé le président du PCCh, le député Guillermo Teillier, et Pierre Laurent, sénateur et secrétaire général du PCF. Il y avait  également Lydia Samarbarkhsh, Secrétaire de Relations Internationales du PCF et Obey Ament, Responsable pour l'Amérique latine des communistes français  ; César Bunster, Chargé de Relations Internationales du PCCh,  et Lorena Pizarro, membre de la Commission Politique des communistes chiliens.

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 PIERRE LAURENT ET GUILLERMO TEILLIER
Les dirigeants du PCF  effectuaient une tournée en Amérique latine, notamment en Équateur et en Bolivie, et avaient l'intention d'aller au Chili pour connaître la réalité chilienne, principalement pour deux raisons. D'abord, parce que du point de vue politique, le Chili a toujours été très proche du peuple français et, deuxièmement en raison  de l’expérience actuelle dans le pays avec le gouvernement de la Nouvelle Majorité, la participation du PCCh dans ce gouvernement et tout ce qui touche au mouvement étudiant et au mouvement social au Chili. Les participants ont souligné qu'il existait en France un grand intérêt pour cette expérience, y compris dans le Parti socialiste de français.

Les délégués ont signalé que cet intérêt pour le Chili existe depuis toujours dans le PCF et dans le peuple français, et particulièrement en ce qui concerne le Chili d'aujourd'hui.

Les dirigeants communistes français ont indiqué que le Chili était considéré comme «  une source d'inspiration et d'apprentissage, en prenant quelques éléments qui peuvent s'incorporer à l'analyse politique en France, et pour pouvoir sortir de la conjoncture actuelle  ».

Pour connaître le travail actuel du PCCh, les communistes français se sont entretenus avec la Ministre du Service National de la Femme (SERNAM), Claudia Pascual, et avec Camilo Ballesteros, Directeur National de la Division d'Organisations Sociales (DOS), pour connaître le travail d'autorités communistes à un niveau gouvernemental, et ils ont participé à d'autres réunions avec des dirigeants syndicaux et sociaux et du PCCh.

vendredi 26 décembre 2014

ANTARCTIQUE : QUATRE PERSONNES SAUVÉES D'UN YACHT ÉCHOUÉ

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Une visibilité réduite par les intempéries

L'échouage a été signalé par la base polaire polonaise « Arctowsky » aux autorités maritimes chiliennes de l'Antarctique, qui ont immédiatement relayé l'information à un navire de patrouille de la marine argentine.

Le navire de secours argentin et un hélicoptère des forces aériennes du Chili ont retrouvé le yacht échoué à 30 mètres de la côte dans des conditions météorologiques difficiles et alors que la visibilité était réduite par les intempéries.

Les quatre occupants du yacht et leur embarcation ont été transportés par le navire argentin vers les installations de cette base polonaise de l'Antarctique.

mercredi 24 décembre 2014

AU CHILI, LA VOLONTÉ D’EN FINIR AVEC L’ÈRE PINOCHET

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MICHELLE BACHELET . PHOTO RODRIGO LÓPEZ PORCILE
Au cours de sa campagne, elle avait promis de mettre en marche dans les cent jours après son élection un programme de cinquante réformes, fondé sur la révision d’un système hérité de la dictature. La Présidente souhaite se libérer de ce legs encombrant, notamment à travers trois réformes emblématiques : celles de la fiscalité, de l’éducation et de la Constitution. Ces mesures, qu’elles n’avaient pas réalisées lors de son premier mandat (2006-2010)[ii], apparaissent comme les plus importantes depuis le retour de la démocratie.


Une réforme fiscale nécessaire

La réforme fiscale était le premier chantier auquel souhaitait s’attaquer Michelle Bachelet. Approuvée par le Congrès en septembre dernier, la réforme va permettre à l’Etat de récupérer plus de 8 milliards de dollars et de rééquilibrer ses comptes. Pour y parvenir, les entreprises verront leur impôt sur les sociétés passer de 20 à 27%. Certaines taxes, notamment celles portant sur l’alcool, les boissons sucrées et les cigarettes, vont aussi augmenter : celles portant sur le vin et la bière vont par exemple passer de 15 à 20.25%. Les mesures pour lutter contre l’évasion fiscale seront aussi renforcées. Ces mesures, qui laissent le monde de l’entreprise très sceptique, vont contribuer à un système plus juste et vont surtout permettre de financer la réforme du système éducatif chilien, l’un des plus inégalitaires au monde.

Pour un système éducatif gratuit et de qualité

Sous la dictature d’Augusto Pinochet, l’éducation a été privatisée, réduisant au maximum le rôle de l’Etat dans ce domaine. Il en résulte un enseignement régi par la logique du bénéfice qui n’est pas forcément de qualité. L’accès à l’éducation supérieure implique un endettement excessif et de nombreux Chiliens abandonnent leurs études pour des raisons financières. L’université coûte très chère : les étudiants doivent s’endetter sur dix ou quinze ans, parfois plus, pour pouvoir obtenir un diplôme. Ce système a déclenché de nombreuses manifestations au Chili, notamment depuis 2011, où les étudiants réclament un enseignement gratuit et de qualité.

Depuis que la réforme des impôts a été votée au Congrès, le débat sur l’éducation s’est accéléré. Le but principal est de parvenir à la gratuité, notamment dans le système universitaire, d’ici à six ans et de mettre fin aux profits récoltés par les écoles privées. Face à cette réforme, les réactions sont virulentes et de grands désaccords sur des questions de fond apparaissent : il est difficile de satisfaire à la fois le mouvement des étudiants, les parents d’élèves et les membres de la coalition, dont certains, propriétaires d’écoles subventionnées, bénéficient directement du système éducatif lucratif, symbole des inégalités sociales. Cette réforme, bien qu’urgente, est donc semée d’embûches.

Vers l’élaboration d’une nouvelle constitution ?

Le projet le plus ambitieux de la présidente socialiste est la rédaction d’une nouvelle constitution. L’actuelle, approuvée en 1980, fut rédigée par le Général Pinochet. Le Chili a besoin d’une constitution qui ne soit pas liée aux années de la dictature mais la chose n’est pas aisée : il faut la majorité qualifiée au Congrès et Michelle Bachelet ne dispose que de la majorité simple. Cette dernière va devoir convaincre des élus indépendants et de droite, très peu favorables à un tel changement.

Ce sera d’autant plus difficile que la présidente subit actuellement une chute de sa popularité. Seulement 38%[iii] des Chiliens soutiennent sa politique. Alors que le Chili fait face à un ralentissement de son économie avec une croissance de 2%[iv], la réforme fiscale suscite des inquiétudes, notamment de la part de la classe moyenne. Pour beaucoup, cette réforme remet en cause les succès macroéconomiques qu’a accomplis le Chili ces dernières années.

Le pluralisme de la presse en question

Cette impopularité relève surtout des médias. Contrôlés par l’opposition, ils mènent une campagne de dénigrement quasi-systématique contre les actions menées par le gouvernement. Le principe d’un système médiatique pluraliste est ainsi une vraie question au Chili. Les principaux journaux du pays sont dirigés par deux grands groupes qui contrôlent le secteur des médias chiliens. Les quotidiens qui ont supporté la dictature, comme El Mercurio, porte-parole du régime autoritaire, continuent à être les journaux prépondérants d’aujourd’hui.

Le Chili est donc encore profondément marqué par les années Pinochet : les vestiges hérités de la dictature sont nombreux, les décrets régissant le système de protection sociale ou la loi interdisant l’avortement en sont des exemples emblématiques. Si Michelle Bachelet a réussi à faire adopter en peu de temps la réforme fiscale pour financer son projet éducatif, cette réforme, bien qu’urgente, devra donc surmonter beaucoup d’obstacles.

L’avortement en question

Jusqu’en 1989, l’avortement thérapeutique était autorisé au Chili, avant d’être interdit sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). En 24 ans de démocratie et sous la pression de l’Eglise catholique et de groupes conservateurs, aucune initiative juridique pour le rétablir n’a abouti. Pourtant, aujourd’hui, plus de 70% des Chiliens approuvent l’avortement thérapeutique en cas de risque pour la santé de la mère, de non-viabilité du foetus ou de viol, selon les sondages.

La présidente est fortement engagée en faveur des droits des femmes dans un pays ultraconservateur, où le divorce n’a été légalisé qu’en 2004. Michelle Bachelet, qui a été directrice exécutive d’ONU Femmes, s’est montrée très favorable à l’avortement thérapeutique et souhaite le dépénaliser pour les trois situations citées plus haut.



[i] Le Chili est un des membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques les plus inégalitaires, le revenu des 10 % les plus riches étant vingt-six fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres.

[ii] Au Chili la loi empêche la réalisation de deux mandats consécutifs. De 2010 à 2014, le Chili a été dirigé par le président de droite Sebastian Piñera, un chef d’entreprise millionnaire.

[iii] Pagina 12, 7 septembre 2014

[iv] Pour le Chili, dont l’économie a cru à un rythme annuel supérieur à 5% durant vingt ans, une croissance à 2% est donc faible

jeudi 18 décembre 2014

CUBA : LE PAPE FRANÇOIS REDONNE DU POIDS AU VATICAN

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Tous deux avait choisi le pragmatisme en ne refusant jamais le dialogue avec le régime communiste. Le présent succès de la diplomatie vaticane est le fruit d'une longue médiation du Saint-Siège et de l'Église cubaine dans le récent processus de démocratisation sur l'île. Le Vatican a confirmé que Jorge Bergoglio avait adressé deux lettres aux présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro, puis que la secrétairerie d'État avait reçu des délégations des deux pays en octobre pour une mission de bons offices.

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GRAFFITI DU PAPE FRANÇOIS

Ce succès de François, salué par Barack Obama, permet à la diplomatie vaticane de retrouver la visibilité qu'elle avait avec Jean Paul II, au moment de la chute du Rideau de fer. Secrète et silencieuse, celle-ci n'a pourtant jamais cessé d'oeuvrer, le réseau diplomatique des nonces étant un des plus étendus du monde. Mais avec le pape théologien Benoît XVI, plus en retrait, moins médiatique, et avec des prises de parole moins fortes, cette diplomatie avait quelque peu perdu de sa vigueur. Le style de la diplomatie de François est assez différent de celui de Jean Paul II, pape polonais très ouvertement politique et en première ligne dans la chute du communisme en Europe de l'Est.

mercredi 17 décembre 2014

LE RAPPROCHEMENT CUBA-USA

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APRÈS DES MOIS DE NÉGOCIATIONS SECRÈTES, LE PRÉSIDENT CUBAIN, RAUL CASTRO, ET SON HOMOLOGUE AMÉRICAIN, BARACK OBAMA, ONT ANNONCÉ LA RESTAURATION DES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE LEURS DEUX PAYS. PHOTO YAMIL LAGE

CASTRO : « NOUS AVONS DÉCIDÉ DE RÉTABLIR LES RELATIONS AVEC LES ÉTATS-UNIS »

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DESSIN DE DARIO CASTILLEJOS , MEXIQUE 
Concrètement, les Etats-Unis vont « rouvrir une ambassade à La Havane », dans un délai qui n'a pas été donné par M. Obama, et l'embargo, en vigueur depuis 1962, sera examiné par le Congrès, seul habilité à décider d'une éventuelle levée. L'objectif de cet embargo était de précipiter la chute du régime cubain mis en place après la révolution de 1959, le Etats-Unis étant le débouché traditionnel de l'économie cubaine. Mais les décennies ont passé sans que les restrictions économiques et financières produisent de résultats probants. « Les sanctions ont eu relativement peu d'effet, l'isolement n'a pas fonctionné », a d'ailleurs reconnu M. Obama.

PHOTOMONTAGE OBAMA CHE 
«Nous avons décidé de rétablir les relations avec les Etats-Unis », a dit presque au même moment Raul Castro, prônant «un dialogue respectueux avec les Etats-Unis» et «des mesures mutuelles pour aller vers la normalisation». «Cela ne veut pas dire que le principal est résolu, l'embargo doit cesser », a-t-il ajouté, reconnaissant «nos différences en matière de démocratie et de droits de l'homme, mais nous sommes disposés à discuter ».

Avant ces discours, plusieurs responsables américains cités par l'agence Associated Press et le New York Times affirmaient que les Etats-Unis allaient alléger les restrictions sur les voyages et le commerce qui touchaient l'île.

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CAPTURE D'ÉCRAN LE PRÉSIDENT CUBAIN RAUL CASTRO
LORS D'UNE INTERVENTION TÉLÉVISÉE, 
LE 17 DÉCEMBRE 2014 À LA HAVANE - CUBA TV  
Dans l'après-midi, le gouvernement cubain avait libéré l'Américain Alan Gross, 65 ans, en prison sur l'île depuis cinq ans pour espionnage. Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l'agence fédérale américaine pour le développement international (Usaid). Dans la foulée, le gouvernement cubain a aussi libéré cinquante-trois prisonniers politiques, selon un responsable américain. Aux Etats-Unis, trois personnes considérées comme des prisonniers politiques par Cuba ont été libérées.

LE RÔLE CLÉ DU PAPE


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Le pape François a joué un rôle d'intermédiaire essentiel dans ce rapprochement historique. A l'annonce des deux chefs d'Etat, le Vatican a fait part de  la « grande satisfaction » du pape concernant «une décision historique ». Selon un haut responsable américain, cité par le New York Times, François avait lancé un appel personnel à Barack Obama dans une lettre « cet été », et séparément à Raul Castro. Le Vatican, dont Cuba est un des dossiers diplomatiques privilégiés, avait accueilli des délégations des deux pays pour finaliser le rapprochement. Par contre, Fidel Castro n'aurait «pas été impliqué dans les discussions».


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 AFFICHE POUR LA CAMPAGNE
LIBERTÉ POUR LES CINQ CUBAINS
Des signes de détente étaient apparus ces dernières années. Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel en 2006, a mis un frein aux diatribes antiaméricaines. Barack Obama a lui pour sa part assoupli les règles qui s'appliquent aux voyages vers l'île communiste. La publication, il y a quelques mois, d'un éditorial du New York Times intitulé « Il est temps d'en finir avec l'embargo sur Cuba », avait été jugé « d'une grande habileté » par Fidel Castro.

VENEZUELA : DE L’INTERNATIONALE SOCIALISTE À L’INTERNATIONALE PUTSCHISTE

L’extrême violence déclenchée de février à août 2014 a provoqué la mort de quarante-trois personnes — opposants, « chavistes », membres des forces de l’ordre ou même « indifférents » se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment — et des centaines de blessés. Menée par un douteux cocktail dans lequel ont été impliqués des membres d’organisations d’extrême droite, des délinquants de droit commun et des paramilitaires colombiens, elle a eu pour conséquence l’arrestation et la détention de M. López, en attente de jugement, et la mise en examen de Mme Machado.

Historiquement, l’Internationale socialiste (IS) est liée, au Venezuela, au parti Action démocratique (AD). Lorsque celui-ci, le 27 février 1989, a déclenché une répression sauvage contre une insurrection populaire due à la pauvreté, le « Caracazo » — entre trois cent quarante-sept morts, chiffres officiels, et trois mille victimes, bilan généralement admis —, l’IS a pudiquement détourné les yeux. Lorsque AD a pris une part active dans la tentative de renversement de Chávez, en avril 2002, l’IS, comme M. George W. Bush, l’a appuyé. Si l’on se faisait l’avocat du diable, on pourrait au moins plaider que ces aberrations ont eu lieu « au nom d’une vieille amitié »... Mais l’argument ne tient plus. Tournant le dos à l’ensemble de la gauche latino-américaine qui, toutes tendances confondues, de l’Argentine au Brésil, de l’Equateur à la Bolivie, de l’Uruguay au Nicaragua, a dénoncé la tentative de déstabilisation du Venezuela « bolivarien », l’IS, sous l’auguste présidence du grec George Papandreou, poursuivant sa dérive anti-démocratique et haineuse, vient d’accorder à Volonté populaire, ce 14 décembre, le statut de membre permanent.

mardi 16 décembre 2014

GDF SUEZ VA CONSTRUIRE UNE CENTRALE ÉLECTRIQUE AU CHILI

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1,4 MILLIARD D'EUROS

Pour produire l'électricité nécessaire, GDF Suez va construire une centrale électrique à Mejillones, dans la partie nord du Chili, où arrive du gaz naturel liquéfié. L'investissement est évalué à 1 milliard de dollars, soit 800 millions d'euros.

L'électricité sera ensuite acheminée du nord vers le centre du Chili grâce à une nouvelle ligne à haute tension de 600 kilomètres, ce qui nécessite un deuxième investissement de l'ordre de 700 millions de dollars, soit 560 millions d'euros.

Ce projet d'un total de 1,4 milliard d'euros devrait aider le groupe tricolore à atteindre son objectif : dépasser l'italien Enel et l'américain Aes pour devenir le premier producteur d'électricité à capitaux privés en Amérique latine d'ici à trois ans.


CHILI : PRÉVISION DE CROISSANCE REVUE À LA BAISSE

La Banque centrale du Chili (BC) a réduit aujourd'hui, pour la quatrième fois depuis le début de l'année, sa prévision de croissance pour 2014 à 1,7%, contre 1,75% à 2,25% auparavant, soulignant la faiblesse de l'activité et de la demande interne. "Le chiffre de croissance pour cette année est un reflet de l'affaiblissement de l'activité au troisième trimestre et de sa prolongation jusqu'au dernier quart de l'année", indique la Banque Centrale, lors de la présentation devant le Sénat de son rapport de politique monétaire.
LeFigaro.fr avec AFP  
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À cela s'ajoutent les «attentes des consommateurs et des entreprises qui jusqu'ici n'ont pas fait preuve de l'amélioration prévue il y a encore quelques mois », selon le rapport présenté par Rodrigo Vergara, président de la BC.

Trois baisses en un an 

La Banque centrale avait déjà réduit à trois reprises sa prévision de croissance cette année, dans un contexte de ralentissement de l'économie, affectée par la chute des exportations de matières premières vers la Chine et une faible consommation interne. « La croissance de la consommation privée a été faible et l'investissement a continué à baisser en termes annuels », ajoute le rapport.

La Banque centrale a également abaissé les prévisions de croissance pour 2015, les situant entree 2,5% et 3,5%.

Par ailleurs l'inflation en 2014 est de l'ordre de 4,4% et en 2015 devrait se situer autour de 3%, selon la BC.

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jeudi 11 décembre 2014

CHILI : MINUTE DE SILENCE DE L'UDI À L’ASSEMBLÉE POUR PINOCHET

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« PAS UNE SECONDE D'HOMMAGE POUR LE GÉNOCIDAIRE », 
 DES DÉPUTÉS DE GAUCHE PROTESTENT 
 CONTRE L'HOMMAGE À PINOCHET. 
 PHOTO AGENCIA UNO


C'est avec mécontentement qu'ont réagi plusieurs parlementaires de la Nouvelle Majorité, suite à la demande du député l’UDI, Ignacio Urrutia, qui sollicitait d’observer une minute de silence à la Chambre des députés, pour commémorer les huit ans de la mort de l'ancien dictateur Augusto Pinochet, décédé le 10 décembre 2006 à Santiago du Chili.

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  DESSIN PIERRE KROLL 
La requête faite par le parlementaire a immédiatement provoqué la colère des législateurs de la majorité et d'autres secteurs. Certains d'entre eux choisirent même de quitter la Salle. Le chef du groupe Démocrate-chrétien (DC), Matías Walker, a réagi à travers son compte Twitter en manifestant son désaccord avec la demande.

mardi 9 décembre 2014

URUGUAY : PRISONNIERS DE GUANTÁNAMO, SOYEZ LES BIENVENUS !

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CORI CRIDER, AVOCATE DE L'ANCIEN PRISSONNIER JIHAD AHMED MUJSTAFA DIYAB, 
MONTRE UNE PHOTO DE SON DÉFENDU. PHOTO EL OBSERVADOR 
À la suite d'un accord passé entre le ministère américain de la Défense et le président de l'Uruguay José Mujica, les six détenus – quatre Syriens, un Palestinien et un Tunisien – ont été accueillis à Montevideo le 7 décembre en début de matinée. « Ils auront le statut de réfugiés mais le jour où ils souhaiteront quitter notre pays ils en auront le droit », a expliqué José Mujica lors d'une émission à la télévision nationale. En mars, le président Mujica (qui quittera le pouvoir en mars 2015 au profit de Tabaré Vázquez, conformément à la règle qui n'autorise pas deux mandats présidentiels consécutifs dans le pays) s'était déclaré prêt à accueillir des détenus de Guántanamo dans le cadre d'un processus de libération de prisonniers jugés peu dangereux par le ministère de la Défense américain. 

« Ils reviennent de l'enfer »

Les nouveaux arrivants ont d'abord été orientés vers les hôpitaux de la capitale, compte tenu de leur état de santé. « Ils reviennent de l'enfer », titre le quotidien El Observador qui rapporte que l'un des détenus, Abu Wa'el Dhiab, avait entamé début 2013 une grève de la faim et avait été alimenté contre son gré et presque continûment par une sonde. 

Si les ONG telles que Human Rights Watch se félicitent de ce transfert, tout comme les Etats-Unis qui ont remercié l'Uruguay de « ce pas énorme », l'opposition uruguayenne se montre moins enthousiaste. Un sénateur du parti Colorado reproche à son gouvernement de « n'avoir jamais consulté les représentants de l'opposition pour les informer de cette arrivée » – qui a été entourée de la plus grande discrétion –, cite le quotidien La Diaria. Selon un sondage de l'institut uruguayen Cifra, 58 % des Uruguayens se prononcent contre l'accueil de ces prisonniers et 40 % estiment que ce projet aurait dû être voté par le Parlement plutôt que décidé unilatéralement par le président.

COURRIER INTERNATIONAL | SABINE GRANDADAM

SIX PRISONNIERS DE GUANTÁNAMO TRANSFÉRÉS EN URUGUAY

SIX PRISONNIERS DE GUANTÁNAMO TRANSFÉRÉS EN URUGUAY
Barack Obama avait fait en 2008 de la fermeture de la prison installée sur la base américaine de Guantanamo l'un de ses engagements présidentiels, promesse qu'il n'a pas pu tenir en raison notamment des obstacles soulevés par le Congrès à majorité républicaine.

SEPT AUTRES DÉTENUS TRANSFÉRÉS DEPUIS NOVEMBRE

Le transfèrement des six hommes vers l'Uruguay était prévu depuis plusieurs mois. Il a apparemment été bloqué par le département de la défense, puis à nouveau retardé en août pour des raisons de politique intérieure uruguayenne, à l'approche de l'élection présidentielle du 30 novembre. L'échéance étant passée, le président sortant José Mujica a donné son feu vert à l'accueil des six anciens détenus. Ceux-ci ont été admis à l'hôpital pour des examens médicaux à leur arrivée à Montevideo.

Sept autres prisonniers de Guantanamo ont été transférés depuis le début du mois de novembre : trois en Géorgie, deux en Slovaquie, un vers l'Arabie saoudite et le dernier au Koweït.

vendredi 5 décembre 2014

LE CHILI LÈVE DE LA DETTE EN EUROS POUR LA PREMIÈRE FOIS EN DIX ANS

DESSIN VICTOR JUHASZ



Les conditions de financement du pays sur les marchés financiers s'améliorent depuis le début de l'année : le rendement des obligations chiliennes d'échéance 2022 s'est détendu de 100 points de base. Le Chili est le pays le mieux noté d'Amérique latine : la note de crédit attribuée par Standard & Poor's s'élève à AA-, au-dessus du Mexique (BBB+). Comme d'autres pays émergents, l'Etat chilien profite de la situation favorable des marchés, avant que la Réserve fédérale américaine ne remonte ses taux.

mardi 2 décembre 2014

URUGUAY : TABARÉ VÁZQUEZ DE RETOUR À LA PRÉSIDENCE

Le journal rappelle que "l'opération retour [de Vázquez] avait commencé plus difficilement que prévu, comme si le bon mandat de Mujica l'avait mis mal à l'aise. L'incroyable transformation de Pepe Mujica en star de la politique internationale a semé encore plus le doute : est-ce que la société uruguayenne voulait revenir au style de Tabaré Vázquez ?" D'après El Observador, sa relation avec le président sortant sera un facteur clé des cinq prochaines années. "Elle a eu ses hauts et ses bas, avec des moments affectueux et des épisodes très critiques, voire des affrontements. Tabaré Vázquez devra gérer un Frente Amplio bien distinct de celui de 2004."

Le quotidien uruguayen El País précise que Vázquez va commencer, en mars 2015, son deuxième mandat dans des circonstances très différentes du premier. "En 2005, le pays sortait de la plus grave crise économique de son histoire, ce qui avait laissé une profonde et douloureuse cicatrice aux Uruguayens. Aujourd'hui, après dix ans de prospérité économique, il n'y a pas de gros nuages de changement à l'horizon. Mais il faut protéger la situation intérieure du pays. La société uruguayenne est blessée par l'usage abusif de la part de l'actuel gouvernement des termes "nous" et "eux", les "bons" et les " mauvais", pour justifier certaines mesures. Et on a perdu la sensation d'être tous des compatriotes. Voici le principal défi de Vázquez : reconstruire l'unité du peuple uruguayen, qui n'apparaît que lors des triomphes de son équipe nationale de football."
COURRIER INTERNATIONAL | NATHALIE KANTT

vendredi 28 novembre 2014

CAMPAGNE ANTI-AVORTEMENT DANS LES RUES DE SANTIAGO AU CHILI

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L’opération a débuté après que la proposition de loi sur l’avortement pour raison de non-viabilité du fœtus, de risque pour la vie de la mère et pour viol ait été discuté à la Chambre des députés du Chili, le 11 Novembre.

« Vous ne pouvez pas parler d’avortement sans savoir exactement de quoi on est entrain de parler», dit le mouvement sur son site Internet. Il assure que «cette initiative fait partie d’une campagne d’éducation publique sur la réalité de l’avortement. Par des graphiques et explications explicites, elle cherche à éliminer les concepts abstraits et montrer la réalité cachée » .

 « Nos photos montrent ce qui arrive à un enfant lorsqu’il y a avortement. On montre que ce n’est pas le corps de la femme qui avorte. On avorte un être distinct » expliquent les organisateurs qui espèrent poursuivre l’initiative dans d’autres régions.


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Informaborto est un [soi-disant] groupe apolitique, [  ] non confessionnel né en réponse à l’appel de la présidente du Chili, Michelle Bachelet, demandant un « débat mature, informé et avec « hauteur de vue » sur la loi sur l’avortement. »

En utilisant de vraies images et une information actualisée sur les aspects médicaux , sociologiques, juridiques, Informaborto prétend «révéler la manipulation du langage de l’avortement destiné à dissimuler, confondre et de cacher la vérité de l’avortement »

La porte-parole d’Informaborto.org, Rosana Landaluce, a dit à la radio chilienne ADN qu’il existe «une campagne systématique de désinformation envers les femmes » et elle a comparé l’avortement à un génocide.

« C’est un individu, de l’espèce humaine qui est rejeté par discrimination, par eugénisme…. Hitler a fait de même. Nous n’allons pas rejeter les enfants.. . En Espagne il n’ y a plus d’enfants avec le syndrome de Down, l’hydrocéphalie ou la fente labiale. Si nous commençons à mettre les gens sous contrôle de qualité, nous pourrions rester sans personne »

mercredi 26 novembre 2014

CHILI: L'INTERDICTION D'AVORTER POURRAIT DISPARAÎTRE

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L'AVORTEMENT THÉRAPEUTIQUE A ÉTÉ AUTORISÉ AU CHILI PUIS ABOLI DURANT LA DICTATURE D'AUGUSTO PINOCHET (1973-1990). CHILI : LOIS CONTRE L'AVORTEMENT - UN RECUL POUR LES DROITS DES FEMMES 

Aujourd'hui pourtant, plus de 70% des Chiliens approuvent l'avortement thérapeutique en cas de risque pour la santé de la mère, de non-viabilité du foetus ou de viol, selon les sondages. « Il y a un changement très profond dans les mentalités et aujourd'hui les citoyens exigent » le droit à l'avortement thérapeutique, assure Claudia Dides, du Mouvement pour l'avortement légal.

Sans d'autre choix que de continuer sa grossesse, l'enfant de 13 ans - dont l'identité n'a pas été révélée - a donné naissance le 5 novembre à un bébé qui n'a survécu que quelques heures en raison de malformations cardiaques. La jeune Belen a, elle, accouché l'an dernier d'un bébé en bonne santé, confié à un réseau d'adoption.

Toutes deux, si elles avaient avorté, risquaient jusqu'à cinq ans de prison, même si, selon une étude officielle, aucune femme chilienne n'a été emprisonnée ces dernières années pour ce délit. Le gouvernement de Michelle Bachelet s'est donné jusqu'au 31 janvier prochain pour envoyer au Congrès un projet de loi visant à dépénaliser l'avortement en cas de risque pour la mère, de viol ou d'inviabilité du fœtus.

L’HISTOIRE DE LA CONVENTION CONTRE LA TORTURE

À son arrivée à Londres, des membres de la diaspora chilienne, dont beaucoup avaient été victimes des tortures perpétrées sous le régime cruel de l’ancien dictateur, ont voulu saisir cette occasion rêvée et faire en sorte qu’il soit soumis à des investigations, le Chili s’y étant systématiquement refusé. 

MANIFESTATION À SANTIAGO DU CHILI.
PHOTO MIGUEL CARRASCO
Armés de la Convention internationale contre la torture, un traité novateur permettant aux États parties de juger partout dans le monde les personnes soupçonnées d’avoir ordonné ou commis des actes de torture, des avocats ont amorcé une bataille féroce.

Jamais auparavant la Convention n’avait permis d’engager des poursuites contre un ancien chef d’État soupçonné d’avoir ordonné ou commis la torture, et les résultats furent surprenants. Un juge espagnol émit un mandat d’arrêt international contre Augusto Pinochet, en vue de le poursuivre en justice pour sa responsabilité dans les meurtres, les actes de torture et les disparitions forcées commises de manière systématique sous son régime.


LA PREMIÈRE VICTOIRE DE LA CONVENTION CONTRE LA TORTURE

Ce sont les milliers de témoignages de torture émanant du Chili après l’arrivée au pouvoir de Pinochet par la force en 1973 qui avaient inspiré la création de la Convention contre la torture. Vingt-cinq ans plus tard, Pinochet était la première personne à être poursuivie sur la base du principe de compétence universelle inscrit dans ce traité. 

Sir Nigel Rodley, avocat britannique et ancien conseiller juridique auprès d’Amnesty International, fut l’une des fondateurs de ce traité d’avant-garde :

« L’affaire Pinochet a donné à beaucoup un sentiment de victoire. C’était un triomphe pour les droits humains. Il est passé du statut de dictateur arrogant qui se croyait invulnérable à celui de prisonnier qui a passé un an en détention à l’étranger. »

L’affaire Pinochet a montré que la Convention contre la torture était un instrument juridique puissant dans le combat pour la justice.


LA PREMIÈRE CAMPAGNE MONDIALE 

Dans la lutte contre la torture, 1973 fut une année riche en événements. Le coup d’État de Pinochet au Chili, marqué par les arrestations, les exécutions, la torture et les disparitions forcées, permit de prendre conscience du fait que la torture, loin d’être un démon du passé, appartenait bien au présent. En partie en réponse à ces terribles événements, nous avons lancé la toute première campagne mondiale visant à éradiquer cette pratique cruelle.

Parallèlement, des avocats se rassemblèrent pour trouver des recours juridiques : pour lutter contre la torture, il fallait se doter d’un traité international solide et juridiquement contraignant. La torture était déjà illégale dans de nombreux pays ; en obtenant un consensus international, elle devenait interdite au niveau mondial et constituait un crime relevant du droit international. Autre élément majeur, les États seraient tenus de garantir que tout tortionnaire présumé puisse être jugé dans n’importe quel pays ayant ratifié la Convention.

Le moment semblait parfait. D’intenses négociations s’ensuivirent aux Nations unies à New York et au sein des gouvernements de la planète. Pour Nigel Rodley :

De nombreux pays ont opposé une vive résistance à cette notion mais peu à peu les différents pays se sont laissés convaincre et ont adhéré à cette idée : l’idée fondamentale selon laquelle il ne devait pas y avoir de refuge sûr pour les tortionnaires »

Au terme de longues discussions, le 10 décembre 1984, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. 

DE PLUS EN PLUS D'ETATS CONDAMNENT LA TORTURE

Selon Nigel Rodley, le traité a désormais un effet dissuasif important : « La Convention est une nouvelle voie pour la justice : les leaders mondiaux responsables de torture y réfléchissent à deux fois avant de se rendre dans un pays où ils risquent d’être arrêtés.»

Le succès de la Convention ne se limite pas aux poursuites. Au fil des ans, un nombre croissant d’États a criminalisé la torture, mis en place des garanties telles que la possibilité de consulter rapidement un avocat et d’entrer en contact avec sa famille à la suite d’une arrestation, interdit la détention au secret et autorisé la venue d’observateurs indépendants dans les prisons.

LE COMBAT CONTINUE

Pourtant, le fait que la torture soit toujours pratiquée dans de nombreuses régions du globe démontre qu’il reste encore beaucoup à faire.

Trente ans après l’entrée en vigueur de la Convention, Amnesty International poursuit sa lutte contre la torture. Malgré les écueils persistants, notre organisation continue de dénoncer les auteurs de ces agissements et les pays où la pratique est monnaie courante, dans le cadre de son action visant à en finir avec la torture.