vendredi 27 février 2015

LA STRATÉGIE ÉTATS-UNIENNE DE DÉSTABILISATION DIRECTE EST-ELLE DE RETOUR EN AMÉRIQUE LATINE?

LORS D'UNE MANIFESTATION DE SOUTIEN À ANTONIO LEDEZMA, LE MAIRE DE CARACAS ARRÊTÉ. PHOTO ALEJANDRO CEGARRA. 

Après l’hiver des dictatures, Washington continue à ne concevoir la démocratie que comme un outil au service du bon fonctionnement du marché. Pour eux, il ne saurait être question que quiconque, en Europe ou surtout en Amérique latine-Caraïbe, longtemps chasse gardée des États-Unis, puisse gentiment remettre en cause les fondements de leurs principes, la mondialisation économique si difficilement imposée au monde, en accepter les nationalisations des ressources naturelles, affirmer leur indépendance, la mise en place d’une nouvelle gauche latino-américaine échappant à sa traditionnelle hégémonie.

Ainsi au Venezuela, les États-Unis n’ont eu de cesse de vouloir stopper le processus démocratique. Du « golpe » du 13 avril 2002 et la séquestration de Chavez mise en échec par la descente de dizaines de milliers de citoyens dans les rues, précédé en décembre 2001 de la grève générale organisée par le patronat, jusqu’en 2013-2014 où, pour cette seule période, 14 millions de dollars ont arrosé par divers canaux l’opposition vénézuélienne, la rébellion antidémocratique a été chaque fois utilisée comme forme de déstabilisation.


JOSH EARNEST
Ce que parler veut dire.« Les États-Unis n’encouragent ni les troubles au Venezuela, ni ne cherchent 
à saper son économie ou son gouvernement… Le département du Trésor et le département d’État surveillent évidemment la situation de près 
et étudient les moyens disponibles qui pourraient être mis en œuvre pour une meilleure orientation du gouvernement vénézuélien dans la direction que 
nous pensons qu’il doit prendre. » 
Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche, le 20 février 2015.

C’est cette même démarche que l’on retrouvera dans le coup d’État équatorien en 2010 ou celui du Paraguay, en juin 2012, pour mettre fin au régime démocratique du président Lugo. On utilisa certes quelques francs-tireurs de l’armée, pour provoquer son renversement en suscitant une intervention policière sanglante face à un conflit paysan, mais c’est le Congrès qui, à l’issue de cet épisode, a destitué M. Lugo, accusé d’avoir « par sa politique attisé la violence contre les propriétaires terriens ».

Le Honduras, le 28 juin 2009, membre de l’Alba, a servi de laboratoire à ce type de « coup d’État constitutionnel ou institutionnel ». On emploiera dans la presse et dans la diplomatie l’expression de « démission forcée », voire « de président déchu », plus facile à passer que de coup d’État. Et pourtant, c’est bien un commando militaire qui, dans la nuit du 28 juin, après l’avoir arrêté, a fait monter en pyjama le président hondurien, Zulaya, dans un avion à destination du Costa Rica, réprimant violemment ses partisans descendus dans la rue, assassinant encore l’opposition jusqu’à aujourd’hui. Les coups d’État d’antan où les militaires, après leur mauvais coup, restaient au pouvoir avec la caution états-unienne sont donc révolus, ceux-ci rentrant dans leur caserne, rendant la dictature plus civile.

Dans ce contexte, ce n’est pas seulement la méthode qui nous intéresse, mais aussi la place et l’enjeu des médias qui, au Venezuela comme ailleurs, reprennent à chaque fois l’argumentation qu’il s’agissait en fait de l’expression d’une opposition dont le premier responsable serait les présidents élus. Ce rôle de la presse réactionnaire, partie prenante d’un processus de déstabilisation psychologique, n’est pas nouveau. Dans les années 1970 déjà, le quotidien chilien El Mercurio préparait activement le coup d’État du 11 septembre 1973 contre Salvador Allende. Mais ce qui est sensible aujourd’hui, c’est que, face à cette stratégie de dénigrement et de fausses rumeurs, il n’existe plus de presse, à de rares expressions et à trop faible distribution, hors des Amériques capable de démonter cette propagande et de la dénoncer en Europe.

De la Grèce au Venezuela, les peuples ont besoin de notre solidarité, en luttant contre la désinformation et en se donnant des associations de solidarité internationale et des droits humains, comme FAL, pour la faire vivre.



L’extrême droite vénézuélienne reçoit  un soutien permanent des États-Unis par Héctor Michel Mujica, ambassadeur du Vénézuela en France            

HÉCTOR MICHEL MUJICA, AMBASSADEUR 
DU VÉNÉZUELA EN FRANCE  
L’Amérique latine, malheureusement, depuis le fleuve du Rio Grande jusqu’à la Patagonie, a toujours été pensée par les États-Unis, même par ses Pères fondateurs, comme son arrière-cour. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, après la victoire des alliés contre le nazisme et le fascisme, Union soviétique comprise, la tâche principale des États-Unis a été de recréer les conditions internationales visant à garantir le développement du capitalisme à l’échelle mondiale sous son hégémonie. Dans cette perspective, les organismes multilatéraux ont été des vecteurs très importants. L’Amérique latine a ainsi été sous l’emprise des États-Unis pendant les années 1950, 60, 70 et 80. Cette emprise s’est manifestée par des coups d’État, des interventions directes comme à Grenade, en République dominicaine, en Amérique centrale, etc. Avec la révolution cubaine, on a commencé à voir se développer quelques mouvements pour que l’Amérique latine puisse se doter d’un modèle de développement et d’un système politique différent. Mais Cuba a été isolé. Avec la victoire de Chavez, les choses ont commencé à changer radicalement. Radicalement sur le plan de la politique internationale notamment. L’unité régionale qui a été réalisée sous Chavez avec Lula au Brésil, Nestor Kirchner en Argentine, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur a fait barrage au projet libéral d’accord de libre-échange nord-américain. L’Unasur (Union des nations de l’Amérique du Sud), l’Alba, (Alliance bolivarienne pour les Amériques) ont été mises en place. La Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac) aussi. Le Venezuela a également changé la donne sur les orientations économiques du Mercosur. Ces alliances régionales étaient impensables il y a vingt ans. Cette lutte contre l’emprise néolibérale en Amérique latine a touché fortement l’économie et les populations. Chavez a ouvert le chemin avec ce qu’on appelle au Venezuela aujourd’hui le « modèle ». Un modèle inclusif de développement durable avec la participation des citoyens et des classes populaires. Le contrôle de l’industrie pétrolière par l’État vénézuélien a été et reste la redistribution la plus radicale au monde de la rente pétrolière. Nous avons des faiblesses bien sûr. Il nous faut redémarrer l’industrie. Atteindre la souveraineté agroalimentaire. C’est l’effort que nous sommes en train de soutenir.

Après la mort de Chávez, nous avons dû faire face à des problèmes difficiles. Au sein de notre mouvement la tâche politique a été de garantir l’union des forces bolivariennes face au processus de déstabilisation permanente organisé par l’opposition. Nous n’étions pas préparés à la maladie et à la disparition physique de Chávez. Le coup d’État récent a été manqué, mais Joe Biden, le vice-président américain, a encore reçu récemment à la Maison-Blanche Lilian Tintori, l’épouse de Leopoldo López. Leopoldo Lopez, Antonio Ledezma et Maria Corina Machado font partie de l’extrême droite vénézuélienne. Ils reçoivent un soutien permanent des États-Unis. Leopoldo López, par exemple, a souvent été visité par les missionnaires diplomatiques des ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, etc. Ils reçoivent aussi un appui énorme de la part de ce que l’on appelle au Venezuela l’uribismo, du nom d’Alvaro Uribe, l’ancien président de la Colombie. Je crois que c’est un mouvement de fond qui va continuer. Un autre effort pour nous, c’est de continuer à garantir notre modèle dans les conditions difficiles de la chute des prix pétroliers. Les morts et les dégâts causés par les manifestations « étudiantes » ont aussi été importants.

Nous sommes très favorables au processus actuel entre Cuba et les États-Unis. C’est très bon pour l’Amérique latine et c’est très bon pour le peuple cubain. De même la libération des cinq héros de la révolution cubaine. Mais nous partageons absolument la déclaration faite récemment par le ministre des Affaires étrangères équatorien, M. Ricardo Patino : il ne faudrait pas utiliser ce qui se passe entre La Havane et Washington pour « cibler » un autre pays d’Amérique latine. En fait, il a souligné la nécessité de protéger le Venezuela et les nations de la région de l’ingérence étrangère. « Il est essentiel de protéger le Venezuela non seulement à cause de la gestion souveraine qu’ils doivent avoir du pétrole et de leurs ressources naturelles mais aussi pour éviter une situation qui pourrait affecter la paix de notre région », a dit le ministre des Affaires étrangères équatorien.

Le Venezuela est le cinquième exportateur mondial de pétrole et possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole du monde. Le Venezuela est plus riche en pétrole que l’Arabie saoudite. C’est le rapport annuel de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) qui l’affirme. Le Venezuela disposait en 2011 de 296,5 milliards de barils d’or noir pouvant être exploité. Il dépasse ainsi le royaume saoudien, dont les réserves prouvées sont restées stables à 264,5 milliards.

Or, si je prends un exemple illustratif de ce qui se passe, le Venezuela n’est pas une île, cela le rend vulnérable. Par ailleurs, nous avons beaucoup de pétrole. Cela suscite de violentes convoitises. Transporter le pétrole depuis le Venezuela jusqu’aux côtes des États-Unis met quatre ou cinq jours. Transporter le pétrole depuis les pays du Golfe jusqu’aux États-Unis met trente, voire quarante jours. Pour les États-Unis, le contrôle de l’énergie vénézuélienne a toujours été un problème de premier ordre. C’est le fond de la question. L’autre, c’est qu’au sein des pays sud-américains se développent une politique internationale indépendante et une tentative de trouver des voies de développement inclusives et participatives respectant la souveraineté de chaque État latino-américain, ce qui s’oppose au modèle de la libre entreprise et de la concurrence promu par les États-Unis, particulièrement dans le contexte actuel où ils cherchent à mettre en place des accords de libre-échange trans-pacifique et transatlantique.

GUILLAUME BEAULANDE, JOURNALISTE, 
COLLABORATEUR DU MONDE DIPLOMATIQUE 
Le Venezuela, cartes sur table par Guillaume Beaulande, journaliste, collaborateur du Monde diplomatique    

L’amertume certaine des mots qui suivent n’a d’égal que le respect dans lequel je tiens – le plus souvent – la programmation d’Arte. Alors que je m’apprêtais à visionner l’émission de vulgarisation géopolitique le Dessous des cartes, présentée par Jean-Christophe Victor et consacrée au Venezuela, les affres de la consternation ont entrepris de me coloniser les synapses et d’insulter mon intelligence de spectateur. Comment peut-il en être autrement lorsque, dès les premières minutes, le présentateur juge bon de dire au sujet de l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez qu’il est « connu par les Vénézuéliens pour avoir commis un coup d’État en 1992 ». Un public, même peu attentif, remarquerait sans doute la pertinence du propos et l’intérêt du calendrier posé.

Outre que l’évocation du passif militaire d’Hugo Chavez incline de facto la réflexion sur la légitimité démocratique de son gouvernement, pourquoi poser de surcroît comme postulat de départ qu’Hugo Chavez a tenté un coup d’État à la tête du MBR-200, sans prendre la peine, au minimum, de recontextualiser l’événement ? Pourquoi taire les soulèvements, populaires ceux-là, qui ont enflammé la capitale le 27 février 1989 et qui se sont achevés dans un bain de sang, sous la présidence de Carlos Andres Perez ? Pourquoi ne pas préciser que s’il est « connu », c’est surtout parce qu’il a refusé de participer à la répression de l’armée sur la population ? Gageons que la construction médiatique biaisée d’Hugo Chavez diffusée dans les « grands » médias n’ait pas également gagné les couloirs d’Arte. Le choix opéré par la rédaction de cette émission du 14 février 2015 est pour le moins troublant. L’évocation, sans trembler, du « culte de la personnalité » dans la politique vénézuélienne achève le portrait brossé à la truelle de feu Hugo Chavez, nous le présentant comme un avatar des caudillistes latino-américains. Lourdement connotée d’un point de vue historico-politique, cette mise à l’index ne semble nécessiter aucune espèce de définition. La programmation exigeante et sérieuse de la chaîne à laquelle je rends bien souvent hommage, soudain, me laisse sans voix, ou presque.

Il ne s’agit pas de présenter le Venezuela comme un mythique eldorado, tant les difficultés et les défis encore à relever sont importants, celui de l’endiguement de l’insécurité n’étant pas l’un des moindres. Un fléau qui, comme l’a rappelé l’émission, se poursuit. Néanmoins, restons sérieux. Parler de l’augmentation de l’insécurité, de la proximité avec la Colombie « et des Farcs », sans évoquer ne serait-ce qu’en une phrase le rôle joué par les paramilitaires colombiens dans l’infiltration des banlieues et le narcotrafic, revient à se faire l’écho de la litanie habituelle de force médias. Dans le même souffle, il est dit sans sourciller aux téléspectateurs que « l’opposition politique est régulièrement attaquée par le gouvernement » et qu’il est « périlleux d’attaquer le gouvernement ». Tout observateur doué d’une mémoire, fût-elle bornée à l’immédiat, aura noté l’ironie du propos, cependant qu’une autre tentative de déstabilisation du gouvernement vient d’être déjouée, selon toute vraisemblance, ourdie précisément… par l’opposition. Si l’information nécessite sérieux, rigueur et fiabilité, on peut s’étonner en effet que l’unanimisme nigaud de nombreux médias européens à l’égard du Venezuela soit également véhiculé par une émission appréciée, sur une chaîne qui nous avait habitués à un autre niveau d’exigence.

AU CHILI, LES AÉROPORTS SE SENTENT POUSSER DES AILES


Les travaux concernent notamment les routes, les barrages et les aéroports. Le plan national prévoit en outre l'extension des aéroports régionaux : 4 petites aérogares seront donc modernisées pour un montant de 112 M$ à l'horizon 2020. 

En février 2015, le gouvernement chilien a choisi un consortium pour la concession de l'aéroport international Arturo Merino Benitez de Santiago également chargé de lui construire un nouveau terminal. Le projet de 700 M$ doit permettre de porter à 45 millions de passagers par an d'ici 2030 la capacité d'accueil de l'aéroport et d'en faire l'aérogare la plus moderne de toute l'Amérique du Sud. Les travaux seront assurés par Astaldi et Vinci Construction Grands Projets. 

jeudi 26 février 2015

CHILI: MICHELLE BACHELET EMBARRASSÉE PAR UN SCANDALE IMPLIQUANT SON FILS

L'objet du délit? Le fils aîné de la présidente, Sebastian Davalos, 36 ans, est accusé par l'opposition chilienne de «trafic d'influence» pour avoir participé à une réunion de son épouse avec un haut fonctionnaire de la Banque du Chili en 2013 afin d'obtenir un prêt d'environ 10 millions de dollars pendant la campagne électorale. La société dans laquelle travaille l'épouse de Sebastian Davalos, la «nuera», avait notamment acquis des terrains dans le centre du pays, destinés par la suite à la construction de logements. Le crédit accordé, qui avait été auparavant refusé par trois banques, a permis de financer l'achat de terrains dans la localité de Machali, au sud de Santiago.

Leur revente aurait, selon l'opposition, rapporté quelque quatre millions de dollars (3,5 millions d'euros) à la société immobilière.

Démission

Sebastian Davalos a dû démissionner de son poste, non rémunéré, de directeur socioculturel de la présidence, chargé notamment de plusieurs associations, un rôle réservé traditionnellement à la Première dame. Le fils de la présidente a «humblement demandé pardon pour ce triste épisode», niant toutefois catégoriquement avoir commis «tout acte illicite ou criminel».

L'affaire met dans l'embarras la présidente socialiste, à quelques jours du premier anniversaire de son investiture. Elle s'est notamment engagé à lutter contre les inégalités durant la campagne électorale. Michelle Bachelet a affirmé ce lundi que «ce gouvernement n'a pas juste un discours sur l'égalité, mais il travaille pour assurer l'égalité».

mercredi 25 février 2015

JUSTICE. LE CHILI VEUT L’EXTRADITION D’UNE NANTAISE

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PHOTO DE FILATURE DE LA POLICE CHILIENN,E PUBLIÉ PAR LA JOURNAL EL MERCURIO 
Le Chili demande son extradition depuis le début des années 90. L’information de son arrestation a été publiée dans le journal El Mercurio, daté du 22 février 2015.

Cette femme de 55 ans, originaire de Nantes, faisait partie, au début des années 80, de comités de soutien nantais à l’Amérique latine, comme le comité de solidarité avec le Nicaragua ou le comité de solidarité Nantes-Amérique latine. 

Mariée, une première fois, à un Chilien, exilé à Nantes, elle est partie vivre au Chili en 1985. Elle aurait appartenu au mouvement du Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR), l’aile armée du Parti communiste chilien, créée en pleine dictature d’Augusto Pinochet.

Son histoire est assez mystérieuse. Surnommée la comandante Ana, elle aurait été la compagne d’un responsable du Front patriotique, Manuel Rodriguez. Mais aussi celle du chef de la police politique. « C’est une histoire bizarre », souligne François Préneau, ancien élu nantais, qui l’a bien connue.

En vacances au Chili, il y a quelques jours, il demandait encore de ses nouvelles à des connaissances communes, des anciens réfugiés chiliens à Nantes, dans les années 80. « Elle est honorablement connue ici, chaleureuse, sympathique. Militante, elle a aussi été attachée parlementaire de François Autain quand il était sénateur. Elle est poursuivie pour un crime revendiqué par le Front patriotique. Certains de ses amis, exilés chiliens, se sont demandés si elle avait joué un double rôle. Elle ne s’est jamais expliquée. Elle avait été soustraite à la justice chilienne par les services secrets chiliens et extradée au Brésil. Et était revenue à Nantes au début des années 90. Il y a trois ans, elle vivait encore à Saint-Herblain. » 

Arrêtée à Hambourg, le 25 janvier 2014, la Nantaise avait été remise en liberté au bout de quelques jours. Et avait continué à mener sa vie normalement.Le Chili demande son extradition. La cour de justice indienne doit examiner cette demande aujourd’hui.

mardi 24 février 2015

LE CHILI VA RÉPONDRE AVEC «SÉRÉNITÉ» AU PÉROU

«Le Chili n'encourage ni n'accepte aucun acte d'espionnage dans d'autres pays ou sur son propre territoire», a-t-il ajouté. 

Le Pérou a rappelé pour consultation vendredi son ambassadeur à Santiago et envoyé un message de protestation aux autorités du Chili où la chancellerie péruvienne réclame «une enquête rapide et approfondie pour poursuivre les responsables de ces actes». 

Le Pérou a annoncé jeudi qu'il enquêtait sur trois membres de sa marine soupçonnés d'espionnage entre 2005 et 2012 pour le compte du Chili, qualifiant ces faits de «honteux», le président péruvien Ollanta Humala parlant d'une situation «grave pour les relations bilatérales». 

DESSIN DE FALCO, CUBA 
Heraldo Muñoz a indiqué que l'ambassadeur du Chili à Lima, Roberto Ibarra, qui se trouve en vacances à Santiago, y resterait «pour aider à la préparation de la lettre de réponse à la lettre péruvienne», sans préciser si le diplomate reprendra ensuite son poste à Lima. 

Le Pérou avait perdu un pan de son territoire, annexé par le Chili (région d'Arica), après la Guerre du Pacifique (1879-83). Les relations diplomatiques entre les deux pays connaissent des hauts et des bas. 

En janvier 2014, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait mis fin à une querelle territoriale séculaire entre Lima et Santiago avec l'attribution au Pérou d'une zone maritime sous souveraineté chilienne riche en ressources halieutiques. 


UN ÉVÊQUE AURAIT COUVERT DES ABUS SEXUELS

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JUAN BARROS MADRID, ANCIEN ÉVÊQUE
DE L'ÉVÊCHÉ MILITAIRE DU CHILI
Les actes, qui se sont produits il y a 20 ans, étaient cependant couverts par la prescription, ce qui a permis au prêtre abuseur d'échapper à la prison. Le Vatican lui avait cependant ordonné de se retirer dans une vie de «pénitence et de prière».

Mobilisation des fidèles et des politiques

Mgr Juan Barros Madrid (58 ans) était, au moment des faits, prêtre dans l'archidiocèse de Santiago du Chili, et proche du Père Karadima. Une de ses victimes, Juan Carlos Cruz, affirme, dans la lettre envoyée au nonce, que le nouvel évêque d'Osorno avait «fait tout le sale boulot» pour le Père Karadima, l'accusant d'avoir passé sous silence les agissements de ce dernier, d'avoir menacé des témoins et d'avoir brisé le secret de la confession.
L'ÉVÊCHÉ MILITAIRE DU CHILI EST L'ORGANE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, CHARGÉ DE S'OCCUPER DU SERVICE RELIGIEUX DES FORCES ARMÉES ET D'ORDRE DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI.
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JUAN CARLOS CRUZ UNE DES VICTIMES DES ABUS SEXUEL. 
PHOTO RICARDO ABARC
Cinquante-et-un députés chiliens ont également écrit directement au pape François. Ils ont expliqué dans leur lettre que les nouvelles informations fournies au pontife devraient l'amener à annuler la nomination de Mgr Barros, placé à ce poste en janvier dernier.

Une pétition de plus de 1'000 signatures de fidèles d'Osorno a également été envoyée au Vatican pour demander la démission du prélat.

CHILI: SCANDALE PRÉSUMÉ AUTOUR DU FILS DE BACHELET

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MME  MICHELLE BACHELET ET SON FILS SEBASTIÁN DÁVALOS
ACCUSÉ PAR L'OPPOSITION CHILIENNE DE « TRAFIC D'INFLUENCE »
PHOTO AGENCE UNO
« je l'ai appris par la presse » pendant les vacances, a-t-elle ajouté, lors d'une brève rencontre avec les médias au palais de la Moneda.

Le fils aîné de la présidente, Sebastian Davalos, 36 ans, est accusé par l'opposition chilienne de « trafic d'influence » pour avoir participé à une réunion de son épouse avec un haut fonctionnaire de la Banque du Chili en 2013 afin d'obtenir un prêt d'environ 10 millions de dollars pendant la campagne électorale.

lundi 23 février 2015

UNE FRANÇAISE RÉCLAMÉE PAR LE CHILI

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LE JUGE MARIO CARROZA 
selon le journal El Mercurio, le juge Mario Carroza réclamera l'extradition de la ressortissante française lundi prochain. « On a ordonné sa mise en accusation parce on a estimé qu'elle avait des antécédents importants qu'elle pouvait apporter », a affirmé le juge Carroza. 

Cette affaire est une occasion pour la UDI, en plein scandale de l’affaire PENTA de faire diversion et de se poser en tant que victime.

dimanche 22 février 2015

LIMA ACCUSE SANTIAGO D'ACTES D'ESPIONNAGE

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Un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères avait déjà fait état auparavant du rappel pour consultation de l'ambassadeur et avait affirmé que dans une note diplomatique le gouvernement avait exprimé « sa plus vive protestation et son rejet des actes d'espionnage visant la sécurité nationale ». 

Le rappel pour consultation est une procédure d'urgence diplomatique permettant à un Etat de manifester son mécontentement à l'égard d'un pays tiers. 

Dans sa note, la chancellerie péruvienne réclame «une enquête rapide et approfondie pour poursuivre les responsables de ces actes ». 

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Elle demande également que le Chili « garantisse que de tels actes d'espionnage ne se reproduiront pas ». 

Le Pérou a reconnu jeudi qu'il enquêtait sur trois membres de sa marine soupçonnés d'espionnage entre 2005 et 2012 pour le compte du Chili, qualifiant ces faits de « honteux », le président péruvien Ollanta Humala parlant d'une situation « grave pour les relations bilatérales ». 

Le ministère des Affaires étrangères chilien a nié les faits et répondu jeudi qu'il « n'encourageait ni n'acceptait aucun acte d’espionnage dans d'autres pays ou sur son propre territoire ». 

Le Pérou avait perdu un pan de son territoire, annexé par le Chili (région d'Arica), après la Guerre du Pacifique (1879-83). Les relations diplomatiques entre les deux pays connaissent des hauts et des bas. 

En janvier 2014, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait mis fin à une querelle territoriale séculaire entre Lima et Santiago avec l'attribution au Pérou d'une zone maritime sous souveraineté chilienne riche en ressources halieutiques.

samedi 21 février 2015

« COURRIER INTERNATIONAL », LE PRODUIT OFFSHORE DU « MONDE »


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 DESSIN DE BOLIGAN (MEXIQUE)
Sans oublier ce Libération de 2006 où Jean-Hébert Armengaud, actuel rédacteur en chef de Courrier International, coupa et remonta un discours du président bolivarien pour prouver qu’il était antisémite (3).

Cette campagne lancée par le «Guysen Israël News » et relayée par la section argentine du Centre Wiesenthal, fut démontée le 11 janvier 2006 par le site ACRIMED qui révéla le trucage (4). Le président de la Confédération des Associations Juives du Venezuela Fred Pressner expliqua que Chavez n’avait rien d’antisémite, critiquant le Centre Wiesenthal pour sa précipitation et son refus de s’informer auprès de la communauté locale : “Vous avez interféré avec notre statut politique, notre sécurité et notre bien-être en tant que communauté. Vous avez agi unilatéralement, sans nous consulter, sur des thèmes que vous ne connaissez pas et ne comprenez pas” (5). Tant l’AJ Committee (Global Jewish Advocacy) que le Congrès Juif Américain appuyèrent le point de vue de la communauté juive du Venezuela pour qui les propos du président bolivarien avaient été totalement manipulés.

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RÉUNION DU PRÉSIDENT MADURO
AVEC LES REPRÉSENTANTS
DU CONGRÈS JUIF MONDIAL
EN NOVEMBRE 2014 À NEW YORK  
Ses autorités se réunirent ensuite avec Chavez pour souligner publiquement d’excellentes relations jamais démenties depuis, comme en témoigne la réunion du président Maduro avec les représentants du Congrès Juif Mondial en novembre 2014 (photo) à New York (6).

Jean-Hébert Armengaud a caché ces faits aux lecteurs et a refusé d’admettre sa faute professionnelle. Il est devenu en 2012 rédacteur en chef de Courrier International, un produit du groupe Le Monde qui recycle des articles puisés dans l’apparente diversité qu’assure l’hégémonie des grands groupes médiatiques internationaux…


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En 2007 cet hebdomadaire publie un article intitulé «Poutine et Chavez, de drôles de démocrates ». Quelques jours avant la tenue d’un référendum sur la constitution au Venezuela, Philippe Thureau-Dangin parle de « coups d’Etat en forme de plébiscites » et parie sur une victoire de Chavez pour l’analyser par avance : «on ne fait plus de coups d’Etat baïonnette au canon ; on se contente de les faire avaliser, tout à fait légalement, par des peuples subjugués ». Hélas pour Courrier International Chavez perd le référendum et félicite aussitôt l’opposition ! (7).

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PHILIPPE THUREAU-DANGIN EST UN JOURNALISTE FRANÇAIS, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE TÉLÉRAMA JUSQU'EN 2011 ET DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DE COURRIER INTERNATIONAL DEPUIS 1998.  PHOTO OLIVIER LABAN-MATTEI 
Le Venezuela bolivarien a organisé un nombre record de scrutins (19 en 15 ans), reconnus comme légitimes et transparents par les observateurs de l’Union Européenne, de l’Organisation des Etats Américains ou de l’Association des Juristes Latino-américains. “Excès de démocratie” pour l’ex-président du Brésil Lula. Meilleur système électoral du monde selon Jimmy Carter qui a observé 98 élections dans le monde (8). En mai 2011 le rapport de la canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place mondiale pour le respect des normes fondamentales de démocratie et d’équité sociale (9). L’ONG chilienne LatinoBarometro (10) soutenue entre autres par le BID (Banque Inter-Américaine de Développement), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l’OEA (Organisation des États Américains), l’états-unien Office of Research et les agences de coopération des gouvernements suédois, norvégiens et canadiens, a établi dans son rapport 2013 que le Venezuela bat tous les records de confiance citoyenne dans la démocratie pour toute l’Amérique Latine (87 %) suivi de l’Équateur (62 %) et du Mexique (21 %). Pour Latinobarometro, “le Venezuela est le pays où on observe la plus grande différence entre ce que pensent ses citoyens de leur démocratie et l’image qui circule dans la communauté internationale”.

Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC » (11), laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer.
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Le 10 février 2015, dès qu’éclate le scandale de la fraude fiscale organisée par HSBC pour ses clients, Courrier International tire à nouveau plus vite que son ombre et affirme que « la révolution bolivarienne confiait son argent à HSBC » (11), laissant entendre qu’il y a eu fraude et que le gouvernement bolivarien refuse de s’expliquer. L’objectif de Sabine Grandadam est transparent : surfer sur le scandale HSBC pour créer l’image d’une révolution corrompue. De fait, grâce à la convergence croissante des médias commerciaux et des médias sociaux, le buzz s’opère: 

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Or, la seule référence à l’Etat sur la liste vénézuélienne de Falciani concerne la Banque du Trésor qui en 2005 avait ouvert trois comptes à HSBC et une quinzaine d’autres dans des banques étrangères. Il ne s’agit ni de comptes individuels, ni de comptes secrets ni d’une fraude avec comptes codés et société-écrans offshore. Les noms qui apparaissent sont ceux des fonctionnaires qui ont effectué les signatures administratives et l’information n’évoque pas d’irrégularités.

Ce ne fut pas la seule fois que l’Etat Vénézuélien déposa une partie de ses fonds dans des banques suisses pour défendre ses intérêts. En février 2008, en pleine bataille légale contre la plus grande compagnie pétrolière états-unienne, ce fut pour protéger une partie de ses revenus pétroliers d’un possible embargo de la part d’Exxon Mobil que le gouvernement bolivarien les transféra dans des banques suisses (en 2014 le tribunal trancha en faveur du Venezuela.) Trois ans plus tard, en 2011, le président Chavez annonça le rapatriement des réserves d’or du pays, qui se montaient à 11 milliards de dollars et se trouvaient dans des banques d’Angleterre, du Canada, de France et des Etats-Unis. Il décida aussi de transférer les fonds des réserves et du Trésor vénézuélien à des pays membres des BRICS comme la Chine, la Russie et le Brésil, face à de possibles « sanctions » de la part des Etats-Unis.

Ces faits ultérieurs éclairent la relation de l’Etat vénézuélien avec la banque privée internationale mais n’ont aucun intérêt pour Sabine Grandadam puisque son objectif est simplement d’associer « révolution bolivarienne » à « corruption ». C’est aussi pourquoi elle reste muette sur les 99% de la liste « Venezuela » de Falciani (12) : 178 noms et 115 adresses de clients vénézuéliens possédant des comptes individuels à HSBC. On n’y trouve pas de dirigeants politiques de la révolution, ni le président Maduro ou sa famille, mais pas mal de membres du secteur privé, notamment des médias ou de PDVSA (compagnie pétrolière) avant sa récupération par le gouvernement. C’est plutôt une surprise quand on sait que la vulgate médiatique au Venezuela comme sur le plan international est de dénoncer « la corruption des chavistes ».

Bien sûr, un journaliste doué d’un minimum de conformisme n’a qu’à se baisser pour traduire les titres dont les grands groupes médiatiques usent pour faire campagne contre le socialisme bolivarien. Chacun est libre d’ajouter sa pierre aux milliers d’attaques subies par le Venezuela depuis qu’une démocratie de gauche y restitue les droits sociaux et politiques a une majorité d’exclus, et consciemment ou non, de renforcer l’environnement médiatique nécessaire aux coups d’Etat comme celui que le Venezuela vient de déjouer. Il est libre d’occulter à ses lecteurs l’ingérence états-unienne dénoncée par l’ensemble des gouvernements latino-américains (13), et de se refuser à effectuer le moindre reportage sur seize ans d’avancées sociales. Bref, libre d’ignorer la Charte du « Monde » : « 1/ Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ; (..) 9/ Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste (14). »



60% DES JEUNES FAVORABLES À LA LOI SUR L’AVORTEMENT

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PHOTO INJUV
Selon une enquête de l’Instituto Nacional de la Juventud (Injuv) qui date de novembre, 60% des jeunes chiliens (entre 15 et 29 ans) sont favorables à une dépénalisation de l’avortement sous certaines conditions, comme le propose cette loi. Cette enquête, conduite en partenariat avec l’Institut de Sociologie de la Universidad Católica, se constitue de 1030 interviews téléphoniques dans 109 communes du pays. Ils seraient plus d’un sur quatre (27 %) à être en faveur d’une dépénalisation totale sans restrictions, et seulement 12% à envisager tout avortement comme une “pratique inacceptable”. Sur les 60 %, plus de 90% sont d’accord avec les trois conditions de Bachelet réunies, et tous s’accordent sur la nécessité d’autoriser l’avortement en cas de viol.

Disposer librement de son corps

A l’image de Javiera, étudiante infirmière de 23 ans, ce résultat montre la volonté de plus d’une majorité des jeunes de redonner aux femmes le droit de disposer librement de leur corps, sans pour autant accepter que cela devienne un prétexte à toutes les folies. « Personnellement, je suis favorable à cette loi car elle nous donne un droit que l’on nous a retiré, à nous les femmes, celui de choisir ce qui est le mieux pour notre corps » nous confie-t-elle. Un droit retiré en 1989 par Pinochet, car l’avortement pour raisons médicales était légal au Chili depuis 1931. Cependant, l’étudiante ajoute qu’en tant qu’infirmière, « je ne souhaite pas assister un médecin pour un avortement qui ne soit pas éthique, par exemple une fille qui ne s’est volontairement pas protégé par plaisir, et qui souhaite avorter uniquement parce qu’elle ne veut pas de l’enfant ».

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Pour Claire et Charline, étudiantes françaises en stage à Santiago, la position de la jeune infirmière n’est pas difficile à comprendre, « on devrait avoir le choix d’assister ou non un avortement si l’on fait partie du staff médical ». Ceci dit, le droit de disposer de son corps ne devrait pas reposer sur seulement trois conditions selon elles, « les femmes doivent avoir le choix, on ne peut pas nier qu’un accident est possible, et autoriser l’avortement comme ultime recours cela ne signifie pas banaliser sa pratique, au contraire, c’est l’encadrer ».

Un projet ambitieux, mais pas suffisant

Cette réforme qui peut paraître a minima, si elle était votée, permettrait au Chili de rejoindre le Venezuela et Cuba comme seuls pays d’Amérique Latine à légaliser l’IVG en cas de danger pour la vie de la mère. Argentine, Brésil, ou encore Mexique n’en sont pas encore là. Au-delà de la dépénalisation de l’avortement, l’enquête de l’Injuv montre qu’une grande majorité des jeunes ne sont pas conscient des risques des maladies sexuellement transmissibles, ne connaissant pas une grande partie d’entre elles, et jugeant que « cela n’arrive qu’aux autres ». On découvre donc que les autorités peinent à proposer une prévention efficace, l’éducation sexuelle étant souvent mise de côté, que ce soit dans les écoles ou dans les familles.

vendredi 20 février 2015

22 FÉVRIER 1944 : PLACARDAGE DE «L’AFFICHE ROUGE»

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« L’AFFICHE ROUGE »
DES LIBÉRATEURS PRÉSENTÉS COMME DES CRIMINELS
Il faisait partie des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée. Il furent arrêtés en novembre 1943. Les 22 hommes sont fusillés le 21 février 1944 au fort du Mont-Valérien. Olga Bancic, la seule femme du groupe, est décapitée le 10 mai à Stuttgart, en application du manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdisant alors de fusiller les femmes.
Tout de suite après, une affiche est placardée en 15000 exemplaires sur les murs de France. Le tract qui l’accompagne présente ces libérateurs de l'intérieur comme un ramassis de tueurs  
« Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent... Ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent. Ce sont toujours des juifs qui les inspirent. C’est l’armée du crime contre la France. Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France. »

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L’affiche, éditée par le Centre d’études antibolchéviques,  devait servit à la propagande nazie qui stigmatisa l’origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe. Mais les visages des résistants suscitèrent plutôt la sympathie et l’admiration : de nombreux anonymes déposèrent des fleurs au pied des affiches et collèrent des bandeaux sur lesquels on pouvait lire : « Oui, l’armée de la résistance », « Morts pour la France », ou encore « Des martyrs ».


Voici ce qu’en disait l’écrivain Simone de Beauvoir
MISSAK MANOUCHIAN © (CRDA)
dans son autobiographie : «À Paris, les occupants ne collaient plus d’«Avis» aux murs ; cependant ils affichèrent les photographies des «terroristes étrangers» qu’ils condamnèrent à mort le 18 février et dont vingt-deux furent exécutés le 4 mars : malgré la grossièreté des clichés, tous ces visages qu’on proposait à notre haine étaient émouvants et même beaux; je les regardai longtemps, sous les voûtes du métro, pensant avec tristesse que je les oublierais. » (La Force de l’âge)



QUELQUES-UNS DES RÉSISTANTS DE L’AFFICHE ROUGE, DANS LA COUR DE LA PRISON DE FRESNES. L’ARMÉNIEN MISSAK MANOUCHIAN EST LE 6ÈME EN PARTANT DE LA DROITE.  LES FRANCS-TIREURS ET PARTISANS - MAIN-D'ŒUVRE IMMIGRÉE (FTP-MOI) SONT UN  MOUVEMENT DE RÉSISTANCE ARMÉE À L'OCCUPATION NAZIE EN FRANCE. 


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« STROPHES POUR SE SOUVENIR », POÈME DE LOUIS ARAGON, CE POÈME EST CHANTÉ PAR LÉO FERRÉ SOUS LE TITRE «L'AFFICHE ROUGE». DURÉE: 00H03:33





Strophes pour se souvenir

«Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers momentsEt c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses

Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée o mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. »


Louis Aragon (1897 - 1982) « Strophes pour se souvenir », poème extrait du Roman Inachevé, en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944











    jeudi 19 février 2015

    HENRI MARTIN EST DÉCÉDÉ

    HENRI MARTIN. PHOTO L'HUMANITÉ
     Résistant, communiste, anticolonialiste, Henri Martin a passé plus de trois ans en prison pour son engagement contre la guerre d'Indochine, avant d'être libéré puis gracié à l'issu d'une grande campagne pour sa libération. Herni Martin est décédé dans la nuit du 16 au 17 février. Il était né en 1927 à Lunery, dans le Cher.


    En 1945, lorsque le territoire métropolitain est à peine libéré, Henri Martin, jeune communiste dès seize ans, maquisard FTP à dix-sept, s’engage dans la marine. Appelé en Indochine, il est persuadé qu’il va affronter l’armée japonaise, alliée des nazis. Mais, lorsqu’il arrive sur place, les Japonais sont déjà désarmés, et il est témoin, à son corps défendant, des premiers combats contre le Viêt-minh. 

    C’est à ce moment seulement qu’il entend parler, pour la première fois, d’un certain Ho Chi Minh et de l’indépendance, nouvellement proclamée, du Vietnam. De retour en France, il est affecté à l’arsenal de Toulon. Pour lui, il reste, sous l’uniforme, un citoyen. Il commence donc un travail d’intense propagande au sein de l’armée : distributions de tracts, de la presse anti-guerre, inscriptions à la peinture, etc. 

    Ce qui devait arriver arrive : Henri est arrêté par la gendarmerie militaire le 14 mars 1950. En plus des motifs classiques, atteinte au moral de la nation, agitation politique illégale au sein de bâtiments militaires, l’accusation veut lui mettre sur le dos un acte de sabotage. 

    Lors du procès, l’édifice s’écroulera, et Henri sera définitivement lavé de cette indignité par le jury, pourtant militaire. Restera, donc, un procès politique, et seulement politique. Pour cette seule activité, certes interdite, le jeune marin va être condamné à cinq années de prison ! Il en fera finalement plus de trois, avant d’être gracié (de mauvaise… grâce) par le président Auriol, en août 1953.