jeudi 31 décembre 2009

Les retombées du Dakar au Chili

Par rapport à l’année dernière il y aura moins de concurrents (373 au lieu de 505), et 800 kilomètres de moins à parcourir mais avec plus de jours au Chili. Suite au succès de la précédente édition, l’organisation a en effet décidé d’augmenter le nombre de jours de compétition au Chili pour la version 2010. Atacama, le désert le plus aride du monde, recevra ainsi la moitié des étapes du parcours. Une décision sportive (le sable du désert offre un terrain de jeu formidable pour la course) saluée par les autorités touristiques.

Le tourisme est devenu un des principaux moteurs du Chili. Malgré la crise économique internationale et les effets de la grippe H1N1, la croissance de l’activité touristique atteint 4% entre janvier et juin 2009. Pendant le premier semestre, 1 477 707 touristes internationaux sont entrés dans le pays. Entre autres pour voir le Dakar.

Début 2009 la caravane du Dakar n’était restée que trois jours à Copiapo et dans la région du désert d’Atacama, mais tout le monde (organisateurs de la course, sportifs et responsables locaux) avait loué le succès de cette première pour le Chili. La direction régionale du tourisme de la région d’Atacama a d’ailleurs décidé de diligenter une enquête auprès des professionnels du tourisme local (hôtels, restaurants, location de voiture, cafés, pubs, taxis et stations service) pour mesurer les retombées économiques et touristiques du passage du Dakar.

Cette étude a montré que le Chili avait accueilli pendant ces trois étapes chiliennes 16 000 visiteurs en comptant les membres d’Amaury Sport Organisation, la société organisatrice, les journalistes, les participants et leurs supporters. Et qu’ils ont au total dépensé plus d’un million de pesos chiliens, soit un million 600 000 dollars, avec l’hébergement la restauration et le transport.

Alors qui est venu voir passer le Dakar ?
Des femmes à 51%, des 45-54 ans à 34% et des universitaires à 53%. Avec deux motivations en tête : profiter de l’événement sportif pour faire du tourisme d’aventure ou de l’écotourisme.

Et quels ont été les effets visibles sur le terrain ?

100% des hôteliers a vu plus de visiteurs en comparaison à un été normal, 60% a augmenté son personnel et 70% ses horaires.

75% des restaurants et établissements d’alimentation consultés a vu sa clientèle augmenter et son chiffre d’affaire s’améliorer de 63%. 63% a utilisé plus d’employés, la moitié a changé ses horaires d’ouverture et les restaurants ont consommé beaucoup plus de fruits de mer, de poissons et de vins que d’habitude.

Toutes les stations service de la région ont vu leur activité s’accroître, certains allant jusqu’à doubler leur chiffre d’affaire.

Toutes les sociétés de location de voiture dressent un bilan positif du passage du Dakar ; elles ont surtout loué des 4x4.

Succès total aussi pour les taxis devant le nombre inhabituel de demandes et les chauffeurs se sont même vus demandés de servir de guide touristique !

En cette période exceptionnelle du Dakar 2009, la demande touristique dans la région d’Atacama a bien entendu été largement supérieure à l’offre existante.

Alors qui est venu voir passer le Dakar ?

Des femmes à 51%, des 45-54 ans à 34% et des universitaires à 53%. Avec deux motivations en tête : profiter de l’événement sportif pour faire du tourisme d’aventure ou de l’écotourisme.

Et quels ont été les effets visibles sur le terrain ?

100% des hôteliers a vu plus de visiteurs en comparaison à un été normal, 60% a augmenté son personnel et 70% ses horaires.

75% des restaurants et établissements d’alimentation consultés a vu sa clientèle augmenter et son chiffre d’affaire s’améliorer de 63%. 63% a utilisé plus d’employés, la moitié a changé ses horaires d’ouverture et les restaurants ont consommé beaucoup plus de fruits de mer, de poissons et de vins que d’habitude.

Toutes les stations service de la région ont vu leur activité s’accroître, certains allant jusqu’à doubler leur chiffre d’affaire.

Toutes les sociétés de location de voiture dressent un bilan positif du passage du Dakar ; elles ont surtout loué des 4x4.

Succès total aussi pour les taxis devant le nombre inhabituel de demandes et les chauffeurs se sont même vus demandés de servir de guide touristique !

En cette période exceptionnelle du Dakar 2009, la demande touristique dans la région d’Atacama a bien entendu été largement supérieure à l’offre existante.


mercredi 30 décembre 2009

Chili - Les salariés de la mine de Chuquicamata votent la grève

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Chuquicamata Photo Wikipédia
Les dirigeants syndicaux, qui s'attendaient à ce que les employés acceptent l'offre salariale du numéro un mondial de la production de cuivre, Codelco [CODE.UL], ont indiqué que les salariés syndiqués, soit le gros des effectifs, avaient rejeté cette proposition à une très faible majorité.
Victor Galleguillos, qui dirige l'un des trois syndicats qui ont négocié avec Codelco, a précisé: "si l'entreprise ne demande pas de médiation, la grève commencera le 31 décembre."
Un responsable de Codelco a dit que l'entreprise réfléchirait à une médiation gouvernementale de cinq jours pour tenter de négocier un accord avant le début de la grève.
Il a cependant indiqué que la société était prête à faire face à une grève et qu'elle avait suffisamment de stocks pour répondre à ses engagements de livraisons.
Si Codelco opte pour la médiation mais ne parvient pas à trouver d'accord, alors la grève devrait vraisemblablement commencer début janvier.
Ce vote fait suite au début d'une grève illimitée lancée lundi par des employés syndiqués de la fonderie chilienne d'Altonorte, dont le propriétaire Xstrata (XTA.L: Cotation) a réduit la production depuis près d'un mois pour réaliser des travaux d'entretien.
Si la grève se concrétise dans le complexe de Chuquicamata, il s'agira alors de la grève la plus importante des employés syndiqués de Coldelco depuis 1996.

LE CUIVRE A UN PLUS HAUT DE 15 MOIS

Ces mouvements interviennent quelques semaines seulement avant l'élection présidentielle du 17 janvier.
Les analystes ont prévenu que le Chili pourrait être confronté à davantage de conflits sociaux dans les mines si le leader de centre droit Sebastian Pinera, qui veut privatiser jusqu'à 20% de Codelco, est élu.
Sur la Bourse londonienne des métaux, le cuivre a atteint un pic de plus de 15 mois en raison des craintes liées à la grève dans la mine de Chuquicamata. A 13h17 GMT, la tonne de cuivre livrable à trois mois MCU3 se négociait encore à 7.260 dollars après avoir atteint 7.280 dollars.
Un analyste d'ANZ, Mark Pervan, a toutefois expliqué que l'évolution des cours du cuivre pouvait également résulter des mouvements du dollar et du dénouement de positions avant la fin de l'année.
Alonso Soto
(avec Nick Trevethan à Singapour, version française Alexandre Boksenbaum-Granier)

lundi 28 décembre 2009

Trois grimpeur escaladent l’Aconcagua

Ces trois brigadistes de Patagonie espèrent ainsi attirer l’attention sur la demande mondiale de la libération immédiate des Cinq cubains emprisonnés injustement depuis onze ans aux US.
Les grimpeurs portent une drapeau orné d’un logo, créé par Gerardo Hernandez, qu’ils planteront au sommet du toit des Amériques : l’Aconcagua qui culmine à... 6959 mètres d’altitude !!!
Ce sera une façon supplémentaire d’exiger la liberté pour les cinq et de faire connaître leur cause, malgré la presse silencieuse.
Les trois grimpeurs qui relèvent ce défi marchent sur les traces d’un autre jeune argentin, Ernesto Guevara, qui, dans le milieu du siècle dernier avait tenté d’escalader le célèbre Popocatepetl du Mexique.
Comme prévu, l’expédition sera de retour le 18 Janvier 2010 dans la ville de Neuquén, après avoir défié les températures extrêmes et les dangers que cela entraîne. L’Aconcagua est situé à la frontière de l’Argentine et du Chili...

lundi 21 décembre 2009

La droite se frotte les mains

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Sebastián Piñera Photo Reuters
C’est le candidat de droite Sebastián Piñera qui arrive en tête, avec 44 % des voix, devant le démocrate-chrétien Eduardo Frei, candidat de la Concertation [coalition de quatre partis de centre et gauche au pouvoir depuis le retour de la démocratie], qui a obtenu 29,75 % des suffrages.

Le quotidien proche du gouvernement socialiste de Michelle Bachelet explique que “le bloc de pouvoir qui a soutenu la dictature militaire conserve les 44 % de suffrages obtenus par Pinochet lors du référendum de 1988” [le non au maintien au pouvoir du dictateur avait alors gagné, annonçant le début du retour à la démocratie]. Mais il ajoute : “Si l’on additione les voix du candidat communiste Jorge Arrate (6 %), celles du candidat indépendant Marco Enríquez Ominami (20 %) et celles d’Eduardo Frei, les forces qui ont lutté pour approfondir et élargir la démocratie continuent quant à elles de représenter la majorité absolue.”Ces calculs peuvent sembler optimistes, et annoncent un second tour très serré pour le 17 janvier.

Le report des voix des électeurs de Marco Enríquez Ominami n’est pas gagné. Le fils de l’ancien chef du MIR [Mouvement de la gauche révolutionnaire], qui a joué la carte de l’indépendance et rendu sa carte du Parti socialiste pour pouvoir se présenter, ne devrait pas appeler à voter pour Frei, qu’il a dénigré pendant toute la campagne [voir CI n°993, du 12 novembre 2009]. Il reconnaît néanmoins que “la victoire de Piñera représenterait une régression historique”.

Pour El Mercurio, au contraire, ce premier tour “représente un changement politique majeur, plus profond qu’il n’y paraît à première vue, car c’est la première fois que la Concertation perd après quatre majorités consécutives”. Le quotidien de droite se félicite des “14 % d’avance” de Piñera et se réjouit “que la Concertation ait perdu aussi sa majorité dans les deux Chambres”. Le quotidien argentin Página 12 constate pour sa part que “le marketing a réussi un miracle avec Sebastián Piñera”“l’homme d’affaire multimillionnaire, qui se vante d’être, au sein de l’Alliance pour le changement (qui rassemble le parti de droite Rénovation nationale et celui d’extrême droite Union démocratique indépendante), le moins lié à l’héritage de Pinochet pour avoir voté non au référendum de 1988, avait publiquement soutenu le dictateur lorsque celui-ci avait été arrêté à Londres en 1998.”

Le journal note aussi qu’il “s’est réuni le 10 décembre avec des militaires pinochetistes à la retraite, à qui il a promis de ne pas faire avancer les procès en cours sur les violations des droits de l’homme commis pendant la dictature”.

La présidente socialiste Michelle Bachelet, qui jouit aujourd’hui d’une popularité historique, avec près de 80 % d’opinions favorables dans les sondages, s’est réjouie de l’élection de trois députés communistes, qui marque “la fin de l’exclusion” du PC depuis le coup d’Etat du 11 septembre 1973. La première femme présidente du Chili n’a pu se représenter, car la Constitution chilienne interdit deux mandats présidentiels consécutifs.

jeudi 17 décembre 2009

Guillermo Teillier « Un triomphe extraordinaire ! »

Comment vous sentez-vous après ce 1er tour ?
Guillermo Teillier. Heureux ! Après trente-six ans d’absence, trois députés communistes vont retrouver les sièges du Congrès. C’est un triomphe extraordinaire ! Quant au résultat de Jorge Arrate, il est satisfaisant, vu nos moyens réduits. Avec cette élection, Jorge devient une figure importante de la gauche. Il va favoriser l’union et saura barrer la route à la droite.

Quelle marge de manœuvre auront les communistes au sein du Parlement ?
Guillermo Teillier. Nous pourrons travailler dans la mesure où nous réussirons à nous mettre d’accord avec d’autres autour d’objectifs importants pour le peuple. Nous ferons tout pour réunir les volontés politiques afin de modifier les institutions héritées de Pinochet et d’installer une vraie démocratie sociale. Et puis, les mouvements sociaux et syndicaux seront derrière nous.

Vous êtes prêt à dialoguer avec le candidat de la coalition sortante, Frei, pour battre la droite. Sur quelles bases votre soutien est-il envisageable ?

Guillermo Teillier. Si la concertation montre une vraie volonté politique et est prête à nous écouter, l’accord est possible. Car les points communs existent. Il faut intégrer au programme d’Eduardo Frei des mesures que réclame le peuple. Changer la Constitution, modifier le système électoral et des mesures pratiques, comme l’amélioration du service public de santé par exemple. Nous présenterons nos propositions d’ici à 48 heures et espérons que le dialogue avec l’équipe d’Eduardo Frei commencera très vite.

La droite est donnée favorite au second tour. Comment la contrer ?
Guillermo Teillier. Si on ajoute les voix d’Arrate, Frei et Enriquez, on voit que 56% des Chiliens ne suivent pas la droite. Mais il est clair aussi que la majorité n’en peut plus de la gestion actuelle. Si la candidature de Frei offre une réelle possibilité de changement, nous convaincrons et la droite ne gagnera pas.

Sebastian Piñera vous fait peur ?
Guillermo Teillier. Lui, non, mais ses idées politiques, oui. Il pourrait privatiser une partie de l’entreprise nationale productrice de cuivre, veut flexibiliser le travail, réduire le salaire minimum pour favoriser l’emploi. Et en matière de droits de l’homme, il a beau se présenter comme un partisan du « non » qui a fait tomber Pinochet en 1989, les rangs de la droite comptent des Pinochétistes. Je crains que sa victoire donne des ailes à une droite réactionnaire qui veut freiner les mouvements populaires à l’œuvre en Amérique latine.
Lucille Gimberg

mardi 15 décembre 2009

Le Chili promulgue la loi concernant l’accès à l’information bancaire et met en place la norme fiscale

En conséquence, l’OCDE a mis à jour son rapport d’étape, paru initialement conjointement avec le Sommet du G20 d’Avril, faisant ainsi entrer le Chili dans la catégorie des juridictions qui ont mis en place de façon substantielle la norme fiscale convenue au niveau international.
Le Chili a un réseau de plus de 20 traités fiscaux bilatéraux qui prévoient un échange d’informations dans le domaine fiscal. Jusqu’à présent, néanmoins, des restrictions juridiques empêchaient les autorités fiscales chiliennes d’obtenir et d’échanger certains types d’informations bancaires dans les cas fiscaux non-criminels.
Une nouvelle loi permettant aux autorités fiscales Chiliennes d’accéder à toutes les informations bancaires a été publiée dans le Journal Officiel de la République du Chili le 5 décembre 2009. Elle est à présent en vigueur et sera applicable à partir du 1er janvier 2010. En levant les anciennes restrictions, la nouvelle loi permet aux traités existants du Chili d’être pris en considération pour répondre à la norme de l’OCDE pour l’échange d’informations en matière fiscale.
Saluant la loi, le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría a déclaré : « Je me réjouis de constater que dans la démarche du Chili d’accéder au statut de Membre de l’OCDE, le cadre juridique du Chili a été amélioré et ramené au niveau de conformité des meilleures pratiques internationales.
Le Chili est à présent partie prenante à un mouvement international en faveur de la transparence fiscale et de l’échange d’informations.»Le Chili est l’un des cinq pays, avec l’Estonie, Israël, la Fédération de Russie et la Slovénie, qui sont en cours de négociations pour devenir membres de l’OCDE. La conformité avec la norme fiscale en vigueur à l’ échelle internationale pour l’échange d’informations a été l’un des éléments clés dans les négociations du Chili en vue d’une adhésion.
Pour davantage d’informations, visiter www.oecd.org/fiscalite et www.oecd.org/fiscalite/fraude

dimanche 13 décembre 2009

Présidentielle au Chili : la droite devrait revenir au pouvoir

Sebastian Piñera. Photo Journal La Segunda
Dès lors, le candidat le mieux placé semble être un prospère entrepreneur de 60 ans, Sebastian Piñera, de la droite modérée. Il serait en mesure de l’emporter, au second tour, le 17 janvier, face au candidat de la Concertation, Eduardo Frei, 67 ans, déjà chef de l’État de 1994 à 2000.
L’ancien socialiste Marco Enriquez-Ominami semble le seul à pouvoir créer la surprise en s’invitant au second tour.

samedi 12 décembre 2009

Les Chiliens aux urnes pour l'après-Bachelet

Piñera embrasse la présidente Michelle Bachelet.
Un retour de la droite au pouvoir au Chili, en meilleure position que jamais, ferait l'événement dans une région désormais dominée par des gouvernements de gauche.

Le candidat "officialiste" Frei a, lui, crée la surprise jeudi soir, en clôture de la campagne: il a annoncé un accord avec le candidat Jorge Arrate, de Junto Podemos (Ensemble, Nous Pouvons, alliance dirigée par les communistes), pour tenter de barrer la route à Piñera au second tour, prévu le 17 janvier.

Les Chiliens doivent également élire la totalité des 120 députés et renouveler la moitié du Sénat (36 sièges).

Selon tous les sondages, l'atypique Piñera, candidat de la droite traditionnelle Rénovation nationale (RN) et de l'extrême-droite Union démocratique indépendante (UDI), à la tête de l'Alliance pour le changement, rival malheureux de Mme Bachelet en 2005, devrait arriver largement en tête dimanche, mais sans pour autant décrocher la majorité suffisante pour être élu dès le premier tour.

Les différents sondages donnent Frei entre 13 et 17 points à la traîne derrière Piñera. S'il veut gagner, il lui faudra faire le plein des voix à gauche: outre le communiste, évalué entre 5 et 7% des voix, il y a surtout le trublion de ce scrutin, le candidat indépendant Marco Enríquez-Ominami, qui a quitté le Parti socialiste pour tenter en solo l'aventure présidentielle, et est donné en troisième position, avec 17% des suffrages.

L'impétueux et irrévérent Enríquez-Ominami, 36 ans, a pour l'instant rejeté l'offre de front commun d'Arrate, autre dissident du PS. Fils de Miguel Enríquez, fondateur du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) assassiné par la dictature en 1974 et élevé en exil en France, il aura été la surprise et le coup de jeune de cette campagne. Rassemblant autour de son nom les déçus de la coalition au pouvoir et nombre d'intellectuels et artistes, il a bouleversé la donne à gauche et suscité l'incertitude quant à l'issue de l'élection.

Le second tour était donc au coeur des derniers discours des quatre candidats jeudi soir, avant le début de la période de silence imposé avant le scrutin de dimanche.

Piñera, 60 ans, a dénoncé cette coalition de centre-gauche qui préside aux destinées du Chili depuis le retour de la démocratie, en 1990. "Ils n'ont pas tenu leurs promesses envers les Chiliens, et ils veulent une cinquième chance, mais est-ce qu'ils la méritent?", a-t-il lancé.

Cet amateur de sports extrêmes, patron de la chaîne Chilevision, est aussi actionnaire de la principale compagnie aérienne chilienne LAN et du club de football le plus populaire du pays.

Et selon les derniers sondages, même si le camp de gauche se regroupe, le candidat de droit gagnerait par 49% contre 32% devant Fire, et une marge plus étroite de 47% contre 35% devant Enriquez-Ominami.

Reste que Piñera est "le candidat le plus modéré que la droite a jamais eu" au Chili, selon Patricio Navia, analyste politique chilien, et que son éventuelle élection ne devrait pas apporter de changements radicaux.

Il se targue d'avoir voté contre Pinochet en 1988, mais reste soutenu par la toujours puissante armée chilienne, une réunion avec les gradés ayant même suscité la controverse. Au cours de celle-ci, selon un participant, il aurait promis de mettre un terme aux "procès sans fin" des crimes de la dictature. Piñera a ensuite démenti toute promesse d'amnistie pour les quelque 750 militaires actuellement dans le collimateur de la justice.

Jamais en tous cas, depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), la droite chilienne n'a été aussi près d'un retour au pouvoir, et ce en raison des divisions à gauche. La très populaire (78%) Michelle Bachelet est empêchée par la Constitution de briguer un deuxième mandat consécutif.

C'est donc le sénateur et ancien président Frei (1994-2000), lui-même fils d'un ancien président mort sous la dictature, qui porte les couleurs de la Concertation "officialiste" et tente de rassembler, avec la présidente sortante à ses côtés.

Ce démocrate-chrétien de 67 ans se proclame héritier de Bachelet la socialiste, dont le mandat arrive à expiration le 11 mars, et annonce vouloir gouverner plus à gauche que du temps de son premier mandat, quatre ans après la fin de l'ère Pinochet. AP

vendredi 11 décembre 2009

ELECTIONS PRÉSIDENTIELLES AU CHILI : L’OMBRE DE PINOCHET PLANE-T-ELLE ENCORE?

Couverture de l'ouvrage collectif Le Volcan latino-américain. Gauches, mouvements sociaux et néolibéralisme en Amérique latine, Paris, Textuel, 2008

Lorsqu’en 2006, la socialiste Michelle Bachelet succède à Ricardo Lagos, elle est la première Présidente de l’histoire chilienne. Ancienne ministre de la défense mais aussi victime du régime militaire, elle avait tenu à affirmer sa volonté d’incarner l’unité nationale, « après les divisions du passé », notamment celles des années de plomb de la dictature du Général Pinochet (1973-90).

Dans un pays réputé conservateur, ce vote massif en faveur d’une femme divorcée, agnostique et socialiste, avait été analysé par certains éditorialistes comme une véritable rupture, à plus de 30 ans du coup d’Etat contre Salvador Allende. A l’issue de son mandat, ce que la plupart des politologues annonçaient s’est pourtant confirmé : son gouvernement s’est inscrit avant tout dans la continuité des politiques publiques précédentes et dans la sillage de l’exceptionnelle stabilité de la coalition au pouvoir depuis 1990 : La Concertation(
1).

En effet, on peut affirmer que M. Bachelet est un « pur produit » de cette coalition articulant centre-gauche et démocratie chrétienne. Conséquence directe de la transition « pactée » chilienne, l’ombre de Pinochet continue de planer sur la démocratie de ce pays, de la façonner même. Malgré les réformes de 1990 ou 2005, les dirigeants politiques ont renoncé à remettre en cause la Constitution du dictateur (datant de 1980) ou encore la loi d’amnistie (1978) : que penser alors d’une démocratie dont la Carta Magna a été écrite par un régime militaire ?


Les exemples de ce que le sociologue Manuel Garreton nomme « enclaves autoritaires », sont nombreux, à commencer par le modèle économique(
2). Celui des « Chicago boys » qui a apporté croissance et modernisation tout en transformant les habitants en « citoyens-carte de crédit »(3) et en assurant les premières places au Chili dans le classement des pays les plus inégalitaires de la planète. Néanmoins, M. Bachelet termine son mandat avec un taux de popularité très élevé (78% d’approbation selon le Centre d’études publiques – CEP(4)) et a su mener une politique d’assistance aux plus pauvres combinée avec le maintien des fondamentaux d’une économie orientée vers les exportations, malgré les conséquences écologiques d’un tel développement.
Jeux et enjeux des élections


Le ciel électoral s’annonce nuageux pour la coalition qui vit sa plus grande crise depuis 15 ans et dont certains se demandent si elle n’est pas tout simplement à bout souffle. La droite est représentée dans cette campagne par un candidat unique, Sebastian Piñera, ex-sénateur et homme d’affaire multimillonaire s’étant enrichi frauduleusement durant la dictature. Ce «Berlusconi à la chilienne » arrive désormais en tête des sondages avec autour de 36% des intentions de votes.


Face à lui, Eduardo Frei enregistre dix point de moins que Piñera dans les intentions des électeurs. Démocrate-chrétien et ancien Président de la République, l’appui d’une puissante machinerie électorale ne lui permet pas de se départir de cette image d’un homme lié avant tout à la vieille « nomenklatura » politique. Ceci d’autant plus que la Concertation est victime de tensions internes et même d’une « fuite de candidats ». Le député trentenaire Marco Enríquez Ominami est ainsi apparu comme une figure nouvelle avec un discours appelant à dépoussiérer la démocratie et critique sur les compromissions de la Concertation.


Attirant les votes de la jeunesse et des classes moyennes, cette candidature est aussi un symptôme d’un système politique en crise. Son programme combine un ton progressiste avec des mesures qui le placent à droite de Frei sur le plan économique (il propose de privatiser une partie de la grande compagnie publique du cuivre –
CODELCO ).

« MEO », marié à une star de la télévision nationale, est surtout le fils des mass-médias dominants qui en font leur trublion fétiche. Les 19% qu’il pourrait rafler feront de lui un arbitre du deuxième tour. Enfin, Jorge Arrate est aussi issu de la Concertation, dont il fut ministre de l’éducation. Aujourd’hui, il cherche à représenter la gauche extraparlementaire regroupée autour du Parti communiste (PC) et a fait le pari de briser l’exclusion institutionnelle dont ce secteur politique est victime (du fait notamment du système électoral élaboré par la dictature), en signant un « pacte instrumental » avec la Concertation.


Les 5% de cette partie de la gauche iront donc à la Concertation au second tour, ainsi que, vraisemblablement, la majorité des voix de MEO. La défaite de Frei est donc assez peu probable, mais aucunement impossible, ce qui signifierait la première victoire démocratique électorale nationale de la droite chilienne depuis plus d’un demi-siècle…


Lorsque la démocratisation pourrait venir d’ailleurs…


Quel que soit le résultat, le Chili reste face à ses démons et ni Frei, ni Piñera n’ont paru prêts à y faire face. L’Etat néolibéral chilien est un Etat a minima qui peine à entamer les réformes sociales nécessaires, si ce n’est à la marge. Orienté vers un libre-échangisme débridé, le pays est fortement dépendant de l’exportation de ses ressources naturelles (cuivre, bois, pêche, etc.), alors que le marché mondial est au bord du gouffre.
Pourtant, les problèmes sont de taille, à commencer par la faillite du système de retraites par capitalisation. Une santé à deux vitesses, laissant au bord de la route les plus fragiles et une éducation transformée en un vaste marché par Pinochet juste avant son départ. Autre question essentielle : les droits bafoués des indigènes mapuches qui revendiquent leur droit à l’autodétermination au lieu de la répression systématique dont ils sont l’objet(
5).

Enfin, les immenses inégalités dans la répartition des richesses, ignorée par les principaux hommes politiques alors qu’elles sont au coeur d’un malaise social qui couve. De fait, pour de nombreux citoyens, les enjeux électoraux sont loin de leurs problèmes quotidiens. Une partie la jeunesse, si elle ne vote pas forcément (
6), s’active néanmoins au sein de multiples collectifs à Santiago et comme dans les principales villes.

C’est ainsi que le pays a vécu, en 2006, plusieurs mois d’une « révolte des pingouins » – les étudiants des collèges sont appelés ainsi à cause de leur uniforme – qui a défié le gouvernement, mais surtout qui questionne l’héritage de la dictature. Si un processus de démocratisation démarre dans le Chili actuel, il surgira peut-être davantage « par en bas », grâce aux mobilisations d’une génération n’ayant pas connue la dictature, mais qui n’oublie pas que le vieux dictateur est mort sans avoir été jugé et que c’est le système qu’il a mis en place qui régit encore le « pays allongé » de Pablo Néruda.

Franck Gaudichaud vient de diriger : Le Volcan latino-américain. Gauches, mouvements sociaux et néolibéralisme en Amérique latine, Paris, Textuel, 2008 et prépare actuellement la publication de sa thèse : « Pouvoirs populaires constituants et cordons industriels au Chili. La dynamique du mouvement social urbain durant le gouvernement Allende (1970-1973) », Presses Universitaires de Rennes, Rennes (à paraître).


Notes

(1) La « Concertation des partis politiques pour la démocratie » est formée du Parti socialiste, du Parti pour la démocratie (PPD), du Parti radical social démocrate et du Parti démocrate-chrétien.


(2) Voir : « Le Chili de Michèle Bachelet : un pays modèle » in F. Gaudichaud (dir.), Le Volcan latino-américain. Gauches, mouvements sociaux et néolibéralisme en Amérique latine, Paris, Textuel, 2008, pp. 315-336.


(3) Voir T. Moulian, Chile actual. Anatomía de un mito, Lom, Santiago, 2007.


(4) Les enquêtes d’opinion citées dans cet article sont tirées de : CEP, « Estudio Nacional de Opinión Pública », octubre 2009,
www.cepchile.cl/dms/lang_1/doc_4487.html.

(5) Ainsi que le dénoncent depuis des années Amnisty International ou l’assemblée des Droits de l’Homme de l’ONU. Voir les travaux de Fabien Lebonniec à ce sujet, dont : « La criminalisation de la demande territoriale mapuche », 2006, www.alterinfos.org/spip.php?article686.

(6) Plus d’un million de jeunes refusent de s’inscrire sur les listes électorales, ne se sentant pas représentés par le système politique actuel.

jeudi 10 décembre 2009

Un milliardaire de droite donné favori à l'élection au Chili

Photo Reuters / Ivan Alvarado
Portraits de deux candidats à la présidentielle chilienne Eduardo Frei, 67 ans, ancien président de centre gauche du pays, et Sebastian Pinera (à gauche), 60 ans, un richissime homme d'affaires de droite. Ce dernier est donné favori dimanche et sa probable victoire irait à contre-courant de la domination de la gauche en Amérique du Sud.
Sa victoire mettrait aussi un terme à vingt ans de pouvoir du centre gauche au Chili, qui peut se prévaloir de l'économie la plus stable de la région.
Toutefois, l'arrivée au pouvoir de cet homme de 60 ans, diplômé de Harvard, ne devrait pas se traduire par une inflexion notable de la politique dans ce pays, premier producteur mondial de cuivre et modèle de prudence en matière de gouvernance économique.
Sebastian Pinera, finaliste lors de la dernière présidentielle, devrait arriver en tête sur ses quatre concurrents dimanche soir, probablement devant l'ancien président de centre gauche Eduardo Frei.
Personne ne s'attend à ce qu'un candidat réussisse à franchir la barre des 50%, et le second tour, le 17 janvier, sera vraisemblablement serré, même si Sebastian Pinera est donné vainqueur par les sondages.
Le candidat de la droite a promis de créer un million d'emplois et d'obtenir un taux de croissance de six pour cent par an par le biais d'avantages fiscaux et d'une réforme du droit du travail.
Il s'est aussi engagé à augmenter l'efficacité du géant minier Codelco, qui appartient à l'Etat, alors que l'économie chilienne émerge de sa première récession en une décennie.
"Si nous faisons les mêmes choses que nous faisons ces vingt dernières années, nous aboutirons au même résultat", fait valoir Sebastian Pinera dans les derniers jours de campagne. "Donnez-nous l'occasion d'améliorer les choses".
JOUER LES TRUBLIONS
Ses détracteurs l'accusent de vouloir gérer le Chili comme un homme d'affaires motivé par l'appât du gain. Ils anticipent aussi un possible conflit d'intérêts pour cet homme à l'immense fortune, qui possède des parts dans des sociétés comme la compagnie aérienne LAN, l'une des plus grandes d'Amérique latine.
Eduardo Frei, qui est âgé de 67 ans, a dirigé le Chili de 1994 à 2000. Il s'est engagé à maintenir les programmes sociaux lancés par la présidente sortante Michelle Bachelet, très populaire mais qui ne peut pas briguer un nouveau mandat consécutif.
Il a tenté, mais sans succès, de surfer sur le taux popularité de 77% de l'actuel chef de l'Etat en raison des querelles intestines et des défections qui ont affaibli la coalition de centre gauche au pouvoir formée dans les années 1980 pour combattre la dictature (1973-90) du général Augusto Pinochet.
"Je continuerai sur la voie ouverte par Michelle Bachelet", affirme l'ancien chef de l'Etat dont le mandat a été terni par un chômage en flèche. "Nous incarnons la continuité".
La droite n'a pas remporté d'élections depuis un demi-siècle au Chili, un pays de 16 millions d'habitants qui compte l'un des niveaux de vie les plus élevés d'Amérique latine si l'on s'en tient à l'indice de l'Onu du développement humain.
Marco Enriquez-Ominami, qui se présente sans étiquette, figure en troisième position d'après les sondages et risque de jouer les trublions en mordant sur l'électorat de gauche d'Eduardo Frei et en attirant les déçus des partis traditionnels.
Cet homme de 36 ans, ancien producteur de cinéma, n'hésite pas à traiter ses concurrents de "dinosaures (...) qui ont opéré un kidnapping sur la démocratie". Il a repoussé des offres d'accord avec la gauche pour battre Sebastian Pinera. Le report des voix de ses électeurs dimanche risque d'être déterminant.
Aux législatives, qui se tiendront aussi dimanche, la gauche devrait en revanche conserver une petite majorité aux deux chambres du Congrès. Cela signifie que le candidat de la droite devra composer avec ses adversaires pour faire adopter sa politique en cas de victoire à la présidentielle.

Chili : des élections sous l'oeil des fantômes

Les quatre candidats de la présidentielle
A droite, Sebastian Piñera reste le favori des sondages sans atteindre les 50%, qui lui seraient nécessaire pour éviter un second tour. Ce serait le premier retour de la droite depuis le départ du d'Augusto Pinochet, il y a juste vingt ans. Milliardaire, il avait échoué à la présidentielle de 2005 face à Michelle Bachelet.
Au centre, le candidat de la Concertation Éduardo Frei, ex Président du Chili dans les années 1990 et fils d'un président démocrate-chrétien des années 60 sans doute assassiné en 1982 par la police secrète du Général Pinochet. Trois de ses assassins présumés viennent d'être arrêtés.
A gauche, l'ancien ministre de Salvador Allende Jorge Arrate est le candidat du Front de gauche (Junto podemos, "ensemble nous pourrons") allié au Parti communiste.
Mais la campagne est aussi marquée par la montée d'un troisième homme, l'Indépendant, Marco Enriquez-Ominami, ex-socialiste, fils du charismatique dirigeant du M.I.R. (extrême gauche des années 70) Miguel Enriquez, tué par la dictature en octobre 1974.
Sebastian Piñera : la droite revient
Homme politique et homme d'affaires chilien de 60 ans, Sebastian Piñera a été candidat de Rénovation Nationale (centre-droit) à l'élection présidentielle chilienne de 2005, battu au second tour par Michelle Bachelet avec 46,50% des suffrages. Il incarne aujourd'hui à la fois l'alternance et le retour du passé.
Eduardo Frei : le cacique
Fils du Président chrétien-démocrate Eduardo Frei Montalva sans doute assassiné en 1982 sur ordre de Pinochet, Eduardo Frei a lui même dirigé le Chili après le retour de la démocratie. Centriste, il incarne une classe politique vieillissante.
Jorge Arrate : la Gauche radicale
Jorge Arrate, le candidat de gauche, allié au Parti communiste. A 68 ans, il est lui aussi un socialiste dissident de la Concertation. Il fut un collaborateur de Salvador Allende
Le troisième homme : Marco Enriquez-Ominami
Il avait 3 mois lors du coup d'Etat de 1973. Un an plus tard, son père Miguel Enriquez, leader du mouvement d'extrême gauche MIR était assassiné par la dictature. De son enfance d'exil à Paris avec sa mère, il a gardé une parfaite maitrise du français. Ancien député socialiste, il a appartenu à la coalition gouvernementale mais il en est parti bruyamment. La presse la surnommé “discolo“, l'indocile.
L'absente : Michelle Bachelet
Née en 1951, et de lointaine origine française, Michelle Bachelet est la fille du Général de l’armée de l’air Alberto Bachelet arrêté après le coup d’État du 11 septembre 1973 et mort en prison, sans doute du fait de mauvais traitement, tandis que sa femme et sa fille étaient également incarcérées et torturées dans un autre centre de détention.
Elles se réfugient après leur libération en Australie. Michelle poursuivra ses études à Berlin avant de retourner en 1979 au Chili, ou elle devient médecin.
Socialiste, elle s’engage dans différentes organisations d’aide aux enfants de personnes torturées et disparues.
En mars 2000, le Président Ricardo Lagos en fait son ministre de la Santé, puis en 2002 de la Défense.
Le 15 janvier 2006, Michelle Bachelet remporte la présidentielle par 53,5% des voix contre 46,5% à son adversaire de droite Sebastián Piñera.
C'est la première fois en Amérique du Sud qu'une femme est élue présidente au suffrage universel direct.
Quatre ans plus tard, sa popularité demeure historique (plus de 75 %) mais la Constitution chilienne lui interdit de briguer un second mandat.

Chili: blocage d'une mine de cuivre

"Les dirigeants des syndicats 1, 2, 3 ont bloqué à l'aube les accès aux zones productives de Chuquicamata. Par conséquent, les opérations de cette unité sont actuellement arrêtées", déclare Codelco, premier producteur mondial de ce métal, dans un communiqué. Les salariés, qui ont entamé une négociation collective avec la direction de l'entreprise le 17 novembre, réclament une hausse de 7,5% de leur salaire et différents avantages sociaux, en raison de la forte hausse du cours du cuivre ces dernières semaines.
La législation chilienne leur interdit cependant de se mettre en grève avant la date-butoir des négociations, fixée à fin décembre. Le cuivre, plombé par la crise économique mondiale fin 2008, a atteint la semaine dernière son niveau le plus élevé en 14 mois sur le marché londonien des métaux de base. Son prix s'est installé au dessus des 7.000 dollars la tonne, se hissant à 7.170 dollars, un plus haut depuis fin septembre 2008.Codelco a produit en 2008 environ 1,54 million de tonnes de cuivre, soit près de 11% de la production mondiale.

mercredi 9 décembre 2009

Au Chili, deux morts de Pinochet s’invitent à l’élection présidentielle

Cela a commencé par la veille du corps de Victor Jara, chanteur et militant communiste, l'une des premières victimes de la dictature. Jara faisait partie des quelques 600 personnes emprisonnées le 12 septembre 1973, dans le stade du Chili, à proximité du palais présidentiel de La Moneda. Pour leur majorité, ils s'étaient réfugiés dans l'Université technique, pour mener la résistance contre le coup d'Etat perpétré la veille par Augusto Pinochet, et défendre le gouvernement d'Unité populaire de Salvador Allende.

Reconnu par les officiers, Jara, qui était une idole des jeunes, a été le premier à être soumis à une série de tortures. Cinq jours plus tard, son corps était abandonné, méconnaissable, roué de coups et criblé de balles. Joan, sa femme, l'a enterré clandestinement dans une fosse du cimetière général de Santiago, accompagnée de deux personnes. En juin dernier, les restes du chanteur et dramaturge ont été exhumés, et envoyé à un laboratoire autrichien auteur d'une nouvelle technologie pour identifier les raisons de sa mort.

La veuve et ses deux filles apprennent ainsi la série de torture subies par Victor Jara, et les plus de trente balles logées dans son corps. Avant de le remettre en terre, elles ont décidé de lui offrir ce qui lui avait été refusé il y a trente-six ans, des funérailles publiques. Pendant trois jours, le corps a été veillé sur la place Brasil, dans le quartier à mes yeux le plus sympathique de Santiago, en tous cas le plus progressiste. Nulle lamentation, mais des chansons, des poésies déclamées et des danses folkloriques, avec, divine surprise, une affluence exceptionnelle de jeunes.

Samedi, ils étaient des milliers, un œillet rouge à la main, à accompagner le cercueil revêtu du poncho du chanteur. L'émotion faisait pleurer les cinquantenaires, qui se souviennent de chaque minute du coup d'Etat, et sourire les adolescents, né en pleine démocratie, mais qui se retrouvent plus dans la combativité du chanteur assassiné que dans l'individualisme de la société chilienne.

Lundi, un autre mort s'est invité sur la scène chilienne. Il s'agit d'Eduardo Frei, le père, le démocrate-chrétien qui a gouverné le Chili entre 1964 et 1970. Opposant de l'Unité populaire d'Allende, l'ex-président avait rapidement déchanté face au régime dictatorial de Pinochet. Au début des années 80, il se profile comme un adversaire notable du président, bénéficiant du respect de la population. Sans doute trop aux yeux des militaires.

En 1982, Eduardo Frei entre à la clinique pour se faire opérer d'une banale hernie. Il n'en sortira jamais. Selon la version officielle, Frei aurait été victime de complications chirurgicales, et succombé à une septicémie. La famille n'a jamais eu droit de connaître la vérité : l'autopsie a été organisée par les militaires, sans son autorisation. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard qu'une investigation judiciaire est enfin ouverte, lorsqu'on apprend la mort, à Montevideo, d'Eugenio Berrios, le chimiste de la dictature. L'homme avait fui en Uruguay par crainte d'être éliminé par les hommes de Pinochet, car il en savait trop. On a retrouvé son corps sur une plage à proximité de Montevideo, avec deux balles dans le corps.

Ce lundi, un juge chilien a pour la première fois accepté la thèse de l'assassinat. « La mort de l'ancien président a été provoquée par l'introduction graduelle de substances toxiques non conventionnelles, par l'injection de produits pharmaceutiques non autorisés et par une succession d'anomalies qui ont été dissimulées et ont détérioré son système immunitaire", a déclaré le juge Alejandro Madrid. Il a ordonné la détention de six hommes, dont quatre médecins, un ancien chauffeur et un homme de confiance de la famille Frei. Un autre médecin est accusé de complicité pour avoir menti sur les résultats de l'autopsie.

L'annonce a fait l'effet d'une bombe. Car le fils de la victime, qui porte le même nom, Eduardo Frei, et qui est également ex-président (1994-2000) est un des principaux candidats de l'élection présidentielle de dimanche. La droite s'est d'ailleurs empressée de dénoncer la date choisie par le juge pour faire son annonce, sans grand succès. La justice est au Chili un corps qui commence à prendre son indépendance, sans doute l'un des plus respectés de la population.

Le candidat de la droite, Sebastian Pinera, a réagi rapidement, et de manière astucieuse en se solidarisant avec la famille et en exigeant que la vérité soit faite. Il souligne ainsi sa distance avec le pinochetisme - il avait voté non, en 1988, au référendum sur le maintien au pouvoir du général. Mais il heurte ainsi une partie de son électorat, qui continue à revendiquer haut et fort l'héritage du gouvernement militaire.

Il est peu probable que ces deux morts changent le cours d'une élection qui semble favorable à la droite. Ils ont au moins le mérite de rappeler aux Chiliens que la page est loin d'être tournée.

mardi 8 décembre 2009

Mort de l'ex-président Frei Montalva : un juge évoque un assassinat

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L’ancien président Eduardo Frei au Téléphone. Photo Archive

« La mort de l'ancien président a été provoquée par l'introduction graduelle de substances toxiques non conventionnelles, par l'injection de produits pharmaceutiques non autorisés et par une succession d'anomalies qui ont été dissimulées et ont détérioré son système immunitaire », a déclaré le juge Alejandro Madrid.

Il s'exprimait après l'arrestation de six hommes, dont quatre médecins, impliqués selon lui dans la mort de l'ancien dirigeant démocrate-chrétien.M. Frei Montalva était décédé le 22 janvier 1982 d'une septicémie dans une clinique de Santiago, où il avait subi deux mois plus tôt une intervention considérée comme bénigne pour une hernie.

Ses proches, à commencer par son fils Eduardo Frei, lui aussi ex-chef de l'Etat (1994-2000) et candidat de la coalition de centre-gauche au pouvoir pour la présidentielle de dimanche, dénoncent depuis longtemps un meurtre commis par la Dina, la police secrète de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

L'hypothèse d'un assassinat avait refait surface il y a trois ans lorsque des traces de gaz moutarde avaient été décelées lors de l'examen de tissus prélevés sur le cadavre de Frei Montalva. Le gaz moutarde a notamment pour effet d'accélérer les processus infectieux.Trois des six prévenus sont poursuivis en tant qu'auteurs de l'assassinat : le médecin militaire qui dirigea l'opération, Patricio Silva, un ancien employé civil de l'armée, Raul Lillo, et l'ancien chauffeur et homme de confiance de la famille Frei, Luis Berrera. Ces deux derniers sont accusés d'avoir espionné l'ancien président.Un autre médecin qui a participé à l'opération, Pedro Valdivia, est inculpé de complicité d'assassinat.

Quant à Helmar Rosenberg et Sergio Gonzalez, qui ont fait la première autopsie du corps, ils sont accusés d'avoir écrit un faux rapport pour masquer l'origine criminelle de la mort de Frei, mais ils ont été libérés dans l'après-midi.

En août 2006, Augusto Larrain, le médecin qui avait opéré Frei, avait rompu 24 années de silence en affirmant publiquement qu'il y avait eu une "main noire" derrière la mort de l'ex-président. Il avait évoqué un "agent chimique extérieur" qui avait aggravé son état de santé.« L'ex-président Frei dénonçait les violations des droits de l'homme. C'est probablement ce qui a motivé cet acte criminel qui lui a coûté la vie », a déclaré la présidente du Chili Michelle Bachelet, qui a elle-même été torturée et a perdu son père, mort en prison, sous la dictature.L'opposition s'est, elle, étonnée que cette annonce soit faite à six jours du premier tour de l'élection présidentielle, pour laquelle Eduardo Frei est largement distancé dans les sondages par le candidat de droite, Sebastian Pinera.

« J'espère que le juge n'a pas pris cette décision à des fins électorales », a déclaré le secrétaire général de l'Union démocrate indépendante (UDI, opposition), Victor Perez.Le juge Madrid a rejeté ces accusations.Le régime du général Pinochet est considéré comme responsable de 3.100 morts ou disparitions.

dimanche 6 décembre 2009

Le Chili enterre solennellement le chanteur Victor Jara tué par la dictature

«Victor vit dans le coeur de son peuple», «Camarade Vicor présent ! Justice et vérité !» - ces banderoles et slogans scandés ont rythmé le cortège funéraire d'environ 3.000 personnes au début, bien davantage sur le parcours à travers le centre de Santiago.
Mer d'oeillets, de drapeaux rouges, chansons engagées et airs qui rendirent Victor Jara célèbre à travers l'Amérique latine, comme «Te recuerdo Amanda»: les obsèques solennelles du chanteur qui s'est toujours déclaré communiste, ont rassemblé le monde des arts, de la politique, de la gauche, mais aussi des Chiliens ordinaires.
Cet enterrement était l'aboutissement de trois jours d'hommages au chanteur populaire exécuté à l'âge de 40 ans, au cours desquels plusieurs appels ont été lancés à poursuivre la quête de justice pour les 3.100 morts ou disparus de la dictature militaire (1973-90). Appels teintés d'inquiétude à huit jours d'élections où les formations de centre gauche pourraient perdre le pouvoir pour la première fois depuis le retour du Chili à la démocratie.
Pendant quatre heures, le cortège a traversé le centre-ville derrière le cercueil de Victor Jara, suivi de sa veuve britannique Joan Turner et de leurs deux filles Manuela et Amanda.
« Nous sommes venus lui rendre l'hommage du peuple, il ne mérite pas moins », a déclaré à l'AFP Manuel, anonyme au milieu d'une foule éclectique mêlant artistes, syndicalistes, supporters de football, indiens Mapuches et beaucoup d'enfants avec leurs parents.
La dépouille du chanteur avait été exhumée en juin pour des examens médico-légaux, dont la justice espérait des précisions sur les circonstances exactes de sa mort et sur ses assassins.
Victor Jara fut arrêté dans les heures suivant le coup d'Etat militaire contre le président socialiste Salvador Allende le 11 septembre 1973.
Avec environ 5.000 autres prisonniers politiques arrêtées dans des rafles, il fut détenu au Stade du Chili, le plus grand de Santiago. Là, il fut interrogé, torturé, avant d'être abattu à la mitraillette, son corps criblé de 44 balles, probablement le 15 septembre.
Un fait particulier témoigne de l'acharnement des militaires: les doigts écrasés du chanteur guitariste, cassés à coups de crosse et de bottes.
«Regarde mes mains, regarde mes mains... ils me les ont écrasées, pour que je ne puisse plus jamais jouer de la guitare ! », cria Jara au journaliste Sergio Gutierrez, co-détenu, qui a survécu à cette détention au stade.
En mai dernier, un ex-soldat âgé de 18 ans à l'époque a été inculpé après des aveux partiels, mais il s'est rétracté depuis et a été libéré sous caution, ce qui renvoie l'enquête judiciaire au point mort, comme pour des centaines de dossiers de victimes de la dictature.
Elle-même victime de la dictature avec sa famille, la présidente socialiste Michelle Bachelet, présente vendredi à une des cérémonies, a demandé que la recherche de la justice se poursuive.
«Victor peut enfin reposer en paix après 36 ans, mais beaucoup d'autres familles » aimeraient aussi retrouver la paix et «il est important de poursuivre la quête de justice et de vérité », a-t-elle dit.
Joan Turner avait réussi à récupérer le corps de son mari d'une morgue avec l'aide d'un fonctionnnaire ami et l'avait fait enterrer le 18 septembre 1973 en catimini au cimetière général de Santiago, là où samedi il a retrouvé sa dernière demeure.

mercredi 2 décembre 2009

LE CANDIDAT DE LA GAUCHE JORGE ARRATE


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Maquette et infographie, Guy Desmurs.

mardi 1 décembre 2009

Paris - Dakar : le dispositif de France Télévisions

Sur France 4
LE DAKAR
Présenté par Gérard Holtz, avec Luc AlphandEn direct du 4 au 16 janvier à 18h50 *
Cette émission de 52 minutes nous plongera au coeur de la course avec décryptage et réactions. Les étapes seront suivies en direct par hélicoptère équipé d'une wescam ainsi que par deux voitures. Le soir, au bivouac, les journalistes Gaël Robic, Benoit Durand, Julien Benedetto, présenteront leurs reportages.
Sur France 3
LE JOURNAL DU DAKAR
Présenté par Gérard Holtz, avec Luc AlphandEn direct du 2 au 16 janvier à 20h *
Un résumé de 5 minutes des moments forts de l’étape du jour, les interviews et les classements.Sur
France 2
BIVOUAC
Présenté par Gérard Holtz, avec Luc AlphandEn direct du 4 au 16 janvier en troisième partie de soirée *26 minutes pour plonger dans la vie du bivouac, où tout le monde se rassemble à la fin de chaque étape. En direct, France 2 vous emmène dans le campement à la rencontre des concurrents qui réparent leur machine (ou leur corps…) et vous fait partager leurs passions comme leurs coups de blues.*excepté le 9 janvier, date de la journée de repos.
STADE 2
Le magazine des sports présenté par Lionel Chamoulaud se tiendra en duplex de La Rioja, Copiapo et Buenos Aires les dimanches 3, 10 et 17 janvier 2010.Et sur le web...
L’aventure sud-américaine du Dakar 2010 se prolonge sur france2.fr, france3.fr et france4.fr avec le site dédié à l’événement, qui proposera, outre une couverture complète en continu du rallye sur la toile, une offre importante de vidéos entièrement gratuite.
V.R-B