mercredi 11 décembre 2019

DICTATURE ARGENTINE : LA FRANCE AUTORISE L’EXTRADITION DE L’EX-POLICIER MARIO SANDOVAL

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L’ex-policier, arrêté quelques heures après la décision du Conseil d’Etat, doit être jugé en Argentine pour l’enlèvement présumé et la disparition d’un étudiant pendant la dictature.
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La famille d’Hernan Abriata attend ce moment depuis bientôt huit ans. Elle ne croyait presque plus voir l’assassin présumé du jeune militant en prison. Mais le Conseil d’Etat a validé, mercredi 11 décembre, l’extradition à Buenos Aires de l’ancien policier franco-argentin Mario Sandoval, accusé de la disparition du jeune homme pendant la dernière dictature argentine, en 1976. Après sept ans et neuf mois de procédure judiciaire et de recours, la décision est définitive, et l’extradition devrait intervenir dans un délai maximum de sept jours.

Mario Sandoval, 66 ans, tortionnaire présumé de la dictature (1976-1983), installé depuis 1985 à Paris et naturalisé français il y a vingt ans, a été arrêté quelques heures après la décision du Conseil d’État à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) par les gendarmes de l’office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre, épaulés par le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie.


Décret d’extradition signé en octobre 2018


La justice argentine, qui réclame son extradition à la France depuis mars 2012, soupçonne Mario Sandoval d’être à la tête de l’opération de police qui a arraché Hernan Abriata, un jeune militant du mouvement péroniste, de son domicile, le 20 octobre 1976. Il était âgé de 25 ans et marié depuis huit mois au moment de son enlèvement. Il avait ensuite été détenu à l’École de mécanique de la marine, le plus grand centre clandestin de torture de la dictature, par lequel sont passées environ 5 000 personnes qui ont ensuite disparu, souvent jetées depuis des avions dans l’océan.


Le 24 octobre 2018, après une très longue bataille judiciaire, le premier ministre français, Edouard Philippe, et la ministre de la justice, Nicole Belloubet, avaient signé le décret autorisant l’extradition de Mario Sandoval. Mais l’ancien policier de 66 ans, qui nie les accusations et estime les faits prescrits, avait immédiatement formé un recours devant le Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative française a donc estimé mercredi que le décret d’extradition était légal.


« Une saveur particulière »


À Buenos Aires, la famille Abriata a laissé exploser sa joie. « Aujourd’hui, en apprenant la nouvelle, je l’imaginais menotté et dans une cellule, lui qui s’est toujours cru intouchable, hors d’atteinte de la justice, s’est exclamée Laura Abriata, la sœur de l’étudiant disparu, jointe au téléphone. C’est réconfortant de savoir que cette attente de huit ans est terminée, surtout pour ma mère, Beatriz, qui aura 93 ans le 25 décembre. Noël et l’anniversaire de ma mère auront cette année une saveur particulière. »

L’avocate de l’État argentin, Sophie Thonon-Wesfreid, a dit se « réjouir profondément de voir la fin de huit ans de procédure ». « J’espère qu’il sera envoyé à Buenos Aires dans les plus brefs délais pour qu’il s’explique enfin devant sa juridiction naturelle, qui est l’Argentine », a-t-elle ajouté.

L’ex-policier, qui craint « d’être privé en Argentine d’un procès équitable », a immédiatement saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour « violation par la France de ses engagements européens », a annoncé son avocat, Jérôme Rousseau. Mario Sandoval a demandé à la CEDH « d’ordonner au gouvernement français de ne pas mettre à exécution le décret d’extradition avant qu’elle ait pu statuer sur le recours », a précisé Me Rousseau dans un communiqué.

Le code de procédure pénale interdit d’extrader lorsque le crime est prescrit en droit français. Mais selon la jurisprudence constante de la Cour de cassation, validée le 24 mai par le Conseil constitutionnel, la prescription pour un crime de séquestration, réputé « continu », ne court qu’à partir du moment où le corps de la victime est retrouvé ou que le mis en cause a avoué. Or, l’étudiant disparu en 1976 n’étant pas réapparu depuis son enlèvement, les autorités françaises avaient estimé que l’infraction de séquestration n’avait pas pris fin à la date de la demande d’extradition.


« Prison de droit commun »


Dans sa décision mercredi, le Conseil d’État a relevé que des actes d’état-civil argentins présentés par la défense de Mario Sandoval se bornaient « à présumer le décès de M. Abriata » ou « à établir son absence pour disparition forcée. (…) Dès lors, de tels actes ne permettent pas de considérer que la séquestration de M. Abriata aurait effectivement pris fin le 31 octobre 1976. »

Une extradition ne privera pas Mario Sandoval de ses droits à un procès équitable, au respect de la présomption d’innocence et à la sécurité juridique, a par ailleurs jugé le Conseil d’État, soulignant que l’ex-policier pourra « soumettre au juge pénal argentin les éléments qu’il estimera utiles » pour prouver son innocence.

« Tout ce que notre famille a toujours voulu, c’est qu’il aille dans une prison de droit commun après un procès en bonne et due forme, avec tous les droits constitutionnels qui lui correspondent, ce à quoi n’ont eu droit ni mon frère Hernan ni les 30 000 disparus de la dictature », soutient Laura Abriata.

Si elle ne s’est appuyée pour demander son extradition que sur le dossier Abriata, la justice argentine soupçonne en fait M. Sandoval d’avoir participé pendant la dictature à plus de 500 faits de meurtres, tortures et séquestrations.

Arrivé en France en 1985, reconverti depuis son arrivée en expert en intelligence économique, l’ancien policier a obtenu la nationalité française en 1997. Il a également été enseignant à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (Iheal) de la Sorbonne Nouvelle – un recrutement que des enseignants-chercheurs avaient « déploré » dans une lettre ouverte en 2017.


Angeline Montoya

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GRAFFITI «  FORD FALCON »
SYMBOLE DE LA DICTATURE
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jeudi 5 décembre 2019

POLITIQUE.AU VÉNÉZUÉLA, UN SCANDALE DE CORRUPTION ÉCLABOUSSE L’OPPOSITION


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JUAN GUAIDÓ, LE FANTOCHE AUTOPROCLAMÉ LEADER DE 
L’OPPOSITION  À MADURO, LORS D’UNE CONFÉRENCE DE PRESSE 
LE 1ER DÉCEMBRE 2019 À CARACAS, AU VÉNÉZUÉLA.
PHOTO MANAURE QUINTERO/REUTERS
Des révélations sur plusieurs députés de l’opposition embarrassent leur leader Juan Guaidó, « président » autoproclamé par intérim, alors que celui-ci est déjà affaibli par l’échec de ses tentatives pour chasser Nicolás Maduro du pouvoir.
Courrier international
.PHOTO  HO/AFP
Tout a commencé dimanche 1er décembre, quand le site vénézuélien dissident Armando.info a révélé l’opération Mallette verte (maletín verde), un schéma de corruption dans lequel ont trempé plusieurs députés de l’opposition proches de Juan Guaidó à l’Assemblée nationale. Une mallette verte remplie de billets pour acheter des parlementaires de l’opposition.

L’enquête du journal incrimine en effet une douzaine de députés de l’opposition qui auraient accepté d’intercéder en faveur d’entrepreneurs soupçonnés par la justice en Colombie et aux États-Unis d’avoir participé à “un schéma de corruption lié au programme Clap”, rapporte BBC Mundo qui fait un point sur l’affaire.

Le programme Clap du Vénézuéla a été mis en place en 2016 par le pouvoir de Nicolás Maduro pour distribuer des colis de produits de première nécessité à certaines familles.

“On loue des députés”


Des soupçons de corruption pèsent depuis 2018 sur ce programme et sur le gouvernement chaviste, comme le dénonçait alors le New York Times :
« Des entrepreneurs corrompus, avec la complicité de fonctionnaires de l’État, ont transformé le drame humanitaire qui sévit dans le pays en une bonne affaire pour prospérer. »

Aujourd’hui, de nouvelles ombres s’étendent sur ce schéma du Clap, révèle Armando.info :
« Des parlementaires de plusieurs partis de l’opposition se prêtent depuis quelques mois à des interventions auprès d’organes comme le parquet colombien ou le Trésor américain. Ils écrivent des lettres attestant de la bonne conduite des entrepreneurs incriminés. »

Ces députés sont intervenus pour défendre notamment un certain Carlos Lizcano, un “subalterne” de deux autres entrepreneurs colombiens qui sont dans le collimateur de la justice, Alex Saab et Álvaro Pulido.

« Vous avez besoin de laver votre réputation ? On loue des députés pour ça  », titre avec mordant le site Armando.info dont l’enquête a tout d’une bombe dévastatrice pour l’opposant Juan Guaidó, président par intérim reconnu par de nombreux pays.

Guaidó en difficulté


Juan Guaidó a très vite réagi ce dimanche 1er décembre et annoncé la suspension d’une partie des députés soupçonnés par l’enquête. “pretende”, a-t-il déclaré en conférence de presse, cité par le journal El Nacional.

Les médias sont néanmoins unanimes à souligner que cette affaire empêtre encore davantage Juan Guaidó dans les difficultés, lui qui peine déjà considérablement à remobiliser la population contre le régime.

Ainsi le correspondant au Vénézuéla de BBC Mundo estime que :
« Rien ne pouvait faire plus de mal à Guaidó et à l’opposition vénézuélienne que d’apparaître comme des complices de ce chavisme qu’ils accusent de mettre à sac le pays et qu’ils combattent. »

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mercredi 4 décembre 2019

LE POUVOIR CHILIEN CASSE SA TIRELIRE POUR CALMER L'EXASPÉRATION SOCIALE


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LE PRÉSIDENT PIÑERA ANNONCE UNE 
PRIME POUR LES FAMILLES VULNÉRABLES
PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ
Le président contesté du Chili Sebastian Piñera annonce un coup de pouce financier aux familles, 112 € par foyer qui semblent loin de répondre à la demande de changement profond exprimée par la rue. La Nouvelle-Zélande s'engage à prendre en compte la question climatique dans ses décisions politiques
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LE POUVOIR CHILIEN CASSE SA TIRELIRE 
POUR CALMER L'EXASPÉRATION SOCIALE  


RADIO FRANCE CULTURE 

ÉMISSION « REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE », 
 «LE POUVOIR CHILIEN CASSE SA TIRELIRE POUR 
 CALMER L'EXASPÉRATION SOCIALE  »   
PAR  PAR CAMILLE MAGNARD,   
DIFFUSION MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2019
France culture
Quarante sept jours déjà que s'exprime au Chili une colère populaire aussi profonde que violente et violemment réprimée : On parle d'au moins 23 morts et plus de 2000 blessés. Mais depuis lundi les autorités contestées ont lancé une contre-attaque.... sonnante et trébuchante : ça a d'abord été, on le lit dans La Nacion de Chile, le gouvernement qui a dévoilé un plan de 5 milliards de dollars pour relancer l'économie sinistrée par la crise sociale ; un plan qui vise principalement les petits entrepreneurs et les classes moyennes considérés, nous dit-on, comme "les premières victimes de la paralysie économique et des destructions causées par les émeutiers".

Puis c'est le président en personne, Sebastian Piñera (dont la rue réclame la démission depuis mi-octobre) qui y est allé de son cadeau... aux familles chiliennes cette fois. À croire le quotidien La Tercera, qui s'interroge sur les conditions pour toucher ce coup de pouce, il devrait s'élever à 100 000 pesos (soit 112 euros) par foyer, pour environ 1,3 million de familles éligibles.

Alors bien sûr, toujours dans La Tercera, le chef de l'État reconnait qu'il ne s'agit là que d'offrir un "soulagement" aux familles touchées par la crise, que ce genre de petit bonus "ne résout pas tous les problèmes" ; il en a tout de même profité pour dire qu'après un tel effort qu'il présente comme "maximal" de sa part, il fallait que "la violence" des manifestations cesse enfin, que la "paix sociale" revienne.

Mais est-ce que ça suffira ?  À lire ce qu'en disent les 
 « IL TE RESTE DE LA CHEVROTINE ?  »
« NON, IL ME RESTE DE LA CHEVROTINE.  »

DESSIN ALEN LAUZAN
économistes interrogés par la radio BioBioChile, Sebastian Piñera et son gouvernement sont encore loin du compte : à une contestation de fond de l'organisation sociale néolibérale du pays, ils répondent par un saupoudrage très limité dans le temps là où il aurait fallu "des mesures structurelles avec un financement assuré dans le temps". Ces économistes éminents mettent également en garde contre le fait de relancer l'économie en creusant la dette du Chili. 


MANIFESTATION CONTRE LE GOUVERNEMENT
CHILLEN LE JEUDI DERNIER
PHOTO IVAN ALVARADO REUTERS
Pendant ce temps, nous dit El Diario Concepción, la police chilienne a du aller "acheter en urgence des recharges de gaz lacrymogène au Brésil, parce que son stock annuel était arrivé à épuisement au bout de 40 jours de répression des manifestations". En quelques semaines, les carabiniers ont utilisé (ce sont les chiffres du ministère de l'Intérieur) plus de 98 000 bombes lacrymo, 18 000 grenades à main et tiré 161 500 cartouches de chevrotine qui ont grièvement blessé aux yeux près de 300 manifestants. "La police vise la tête", accusait l'écrivaine chilienne Diamela Eltit dans une tribune publiée en fin de semaine dernière par l'édition sud-américaine d'El País

Le journal El Libero lui pose enfin la question du soutien de la population chilienne à cette contestation que rien ne semble pouvoir éteindre : selon un sondage, 96% des interrogés réprouvent les pillages et saccages de magasins, tout comme une large majorité condamne les actes de violence ; mais à bien y regarder, 89% se disent toujours favorables à des actions pacifiques comme les concerts de casseroles et 58% soutiennent les mots d'ordre de grève générale. Le soutien populaire reste solide ; il n'est donc pas sûr du tout, que Sebastian Piñera parvienne à l'enrayer avec quelques poignées de pesos.  

La COP 25 s'est ouverte lundi à Madrid et un pays s'affirme en bon élève de la prise de conscience climatique : la Nouvelle-Zélande.

C'est une profession de foi qui frappe les esprits : le ministre du Changement climatique néo-zélandais, l'écologiste James Shaw, affirme sur le site d'info Stuff que désormais toutes les grandes décisions prises par le gouvernement de l'archipel le seront avec "un prisme climatique". Les effets de ces décisions sur l'environnement seront "au coeur des préoccupations de l'État", affirme le ministre qui explique que jusque-là on évaluait les impacts des mesures à prendre sur les libertés fondamentales, sur les territoires ruraux, sur les personnes handicapées ou sur l'égalité des genres ; à ces priorités d'action s'ajoutera donc celle de la lutte contre le réchauffement climatique qui deviendra dès lors obligatoire (au-delà d'un certain impact sur les émissions de gaz à effet de serre) et centrale dans le logiciel de la prise de décision politique.

Cette initiative a également attiré l'attention du Guardian britannique qui rappele que le gouvernement mené par Jacinda Hardern a déjà "fixé l'objectif de zéro émission de gaz carbonique à l'horizon 2050 en Nouvelle-Zélande ; il a exclu tout nouveau nouveau permis d'exploration sur terre comme en mer pour les industries pétrolières ou gazières ;  il s'est engagé à planter un milliard d'arbres d'ici 2028 et il force les agriculteurs à polluer moins sous peine de payer des taxes plus importantes. 

Bref, la Nouvelle-Zélande affiche son zèle en matière de lutte contre les causes du réchauffement climatique, et "dans le monde entier, les regards se tournent vers nous", s'emporte même dans une tribune pour Stuff Abbie Reynolds qui vient de quitter ses fonctions à la tête du conseil néo-zélandais pour une économie durable. Elle dit son "optimiste" en voyant ce que l'archipel a déjà accompli et ce qu'il peut encore accomplir grâce à une population vraiment sensibilisée aux questions environnementales. Abbie Reynolds conclut son texte en citant l'auteur japonais Haruki Murakami : "L'horloge tourne, les heures passent, le passé s'accroît et le futur s'amenuise : les possibilités se réduisent et les regrets augmentent". 

Il est donc "temps de passer aux actes", comme un message adressé au gouvernement néo-zélandais au-delà des bonnes intentions affichées.


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mardi 3 décembre 2019

INVITATION À LA SOIRÉE D'INFORMATION ET DE SOLIDARITÉ AVEC L'AMÉRIQUE LATINE - PARIS


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INVITATION À LA SOIRÉE D'INFORMATION ET DE
SOLIDARITÉ AVEC L'AM
ÉRIQUE LATINE
La Coordination Franco Latino-Américaine, réunion de plusieurs groupes associatifs et de personnes,  a accordé réaliser une activité d'information et dénonciation sur la répression existante  actuellement en Bolivie et au Chili. La situation créée par le coup d'Etat en Bolivie et les conséquences sur le continent latino-américain sera abordée par Maurice Lemoine, spécialiste de l'Amérique Latine.
 « DÉMOCRATIE, DROITS HUMAINS,
À BAS LE FMI,
NOUVELLE CONSTITUTION,
ÉGALITÉ.» 
  
DESSIN DE TJEERD, PAYS-BAS
Au Chili, ainsi qu'en Bolivie, la répression a atteint des limites insoutenables et cela continue malgré la présence et enquêtes des institutions internationales des Droits de l'homme sur place (Amnesty International, Human Rights WatchCommission ONU). Des rapports accablants pour les autorités chiliennes ont été établis par ces institutions.

La Coordination Franco Latino-Américaine fait un appel à la solidarité avec les mouvements sociaux en Amérique Latine (Chili, Colombie, Équateur), afin de briser la censure des médias et agences de presse internationales et soutenir leurs demandes de justice social, justice fiscal et de démocratie directe. De même que, condamner le coup d'État effectué en Bolivie, exiger la fin de la répression et le rétablissement des libertés et des autorités destituées.
Cette activité aura lieu le 4 décembre 2019 à 18h30 à l'Ambassade du Vénézuéla à Paris.

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lundi 2 décembre 2019

CHILI : LE MOUVEMENT SOCIAL PÈSE SUR L’ÉCONOMIE


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DEPUIS LE DÉBUT DE LA CONTESTATION QUI A PRIS LE PAYS
 PAR SURPRISE, LA MONNAIE CHILIENNE A PERDU
PRÈS DE 15 % DE SA VALEUR FACE AU DOLLAR.
PHOTO MARTIN BERNETTI/AFP
Analyse Le dynamisme chilien commence à pâtir des tensions sociales qui secouent le pays depuis un mois et demi. Le peso est au plus bas face au dollar.
Pays réputé pour sa réussite et sa stabilité économiques, le Chili commence à constater l’impact du mouvement social né le 18 octobre sur son activité. La conséquence directe la plus spectaculaire est la chute du peso, qui a battu de nombreux records à la baisse face au dollar.

Le peso en forte chute


Depuis le début de la contestation qui a pris le pays par surprise, la monnaie chilienne a perdu près de 15 % de sa valeur face au dollar. Fin novembre, elle a battu plusieurs records à la baisse, le billet vert s’échangeant brièvement autour de 840 pesos jeudi 28 novembre. Avant la crise, le dollar n’avait jamais dépassé 761 pesos, et c’était en 2002.

Cette dégringolade inédite a poussé les autorités monétaires à intervenir de manière massive : constatant que « les événements survenus dans notre pays au cours des dernières semaines pesaient sur le fonctionnement normal de l’économie », la Banque centrale a annoncé jeudi 28 novembre qu’elle allait consacrer 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) à la défense de la monnaie nationale.

L’annonce de cette intervention, la plus massive depuis la libéralisation complète du change en 1999, semble avoir, en partie au moins, rassuré les marchés, le peso retrouvant quelques couleurs vendredi 29 novembre en fin de journée. Un sursaut qui reste à confirmer lundi 2 décembre. Une première intervention de la Banque centrale à la mi-novembre, à hauteur de 4 milliards de dollars, avait été vaine.

Un impact sur l’emploi


Cette chute de la monnaie chilienne n’est pas la seule conséquence économique du mouvement social et de l’incertitude dans laquelle se trouve plongé le Chili (17,5 millions d’habitants). Le président Sebastian Piñera, un homme d’affaires élu fin 2017 sur la promesse d’une relance de l’économie, fait face à une impopularité jamais atteinte par un de ses prédécesseurs depuis le retour de la démocratie il y a 30 ans.


Selon Ignacio Briones, ministre des finances, la situation du marché de l’emploi pourrait se dégrader rapidement. À la mi-novembre, il avait estimé qu’en cas de prolongation du mouvement, dont les manifestations et grèvent pèsent sur les activités commerciales, quelque 300 000 personnes pourraient venir gonfler les chiffres du chômage. Le taux de chômage, de l’ordre de 7 % aujourd’hui, pourrait ainsi approcher les 10 % d’ici à la fin de l’année.

Rencontre avec les syndicats


L'EXÉCUTIF A RENCONTRÉ LES REPRÉSENTANTS 
D'UN COLLECTIF À L'ORIGINE DES APPELS À MANIFESTER
PHOTO MARITO AGUILAR AGENCIA UNO 
C’est dans ce contexte que le gouvernement chilien s’est réuni pour la première fois, jeudi 28 novembre, avec des représentants de la « Plateforme d’unité sociale », un collectif d’organisations sociales et syndicales à l’origine de nombreux appels à manifester.

Figurent en particulier dans ce collectif la Centrale unitaire des travailleurs, plus puissant syndicat du pays, l’organisation professionnelle des professeurs ou encore le collectif « No + AFP » qui réclame la fin du système de retraites privatisé chilien, revendication majeure des manifestants.

Les premières mesures sociales annoncées en octobre par le gouvernement sont jugées très insuffisantes par un mouvement qui réclame des réformes structurelles, dont le remplacement du système de retraites par capitalisation individuelle, hérité de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), par un système par répartition.

En 42 jours, le mouvement de contestation a fait 23 morts, dont cinq après l’intervention des forces de l’ordre, et plus de 2 000 blessés. Parmi eux, près de 300 personnes ont été grièvement touchées aux yeux par les tirs de chevrotine de la police contre les manifestants.