vendredi 31 janvier 2014

JAIME GUZMAN, ENTRE MARTYR DE LA DROITE DURE ET ICÔNE ROSE

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JAIME GUZMAN, ENTRE MARTYR DE LA
DROITE DURE ET ICÔNE ROSE
 
Ancien dirigeant des étudiants de l’université catholique, un des initiateurs du mouvement corporatiste opposé aux réformes en 1967, puis jeune avocat ultra conservateur, Jaime Guzmán a été un ennemi farouche du gouvernement de Salvador Allende. Il a été proche de la fondation du Front nationaliste Patrie et liberté, Patrie et liberté, mouvement paramilitaire d'ultra droite qui de concert avec la droite traditionnelle et secrètement soutenu par l’antenne régionale de la CIA, déclencha des sabotages et des attentats meurtriers visant la déstabilisation du pays et cherchant à provoquer l’intervention des militaires. Son objectif atteint, le groupuscule s’est auto dissout suite au putsch de septembre 1973, et plusieurs militants ont alors intégré les escadrons de la mort de la DINA.
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LE RÉGIME MILITAIRE D'AUGUSTO PINOCHET PRÉSENTE 
POUR JAIME GUZMÁN ET LES GRÉMIALISTES L'OPPORTUNITÉ 
HISTORIQUE DE METTRE EN ŒUVRE LES IDÉES QUI 
N'ÉTAIENT JUSQUE LÀ QUE DE LA THÉORIE 
UNIVERSITAIRE OU DE LA RHÉTORIQUE POLITIQUE.

Dès 1973 et jusqu’en 1979 Jaime Guzmán devient un proche conseiller politique du général Augusto Pinochet. Il est notamment le rédacteur du discours et un des organisateurs de l’acte de Chacarillas, nom d’une colline à Santiago au sommet de laquelle eu lieu en juillet 1977 un rassemblement civique-militaire nocturne bigarré, éclairé aux flambeaux, avec étendards et hymnes aux gloires militaires et à celle du dictateur, qui drapé de sa cape a fixé le nouveau cap pour la patrie.


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JOSE ZARA HOLGER ET JAIME GUZMAN EN MEETING UDI DE SOUTIEN À PINOCHET À CONCHALI, 7-08-1988. JOSE ZARA HOLGER, ANCIEN OFFICIER SUPÉRIEUR DE L’ARMÉE, TORTIONNAIRE, MEMBRE DE L’ÉTAT MAJOR DE LA DINA, INCULPÉ DES ASSASSINATS DU GÉNÉRAL CARLOS PRATS ET DE SA FEMME À BUENOS AIRES. JUGÉ EN 2010 PAR CONTUMACE À PARIS POUR TORTURES ET DISPARITION DE CITOYENS FRANÇAIS. PHOTO ANSELMO CORDOVA.
Ce rituel public empli de symboles manifestement néo-fascistes, insolites dans la vie politique chilienne, est considéré un des actes fondateurs de la dictature. Il a servi aussi à mettre en orbite toute une génération d’aspirants politiques qui ont grandi à l’ombre de Pinochet et qui sont toujours aux commandes dans le gouvernement du conservateur Piñera.


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Membre de l’Opus Dei et très influencé par les thèses corporatistes du régime espagnol de Francisco Franco, Guzmán aurait été affaibli par des luttes de pouvoir au sein de la dictature, s’attirant notamment le courroux du colonel Manuel Contreras et sa puissante DINA, dont il a critiqué la sanglante répression d’opposants. Contreras aurait menacé de dévoiler au grand jour l’homosexualité de Jaime Guzmán, et réussi ainsi à faire taire ses critiques.

Appelé par le dictateur à intégrer la commission Ortúzar, chargée de rédiger la nouvelle constitution politique du Chili, Jaime Guzmán en a été l'un des principaux inspirateurs et rédacteurs. Achevée entre quatre murs en 1980, cette charte fondamentale croupion conçue sous état de siège et à la mesure du dictateur régit encore la vie politique du Chili.

En 1983 Jaime Guzmán a fondé l’UDI, l'Union Démocrate Indépendante, parti conservateur fidèle au régime militaire, constitué d’anciens de la droite nationaliste qui a pris ses distances avec les néolibéraux et a cherché à se doter d’une assisse populaire dans les quartiers pauvres. C’est une des deux composantes majeures de la coalition de droite arrivée aux affaires en 2010 et compte plusieurs ministres au gouvernement Piñera.

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Jaime Guzmán a formé plusieurs cadres dirigeants de l'UDI lors de séances et stages qui avaient lieu à l'intérieur de la Colonie Dignidad. Dans ce site, une enclave néo-nazie installée depuis le début des années 60 par des immigrants allemands dans la commune de Parral, au sud du Chili, a longtemps fonctionné un lieu ultrasecret de détention et torture pendant la dictature d'Augusto Pinochet. Des nombreux prisonniers politiques y ont été emmenés et ont ensuite disparu à jamais, tués sans doute sur place. C’est là que Jaime Guzmán, invité d’honneur de la sinistre Colonie Dignidad faisait la formation politique et endoctrinait ses disciples, les actuels cadres de son parti, aujourd’hui ministres et dirigeants.


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Depuis 1989 et jusqu’à son assassinat en 1991, Jaime Guzmán était sénateur UDI élu avec une très faible votation, grâce au système binominal prévu par « sa » Constitution de 1980, profondément anti-démocratique. Guzmán est considéré le principal support théorique, l'idéologue de la dictature militaire, et un icône de la droite ultra-catholique chilienne.

Guy Desmurs.

A LA UNE: LE SOMMET DE LA CELAC S’EST ACHEVÉ À LA HAVANE

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FIDEL CASTRO ET SON ÉPOUSE DALIA SOTO DEL VALLE ONT DÉJEUNÉ DANS LEUR DOMICILE  À L'OUEST DE LA HAVANE AVEC LA PRÉSIDENTE DE L'ARGENTINE, CRISTINA KIRCHNER. PHOTO AFP


Les 31 chefs d’État et de gouvernement d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac) ont adopté la déclaration de La Havane en 80 points, rapporte Cubadebate, qui publie le texte sur son site : l’Amérique latine déclarée zone de paix, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, le soutien au processus de paix en Colombie, le rejet de l’embargo américain sur Cuba et du maintien de Cuba dans la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.

mercredi 29 janvier 2014

CHILI : AFFAIRE JAIME GUZMÁN – UNE COMPLICE FRANÇAISE ARRÊTÉE À HAMBOURG

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MARIE EMMANUELLE VERHOEVEN. PHOTO HEBDOMADAIRE CONSERVATEUR CHILIEN « QUÉ PASA »  

Celle qui se faisait appeler « commandante Ana » est une française, de son vrai nom Marie Emmanuelle Verhoeven, et était sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Elle aurait joué un rôle dans la fuite des meurtriers, et attend aujourd'hui son extradition pour être jugée au Chili. Selon la justice chilienne, elle détiendrait, en plus d'informations sur cette affaire, des éléments importants sur la séquestration de Cristián Edwards en 1990, également perpétrée par le Front Patriotique Manuel Rodriguez (FPMR).

Après sa fuite du Chili au début des années 1990, elle serait rentrée en France et aurait vécu à Nantes avec son fils, travaillant dans un foyer pour mineurs comme psychologue.

Rappel des faits

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GUZMÁN ET MELERO AVEC PINOCHET
Le 1er avril 1991, le sénateur, avocat et professeur de droit constitutionnel Jaime Guzmán est assassiné aux abords du campus Oriente de l'Universidad Catolica (Nuñoa), par un commando d'extrême gauche composé de Raúl Escobar Poblete (alias « comandante Emilio ») et Ricardo Palma Salamanca (alias « El Negro »), activistes du Front Patriotique Manuel Rodriguez (mouvement militaire créé par le Parti communiste sous la dictature). Jaime Guzmán est considéré comme « l'idéologue » du régime de Pinochet, ayant grandement participé à la rédaction de la Constitution en 1980, et ayant fondé le parti de l'Union Démocrate Indépendante (UDI). Récemment le film chilien « El Tio » évoquait cet homme considéré comme brillant et dont l'homosexualité reste un tabou au sein de la droite conservatrice.

LES DROITS DES FEMMES À L'HONNEUR DANS LE GOUVERNEMENT BACHELET

MME CLAUDIA PASCUAL GRAU
De même, les chiffres des violences faites aux femmes sont plus qu'alarmants et la loi se range rarement du côté des victimes. Jusqu'ici le SERNAM, créé en 1991, a toujours appliqué une politique soumise à une vision très conservatrice de la famille laissant sans réponse les attentes des femmes du Chili.

Michelle Bachelet a été particulièrement active au sein de l'ONU-femmes qu'elle a présidée durant trois ans. Gageons qu'elle saura répondre aux attentes des femmes de son pays, aux urgences et à la gravité de leur situation, en particulier en transformant le SERNAM en ministère plénipotentiaire.

Nous tenons à apporter tout notre soutien à Claudia Pascual, communiste et féministe, engagée depuis des années aux côtés d'associations féministes. Elle peut compter sur notre solidarité. Dans une période si grave de remise en cause, en Europe, du droit à l'avortement, nous avons grand besoin de faire converger nos batailles.

Laurence Cohen, Responsable nationale Droits des femmes/Féminisme

Lydia Samarbakhsh, Responsable des Relations internationales

mardi 28 janvier 2014

CHILI : NOMBRE RECORD DE FEMMES DANS LE NOUVEAU GOUVERNEMENT


9 FEMMES POUR 23 MINISTÈRES

La nouvelle équipe de 23 ministres, dont neuf femmes, représente les principaux courants de la coalition de centre-gauche qui a soutenu Mme Bachelet lors de la campagne électorale, comprenant des socialistes, des démocrates-chrétiens, des radicaux et des communistes.

MME CLAUDIA PASCUAL GRAU
La nouvelle ministre du Service national de la Femme (Sernam, organisme chargé des droits de la femme), l'anthropologue Claudia Pascual est une ancienne conseillère municipale communiste de Santiago. Michelle Bachelet, ancienne ministre de la santé en 2000 et deux ans plus tard première femme ministre de la défense d'Amérique Latine, a regretté ne pas être parvenue à la parité dans son nouveau cabinet. «Un des grands défis que nous devons affronter comme pays est d'incorporer un plus grand nombre de femmes à des postes de hautes responsabilités  », a-t-elle affirmé.

Les inégalités entre hommes et femmes est un sujet qui lui tient à cœur, après avoir été pendant trois ans à New York, à la tête de l'ONU Femmes, une entité des Nations-Unies chargée de promouvoir l'égalité des genres.

M. ALBERTO ARENAS DE MESA 
Un de ses principaux hommes de confiance, l'économiste Alberto Arenas, 48 ans, dirigera le ministère des finances. Il est considéré comme un important stratège de Mme Bachelet qui inquiète les hommes d'affaires chiliens. Issu de la classe moyenne et n'appartement pas à l'élite traditionnelle chilienne, il a milité dans les Jeunesses Communistes avant de s'affilier au Parti socialiste.

M. HERALDO MUÑOZ, AMBASSADEUR 
DU CHILI À L'ONU EN 2009
Le futur ministre des affaires étrangères, Heraldo Muñoz, 65 ans, a été représentant permanent du Chili auprès des Nations Unies et membre du gouvernement de l'ex président socialiste Ricardo Lagos (2000-2006). Il a également été ambassadeur du Chili au Brésil. Il devra affronter une résurgence des disputes frontalières avec les pays voisins. Le 27 janvier, la Cour Internationale de La Haye (CIJ) rendra son verdict sur la demande maritime du Pérou du président Ollanta Humala qui concerne près de 38.000 km2 dans l'Océan Pacifique.

M. RODRIGO PEÑAILILLO
Le ministère de la défense sera conduit par Jorge Burgos, un avocat démocrate-chrétien. Le ministre de l'Intérieur, Rodrigo Peñailillo, 39 ans, un des conseillers les plus proches de Mme Bachelet, a été le plus jeune gouverneur du pays pour la province d'Arauco où vivent des communautés indiennes Mapuches, qui réclament la restitution de terres ancestrales.

Nicolás Eyzaguirre, économiste de 60 ans, sera à la tête du particulièrement sensible ministère de l'éducation. Ancien ministre de Ricardo Lagos et ex-directeur des programmes du FMI pour l'Amérique Latine, il devra mettra en œuvre l'ambitieuse réforme de l'éducation promise par Mme Bachelet pour répondre aux exigences des étudiants qui réclament, depuis 2011, une éducation gratuite et de qualité.

« UNE MENACE POUR PERSONNE »

« Mon programme de gouvernement ne constitue une menace pour personne, ni pour le secteur privé ou pour quiconque dans le pays », avait assuré devant la presse étrangère Michelle Bachelet, au lendemain de son élection. « Bien au contraire », avait-t-elle ajouté, la vraie menace serait de ne pas faire ce que nous avons à faire : vaincre les inégalités et s'assurer que notre pays progresse de façon plus harmonieuse ».

Elle a promis, dans les 100 premiers jours de gouvernement, de mettre en marche une série de réformes comprenant notamment une hausse de la pression fiscale sur le secteur privé. Elle entend récolter 8,2 millions de dollars, soit 3% du PIB, en augmentant notamment de 20 à 25% les impôts aux entreprises. Ces mesures ont été fortement critiquées pendant sa campagne par la droite, qui accuse Mme Bachelet de vouloir étouffer le secteur privé. Ces nouvelles recettes doivent permettre de financer une refondation du système éducatif - avec la gratuité des études universitaires d'ici à 6 ans et la fin du subventionnement des écoles privées - ainsi que l'amélioration des systèmes de santé et des services publics.

Plus de 20 ans après le retour de la démocratie, Mme Bachelet propose de faire sauter les « verrous anti-démocratiques » de la Constitution de 1980, héritée du général Pinochet. La courte majorité obtenue par la coalition de centre-gauche lors des législatives de novembre, est pour l'instant insuffisante pour atteindre les 3/5 èmes des voix nécessaires à tout amendement constitutionnel.

Le nouveau mandat de 4 ans de Michelle Bachelet, qui fut entre 2006 et 2010, la première femme élue présidente de l'histoire du Chili, sera sa deuxième chance pour faire de son pays « un pays plus juste et égalitaire ».

(Buenos-Aires, correspondante) 
 Journaliste au Monde

LE CHILI VEUT L’EXTRADITION D’UNE FRANÇAISE « PRÉSUMÉE TERRORISTE »

La Française, Marie Emmanuelle Verhoeven, fut arrêtée lors d’un contrôle de la police de frontières dans l'aéroport d'Hambourg et transférée dans un centre pénitencier. Conformément aux données fournies par la police allemande, il s'agit d'un membre d'une organisation clandestine chilienne, le Front Patriotique Manuel Rodríguez, aujourd'hui inactif. Il existait un ordre de capture internationale contre la détenue née en 1959, émit en 1996, pour sa participation à une organisation terroriste, meurtre et lésions entraînant la mort. (dpa)

LA JUSTICE INTERNATIONALE DONNE EN PARTIE RAISON AU PÉROU CONTRE LE CHILI

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FRONTIÈRE HISTORIQUE
Le Chili n'avait accepté qu'à contrecœur de se rendre à La Haye, où siège la CIJ, assurant que cette frontière maritime était fixée par des traités de 1952 et 1954 portant sur les zones économiques — ce que conteste le Pérou.

 « UN RÉSULTAT ÉQUITABLE »

La CIJ a finalement conclu que les deux pays étaient en fait « d'accord » sur une frontière maritime. Celle-ci « s'étend à une distance de 80 milles nautiques » des côtes, mais pas au-delà, a assuré le juge président Peter Tomka au cours d'une audience publique au palais de la Paix, à La Haye.

Pour la zone située entre 80 et 200 milles marins, les juges se sont employés à déterminer un nouveau tracé de la frontière maritime afin d'obtenir « un résultat équitable ». Concernant la zone considérée comme faisant partie des eaux internationales par le Chili, elle est maintenant sous souveraineté péruvienne.

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PÉROU - CHILI : DÉCISION DE LA CIJ ( AFP ) 

Le Chili a déploré lundi la « perte » de ses droits maritimes sur cette zone, tandis que les Péruviens se félicitaient d'avoir « récupéré plus de 70 % de ce que nous demandions ».

Selon de nombreux observateurs, l'arrêt devrait clore le dernier chapitre de la guerre du Pacifique (1879-1984), dont Le Chili était sorti vainqueur et qui avait redessiné, à leur détriment, les contours du Pérou et de la Bolivie. Le Pérou avait perdu 25 % de son territoire et la Bolivie son accès à la mer.

lundi 27 janvier 2014

LA JUSTICE INTERNATIONALE DONNE EN PARTIE RAISON AU PÉROU CONTRE LE CHILI

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LIMA,OCCUPÉE PAR LES TROUPES CHILIENNES,1881

UNE VIEILLE HISTOIRE…

DOUANE D'ARICA APRÈS LA PRISE DE LA VILLE EN 1880
Ce litige maritime est le lointain héritier de la guerre du Pacifique, remportée par le Chili en 1884. Le Pérou avait alors perdu 25 % de son territoire et la Bolivie son accès à la mer. Lima, mise à sac, fut même occupée pendant près de quatre ans par les troupes chiliennes. En 2008, le Pérou avait saisi la CIJ, réclamant la souveraineté sur une portion de l’océan Pacifique de 38 000 kilomètres carrés de mer poissonneuse sous le contrôle du Chili, ainsi que sur une portion de 27 000 km2 considérée par Santiago comme de la haute mer.


LIMA OCCUPATION DE LIMA PAR LES
TROUPES CHILIENNES (1881-1883)
Le Chili n’avait accepté qu’à contrecœur de se rendre à La Haye, assurant que la frontière entre les deux pays était fixée par des traités de 1952 et 1954 portant sur les zones de pêche. Ce que contestait le Pérou, estimant que le tracé devrait suivre une ligne Sud-Ouest équidistante depuis la frontière terrestre et non une ligne allant plein Ouest parallèle à l’équateur. La CIJ a donné raison à Lima, mais uniquement pour la zone au-delà de 80 miles des côtes.

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LIMA SOUS L'OCCUPATION CHILIENNE, RUE DE SAINT-DOMINGUE, (SANTO DOMINGO) EN 1881




UN NOUVEAU DÉPART ?

PRISE DE LA VILLE DE PISAGUA, LE 2 NOVEMBRE 1879
Cet arrêt pourrait permettre aux deux voisins de transcender leurs rancœurs historiques. Même si cette décision aura des conséquences pour les pêcheurs chiliens. Selon les experts, les relations commerciales entre le Pérou et le Chili sont trop importantes, plusieurs milliards de dollars par an, pour réellement mettre en danger la relation entre les deux pays. La rivalité folklorique entre le Pérou et le Chili ne risque quant à elle pas de s’éteindre à La Haye, sur fonds de passes d’armes récurrentes en particulier sur l’origine géographique du pisco, une eau-de-vie de raisin dont les deux pays revendiquent la paternité.

LA BOLIVIE ATTENTIVE


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OFFICERS BOLIVIANS DE LA GUERRE DU PACIFIQUE DE 1879 - 1884. 


Un autre pays de la région a suivi de près les débats à la CIJ : la Bolivie. Ce pays andin a également participé à la guerre du Pacifique, se retrouvant dans le camp des vaincus. Il a dû céder au Chili une bande littorale de 400 km, perdant un accès à la mer. La Bolivie, un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, ne s’est jamais remise économiquement de cette perte, qui l’a privée des richesses du salpêtre et de la pêche, mais aussi d’un débouché maritime commercial. Le pays a également saisi la CIJ, réclamant au Chili la possibilité de négocier un accès à la mer. Cette revendication est inscrite dans sa Constitution.

Bien que les relations entre voisins soient pacifiées en Amérique latine, il existe de nombreux différents frontaliers, pour certain hérités de la colonisation. Au total, une dizaine de cas occupent les capitales, de Guatemala Ciudad à Santiago.

PÉROU ET CHILI : LE DÉCISION DE LA HAYE

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FRONTIÈRES MARITIMES REVENDIQUÉES RESPECTIVEMENT PAR LE PÉROU ET LE CHILI 

Dans son arrêt, lequel est définitif, sans appel et obligatoire pour les Parties, la Cour
1) Décide, par quinze voix contre une, que le point de départ de la frontière maritime unique délimitant les espaces maritimes respectifs de la République du Pérou et de la République du Chili est situé à l’intersection du parallèle de latitude passant par la borne frontière N° 1 avec la laisse de basse mer ; 

2) Décide, par quinze voix contre une, que le segment initial de la frontière maritime unique suit, en direction de l’ouest, le parallèle de latitude passant par la borne frontière N° 1 ; 


3) Décide, par dix voix contre six, que ce segment initial s’étend jusqu’à un point (point A) situé à une distance de 80 milles marins du point de départ de la frontière maritime unique;
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CROQUIS N° 4 : TRACÉ DE LA FRONTIÈRE MARITIME
4) Décide, par dix voix contre six, que, à partir du point A, la frontière maritime unique se poursuit en direction du sud-ouest, le long de la ligne équidistante des côtes de la République du Pérou et de la République du Chili, calculée depuis ce point, jusqu’au point (point B) où elle rencontre la limite des 200 milles marins calculée depuis les lignes de base à partir desquelles est mesurée la mer territoriale de la République du Chili. A partir du point B, la frontière maritime unique se poursuit en direction du sud le long de cette limite jusqu’au point d’intersection (point C) des limites des 200 milles marins calculées depuis les lignes de base à partir desquelles sont mesurées les mers territoriales respectives de la République du Pérou et de la République du Chili ; 

5) Décide, par quinze voix contre une, que, pour les raisons énoncées au paragraphe 189 [du présent arrêt], il n’y a pas lieu qu’elle se prononce sur le second point des conclusions finales de la République du Pérou. 

PÉROU ET CHILI ATTENDENT À LA HAYE UNE DÉCISION SUR LEUR DIFFÉREND MARITIME

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SEBASTIÁN PIÑERA ET OLLANTA HUMALA  AU VIIE LE SOMMET DE L'ALLIANCE DU PACIFIQUE. PHOTO PRÉSIDENCE DU PÉROU

Les présidents péruviens et chiliens Ollanta Humala et Sebastian Piñera se sont engagés à respecter la décision de la Cour. Ils devraient réagir depuis leurs pays respectifs quelques minutes après la fin de la lecture de l'arrêt. 

L'arrêt en question pourrait de fait marquer l'épilogue de la guerre du Pacifique et permettre, peut-être, aux deux voisins de transcender leurs rancoeurs historiques. 

Le Chili était sorti vainqueur de cáe conflit emblématique qui a redessiné, à leur détriment, les contours du Pérou et de la Bolivie. Le Pérou perdit 25% de son territoire et la Bolivie son accès à la mer. Lima, mise à sac, fut occupée pendant près de quatre ans par les troupes chiliennes. 

En 2008, le Pérou avait saisi la CIJ, réclamant la souveraineté sur une portion de l'océan Pacifique de 38.000 kilomètres carré de mer poissonneuse sous le contrôle du Chili ainsi que sur une portion de 27.000 km2 considérée par Santiago comme de la haute mer. 

Le Pérou réclamait en outre au Chili une petite portion de terres d'une superficie de quatre hectares à la valeur surtout symbolique au vu du passé guerrier des deux pays. 

Le Chili n'a accepté qu'à contrecoeur de se rendre à La Haye, assurant que la frontière entre les deux pays est fixée par des traités de 1952 et 1954 portant sur les zones de pêche, ce que conteste le Pérou. 

Ce dernier estime de son côté que le tracé devrait être fixé une fois pour toutes à la lumière de la Convention de l'ONU sur la mer, et suivre une ligne Sud-Ouest équidistante depuis la frontière terrestre et non une ligne allant plein Ouest parallèle à l'équateur. 

Une décision en faveur du Pérou affecterait les intérêts économiques du Chili dans une zone de pêche particulièrement rentable. 

Mais selon certains experts, les relations commerciales entre le Pérou et le Chili sont trop importantes, plusieurs milliards de dollars par an, pour réellement mettre en danger la relation entre les deux pays. 

L'arrêt sera suivi de particulièrement près par la Bolivie, qui a elle aussi saisi la CIJ, réclamant au Chili la possibilité de négocier un accès à la mer, perdu à l'issue de la guerre du Pacifique. 

La rivalité folklorique entre le Pérou et le Chili ne risque quant à elle pas de périr lundi à La Haye et les passes d'armes entre Chiliens et Péruviens sur l'origine géographique du pisco, une eau-de-vie de raisin, ou de la pomme de terre risquent de continuer encore longtemps. 
Par  AFP

dimanche 26 janvier 2014

CHILI: LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE MENACE LE PATRIMOINE DE VALPARAISO

Certains redoutent que ce projet ne gâche l'image de la plus fameuse carte postale du pays et mette en péril le label accordé par l'Unesco en 2003. Mais d'autres sont convaincus que la ville en déclin a besoin d'un essor économique.

Sur le quai Baron, tout un secteur est clos par des panneaux de bois. Les travaux, entamés il y a quelques mois, sont aujourd'hui paralysés à la suite d'une décision de justice mettant en cause le manque d'études archéologiques.

En novembre, une mission de l'Unesco est venue inspecter le centre historique, afin d'estimer son état de conservation et d'analyser « les projets en cours », notamment celui du quai Baron, et leurs éventuelles conséquences sur le patrimoine, a indiqué l'Unesco à l'AFP.

Un rapport devrait être présenté prochainement, comprenant "des recommandations » destinées à éviter de mettre en péril le label, acquis en 2003.

« Valparaiso est une ville où il reste beaucoup à faire", admet devant l'AFP le maire Jorge Castro, rappelant toutefois que le classement au patrimoine mondial a « seulement 10 ans » et qu'« il y a une quantité de choses à faire" mais aussi "d'autres qui sont en cours et certaines quasiment terminées ».

« Je pense que ce que va relever le rapport final (de l'Unesco), c'est que nous avons fourni des efforts (...) et que nous avons essayé d'aller de l'avant dans une ville très complexe », poursuit-il.

La ville s'est enrichie de la première vague de mondialisation au XIXe siècle avant d'en être écartée. Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan.

Au XIXe siècle, des immigrants ont débarqué d'Europe pour s'inventer une nouvelle vie, faisant de la ville la plus cosmopolite d'un pays isolé.

Aujourd'hui, ce sont les touristes qui représentent sa principale richesse, attirés par les vestiges d'un passé glorieux mais révolu, le port ayant perdu de son attrait après l'ouverture du Canal de Panama, au début du XXe siècle.

Le chantier paralysé du centre commercial illustre le paradoxe de Valparaiso : elle est visitée par des milliers de touristes émerveillés par ses ruelles entrelacées, ses antiques funiculaires électriques ou à vapeur, ses petits escaliers nichés entre les maisons bigarrées, comme celle du poète Pablo Neruda. Mais elle souffre d'un niveau de pauvreté supérieur à la moyenne nationale, et a besoin de développement économique.

C'est ce qui fait l'attrait des 150 millions de dollars investis dans le projet de centre commercial, et les 4.000 emplois qu'il va créer, relève le maire Jorge Castro.

« Cette construction relève d'une vision très simpliste de la croissance de la ville », critique pourtant l'économiste Camilo Vargas, opposant au projet.

« Nous pensons qu'il existe des choses plus importantes pour Valparaiso que ce +mall+, et qu'il y a d'autres zones de la ville, particulièrement à la périphérie, qui seraient plus indiquées pour l'installer », ajoute M. Vargas.

samedi 25 janvier 2014

CHILI: MICHELLE BACHELET ANNONCE LA COMPOSITION DE SON NOUVEAU CABINET

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Le nouveau chef de la diplomatie chilienne, Heraldo Muñoz, 65 ans, a été notamment représentant permanent du Chili auprès des Nations Unies et membre du gouvernement de l'ex président Ricardo Lagos (2000-2006). Il a également été ambassadeur du Chili au Brésil.

La nouvelle équipe de 23 ministres représente les principaux courants de la coalition qui a soutenu Michelle Bachelet lors de la campagne électorale, comprenant des socialistes, des démocrates-chrétiens, des radicaux et des communistes.


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La nouvelle ministre du Service national de la Femme (Sernam, organisme chargé des droits de la femme) est une ancienne conseillère municipale communiste de Santiago, l'anthropologue Claudia Pascual.

La présidente élue a regretté ne pas être parvenue à la parité dans son équipe, mais, a-t-elle affirmé, « un des grands défis que nous devons affronter comme pays est d'incorporer un plus grand nombre de femmes à des postes de hautes responsabilités ».

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Le ministre de l'Intérieur, Rodrigo Peñailillo, 39 ans, un des conseillers les plus proches de Mme Bachelet, a été le plus jeune gouverneur du pays pour la province de Arauco où vivent des communautés indiennes Mapuches, qui réclament la restitution de terres ancestrales.


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Le nouveau ministre de l'éducation Nicolás Eyzaguirre est un économiste de 60 ans, ancien ministre de Ricardo Lagos et ex-directeur des programmes du FMI pour l'Amérique Latine.

Il sera notamment chargé de l'ambitieuse réforme de l'éducation, que souhaite mettre en place la présidente élue et réclamée depuis 2011 par les étudiants chiliens qui ont réalisé près d'une centaine de manifestations pour demander une éducation publique de qualité.

Après un premier mandat en 2006-2010, Michelle Bachelet, 62 ans, qui a passé trois ans à New York, à la tête de l'ONU Femmes, a été de nouveau élue avec 62,1% des voix face à la libérale Evelyn Matthei.

mercredi 22 janvier 2014

CHILI : LES VOIX S’ÉLÈVENT CONTRE LE DAKAR

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LE PRÉSIDENT DE LA BOLIVIE EVO MORALES ET LE DIRECTEUR DU DAKAR ETIENNE LAVIGNE, LE GESTE SUR LE PODIUM APRÈS LA SEPTIÈME ÉTAPE DU DAKAR 2014 À UYUNI, 450 KM AU SUD DE LA PAZ, LE 13 JANVIER 2014. PHOTO DE REUTERS

DES POSITIONS CONTRASTÉES
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« Depuis 2009, de nombreux sites dégradés à cause du passage des véhiculent qui courent le Dakar ont été recensés. Des géoglifes ont été détruits et de nombreuses traces de voitures ont été enregistrées sur les chemin des Incas », a indiqué à l’AFP Paola Gonzalez, vice-présidente du Collège d’archéologues. Malgré la position du ministre des Sports Gabriel Ruiz Tagle Correa, qui assure que ces accusations datent de 2011 et qu’il n’existe aucune preuve quant à la culpabilité de la course automobile, un rapport de 2013 du Conseil des Monuments Nationaux a constaté la détérioration d’au moins douze sites archéologiques lors de l’édition précédente. 


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UN GÉOGLYPHE ANCIEN DANS LE DÉSERT DU NORD DU CHILI  AURAIT ÉTÉ ENDOMMAGÉ LORS D'UNE PRÉCÉDENTE DAKAR.  SOURCE  CAMPAGNE « NO AL DAKAR »


Le Collège d’Archéologues du Chili a quant à lui dénoncé la dégradation de plus de 200 sites au cours des six éditions du Dakar passées par le Chili. Jeudi 16 janvier, le collectif a déposé un recours devant la justice chilienne afin d’obliger les véhicules à emprunter des routes déjà tracées pour éviter la détérioration de sites sacrés pour les populations Aymara qui vivent dans la région. Ariel Leon, représentant des communautés indigènes, regrettait «les dégâts sur un patrimoine d’une profonde valeur, légué par nos ancêtres. [...] On souffre d’une destruction progressive à cause du Dakar ». En plus des vestiges archéologiques, c’est l’environnement et le cadre de vie de ces populations qui est menacé. Outre les géoglifes et les cimetières, de nombreuses plantes médicinales sont détruites par le passage des véhicules, transformant ainsi les coutumes et les mœurs des communautés indigènes. 

Plusieurs pages internet, dont « No al Dakar », alimentent le mouvement contestataire en détaillant régulièrement les différentes critiques émises. Très présents sur les réseaux sociaux grâce notamment au hashtag #bastadeldakar (#marredudakar), la campagne contre la course automobile connait une certaine visibilité. 

Une position que ne partage pas le pouvoir décisionnel chilien. La Cour suprême avait rejeté un précédent recours déposé en juin 2013 par le Collège d’archéologues visant à interdire le passage du rallye au Chili. Une décision saluée par les organisateurs du Dakar et le ministre Ruiz Tagle, qui met en avant «l’intérêt toujours plus grand pour les Chiliens » et un gain de « 45 millions de dollars », en plus de l’exposition internationale dont bénéficie le pays. Alors que l’Équateur a refusé la proposition de l’entreprise Amaury Sport Organisation (ASO), organisatrice du Dakar, de faire passer la course automobile sur son territoire, l’Etat chilien compte bien profiter de la compétition internationale encore un moment.