lundi 27 juin 2016

POLLUTION: ÉTAT D'URGENCE À SANTIAGO DU CHILI


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CARTE DE QUALITÉ DE L'AIR DE LA RÉGION MÉTROPOLITAINE

Aujourd’hui, jour férié au Chili, 40% du parc automobile de Santiago, qui compte plus de 1,9 million de véhicules, sera immobilisé.

Cet état d'urgence est le premier instauré depuis juin 2015, en pleine Copa America au Chili. 

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L'«état d'urgence environnementale» est la mesure d'alerte la plus élevée prévue par la législation chilienne, lorsque les niveaux de pollution dépassent le niveau 500 de particules fines dites PM 2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres).



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PHOTO ATON

La situation géographique de la capitale chilienne, où vivent près de sept millions d'habitants, encaissée entre les montagnes de la Cordillère des Andes, perturbe le renouvellement de l'air.

dimanche 26 juin 2016

INDE: LA FRANÇAISE EMMANUELLE VERHOEVEN LIBÉRÉE APRÈS 16 MOIS DE DÉTENTION


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LOGO COUR SUPRÊME DE L'INDE

« Nous saluons cette décision qui fait honneur à l'indépendance de la justice indienne », s'est félicitée dans un communiqué Clémence Witt, qui représente la Française avec l'avocate indienne Ramni Taneja.

« Cette première victoire n'est qu'une étape et nous devons rester mobilisés afin que l'Inde examine sereinement la demande d'extradition chilienne dont nous dénonçons depuis le premier jour le caractère politique et l'absence de fondement légal », a ajouté l'avocate.

Marie-Emmanuelle Verhoeven, 56 ans, avait été arrêtée en février 2015, à la demande de la justice chilienne via Interpol, peu après son entrée dans le pays à la frontière indo-népalaise. La Française, originaire de Nantes, était depuis détenue à la prison centrale de Delhi.

La justice du Chili, qui demande son extradition, la soupçonne d'avoir participé à l'assassinat du sénateur de droite Jaime Guzman Errazuriz en avril 1991 par un groupe d'extrême gauche, le Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR).

Ses avocats demandaient sa libération immédiate, en attendant la décision finale. Ils avaient soumis une lettre de l'Ambassade de France garantissant sa coopération avec la justice indienne au nom de la protection consulaire.

Le sénateur Jaime Guzman, également professeur de droit, avait été abattu alors qu'il sortait de l'Université catholique du Chili. Il était considéré comme un des principaux inspirateurs de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

La justice indienne doit se prononcer sur la validité de la demande d'extradition du Chili. Elle doit dire si le traité d'extradition existant, qui date de 1897, alors que l'Inde était toujours une colonie britannique, est toujours valable.

« Le chef d'accusation de terrorisme, dont elle est accusée à tort, n'existe pas dans le traité d'extradition que le gouvernement indien entend appliquer », avait fait valoir l'avocate indienne de Mme Verhoeven.

La Française avait déjà été arrêtée en janvier 2014 à l'aéroport de Hambourg, en Allemagne, à la demande de la justice chilienne mais elle avait été libérée six mois plus tard, l'Allemagne ayant refusé l'extradition.

jeudi 23 juin 2016

PAIX EN COLOMBIE

Plusieurs présidents sont déjà arrivés pour assister à ce moment historique, dont les présidents Salvador Sanchez Cerén, du Salvador, en qualité d’invité, et Danilo Medina Sanchez, de la République dominicaine, pays qui exerce la présidence tournante de la Communauté des États d’Amérique latine et la Caraïbe (Celac).

Les présidents Nicolas Maduro, du Venezuela, et Michelle Bachelet, du Chili, ont également fait le voyage.

Le Secrétaire général de l’’ONU, Ban Ki-moon, assiste aussi à cette cérémonie en qualité d’invité spécial.

Le général d’armée Raul Castro a souhaité la bienvenue à tous les participants.

ACCORD HISTORIQUE AVEC LES FARC EN COLOMBIE


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LA POIGNÉE DE MAINS ENTRE LE PRÉSIDENT COLOMBIEN JUAN MANUEL SANTOS 
ET LE CHEF DES FARC, TIMOLEON JIMENEZ, LE 23 SEPTEMBRE 2015 À LA HAVANE

L’accord, qui définit les modalités de fin du conflit, point épineux des pourparlers de paix menés depuis fin 2012 à Cuba, concerne également «l’abandon des armes, des garanties de sécurité (pour la rébellion) et la lutte contre les organisations criminelles», explique le texte.

« Un grand jour »

Le détail de l’annonce sera dévoilé aujourd’hui en présence du président Juan Manuel Santos, du chef suprême des Farc Timoleón Jimenez (dit «Timochenko») ainsi que du président cubain Raul Castro et du ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende, représentants des pays médiateurs, selon le communiqué.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et les présidents des pays accompagnateurs Nicolas Maduro (Venezuela) et Michelle Bachelet (Chili) sont également attendus à La Havane.

«Demain sera un grand jour. Nous travaillons pour une Colombie en paix, un rêve qui commence à devenir réalité», a commenté le président colombien.
Avancée déterminante

Cet accord marque une avancée déterminante vers la conclusion des pourparlers entre gouvernement et Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), plus importante rébellion du pays avec quelque 7 000 combattants.

Pour Jorge Restrepo, directeur du Centre d’études, de recherches et d’analyse du conflit (Cerac), l’annonce est «historique» car désormais la «violence organisée ne servira plus comme mode d’opposition à l’État».

Le processus pourrait permettre de tourner la page du plus vieux conflit armé d’Amérique latine (1964), qui a officiellement fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,6 millions de déplacés depuis plus d’un demi-siècle.

LA PLUS GRANDE FERME ROBOTISÉE AU MONDE EST AU CHILI

La ferme Fundo El Risquillo comptant 6 500 vaches laitières est devenue la plus grande ferme robotisée au monde après l’acquisition de 64 VMS DeLaval.
La ferme appartenant à Agrícola Ancali fait partie du groupe Bethia, et est déjà équipée de 16 VMS DeLaval [Robot de Traite] depuis 2014. “Le bénéfice de cette installation est remarquable,” indique Pedro Heller, CEO à Ancali Agrícola : “Plus de lait, meilleure santé des animaux et moins de stress pour les vaches. L’installation actuelle atteint déjà d’excellentes performances avec une production moyenne de 45,2 Kg de lait pour 920 vaches traites. Les VMS ont permis d’augmenter la production par vache de 10 % et de diminuer significativement les coûts liés à la main-d’œuvre.
« Notre projet a été réalisé en 2 étapes », indique Pedro Heller. « Tout d’abord, nous avons comparé les résultats et bénéfices entre l’utilisation d’un VMS DeLaval et l’utilisation d’une salle de traite rotative. Compte tenu des résultats observés depuis plus d’un an, nous avons décidé d’attaquer la seconde phase de notre projet et d’aller encore plus loin en faisant l’acquisition de 64 VMS pour nous permettre de traire plus de 4 500 vaches laitières avec des robots. Le reste du cheptel restera en salle de traite rotative dans un premier temps.

Les nouveaux bâtiments offriront un maximum de confort pour les vaches laitières et seront équipés de matelas, brosses, lumière et ventilation DeLaval. Les robots seront livrés en plusieurs phases entre l’automne 2016 et le printemps 2017. En 2017, 4 500 vaches seront traites avec 64 VMS et le reste du troupeau sera géré dans une salle de traite rotative.

La ferme El Fundo Risquillo est située à 500 Km au sud de Santiago.

mercredi 22 juin 2016

LOI EL KHOMRI : LA MANIFESTATION PARISIENNE SUIVRA UN « PARCOURS PROPOSÉ PAR LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR»


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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CGT, PHILIPPE MARTINEZ,
ET LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE FORCE OUVRIÈRE, JEAN-CLAUDE MAILLY,
PARTICIPENT CÔTE À CÔTE, LE 26 MAI 2016 À PARIS,
À UNE MANIFESTATION CONTRE LA LOI TRAVAIL.
PHOTO OLIVIER LABAN-MATTEI 

Loi «travail». Les syndicats obtiennent finalement l'autorisation de manifester demain à Paris

Un parcours d'1,6 km

Le gouvernement a fait volte-face mercredi en autorisant finalement cette manifestation que la préfecture de police de Paris avait dans un premier temps interdite.  La manifestation se déroulera «sur un parcours proposé par le ministre de l’Intérieur», une boucle de 1,6 km autour du bassin de l’Arsenal, près de la place de la Bastille, a annoncé l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl), lors d’une conférence de presse. Elle a fait cette annonce à l’issue d’une rencontre dans la matinée d’environ 45 minutes entre le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et les secrétaires généraux de la CGT, Philippe Martinez, et de FO, Jean-Claude Mailly. De fait, si la mobilisation est importante et compte tenu du parcours imposé, cette manifestation pourrait ressembler à un rassemblement statique qu'avait voulu imposer le gouvernement et qu'avait refusé les syndicats.

Les deux responsables syndicaux ont qualifié la décision de «victoire pour les syndicats et la démocratie». Martinez a aussitôt demandé à François Hollande de recevoir «très rapidement» les syndicats au sujet du conflit sur le projet de loi. C’est «le cœur du sujet», a insisté Mailly, même si les discussions se sont cristallisées ces derniers jours autour des manifestations.

Après deux jours de tractations avec les syndicats, le préfet de police de Paris avait dans un premier temps annoncé l’interdiction du défilé jeudi matin, ce qui aurait constitué une première historique depuis la manifestation du 8 février 1962 organisée par des centrales syndicales pour la paix en Algérie. Cette annonce a provoqué un tollé politique et syndical, y compris à la CFDT, favorable au projet de loi. François Hollande avait prévenu en Conseil des ministres que «tant que les conditions n’étaient pas réunies», l’autorisation ne serait pas accordée, selon le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Mardi, les syndicats avaient proposé des itinéraires alternatifs à leur trajet initialement déclaré (Bastille-Nation): Denfert-Rochereau-Place d’Italie ou Bastille-Place d’Italie. Mercredi matin, Jean-Claude Mailly, avait fustigé «un Premier ministre enferré dans son autoritarisme». «La prochaine étape c’est peut-être qu’il nous arrête», avait-il ironisé. L’Élysée s’est défendu de toute décision politique, estimant que l’interdiction était «une décision de gestion opérationnelle de l’ordre public», ne relevant pas d’un «arbitrage» du président de la République.

A l’issue du Conseil des ministres, Stéphane Le Foll a récusé toute dissension au sein du gouvernement, assurant que «l’exécutif sur ce sujet est en totale cohérence avec ces principes» et que «les décisions sont prises de manière collective».

«Faute historique»

« LA LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE »  
DÉTOURNEMENT DE YUE MINJUN
À gauche, les critiques ont fusé après l’annonce de l’interdiction. «C’est une faute historique», a réagi le député socialiste Christian Paul, chef de file des «frondeurs». Pierre Laurent (PCF) a exprimé de son côté sa «stupéfaction». L’interdiction ferait de la CGT «le bouc émissaire et la victime de la gauche au pouvoir» et serait «mortifère pour l’histoire et notre culture de gauche», avait mis en garde le député PS Pascal Terrasse.

Retournant sa veste après avoir prôné l’interdiction des manifestations en période d’état d’urgence, Marine Le Pen avait dénoncé sur son compte Twitter une «atteinte grave à la démocratie». En revanche, le gouvernement avait reçu le soutien de François Fillon, pour lequel «la raison l’a emporté». Mais mardi depuis Berlin, Nicolas Sarkozy avait jugé «pas raisonnable» d’interdire aux syndicats de manifester.

Après les violences du 14 juin, le ton s’était nettement durci entre gouvernement et syndicats, en lutte depuis mars contre une réforme du droit du travail qu’ils jugent trop favorable aux employeurs et dangereuse pour les droits des salariés.

Jeudi, pour la nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail, examinée au Sénat jusqu’à vendredi avant un vote le 28, manifestations et arrêts de travail sont programmés un peu partout dans le pays. La SNCF ne prévoit aucune perturbation sur son réseau. Martinez a par ailleurs annoncé que la prochaine manifestation à Paris, prévue le 28, avait également été autorisée, selon des modalités qui restent à déterminer.

jeudi 16 juin 2016

INDE: UNE FRANÇAISE, RÉCLAMÉE PAR LE CHILI, ENTAME UNE GRÈVE DE LA FAIM

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MARIE EMMANUELLE VERHOEVEN. LA PRESSE
CHILIENNE EN A FAIT UNE «COMMANDANTE»

La cinquantenaire originaire de Nantes (ouest), qui réfute ces accusations, est depuis détenue à Delhi dans l'immense prison de Tihar depuis le 21 février 2015.

« Elle a débuté une grève de la faim le 11 juin pour une durée indéfinie. Elle a cessé de se nourrir et ne boit que de l'eau », a dit son avocate en Inde, Ramni Taneja, à l'AFP.

«Elle m'a aussi indiqué qu'elle avait arrêté de prendre son traitement contre l'hypertension», a-t-elle ajouté. «Elle est épuisée par la durée de cette détention».

Mme Verhoeven avait introduit un recours contre son extradition, rejeté par la Cour suprême fin avril. La Cour a estimé que le traité entre l'Inde et le Chili datant de 1897 était toujours valide. La procédure d'extradition suit son cours devant la justice indienne.

La Française a depuis déposé un recours pour demander sa remise en liberté sous caution, invoquant la longueur de sa détention, son caractère «illégal» et le fait qu'«elle n'a commis aucun crime en Inde ou ailleurs», selon son avocate. Une prochaine audience doit se tenir le 24 juin sur ce recours.

L'ambassade de France a été informée de la grève de la faim de Mme Verhoeven et « suit sa situation ». Elle bénéficie de la protection consulaire et reçoit des visites régulières du personnel, a-t-on appris auprès de l'ambassade.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat de l'administration pénitentiaire indienne.

dimanche 5 juin 2016

LE RÔLE DES MÉDIAS ET DES JOURNALISTES DANS LA RESTAURATION CONSERVATRICE

L'incapacité des partis politiques de droite à contenir la lutte de ces peuples a abouti à la multiplication de coups d’État dans les années 70. La faillite de pratiquement toutes les dictatures imposées par Washington s'est accompagnée d'un discrédit des armées. Depuis le début du siècle, le seul pouvoir pratiquement intact des bourgeoisies locales subsiste dans les groupes de presse restés comme des îlots de résistance de la droite dans des sociétés qui n'ont pas cessé d'évoluer vers le rejet du néolibéralisme, à des degrés divers.

De ce fait, tous les gouvernements de progrès qui ont été élus en AL ont été violemment attaqués par ces groupes de presse, souvent monopolisés, qui ont appuyé les dictatures et milité pour leur maintien en devenant des acteurs (parfois des meneurs) politiques à part entière.

Au Venezuela en 2002, certains groupes de presse, tels que RCTV, ont allégrement applaudi le coup d’État. Par la suite, lorsque la concession de fréquence n'a pas été renouvelée à RCTV, une campagne mondiale a été déclenchée pour qualifier le gouvernement de Chàvez de liberticide, comme si le soutien à un coup d’État entrait dans les prérogatives de la presse. Ainsi des journaux français (1) se sont-ils indignés, accusant le Venezuela, où la presse privée représente 80 % des titres édités, de dictature, alors que ces mêmes médias trouvent normal que 90 % de la presse chilienne soient aux mains de deux personnes. Deux poids, deux mesures : une bien curieuse façon de défendre la diversité d'opinion et la liberté de presse !

Les propriétaires de groupes de presse, et les journalistes à leur solde, ne s'embarrassent pas de considérations éthiques. Les calomnies et les injures ont foisonné dans les colonnes du El Universal en Equateur pour vilipender le président Correa lors de la tentative de coup d’État organisé contre lui en 2009. Lorsque celui-ci a porté l'affaire devant la justice, la presse du système, y compris en France, l'a accusé d'attenter à sa liberté d'expression (2). Ainsi les journalistes pourraient se permettre de diffamer quiconque, y compris des chefs d'Etat, sans en porter aucune responsabilité. La déstabilisation d'un pays, nous l'avons vu dans toutes les dernières agressions occidentales (en Yougoslavie, Irak, Libye, ou Syrie), commence toujours par la déconsidération de ses responsables.

En Argentine les quotidiens La Nación et El Clarín ont constamment critiqué les politiques menées par Néstor Kirchner et Cristina Fernández. La campagne s'est intensifiée lorsque la loi sur les services de communication audiovisuelle, prévoyant une vraie diversité, a été votée au parlement.

Les journaux sont allés jusqu'à accuser C. Fernández de l'assassinat du juge Nissan, sans l'ombre d'une preuve bien sûr. Une des premières mesures prises par le gouvernement Macri fut l'abrogation par décret de la loi de presse, ouvrant ainsi la possibilité de pérenniser le monopole (3).

Au Brésil le rôle joué par le groupe O Globo grâce à de fausses accusations, aura été primordial dans le processus de destitution de D. Roussef (4). Même si elle est réintégrée dans sa charge, son image et son action sont irrémédiablement flétries. En discréditant D. Roussef, l'objectif à terme recherché par O Globo est de salir l'image de Lula et de déprécier aussi son action politique, afin d'assurer sa défaite aux prochaines élections présidentielles, dont il reste encore le grand favori. Toute alternative au système néolibéral, fut-elle minime, leur est insupportable.

Le cas le plus extrême est celui de El Mercurio au Chili, dont le propriétaire, Agustin Edwards, a entrepris un voyage express aux États Unis en 1970, quelques jours après l'élection d'Allende, pour demander à son ami Kissinger d'empêcher par n'importe quel moyen l’accession à ses fonctions du Président élu. Les États Unis ont mis trois ans pour honorer cette demande. Le régime états-unien a par la suite financé généreusement ce groupe de presse, lequel a non seulement appuyé la dictature mais participé activement à des campagnes d'extermination d'opposants à Pinochet. Et que dire des campagnes quotidiennes de diffamation, des insultes et menaces proférées à l'encontre de ces opposants ! En 2015 le Collège des journalistes, dirigé par une militante communiste depuis les dernières élections, a décidé d'en expulser A. Edwards, à cause de son rôle de conspiration avec les États-Unis dans la chute de S. Allende et de son active complicité dans la légitimation de crimes commis pendant la dictature (5). En 2006 déjà, des journalistes de ce groupe avaient été non seulement expulsés du Collège mais aussi condamnés par la justice pour leurs méfaits, certains ayant participé en tant qu'agents de la police de Pinochet, à des campagnes d'extermination de démocrates (6).

Le duopole existant au Chili (El Mercurio et Copesa), qui contrôle encore aujourd'hui 90 % des médias, n'a jamais reconnu sa responsabilité dans le drame qu'a vécu le peuple chilien, en perdant la démocratie et subissant 17 ans de dictature.

Récemment deux nouveaux pas dans l'escalade de la guerre médiatique contre les mouvements progressistes ont été franchis : le premier au Chili, le deuxième en France.

Au Chili, un hebdomadaire du groupe Copesa (Qué pasa?) a accusé la présidente M. Bachelet de corruption. Devant le tollé provoqué par une telle accusation, la page internet a été retirée et de plates excuses ont été présentées par le directeur de la publication (7). Comme cette accusation s'apparente fortement, selon de nombreux observateurs (8), à une campagne de déstabilisation et de discrédit, M. Bachelet a porté l'affaire devant les tribunaux, en tant que citoyenne et non en tant que Présidente comme le lui permettait la loi de sécurité de l’État. Malgré cela, le propriétaire du groupe et les responsables des publications ont dénoncé une tentative d'atteinte à la liberté de la presse, annonçant qu'ils utiliseraient toutes les ressources et instances, tant nationales qu'internationales, pour s'opposer à de telles mesures. D'après eux, donc, injures et calomnies sont des prérogatives de la profession et ne constituent en aucun cas un manquement à l'éthique journalistique ou un délit.

Le Collège de journalistes du Chili s'est toute de suite désolidarisé de tels comportements qui ne respectent pas le code éthique et la déontologie de la profession. Comme l'a souligné le groupe de députés du Parti Communiste et de la Gauche citoyenne, « le propos était de porter atteinte à l'image de la Présidente et de son gouvernement, avec le but ultime de freiner les avancées démocratiques de son programme réalisées pendant cette dernière période » (9). La droite, en l'absence d'arguments, utilise ce qu'elle sait manier le mieux avec la violence : la désinformation, la calomnie et l'injure.

En France la campagne médiatique contre les gouvernements progressistes d'AL a été relayée par le journaliste François Lenglet de France 2. Celui-ci, suivant peut-être l'exemple de ses collègues chiliens, s'est permis de diffamer en direct le Président bolivien Evo Morales en le traitant de corrompu, et ceci sans la moindre preuve, puisqu'à ce jour la commission spéciale mise en place au sein du parlement bolivien et composée de membres de la majorité et de l'opposition a avoué ne disposer d'aucune preuve compromettant le Président. Notons ici la probable connivence de D. Pujadas dans la préparation de cette séquence puisque la photo du président Morales est apparue en fond d'écran simultanément. Dans la réponse de F Lenglet à une lettre de protestation adressée par l'ambassadeur de Bolivie en France, il admet avoir employé des termes peu appropriés pour qualifier le président Morales, mettant ainsi en évidence son absence d'éthique dans le traitement de l'information (10). Mais rien de plus, pas d'excuse par exemple. En fait sa tâche était de discréditer, de manière urgente, un président qui met en oeuvre un processus non conforme à la pensée unique si chère aux journalistes et médias occidentaux.

Ces manœuvres sont sans doute des étapes indispensables avant l'organisation de révolutions colorées qui devraient mettre au pas les pays indociles qui ne répondent pas aux diktats de l'ordre occidental.

Dans cette perspective, quels rôles sont appelés à jouer F. Lenglet et ses collègues à l'avenir ?

J.C. Cartagena et N. Briatte

Notes :

(1) http://www.lemonde.fr/idees/article/2007/05/26/censure-a-la-chavez_915304_3232.html

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/chavez-baillonne-la-derniere-chaine-d-opposition_464637.html

http://observers.france24.com/fr/20100129-fermeture-rctv-etudiants-musellement-medias-censure-chavez-manifestation

(2) http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/07/18/en-equateur-rafael-correa-met-au-pas-les-medias_4688346_3222.html

http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/07/la-liberte-de-la-presse-en-question

(3) http://www.acrimed.org/Medias-en-Argentine-Macri-droit-dans-ses-bottes

(4) http://www.telesurtv.net/news/Que-hay-detras-de-los-ataques-contra-el-PT-en-Brasil-20160304-0024.html

(5) http://www.colegiodeperiodistas.cl/2015/04/comunicado-oficial-historico-colegio-de.html

(6) http://www.legrandsoir.info/Les-journalistes-au-service-de-l-argent.html

(7) http://www.elmostrador.cl/noticias/pais/2016/05/31/copesa-despliega-todo-su-poder-recurriremos-a-todas-las-instancias-los-peligros-de-esta-accion-merecen-reaccionar-con-la-mayor-fuerza/

(8) http://www.elsiglo.cl/web/index.php?option=com_content&view=article&id=1095:es-evidente-que-estamos-frente-a-un-montaje&catid=34:politica&Itemid=418

http://www.elclarin.cl/web/opinion/politica/19201-revista-que-pasa-no-es-algo-personal-la-desestabilizacion-es-institucional.html

(9) http://www.elsiglo.cl/web/index.php?option=com_content&view=article&id=1091:se-reivindico-derecho-de-defensa-de-la-presidenta&catid=34:politica&Itemid=418

(10) http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/des-paroles-et-des-actes/des-paroles-et-des-actes-mise-au-point-de-francois-lenglet_1475667.html