mardi 28 février 2012

RECUEILLEMENT AU CHILI DEUX ANS APRÈS LE SÉISME ET LE TSUNAMI RECUEILLEMENT AU CHILI DEUX ANS APRÈS LE SÉISME ET LE TSUNAMI


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A Concepcion, la grande ville la plus frappée par le séisme  proprement dit, des centaines de personnes ont commémoré, à l'heure  précise, 03h34 locales, la secousse de magnitude 8,8, considérée  comme la 6e plus puissante de l'histoire.

Des drapeaux noirs à Constitucion, une manifestation à Concepcion  ont exprimé la grogne face aux lenteurs de la reconstruction. Autour  de Concepcion, plus de 450 familles vivent toujours dans des  préfabriqués érigés dans les semaines suivant la catastrophe et  attendent un logement définitif.

Le séisme et le tsunami avaient causé quelque 30 milliards de  dollars de dégâts selon les autorités et laissé 220'000 logements  détruits ou sinistrés.

SÉISME AU CHILI UN TREMBLEMENT DE TERRE TERRIBLE SECOUE LE CHILI LE 27 FÉVRIER. LE SÉISME EST SI FORT QU’IL PROVOQUE UN VIOLENT TSUNAMI QUI EMPORTE BATEAUX ET CONTAINERS SUR LA TERRE FERME. LA SECOUSSE AURAIT MÊME DÉVIÉ DE 8 CENTIMÈTRES L’AXE DE ROTATION DE LA TERRE, EXPLIQUERA LA NASA UNE SEMAINE PLUS TARD. PLUS INTENSE QUE LE SÉISME HAÏTIEN (MAGNITUDE 8,8), L’ÉPICENTRE EST FORT HEUREUSEMENT DEUX FOIS PLUS LOIN DE LA PREMIÈRE GRANDE VILLE CHILIENNE, CONCEPTION. EN MAI, LES AUTORITÉS COMPTABILISAIENT AINSI MOINS DE 600 MORTS. MAIS SI LA CATASTROPHE EST MOINS MEURTRIÈRE, ELLE COÛTE BIEN PLUS CHER AUX ASSURANCES : PAS MOINS DE 8 DES 31 MILLIARDS DÉBOURSÉS EN 2010 PAR LES ASSUREURS À CAUSE DES CATASTROPHES NATURELLES. PHOTO AFP

«Manipulation des chiffres»

Pour le gouvernement, 72'000 maisons (soit 32,7% du total) ont  été soit reconstruites soit réparées, tandis que les travaux  continuent à grand pas.

Dressant un bilan de la reconstruction, le président Sebastian  Piñera a estimé la semaine dernière que la tâche est accomplie aux  deux tiers, mais a reconnu qu'il y a encore beaucoup à faire pour  atteindre sa promesse d'une reconstruction achevée à la fin de son  mandat, début 2014.

Des ONG dénoncent une «manipulation» des chiffres officiels,  s'appuyant selon elles sur les subventions remises pour  reconstruire, non sur les logements de fait érigés. Dans la réalité,  un peu plus de 10% de maisons ont été reconstruites, selon  l'architecte Manuel Valenzuela, de l'ONG Reconstruye.

La justice a récemment indiqué que des inculpations seront  prononcées prochainement contre huit hauts fonctionnaires, dont l'ex- directrice du Bureau national des urgences (Onemi) pour les ratés de  l'alerte du tsunami la nuit de la catastrophe. L'alerte avait été  activée, puis baissée, levée et enfin réactivée, mais le tsunami  avaient frappé le littoral entre-temps.

Du total de victimes, 156 morts avaient été imputées au tsunami.

mercredi 22 février 2012

LA FRONTIÈRE PÉROU - CHILI MINÉE ET FERMÉE


AU CHILI IL Y A ENVIRON 189.000 MINES ANTI-PERSONNELLES, INSTALLÉES DANS DES ZONES FRONTALIÈRES PENDANT LES ANNÉES 70. AUJOURD'HUI, SUITE AUX CRUES PROVOQUÉES PAR LES PLUIES SUR LES HAUTS PLATEAUX, PLUSIEURS SE SONT DÉPLACÉES ET ONT OBLIGÉ À LA FERMETURE DE LA FRONTIÈRE ENTRE LE CHILI ET LE PÉROU.
Lundi, le gouvernement chilien a fermé sa frontière avec le Pérou par mesure de sécurité.

«Nous avons au moins 200 citoyens chiliens dans le consulat, ils sont préoccupés par la situation», a affirmé à l'AFP une source consulaire à Tacna (sud). «Il y a beaucoup de monde ici depuis lundi, les gens arrivent chaque minute pour demander des informations au consul», a-t-on ajouté.

Le consul Patricio Latapiat a indiqué à la presse que les Chiliens bloqués par la fermeture de la frontière pourraient compter sur tout l'appui de la chancellerie et que toutes les mesures étaient prises pour assurer l'intégrité physique des personnes, chiliennes ou péruviennes, dans la zone.

De son côté, la responsable des affaires migratoires à Tacna, Rocio Orbegoso, a confirmé que la frontière resterait fermée jusqu'à nouvel ordre.

«Pour l'instant, il n'y a pas de passage. Nous ne savons pas quand sera ouverte la frontière chilienne, il y a des centaines de citoyens péruviens du côté chilien», a-t-elle expliqué.
LA MINE ANTIPERSONNEL AP CARDOEN II, PRODUITE AU CHILI PAR L’INDUSTRIEL CARLOS CARDOEN CORNEJO. À LA TÊTE D’UNE MODESTE PME PRODUISANT DES EXPLOSIFS DE DÉMOLITION POUR L'INDUSTRIE MINIÈRE DANS LES ANNEES 70, CE PETIT ENTREPRENEUR PRIVÉ TRÈS PROCHE DES MILITAIRES A CONNU UNE CROISSANCE SPECTACULAIRE À L’OMBRE DE LA DICTATURE DE PINOCHET, ET SA SOCIÉTÉ EST DEVENUE EN MOINS DE HUIT ANS UN EMPIRE INDUSTRIEL DIVERSIFIÉ. AU DÉBUT DES ANNÉES 1990 IL EMPLOYAIT PLUS DE 800 PERSONNES DANS SIX COMPLEXES INDUSTRIELS DIFFÉRENTS, PRODUISANT UNE VARIÉTÉ D'EQUIPEMENT DE GUERRE ET DES PRODUITS DIVERS, AVEC DES FILIALES EN  ÉQUATEUR, ITALIE, ESPAGNE ET LA GRÈCE.
Au terminal d'autobus de Tacna, des centaines de Chiliens et d'Argentins prenaient leur mal en patience, installés sur les bancs, leurs valises ou par terre.

Les autorités chiliennes n'ont pas dévoilé de détails sur le nombre de mines trouvées mais une équipe de démineurs de l'armée a fait exploser au moins quatre charges explosives trouvées sur cette route, très fréquentée par des touristes, commerçants et Péruviens qui vont travailler à Arica.

jeudi 16 février 2012

ART CONTEMPORAIN : EUGENIO MERINO Y VA FRANCO


Eugenio Merino est soutenu par d'autres artistes, plusieurs d'entre eux exposent la vision peu habituelle des relations totalitaires avec le monde de la création, par exemple Santiago Sierra, qui assure que les artistes se sont situés toujours du côté du pouvoir et des puissants : "Ils les ont peints les saints, les dictateurs; c'est l'une des professions les plus complices... Le coeur même de la politique est pur art et artifice pour subjuguer les populations. Les artistes, nous faisons partie de ce jeu. Nous fomentons l'incompréhensible parce que l'art est quelque chose qui sert à la bourgeoisie, et que le goût des privilégiés est toujours contraire aux gouts populaires".

COMMENT, AU CHILI, UNE INDIGNATION NATIONALE S'EST DISSÉMINÉE SUR LE WEB

Parmi cet ensemble, un condominium de résidences de luxe, «El Algarrobal II», est sous le feu des projecteurs depuis début janvier. L’affaire a éclaté quand Bruce Taylor, l’un des copropriétaires, a vu débarquer sa domestique Felicita Pinto dans un état de panique manifeste. Choquée, celle-ci lui a confié qu’elle avait été maltraitée et humiliée par les agents de sécurité à l’entrée de la résidence.

Ces derniers l’auraient rouée de coups parce qu’elle avait entrepris de rejoindre la maison de son employeur en marchant plutôt qu’en ayant recours à la navette. Or, en vertu d’un «Protocole d’accès» mis en place par les administrateurs du complexe, tout autre mode de déplacement serait désormais interdit aux employés.

Il lègue une parcelle à sa domestique

Taylor, propriétaire d’une des 382 parcelles de 5.000 mètres carrés, réalise alors toute la portée d’une lettre reçue un an plus tôt, dans laquelle les administrateurs expliquaient que les domestiques, nettoyeurs de piscine, jardiniers et autres ouvriers de chantier avaient l’interdiction formelle de marcher dans les rues du complexe afin d’éviter qu’«ils commettent des vols ou récupèrent des informations relatives à la vie privée des autres voisins du condominium pendant qu’ils se dirigent vers la maison où ils disent travailler». Face à cette discrimination, il a un geste fort: il lègue un morceau de son terrain à sa domestique, lui conférant un statut de propriétaire qui lui permet de se déplacer librement à pied de nouveau.

L’affaire aurait pu s’arrêter là si Chicureo ne s’était pas déjà signalé dans l’opinion publique un mois plus tôt, quand un club sportif privé avait publié une ordonnance interdisant aux employés d’utiliser les installations ou d’accéder aux périmètres des piscines sans uniformes. Dans un Chili qui tolère de moins en moins l’omnipotence de sa classe supérieure, la discrimination qui règne à Chicureo sonne comme l’injustice de trop. A partir du début du mois de janvier, des équipes de télévision ont donc été dépêchées dans le coin avec l’espoir de pouvoir alimenter cette chronique sociale à fort potentiel d’audience

Et c'est là qu'a éclaté l'affaire Ines Pérez Concha. Au détour d’une des longues allées proprettes et verdoyantes qui quadrillent «El Algarrobal II», cette habitante apparaît un soir dans le journal télévisé de ChileVisión, une chaine privée d’audience nationale, propriété du groupe américain Time Warner. Alors qu'elle est interrogée à propos de l’interdiction pour les nanas –diminutif employé au Chili à propos des domestiques, comme on dirait «nounous» en France– son témoignage se cantonne à une saillie qui va lui valoir les foudres de tout un pays:


«Ici, la seule obligation de ma nounou, lorsqu’elle arrive à huit heures et demie le matin et repart à dix-huit heures trente le soir, est de le faire en navette. Tu imagines un peu, ici dans le complexe, toutes les domestiques en train de marcher vers la sortie? Et tous les ouvriers en train de marcher dans la rue, et tes enfants à côté, en train de faire du vélo?»

Cible sur Twitter et Facebook

Le sous-entendu supposément ségrégationniste de son témoignage soulève une rancœur énorme parmi ses concitoyens. En l’espace de deux heures, Inés Pérez Concha devient la cible de la communauté des utilisateurs de Twitter au Chili. L’affaire truste instantanément les hashtags et se retrouve propulsée en tête des trending topics.

Facebook n’échappe évidemment pas au déferlement de haine, et les groupes poussent comme des champignons dans les bons coins. Le compte de son mari est rapidement repéré, et comme il est mal protégé, nombre de photos de sa femme y sont récupérées et fournissent matière à prolifération de mèmes en tout genre parodiant notamment l’espagnol peu académique de cette pauvre Inés Pérez Concha. Sa poitrine proéminente lui vaut également quelques saillies sexistes («Dommage qu’elle n’ait pas dans le cerveau ce qu’elle a dans les seins») et son nom de famille –manière grossière de qualifier le sexe féminin dans l’espagnol sud-américain– devient prétexte à un déferlement d’insultes.
LE PERSONNEL DU RICHE COMPLEXE IMMOBILIER  LES EMPLOYÉS, OUVRIERS, NOURRICES ET JARDINIERS,  EST TENU À UNE DISCIPLINE STRICTE QUI COMPREND L’USAGE D’UNIFORMES ET L’INTERDICTION DE CIRCULER SUR LES TROTTOIRS DU DOMAINE.  UNE NAVETTE LES RAMASSE À L’ENTRÉE DU SITE  ─CLOS PAR UNE BARRIÈRE ET GARDÉ PAR DES SURVEILLANTS─ ET LES CONDUIT SUR LEUR LIEU DE TRAVAIL.  CECI POUR ÉVITER DES MÉLANGES AVEC LES FAMILLES AISÉES ET QU’ILS NE DONNENT UN MAUVAIS ASPECT AUX LIEUX.   INÉS PÉREZ CONCHA EST DEVENUE LA CIBLE DES MOQUERIES ET D’ACTIONS SYMBOLIQUES DE RÉPARATION ENVERS LES NOURRICES, ET DU REJET UNANIME D’UNE SOCIÉTÉ TRÈS CLIVÉE QUI REFUSE DE SE RECONNAÎTRE DANS DES MŒURS SÉGRÉGATIONNISTES D’UN AUTRE ÂGE.
Et puis comme toujours dans ces cas-là, passé l’humour potache et l’indignation, son adresse, son email, son téléphone, son numéro de carte d’identité et tout un tas d’informations personnelles sont balancés en ligne, débouchant sur des menaces de mort et l’obligation pour la police de mettre Ines et sa famille sous protection.

Une société esclavagiste

Le témoignage d’Inés Pérez Concha et le condominium « El Algarrobal II » matérialisent la fracture sociale qui divise aujourd’hui la patrie du poète Pablo Neruda. Si une situation qui aurait pu rester anodine a pris une telle ampleur, c'est qu'elle réveille quelque chose de profond dans la conscience sociale des Chiliens. Dans un pays où la classe la plus riche aspire à vivre selon les standards occidentaux, une forme de discrimination s’y est durablement enracinée durant la dictature de Pinochet entre 1973 et 1990, sans cesser pour autant avec l'instauration de la démocratie.

Interrogé sur la question par l’AFP, l’écrivain et sociologue chilien Pablo Huneeus a eu des mots très durs en disant que «la société chilienne est une société avec des prétentions européennes, qui pratique une discrimination sournoise contre certaines personnes reconnaissables à leurs traits physiques, comme c’est le cas des Mapuche –l’ethnie majoritaire au Chili. Cette discrimination s’exprime dans des domaines comme l’emploi ou le système d’éducation». Ce constat brutal résume parfaitement cette situation qui exaspère les classes moyennes, et particulièrement ceux qui ont le sentiment d'avoir toujours été laissés pour compte.

Carlos Livacic, un chercheur de l’Université centrale de Santiago, a pris encore moins de pincettes que son homologue au micro de la BBC, qualifiant les règles de «El Algarrobal II» de caractéristiques d’un pays entretenant des pratiques «propres aux périodes de l’esclavage, promouvant des citoyens de première et de seconde classe». Avant d’ajouter, lapidaire, que cette histoire «est le reflet fidèle de la société chilienne d’aujourd’hui. S’il existe bien un discours ouvert, inclusif et participatif, au plus profond de notre génétique, la dynamique de classe, sectaire et ségrégationniste de la population n’a pas changé».
QUARANTE KILOMÈTRES AU NORD DE SANTIAGO, LE VASTE SITE RÉSIDENTIEL D’ALGARROBAL II, MAGNIFIQUE ENSEMBLE GARDÉ JOUR ET NUIT PAR UN CORPS PRIVÉ DE SURVEILLANTS, COMME TOUS LES LIEUX EXCLUSIFS DE L’ÉLITE FINANCIÈRE DU CHILI, PAYS OÙ LES INÉGALITÉS ENTRE RICHES ET PAUVRES SONT AUJOURD’HUI EXORBITANTES.
Ce constat n'a pourtant rien de nouveau et déborderait en réalité dans chaque classe sociale. Benito Baranda, directeur de la fondation América Solidaria –une ONG dédiée aux problématiques locale– signalait ainsi à la BBC que ce « classisme » social est transversal et se pratique également dans les classes inférieures, les domestiques chiliennes ayant des domestiques péruviennes sous leurs ordres et faisant généralement preuve d'un comportement similaire à celui de leurs patrons.

Un postulat erroné

Mais dans cette affaire, la grande nouveauté pour les Chiliens tient au fait que la complainte sociale se soit déportée sur un terrain de jeu annexe, les réseaux sociaux, avant de se transformer en manifestation réelle. Sauf que, comme il arrive dans ce genre d'affaire, c'est sur un postulat erroné que cette lamentation a été montée en épingle.

Après le tollé suscité par les propos d'Inés Pérez Concha, ChileVisión a fini par rendre public sur Youtube l'interview complète de la jeune femme, qui ne durait pas vingt secondes mais deux minutes. Et force fut de constater que ses propos avaient été isolés et sortis de leur contexte.

En réponse à cette question sur le fameux «protocole d’accès», celle-ci répondait au journaliste qu'elle ne la gênait pas, parce que dans les faits, sa domestique jouait toute la journée dehors avec ses enfants, et qu'il lui paraissait compliqué que son employée soit tenue de faire tous les jours les cinq kilomètres aller-retour de l'entrée de la résidence jusqu'à sa maison, d'autant plus en hiver quand il pleut.

On pourrait donc reprocher à cette pauvre Inés de ne pas se poser de questions sur les barrières sociales qui traversent la société chilienne, mais pour autant, difficile de dire, même d'un point de vue français et éloigné par nature, qu'elle méritait un tel sort. Inés n’avait pas discriminé. Pas consciemment comme on l’aurait voulu, en tout cas.

Un internet mondial complètement uniformisé

Et justement, d'un point de vue international, cette affaire est riche d’enseignements: elle nous démontre qu'en l'espace de deux années à peine, une uniformisation peu reluisante de l'internet semble s'être opérée à l'échelle globale. Chaque affaire de portée nationale, inséminée du germe de l’indignation, trouve écho sur le web.
AU CHILI, PLUS QU’AILLEURS, LES ÉLITES  ÉCONOMIQUES CHERCHENT À S’ISOLER DANS DES ESPACES INACCESSIBLES, DES VASTES HAVRES DE CALME ET CONFORT EXTRÊMES PROTÉGÉS PAR DES MURS ÉPAIS, DES GRILLAGES ET DES PETITES MILICES PRIVÉES QUI EMPÊCHENT TOUTE INTRUSION, ET QUI EXERCENT PARFOIS UN CONTRÔLE ARBITRAIRE SUR LE PERSONNEL DE SERVICE QUI VIENT Y TRAVAILLER CHAQUE JOUR.
A chaque fois, le mécanisme est le même, passe par les réseaux sociaux de référence, Twitter puis Facebook et sa portée autrement plus collective et populaire, voire populiste. A ce stade, les médias numériques puis audiovisuels se contentent alors de relayer et analyser l'information, selon ce qu'un émérite blogueur avait brillamment qualifié un jour de chaîne de froid du lien. Mais ce qui interpelle bien plus que la logique médiatique dans cette affaire, c'est l’homogénéité mondiale des armes utilisées contre les cibles publiques désignées, comme l'a été Inés Pérez Concha.

A la blague potache, au hashtag foireux, à la révolte consanguine de Twitter, succède généralement le détournement en image puis le groupe sur Facebook, soit avec un intitulé un peu drôle, soit appelant à la manif. Et l'un dans l'autre, on finit presque tout le temps dans une logique de chasse à l'homme numérique –rappelez-vous les ren rou sou suo en Chine ou Dusty le chat sur 4chan aux Etats-Unis : à l'époque c'était de l'ordre du microphénomène, eh bien aujourd'hui, ça y est, c'est la norme, l'internaute américain, chilien, australien, chinois, marocain ou français font tous exactement la même chose.

Ils récupèrent des photos des cibles et produisent des mèmes visuels à partir de modèles inventés il y a fort longtemps maintenant par des nerds américains sur des images boards. Ils se regroupent en meute –les groupes Facebook dernière génération sont du pain béni pour ça– et s'organisent pour traquer les moindres traces numériques du chassé.

Et pour en arriver à ce stade, il ne faut qu'un détonateur, un événement social suffisamment fort pour frapper les consciences, imprimer les rétines. La France a eu son premier vrai cas l'année dernière avec Xavier Dupont de Ligonnès, le Chili a désormais aussi le sien avec Inés Pérez Concha. Fort logiquement, la liste ne fera que s'allonger. Et les journalistes pourront réécrire cet article cent fois.

Loïc H. Rechi

mardi 14 février 2012

COMMENT 13 OPPOSANTS ONT ÉTÉ ÉLIMINÉS LORS DU MONDIAL 1978

GENARO LEDESMA IZQUIETA. PHOTO WIKIPEDIA
Le témoignage de Genaro Ledesma Izquieta intervient alors que le juge Norberto Oyarbide a révélé que l'enlèvement des Péruviens (parmi lesquels se trouvaient des représentants de la gauche, des militaires opposés au régime et un journaliste) puis leur transfert au 20e régiment de montagne de la province argentine de Jujuy étaient liés à l'opération Condor. Or, jusqu'à présent, le Pérou n'avait jamais officiellement fait partie du groupe de pays dont les régimes collaboraient pour éliminer les opposants politiques [Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay, Brésil et Bolivie].

Dans un rapport daté du 1er février qui réclame l'extradition et un mandat d'arrêt international contre l'ancien dictateur péruvien Francisco Morales Bermúdez – officiellement président du Pérou de 1975 à 1980 -, Norberto Oyarbide qualifie l'opération du 25 mai 1978 de crime contre l'humanité et demande aussi la comparution du dictateur argentin Jorge Rafael Videla [condamné à la prison à vie] et de son ministre de l'Intérieur de l'époque, Albano Harguindeguy, les 22 et 23 février prochains. "Il était intéressant pour Videla de nous accueillir en tant que prisonniers de guerre en échange d'une victoire contre le Pérou pendant le Mondial : ce triomphe était nécessaire pour faire oublier la mauvaise réputation de l'Argentine dans le monde," affirme Genaro Ledesma Izquieta.

Les 13 citoyens péruviens, capturés pour avoir participé à la grève générale qui a fini par faire tomber la dictature péruvienne en mai 1978, ont été enchaînés dans un avion militaire et remis au régiment de Jujuy sans aucun document officiel. On les a ensuite forcés à demander l'asile politique en Argentine, mais ils ont refusé. Ils ont été transférés de force à Buenos Aires et mis en détention dans des prisons qui avaient déjà vu passer d'autres "disparus", selon tous les témoignages remis à la justice. "Nos proches ont prévenu les organisations de défense des droits de l'homme. Depuis Paris, le gouvernement argentin a été sommé de nous libérer, mais il a refusé. Comme la pression ne diminuait pas, le gouvernement de Videla a accepté de nous relâcher si la France payait les frais liés à notre libération," raconte Genaro Ledesma Izquieta, dont les déclarations et celles des autres prisonniers ont été recueillies par le juge Oyarbide au Pérou. Avant l'expulsion, le consulat péruvien leur a donné de nouveaux passeports et il a été confirmé que les documents qui leur avaient permis d'entrer sur le territoire argentin avaient été falsifiés. "C'est aussi la version des faits qui m'a été communiquée," a certifié Ricardo Napurí Schapiro s'agissant de l'hypothèse selon laquelle la dictature argentine aurait tiré profit de ces détentions d'un point de vue politique, dans le cadre de l'opération Condor. Cet ancien candidat à l'élection présidentielle péruvienne, qui faisait partie des 13 victimes, a été le premier à dénoncer Francisco Morales Bermúdez.

Le 6 à 0 encaissé par le Pérou, grâce auquel l'Argentine a pu accéder à la finale du Mondial 1978 [elle avait besoin de 4 buts d'écart], a toujours été suspecté d'être le résultat d'un arrangement ou de pressions exercées sur les joueurs. Un emprunt de la Banque centrale argentine à la dictature du général Francisco Morales Bermúdez et l'envoi d'une cargaison de 14 000 tonnes de grain cette année-là ont contribué à alimenter les soupçons pesant sur cette victoire sportive.

COUVERTURE DU LIVRE "NOUS ÉTIONS CHAMPIONS", DU JOURNALISTE RICARDO GOTTA

Dans son livre intitulé Fuimos Campeones [Nous étions champions], le journaliste Ricardo Gotta analyse en détail toutes les hypothèses existantes. Il confirme l'enlèvement et le transfert en Argentine de plusieurs représentants de la gauche péruvienne, d'un journaliste et de deux membres de l'armée, et ajoute que "Paquito" Morales Bermúdez, le fils du dictateur péruvien, se trouvait en Argentine pour accompagner les joueurs de son équipe. La nouvelle hypothèse, jusqu'ici insoupçonnée, qui vient compléter le dossier judiciaire, révèle l'ampleur de la coopération des dictatures latino-américaines dans le cadre de l'opération Condor, puisqu'elle pouvait même assurer à l'une d'elle une place en finale de la Coupe du monde.

samedi 11 février 2012

SYSTÈME ÉDUCATIF CHILIEN : UN MODÈLE POUR SARKOZY ?


Laboratoire ultralibéral à l'échelle d'un pays de 17 millions d'habitants, le Chili institue les fondements de son école dans sa constitution, rédigée en 1980, sous la dictature de  Pinochet : « Les écoles et les universités, jusque là toutes publiques et gratuites, deviennent soit totalement privées, soit privées et subventionnées par l'État, soit des institutions municipales. Quiconque possède sa « licencia de secundaria* » et des locaux adaptés, a la possibilité de créer sa propre école privée à but lucratif. » Fabiola Rojas, 31 ans, enseigne l'Histoire depuis 6 ans à des classes de 45 élèves, cumulant les temps partiels sur plusieurs établissements. « Les médias, les politiques ne cessent de critiquer les enseignants et de les citer comme responsables de la mauvaise qualité de l'éducation, quand un professeur à temps plein travaille 44 heures hebdomadaires devant élèves. »

Au préalable, cette enseignante a suivi 5 ans de formation pédagogique, qui lui ont coûté plus de 1000 euros par an, dans un pays où le salaire minimum est de 270 euros mensuel. Issue d'une famille modeste, elle a dû emprunter 2500 euros pour ses seules deux dernières années d'études. Elle s'est ainsi endettée jusqu'en 2018, et remboursera au total près de 11500 euros à une banque, soit quatre fois et demi ce qu'elle a emprunté au départ.

Profitant de l'été, la municipalité de Valparaiso a décidé de mettre à la porte 250 professeurs, certains ayant eu des absences répétées, d'autres ayant été en congé maternité, d’autres encore étant à quelques années de la retraite. Fabiola Rojas en fait partie, et ne recevra aucune indemnité, n'étant pas titulaire de son poste. « Pour moi, la raison invoquée est une mauvaise évaluation pédagogique, alors que personne n'est jamais venu m'inspecter dans ma classe, et que la procédure légale n'a pas été respectée. »

Pendant ce temps, au niveau national, les étudiants reprennent leur mouvement pour une éducation gratuite, réclamant la fin des profits faits sur le dos de l'éducation par les écoles et par les banques. Après un an de mobilisation sans précédent depuis le départ de Pinochet, ce mouvement a fait démissionner le ministre de l'éducation, sans toutefois réussir à imposer aucune de leurs revendications. Fraîchement arrivé au gouvernement, la première mesure adoptée par le nouveau ministre Beyer est de réécrire l'Histoire à sa manière, remplaçant le terme de « dictature militaire » par celui de « régime militaire » dans tous les manuels
scolaires. La période dictatoriale n'est de toute façon en général même pas enseignée, toujours
placée en fin de programme...

« Il est difficile d'imaginer un vrai changement dans l'éducation sans revenir sur le problème de la constitution. La constitution chilienne a été écrite sous la dictature, n'a depuis jamais été questionnée par les gouvernements de la Concertación**, et ne permet aujourd'hui aucune remise en cause du système néolibéral qu'elle a mis en place. Les marges de manœuvre des syndicats sont minimes, les manifestations spontanées sont interdites, et la répression des carabineros est féroce. »

Toutefois, à Valparaiso, la mobilisation des enseignants a évité la fermeture de nombreuses écoles, mais tous les moyens sont mis en place par le gouvernement actuel, issu d'un parti complaisant vis-à-vis de la dictature, pour mettre un terme au mouvement étudiant comme à tout mouvement contestataire, et à la réflexion concernant l’établissement d'un autre système éducatif.


* équivalent BAC
** alliance entre Parti Socialiste, Démocratie Chrétienne et Parti pour la Démocratie

jeudi 9 février 2012

SERGIO LARRAÍN DANS UN LONG SILENCE

Circulaient mille anecdotes sur ce Chilien énigmatique, célèbre auteur de Petites Filles descendant l’escalier (photo ci-contre), l’une de ses premières photographies ravies à Valparaíso, dans un élan d’une totale étrangeté où s’entrelacent, dans le même cadre, apparition et disparition. En 1965, ce Valparaíso fabuleux sera publié dans la revue suisse DU, accompagnée d’un texte de son ami Pablo Neruda, ondulant dans le port, «navire échoué mais vivant».
LES ENFANTS DU RÍO MAPOCHO. PHOTO SERGIO LARRAÍN
Fragilité. Né en 1931 à Santiago, ce fils de bonne famille, d’abord tenté par la sylviculture puis la musique, trouve sa voie avec la photographie. Achat d’un Leica, en 1949, qui lui ouvre les portes d’une réalité inconnue et pourtant très proche. Valparaíso, donc, parcourue nuit et jour, en quête de cet «état de grâce» susceptible de faire naître «une bonne image». Et Santiago, dont il extrait les enfants des rues, ceux qui se réfugient sous les ponts, près du Río Mapocho.

C’est, pour la photo, une manière de créer, autour du dénuement et de la fragilité, une esthétique centrée sur la dynamique de l’homme et la puissance des ombres. A l’image du titre de son livre-culte, El Rectángulo en la Mano, publié en 1963 (1), et qui révèle, dans un jeu de cartomancie entre pages blanches et photos noires, le désir de Larraín de «solidifier un monde de fantômes».

Avant de choisir le silence, Sergio Larraín parcourt une partie de l’Europe, Londres et Paris. Londres saisi dans sa verticalité, comme s’il était allongé sur le bitume, à plat ventre, et où il croise, à Trafalgar Square, son confrère David Hurn, totalement subjugué : «La théorie de Larraín était qu’on pouvait dire si un photographe était bon ou pas, en le regardant travailler, simplement à son attitude et à sa façon de faire.»

Et Paris, où il rencontre Henri Cartier-Bresson, l’un des modèles et l’un des patrons de l’agence Magnum, où le Chilien entrera en 1961. C’est aussi à Paris, près de Notre-Dame, que Sergio Larraín aurait photographié, par hasard, un couple enlacé, escorté d’un inconnu. Triangle amoureux qui aurait inspiré Julio Cortázar pour Las Babas del Diablo, et, plus tard, le légendaire Blow Up d’Antonioni.

Mystique. Dans son livre édité par Images en manœuvres, Horacio Fernández donne son point de vue (l’histoire est trop jolie !), tout en soulignant combien Larraín est un personnage romanesque. «Il a tout l’air du photographe accidentel. Il a tout l’air du photographe joueur. Il a tout l’air de l’enfant chilien déchaîné.» C’est «le touriste parfait», insiste Roberto Bolaño, auteur des Détectives sauvages.

El Fotógrafo de Dios, écrira Marcelo Simonetti de son côté, ajoutant d’autres légendes, telle l’entrée en scène de la mafia pour élucider le retrait mystique de Larraín…

Sergio Larraín sera enterré aujourd’hui à Tulahuén, non loin d’Ovalle, selon son désir.

(1) Livre que l’on peut voir actuellement dans l’exposition du Bal, à Paris, sur les livres de photographie latino-américains. Rens. : www.le-bal.fr

mercredi 8 février 2012

EX-JOURNALISTE VEDETTE DE TVN COMPLICE DE DISSIMULATION DE CRIMES SOUS LA DICTATURE

Carlos Araya Silva, ancien animateur d’une radio locale et propriétaire d’un journal à San Antonio, délateur des opposants à la dictature militaire suite au coup d’état, est devenu ami personnel du général Manuel Contreras, chef de la répression sous Pinochet. Grâce à ce puissant appui il a participé lui-même à des tortures à la caserne Tejas Verdes, et il a été promu « journaliste », alors qu’il n’a pas conclu ses études secondaires.
JULIO LOPEZ BLANCO, LE VISAGE DE TVN SOUS PINOCHET
Introduit par Contreras à TVN, la chaîne de télévision nationale, il y a fait équipe avec Julio López Blanco, alors journaliste vedette de la chaîne et conducteur du Journal télévisé de 20 heures, diffusé chaque jour dans tout le pays. Ils ont joué un rôle central dans la communication de la dictature, notamment aux tâches de désinformation, lorsqu’il s’agissait de maquiller des crimes d'opposants.

Les faits remontent au 17 novembre 1975, quand à la rue Bío Bío de la capitale sont morts un militaire et un militant du MIR, Roberto Gallardo Moreno. Le lendemain, les autres membres de la famille Gallardo ont été arrêtés à leurs domiciles et conduits au quartier d’investigations de rue Général Mackenna, où ils ont été interrogés et torturés.
A l'aube du 19 novembre, quelques membres de la famille ont été libérés, à l'exception des victimes, qui ont été emmenées à Villa Grimaldi, centre de tortures de la DINA.
MANUEL CONTRERAS SEPÚLVEDA, MARCELO MORÉN BRITO ET FRANCISCO FERRER LIMA. DES OFFICIERS DE L’ARMÉE CHILIENNE, MEMBRES DES BRIGADES D’EXTERMINATION DE LA POLICE POLITIQUE DE PINOCHET.
MIGUEL KRASSNOFF MARTCHENKO, BASCLAY ZAPATA, ET ROLF WENDEROTH POZO. D’UNE CRUAUTÉ MALADIVE ENVERS DES PRISONNIERS SANS DÉFENSE, ILS ONT TORTURÉ  À  MORT DES FEMMES ENCEINTE ET DES MINEURS.
Le matin du 19 novembre, madame Ester Torres a été arrêtée avec trois de ses enfants, Renato, Mauricio et Francisco Javier Ganga, par les agents de la DINA qui cherchaient son fils aîné, Luis Andrés Ganga. Ils ont été aussi conduits à la Villa Grimaldi.
Suite aux interrogatoires sous tourments, les agents ont obtenu l'endroit où se trouvait Luis Andrés Ganga, qui a été appréhendé des moments plus tard et conduit à cette enceinte, où il a été à son tour cruellement torturé.

Des témoins qui se trouvaient alors arrêtés à la Villa Grimaldi ont déclaré que ce fut la pire de toutes les nuits. Ils ont décrit un grand mouvement de voitures, et ils ont entendu les agents exigeant de l'eau bouillante et de l’huile chaude, et les cris de lamentation des victimes, hommes et femmes, torturés jusqu’à la mort par les sbires.
Le lendemain, les témoins ont vu dans la cour de Villa Grimaldi quelques cadavres sur le sol, et dans une pièce deux femmes dans un état critique suite aux atroces supplices. Catalina Gallardo avait eu les yeux arrachés, et Mónica Pacheco avait perdu son fœtus de trois mois. 

Dans l'après-midi du 19 novembre, un communiqué de presse officiel du gouvernement a rendu compte d’un « affrontement » dans les hauteurs de Rinconada de Maipú, durant lequel seraient morts Alberto Recaredo Gallardo Pacheco, Catalina Ester Gallardo Moreno, Mónica del Carmen Pacheco Sanchez, Luis Andrés Ganga, en plus de Pedro Cortés et Manuel Reyes.
JULIO LOPEZ BLANCO, JOURNALISTE VEDETTE DE LA CHAÎNE DE TV NATIONALE ET PUIS DE MEGAVISION. CONNU COMME DÉLATEUR D’OPPOSANTS  À  LA DICTATURE, IL A ÉTÉ UN TRÈS PROCHE COLLABORATEUR DE LA DINA ET PARTICIPÉ À PLUSIEURS MISES EN SCÈNE MÉDIATIQUES ARRANGÉES PAR LES APPAREILS DE SECURITÉ. IL A FAIT L’OBJET D’UNE SUSPENSION PAR L’ORDRE DES JOURNALISTES.
Ce communiqué faisait partie du montage orchestré par la DINA avec quelques journalistes et destiné à cacher les faits : un groupe d’opposants désarmés capturés et cruellement achevés par les atroces tortures infligées à Villa Grimaldi.

Le journaliste Julio López Blanco, en duo avec Carlos Roberto Araya Silva, ont été « sur le terrain », et ont filmé pour le journal télévisé les lieux de « l’affrontement » entre les agents de sécurité et les « terroristes ». Ils ont montré des douilles sur le sol, et une caisse de munitions. 

Ils ont parlé d’un violent affrontement dans les coteaux de Rinconada de Maipú, et d’une fusillade de plus de trente minutes entre les forces de la DINA, d’Investigations, et un groupe de subversifs fortement armé barricadé dans ces hauteurs. Six « extrémistes » sont morts dans l’opération, et l'un d'eux a pris la fuite.
MANFREDO MAYOL DURÁN, JOURNALISTE, EX DIRECTEUR DE LA TÉLÉVISION NATIONALE SOUS PINOCHET, ÉTROIT COLLABORATEUR DE L’APPAREIL DE COMMUNICATIONS DE LA DICTATURE. TRÈS LIÉ À LA DROITE AU POUVOIR, IL EXERCE COMME PROFESSEUR DANS UNE UNIVERSITÉ PRIVÉE. IL A ÉTÉ AUSSI SANCTIONNÉ PAR UNE MESURE DISCIPLINAIRE DE L’ORDRE NATIONAL DES JOURNALISTES.
Des années après, suite aux plaintes des familles et des témoins qui ont peu à peu osé déclarer lors des longues enquêtes, la vérité est venue s’imposer : le meurtre multiple s'est produit le 19 novembre, le même jour de la diffusion du montage dans la presse et la télévision, les corps ont été transportés par la DINA depuis Villa Grimaldi, tout comme la scénographie de « l’affrontement » et les journalistes pour le couvrir.

En février 2006, ont été inculpés pour ces crimes Manuel Contreras Sepúlveda, le chef de la DINA, et ses lieutenants Marcelo Morén Brito, Miguel Krassnoff Martchenko, Basclay Zapata, Francisco Ferrer Lima et Rolf Wenderoth Pozo, tous de l'armée, en qualité de meurtriers.

Dans une procédure extrêmement rare, le Tribunal d'éthique et discipline des journalistes du Chili a pris en 2006 et 2007 des sanctions contre plusieurs journalistes impliqués dans des opérations de manipulation et désinformation au profit de la dictature. Des mesures qui vont de la suspension temporelle et la censure pour les journalistes Claudio Sanchez et Julio López Blanco, Vicente Pérez Zurita et Manfredo Mayol Durán, jusqu’à la radiation de l’ordre pour Roberto Araya Silva, agent de la Dina et faux journaliste. Des excuses publiques aux familles des assassinés ont été aussi prononcées lors d’une cérémonie publique.

dimanche 5 février 2012

FIDEL CASTRO PRÉSENTE LES DEUX PREMIERS VOLUMES DE SES MÉMOIRES

FIDEL CASTRO PRÉSENTE L'OUVRAGE « GUÉRILLERO DU TEMPS » DE KATIUSKA BLANCO. PHOTO ROBERTO CHILE
Présentation de l'ouvrage « Guérillero del Tiempo » (Guérillero du Temps).
« Je suis disposé à faire mon possible pour transmettre ce dont je me souviens bien... J'ai exprimé toute les idées que j'ai eues et tous les sentiments que j'ai éprouvés ; j'ai pris conscience de l'importance de rapporter tout cela afin que ce soit utile », a déclaré Fidel Castro, selon le compte-rendu publié par les journaux Granma, Juventud Rebelde et par le site Cubadebate.
FIDEL CASTRO PRÉSENTE SES MÉMOIRES, LE 3 FÉVRIER 2012 À LA HAVANE. PHOTO ROBERTO CHILE 
Dans ces entretiens qui couvrent un millier de pages, Fidel Castro confie à Katiuska Blanco qu'il préfère  « les vieilles horloges, les vieux miroirs et les vieilles bottes, mais qu'en politique, il préfère tout ce qui est neuf  » .
Katiuska Blanco, auteur de la première biographie officielle de Fidel Castro et de sa famille, présente maintenant deux volumes de questions-réponses qui rappellent  « Cent heures avec Fidel » , un entretien du journaliste franco-espagnol Ignacio Ramonet publié fin 2006, année où Castro s'était éloigné du pouvoir à la suite d'une grave maladie et avait dû céder le pouvoir à son frère, l'actuel président Raul Castro.


HEBDO N° 1089 DU 15 SEPT. 2011 2011 : ANNÉE RÉVOLTÉE


FIDEL CASTRO SOUTIENT LES ÉTUDIANTS CHILIENS


Dans un dialogue avec Mirthia Brossard, Présidente de la Fédération Lycéenne,  Fidel Castro  a dit que « nous devons soutenir les idées de la jeune chilienne - Camila Vallejo - dans la lutte pour une éducation égale pour  tous. Il ne s'agit pas seulement d’une éducation générale et gratuite, nous devons également nous préoccuper du contenu des enseignements ».  Castro ajouta : « l'éducation est la lutte contre les instincts. Les instincts conduisent à l'égoïsme, et seule la conscience peut nous mener vers la justice. Ce n'est pas une simple formule pratique, mais la seule  acceptable théoriquement. »


FIDEL CASTRO PRÉSENTE SES MÉMOIRES, LE 3 FÉVRIER 2012 À LA HAVANE. PHOTO ROBERTO CHILE 
Pendant ces années, Fidel Castro s'est consacré à la rédaction d'articles, sous le titre générique de  « Réflexions » , dans lesquels il analyse l'actualité internationale, ainsi qu'à celle d'un livre,  «  La contre-offensive stratégique »  (2010), où il raconte son expérience de guérillero dans la Sierra Maestra avant son entrée victorieuse à Santiago de Cuba (sud-est) en décembre 1958.
FIDEL CASTRO PARLE AU TÉLÉPHONE AVEC RENÉ GONZÁLEZ, L'UN DES CINQ PRISONNIERS CUBAINS DÉTENUS AUX ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE, LE 3 FÉVRIER 2012 À LA HAVANE. PHOTO ROBERTO CHILE 
Selon des sources diplomatiques brésiliennes, Fidel Castro a offert les deux tomes de son dernier ouvrage à la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, au cours de sa visite à Cuba il y a quelques jours.

samedi 4 février 2012

ÉTONNANTE IMAGE DE NGC 3324, UNE NURSERIE D'ÉTOILES

NGC 3324 EST AUSSI APPELÉ LA NÉBULEUSE DE GABRIELA MISTRAL, À CAUSE DE LA RESSEMBLANCE SAISISSANTE AVEC LA POÈTE CHILIENNE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE EN 1945.  PHOTO SUR LE SITE DE L’ASTRONOME AMATEUR DANIEL VERSCHATSE. 

Le rayonnement ultraviolet des jeunes étoiles chaudes arrache les électrons des atomes d’hydrogène. Ces électrons sont ensuite recapturés. Ils descendent alors d’un niveau d’énergie à un autre, ce qui provoque cette couleur rouge caractéristique révélant l’étendue du gaz diffus local. Les autres couleurs proviennent d’autres éléments, comme le rayonnement caractéristique de l’oxygène doublement ionisé qui donne cette couleur vert-jaune à la partie centrale de l’image.
NGC 3324 EST SITUÉE DANS LA CONSTELLATION AUSTRALE DE LA CARÈNE (LA QUILLE, UNE DES PARTIES DU NAVIRE ARGOS DE JASON) À ENVIRON 7500 ANNÉES-LUMIÈRE DE LA TERRE. ELLE SE TROUVE À LA PÉRIPHÉRIE NORD DE L’ENVIRONNEMENT CHAOTIQUE DE LA NÉBULEUSE DE LA CARÈNE, QUI A ÉTÉ SCULPTÉE PAR DE NOMBREUSES AUTRES POCHES DE FORMATION D’ÉTOILES (ESO0905). 

Jeux d'ombre et de lumière

Les observateurs de nébuleuses peuvent trouver des ressemblances entre ces nuages cosmiques et les nuages du ciel terrestre. NGC 3324 a également le surnom de nébuleuse Gabriela Mistral, d’après le nom de la poétesse chilienne, prix Nobel de littérature. Les contours du mur de gaz et la poussière sur la droite dessinent une forme ressemblant fortement à un visage humain de profil, avec la « bosse » au centre correspondant au nez. La puissance de la caméra WFI sur le télescope MGP/ESO de 2,2 mètres à l’observatoire de La Silla de l’ESO a également permis de révéler de nombreuses structures sombres dans NGC 3324. Les grains de poussière dans ces régions absorbent la lumière du gaz brillant en arrière-plan, créant des ombres, des formes en filigrane qui ajoutent une autre couche de structures évocatrices à cette riche vue.
CETTE IMAGE EST COMPOSÉ DES COULEURS D'EXPOSITIONS DE LA VUE GÉNÉRALE DU CIEL NUMÉRISÉE  (DSS2) LES DSS1 ET DSS2 SONT DES DONNÉES STOCKÉES SUR DES DISQUES MAGNÉTIQUES. LE CHAMP DE VISION EST ENVIRON 4.7 X 4.9 DEGRÉS. CRÉDIT : DAVIDE DE MARTIN ESO/DIGITIZED ENQUÊTE 
La « vue perçante » du télescope spatial Hubble a également été éprouvée sur NGC 3324 par le passé. Hubble peut distinguer des détails plus fins que ne le peut la vue panoramique de la caméra WFI, mais seulement sur un bien plus petit champ. Ces deux instruments, quand ils sont utilisés en tandem, peuvent ainsi fournir à la fois des vues en gros plan et des vues à grand champ.

jeudi 2 février 2012

CHILI – ENFANTS ET ADOLESCENTS INDIGÈNES PLUS VULNÉRABLES QUE LES JEUNES NON INDIGÈNES DE LEUR ÂGE

ENFANTS MAPUCHE. PHOTO CARLOS GONZALÍA, GALERIE IOSEPHUS CHEZ FLICKR SEPTEMBRE 2008.
Après avoir souligné la « féminisation de la pauvreté indigène », l’étude relève que « les femmes présentent un retard en matière d’accès au travail qui s’accentue dans les zones rurales et indigènes ». En outre, leur situation contractuelle est plus instable. Le revenu moyen d’un chef de famille en présence d’enfants est plus bas dans le cas où il s’agit d’une femme chef de famille. Les femmes chef de famille indigènes avec enfants qui vivent dans un contexte urbain perçoivent 78% du revenu perçu par les hommes chefs de famille répondant aux mêmes caractéristiques. Les femmes se trouvant à la tête de familles rurales composées d’enfants et d’adolescents indigènes perçoivent en revanche 54% des gains des hommes chefs de famille se trouvant dans la même situation.
ENFANTS MAPUCHE. PHOTO CARLOS GONZALÍA, GALERIE IOSEPHUS CHEZ FLICKR SEPTEMBRE 2008.
L’éducation préscolaire et primaire présente des données similaires tant pour les enfants indigènes que pour les enfants non indigènes mais la différence en matière d’accès à l’instruction émerge au cours des premières phases du secondaire et dans l’enseignement supérieur : 29,9% des non indigènes accèdent à l’enseignement supérieur alors que ce taux est inférieur à 20% parmi les indigènes. Par ailleurs, 89,4% des enfants indigènes ne parle ni ne comprend sa langue d’origine. (SL) (Agence Fides 31/01/2012)