samedi 29 mars 2014

POUR SORTIR DU LIBÉRALISME, LE CHILI DOIT AUSSI PASSER PAR LA CHINE

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LE JAGUAR. PHOTO JOE MCDONALD
On peut répondre les deux, tant le Chili apparaît différent selon les angles d’approche. C’est la raison pour laquelle le deuxième mandat de cette femme très populaire de 62 ans sera sans doute déterminant pour l’avenir de ce petit pays latino-américain de 16,6 millions d’habitants. Socialiste, dotée de convictions souvent plus progressistes que la majorité des Chiliens, Michelle Bachelet va devoir cependant, vu l’ampleur des défis, «mouiller la chemise» bien davantage que lors de son premier mandat, très modéré, entre 2006 et 210.

Surnommé le « jaguar »  du sous-continent, le Chili a longtemps été considéré comme le meilleur élève de l’Amérique latine: champion de la croissance, moins corrompu, plus stable et plus prospère, largement ouvert au libre-échange (avec un nombre d’accord bilatéraux quasi record) et porté ces dernières années par la hausse des cours du cuivre, dont le Chili est le premier producteur et exportateur mondial, et qui lui fournissent une grande partie de ses recettes.

Les politiques de relance contra-cycliques que le premier gouvernement  Bachelet a su mener lors de la crise financière de 2008 lui a par ailleurs permis de résister à l’orage. Même aujourd’hui, en pleine crise des pays émergents et alors que les cours du cuivre ont tendance à piquer un peu du nez, l’économie chilienne tient le choc avec un chômage maîtrisé et une croissance de 4,1% en 2013 (contre 5,6% en 2012) et, selon les prévisions, de 4 à 4,5% cette année.

TROIS CENTS FAMILLES S’ARROGERAIENT 10% DU REVENU GLOBAL   

Ces performances lui ont ouvert en 2010 les portes du club très sélect des pays de l’OCDE. «Le Chili est alors passé du statut de premier de la classe dans sa région à celui de dernier au sein de l’OCDE, sur une série de critères», remarque Emmanuelle Barozet, sociologue à l’université du Chili.

«Cela a constitué un vrai choc cognitif pour les élites du pays, qui ont enfin pris conscience de l’importance des problèmes de ségrégation à l’intérieur de la société.»

Le pays se révèle être un cancre en matière d’inégalités de revenus, avec un coefficient de Gini de 0,549, pire que celui du Mexique (0,461) lui aussi membre de l’OCDE, et quasiment aussi mauvais que ceux du Brésil et de la Colombie.

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Publiée l’an dernier, une étude réalisée par trois économistes de l’université du Chili, López, Figueroa y Gutiérrez, fondée non pas sur des enquêtes (comme habituellement au Chili), mais sur les données du fisc, a même montré que la situation était sous-estimée, et que la concentration de la richesse était beaucoup plus forte que dans tout autre pays où de telles mesures peuvent être faites. Selon cette étude, menée sur la période 2004-2010, 30,5% du revenu total est en moyenne récupéré par 1% des Chiliens, 17% par 0,1% et, enfin, plus de 10% par la tranche des 0,01%.
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RÉPARTITION DES REVENUS - CHILI
TRANCHES DE REVENU - ORDRE DÉCROISSANT

Autrement dit, insistent les auteurs:

«Sur chaque kilo de la “torta” [la galette, le gâteau] que produit notre économie, 1% de la population s’en approprie 300 grammes, les 99% restants n’en récupérant que 700 grammes.»

Quant au 0,01% les plus riches, «qui représentent quelque 1.200 individus, soit approximativement 300 familles, ils s’arrogent 100 grammes de ce gâteau». En revanche, au sein des «99% de Chiliens» restants, les distorsions sont bien moindres (le revenu médian d’un foyer étant de l’ordre de 600 euros par mois).

L’EMPREINTE DE LA DICTATURE

Pour comprendre les causes de cette absence dramatique de redistribution, il faut bien sûr remonter au coup d’Etat militaire de 1973 qui a violemment mis fin à l’expérience sociale de l’Unité Populaire et porté Augusto Pinochet au pouvoir. Sous l’égide des économistes de l’Ecole de Chicago, Pinochet «a implanté un modèle néolibéral dans sa version la plus extrême, décrit l’économiste chilien Ricardo French-Davis Múñoz, dans un article récent des Cahiers de l’Amérique latine. L’adoption de mesures de libéralisation commerciale totale et unilatérale et une forte libéralisation financière sans régulations s’est accompagnée de privatisations massives».

Le désengagement de l’Etat, la privatisation de la santé et de l’éducation ont fortement creusé les inégalités. Après la crise de la dette en 1982, la junte militaire a un peu corrigé le tir et le retour à la démocratie en 1990 a permis la reprise de certaines politiques sociales mais le cadre structurellement inégalitaire est resté jusqu’à aujourd’hui.

Difficile d’admettre cet immobilisme alors que, depuis 1990, c’est une coalition de centre gauche (la Concertation démocratique) qui gouverne le pays... Emmanuelle Barozet rappelle:

«Il faut garder à l’esprit que l’Amérique latine n’a jamais été égalitaire. Seuls quatre pays (le Mexique, le Nicaragua, la Bolivie et Cuba) ont connu des révolutions sociales profondes comme en Europe. La structure des autres est plus ou moins directement héritée de la période coloniale.»

En outre, «la priorité au sortir de la dictature, n’était pas de réduire les inégalités, mais la pauvreté». De fait, grâce au dynamisme de l’économie, aux programmes sociaux et à un meilleur accès au travail, «en vingt ans, le taux de pauvreté a été réduit de moitié [à moins de 20%] et le PIB par habitant multiplié par trois».

Mais la transition démocratique, ajoute-t-elle, s’est faite en excluant les classes populaires, par crainte de voir se reproduire «les débordements de 1973».

«Les blocages institutionnels ont empêché les plus progressistes de la Concertation de faire entendre leur voix lors des gouvernements successifs», poursuit Antoine Millet, docteur associé au Ceri (centre de recherche de Sciences Po), installé à Santiago. Résultat, les réformes sociales se sont faites à la marge en installant quelques filets de sécurité sur l’assurance maladie, ou les retraites (le minimum vieillesse a ainsi été porté à 150 euros), mais sans attaquer la structure mercantile du système. Bon nombre des lois organiques issues de la dictature ont perduré.

D’autre part, le double traumatisme de l’Unité populaire d’Allende puis du coup d’Etat militaire, a longtemps incité une société chilienne profondément clivée (où les pro et les anti Pinochet se côtoyaient souvent au sein d’une même famille) à rechercher la réconciliation et l’oubli plutôt qu’à réclamer des comptes. Jusqu’à ce qu’émerge, très récemment, une génération post-dictature, exempte des inhibitions de ses parents.

Ce fut le mouvement lycéen de 2006, puis, à partir de 2011, les grandes manifestations étudiantes réclamant une école et une université moins chères et de meilleure qualité. Ont surgi par ailleurs des groupes de défense de l’environnement très actifs, en lutte contre les grands projets de barrages en Patagonie, qui ont  fugacement rejoint les manifs étudiantes en 2011.

UN NOUVEAU CYCLE POLITIQUE 

Pour cette génération, le train de vie des «super ricos» devient moins acceptable, alors que les frais de scolarité leur ferment la porte de l’université ou les condamnent à s’endetter lourdement. De même, les classes moyennes tout juste sorties de la pauvreté supportent mal que la précarité du marché du travail leur interdise l’accès à de nombreux produits de consommation.

«Selon beaucoup d’analystes, on assiste actuellement au début d’un nouveau cycle politique (après celui qui a débuté en 1990), avec la remise en cause de la marchandisation des politiques sociales, dont l’éducation et la santé», estime Antoine Maillet.

Certes, la lutte pour une éducation gratuite est devenue emblématique. Mais le système de santé, lui aussi privatisé dans les années 1970 avec l’instauration d’une médecine à deux vitesses (cliniques de luxe pour les riches, hôpitaux démunis pour les pauvres) est de plus en plus dénoncé (par exemple lors de la manifestation en 2013 contre le prix élevé des médicaments). Antoine Maillet explique:

«Aujourd’hui, les compagnies d’assurance maladie ont le droit d’imposer à une femme en âge de procréer un tarif triple de celui d’un homme du même âge.»

Omniprésent depuis quarante ans, «le discours néolibéral passe moins bien, au profit d’une certaine nostalgie de l’Etat et d’un souvenir souvent magnifié de l’éducation publique des années 1960».

De nombreux Chiliens veulent donc aujourd’hui plus d’Etat, plus de dépense publique, plus de protection et plus d’attention portée à l’environnement. Mais sans pour autant vouloir renoncer à l’économie de marché, note Emmanuelle Barozet, affirmant que le modèle de la gauche bolivarienne (d’autant moins attractif que le Venezuela traverse une grave crise), ne séduit pas l’opinion.

Néanmoins, les attentes sont fortes et Michelle Bachelet, qui s’est engagée à réformer en profondeur l’éducation, mais aussi la santé et les retraites via une hausse de l’impôt sur les sociétés, joue gros. Elle devra sans doute se battre pied à pied contre les barons de son éclectique majorité. Quoi qu’il en soit, le nerf de la guerre et la clé du succès risquent d’être, une fois de plus, l’économie, tant la santé budgétaire du Chili, petit pays sans ressources énergétiques, dépend de ses exportations de cuivre. Et donc de l’hypothétique maintien d’une forte croissance de son premier client: la Chine.

Anne Denis

mercredi 26 mars 2014

BOLIVIE - CHILI : OUVERTURE SOCIALISTE SUR LA MER ?

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 GRAFFITI À LA PAZ
Dans un discours d'une vingtaine de minutes aux nombreux arguments historiques, le président bolivien Evo Morales a exhorté la nouvelle présidente du Chili, Michelle Bachelet, à répondre favorablement aux revendications de la Bolivie. Comme le rapporte le quotidien bolivien Los Tiempos, le chef d'Etat en a appelé au « caractère socialiste » du nouveau gouvernement chilien. Il a notamment demandé à la première dame chilienne d'aller plus loin que l'ancien dictateur Augusto Pinochet, prêt en 1975 à accorder un accès maritime à la Bolivie de son « ami » et homologue Hugo Banzer.

Lors du premier mandat de Mme Bachelet (2006-2010), les deux présidents avaient déjà entamé des discussions sur la question maritime. Un processus interrompu par Sebastián Piñera (président chilien de 2010 à 2014), ce qui avait conduit Evo Morales à mandater la Cour internationale de justice de La Haye en 2011. Celle-ci doit étudier la requête bolivienne à partir du 17 avril 2014, avant de se prononcer le 18 février 2015.

mardi 25 mars 2014

CHILI: TOLLÉ AUTOUR D'UNE ÉCOLE D'ART « NAZIE »

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Le fondateur de l'école, Godofredo Rodríguez Pacheco est un sympathisant nazi qui se décrit comme quelqu'un qui essaie de promouvoir l'idéologie hitlérienne, rapporte le quotidien chilien.

Interrogé par la presse locale au milieu de nombreux posters affichant des croix gammées, Rodríguez Pacheco a déclaré que l'un des principaux objectifs de l'école est de « renforcer la droite politique dans la région de Chiloé », selon le Santiago Times.

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Il a également dit vouloir corriger le système éducatif actuel, qui « n’enseigne pas selon le Troisième Reich ».  « Je ne les défend pas mais l'histoire doit être racontée d'une autre manière, car il y a beaucoup de manipulation », explique Pacheco. « Si je parle de cela en Europe, ils me mettront en prison, mais je n'ai pas peur », a-t-il ajouté.

Le directeur exécutif de la Communauté juive du Chili (CJCH), Marcelo Isaacson, a appelé à des lois plus strictes contre les discours de haine et a déclaré que l'activité néo-nazie n'est "pas rare" dans le pays.

« La différence avec l'Europe est que le Chili est en retard sur les lois qui condamnent ce genre d'activités. Ces nazis se cachent derrière le droit à la liberté d'expression », a-t-il dit.


lundi 24 mars 2014

URUGUAY : PEPE MUJICA N'EST PAS QU'UN ORIGINAL

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JOSÉ MUJICA PRÉPARATION D'UN «  MATE », LA BOISSON À BASE DE PLANTES OFFERTS DANS UNE CALEBASSE ÉVIDÉE, DANS SA CUISINE. PHOTO MATILDE CAMPODONICO POUR LE NEW YORK TIMES.

« Pour construire, il faut inventer une nouvelle mentalité politique, collective, voir à long terme, avec des idées, de la discipline, de la méthode. Ce n'est pas nouveau, ça a l'air vieux même. Mais sans intérêt collectif, il est difficile de changer »
Au départ, son extrême simplicité avait quelque chose de pittoresque : sa modeste maisonnette sur une petite propriété rurale non loin de la capitale ; sa voiture, une vieille Coccinelle ; sa façon simplissime de s'habiller, y compris lors des manifestations officielles; les 90 % de son salaire reversés à des organisations caritatives ; un seul véhicule de police pour assurer la sécurité de son domicile. C'était un acte de contestation, révèle-t-il dans un entretien qu'il nous a donné : "Les républiques n'ont pas été inventées pour qu'on y recrée une petite cour : elles sont nées pour affirmer que nous sommes tous égaux."

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JOSÉ MUJICA AVEC SA  BOUTEILLE THERMOS, SON «  MATE » AVEC SA «  BOMBILLA / PAILL» , PRÊT À CONSOMMER  

Un homme qui ignore tout du revanchisme

En 2013, il a fait du petit Uruguay un pionnier en légalisant l'avortement, le mariage gay et le cannabis. "Nous ne faisons qu'appliquer un principe simple : prendre acte de la réalité", a expliqué le président.

Une phrase qui illustre aussi bien ces trois initiatives audacieuses que l'attitude même de José Mujica : l'homme ignore tout du revanchisme qui trouble la vision politique de tant d'autres dirigeants actuels venus de la gauche radicale, et qui fait obstacle au consensus et à la gouvernabilité. Le président uruguayen manifeste un sens des réalités qui fait défaut, notamment, de l'autre côté du Río de la Plata, dans la Casa Rosada de la présidence argentine.

"Il y a 40 ou 50 ans, nous pensions qu'en arrivant au gouvernement nous pourrions inventer une nouvelle société, dit-il de son passé de guérillero d'extrême gauche. Nous étions candides : une société, c'est complexe, et le pouvoir, plus encore." S'il porte un regard bienveillant sur les mouvements d'opposition, comme ceux du printemps arabe ou même les manifestations au Brésil, c'est pour s'empresser de souligner ensuite qu'"ils ne mènent nulle part".

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JOSÉ MUJICA CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE ET ANCIEN COMBATTANT DE LA GUÉRILLA, EST ARRIVÉ À UN BUREAU DE VOTE À MONTEVIDEO LE DIMANCHE 26 OCTOBRE 2009. PHOTO   MATILDE CAMPODONICO


Un des rares hommes d'Etat

Selon lui, "ils n'ont rien construit. Pour construire, il faut inventer une nouvelle mentalité politique, collective, voir à long terme, avec des idées, de la discipline, de la méthode. Ce n'est pas nouveau, ça a l'air vieux même. Mais sans intérêt collectif, il est difficile de changer." Le président uruguayen n'a pas l'arrogance qu'affichent certains transfuges de la gauche latino-américaine des années 1970 parvenus aujourd'hui au pouvoir.

Et force est de reconnaître que sous des gouvernements d'une gauche qui se révèle moderne et forme une coalition (Mujica a succédé à Tabaré Vázquez [au pouvoir de 2005 à 2009], qui devrait revenir à la présidence [l'élection présidentielle aura lieu en octobre 2014]), l'Uruguay, sans exaltation, ni mythe du salut, ni esprit vengeur, est un pays qui sort du lot sur notre continent.

Des faubourg de Montevideo, "Pepe" Mujica envoie un message : "Nous, Latino-Américains, devons avoir la sagesse de chercher à nous accorder pour peser, ensemble, dans le monde. Nous avons besoin du Brésil, mais le Brésil lui aussi a besoin de nous tous, car les défis se posent à l'échelle continentale." Si Mujica était davantage entendu au sein du Mercosur, peut-être le Brésil ne serait-il pas acculé dans une véritable impasse idéologique, coincé entre l'Argentine et le Venezuela. José Mujica est peut-être l'un des rares hommes d'Etat du paysage politique latino-américain.

jeudi 20 mars 2014

L’URUGUAY VA RECEVOIR CINQ PRISONNIERS DE GUANTANAMO

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LES DÉTENUS DANS DES COMBINAISONS ORANGES SONT ASSIS DANS UNE ZONE SE TENANT SOUS LES YEUX VIGILANTS DE POLICE MILITAIRE DANS LA CAMP DE PRISONNIERS DE « GUANTANAMO BAY » DANS LA BASE NAVALE USA DE BAIE DE GUANTANAMO À CUBA LE 11 JANVIER 2002. PHOTO RON SACHS

L’information a été confirmée à l’AFP par une source gouvernementale.

« (Barack) Obama a fait part au cours des dernières semaines à son homologue uruguayen, José Mujica, par des intermédiaires, de la volonté de Washington que l’Uruguay soit l’un des pays qui puisse recevoir des prisonniers de Guantanamo », poursuit l’hebdomadaire, sans livrer de plus amples détails sur l’opération.

« (José) Mujica a décidé d’accepter la proposition à l’issue d’une série de consultations et d’envoyer des émissaires aux Etats-Unis et à Guantanamo », ajoute Busqueda, précisant que le président uruguayen avait évoqué le sujet avec son homologue cubain Raul Castro lors d’un voyage sur l’île, en janvier.

D’après Busqueda, le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est entretenu lundi avec M. Mujica, pour le remercier et lui confirmer qu’il serait reçu avant la fin juin à la Maison Blanche par M. Obama.


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L’URUGUAY VA RECEVOIR CINQ PRISONNIERS DE GUANTANAMO 

Un voyage officiel de M. Mujica aux Etats-Unis était prévu l’année passée mais avait été repoussé en raison de problèmes d’agenda.

Les transfèrements depuis Guantanamo se sont accélérés ces derniers mois avec le retour dans leur pays de deux Algériens, deux Saoudiens et deux Soudanais. Mais 154 détenus sont toujours présents à Guantanamo, prison spéciale créée sous le président américain George W. Bush après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

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DES ACTIVISTES D'AMNESTY INTERNATIONAL(AMNISTIE INTERNATIONALE) EXIGENT DE LA FERMETURE DE PRISON DE GUANTANAMO, LIMA PÉROU, JANVIER 2013.  PHOTO PAOLO AGUILAR

La majorité des détenus n’ont été ni accusés ni jugés et sont incarcérés de manière «indéfinie», suspectés de terrorisme.

Bien que le Congrès américain interdise la transfèrement des détenus sur le sol des Etats-Unis, il a ouvert en décembre la possibilité pour le président Obama d’ordonner des transfèrements dans des pays tiers, ce qui pourrait lui permettre de tenir sa promesse de fermer ce centre de détention polémique.

lundi 17 mars 2014

VENEZUELA : UN VIETNAM SILENCIEUX ?

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 TENTATIVE DE DÉRAILLEMENT 


UN VIETNAM SILENCIEUX 
Le plus docile, en tout cas. Oui, bien une marionnette, un pantin dont on tirait les fils via l’ambassade américaine, dans les bureaux de l’administration et des services yankees, ceux des bourses de New York et Chicago, ceux des grandes firmes à qui les télés, vous savez? vendent nos « parts de cerveau disponibles »...
Lucide, le bon docteur Allende savait bien à qui il avait à faire. En témoigne ce discours, prononcé en décembre 1972, à la tribune de l’ONU. À relire et à méditer :
 « Le drame de ma patrie est celui d’un Vietnam silencieux. Il n’y a pas de troupes d’occupation ni d’avions dans le ciel du Chili. Mais nous affrontons un blocus économique et nous sommes privés de crédits par les organismes de financement internationaux. Nous sommes face à un véritable conflit entre les multinationales et les États. Ceux-ci ne sont plus maîtres de leurs décisions fondamentales, politiques, économiques et militaires à cause des multinationales qui ne dépendent d’aucun État. Elles opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. Les grandes entreprises multinationales nuisent aux intérêts des pays en voie de développement. Leurs activités asservissantes et incontrôlées nuisent aussi aux pays industrialisés où elles s’installent. Notre confiance en nous-mêmes renforce notre foi dans les grandes valeurs de l’humanité et nous assure que ces valeurs doivent prévaloir. Elles ne pourront être détruites ! »
1972 : On commençait tout juste à parler de « mondialisation » ...
"Nous n'allons pas baisser le ton, nous vous dénonçons comme assassin du peuple vénézuélien, monsieur Kerry", avait déclaré Elias Jaua vendredi, lors d'un discours à Caracas. "Chaque fois que nous sommes en passe d'isoler et de contenir les auteurs de violences, M. Kerry fait des déclarations et les blocages de routes se reproduisent immédiatement dans les principaux foyers de violences."

Nous vous dénonçons comme assassin du peuple vénézuélien, monsieur Kerry.   Elias Jaua
Le Venezuela est secoué depuis le début février par un mouvement de protestation, lancé au départ par des étudiants, et qui a fait tâche d'huile dans tout le pays, portant sur l'insécurité, l'inflation et les pénuries, notamment de denrées alimentaires. Première cible de la grogne, le président Nicolas Maduro, élu de justesse en avril dernier, n'a de cesse de dénoncer une "tentative de coup d'Etat" fomentée avec l'aide des États-Unis.

Aucun ambassadeur depuis 2010

Washington a répondu vendredi à ces accusations, assurant qu'elles étaient "absurdes", selon les termes d'un porte-parole du Département d’État. "Le gouvernement du Venezuela doit se concentrer sur le règlement de ses problèmes économiques et sociaux, pas par des allégations absurdes contre les États-Unis", a-t-il dit.

mercredi 12 mars 2014

SALVADOR SANCHEZ CEREN REMPORTE LA PRÉSIDENTIELLE AU SALVADOR

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SALVADOR SANCHEZ CEREN, PRÉSIDENT ÉLU, 
ASSISTE À LA MESSE D'ACTION DE GRÂCE 
POUR SON TRIOMPHE ÉLECTORAL

Un écart infime sépare les deux candidats, qui se sont tous deux proclamés vainqueurs. Les résultats préliminaires créditent Sanchez Ceren, vice-président sortant et ancien commandant de la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), de 50,11% des voix.

Norman Quijano, candidat de l'Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite) et ancien maire de San Salvador, a quant à lui obtenu 49,89% des suffrages, ce qui représente un déficit de seulement 6.634 voix.

Sanchez Ceren, qui avait obtenu 49% au premier tour, le 2 février, a annoncé sa victoire très tard dimanche soir à ses partisans.

"Nous avons remporté le premier tour, nous l'avons emporté à nouveau au terme du second tour. Nous devons poursuivre la lutte contre la pauvreté (...) Le peuple a choisi de poursuivre sur la voie du changement", s'est-il félicité.

Norman Quijano a quant à lui accusé la commission électorale de corruption. "Nous ne tolérerons pas la fraude. Nous sommes convaincus à 100% de notre victoire", a-t-il dit aux siens.

Norman Quijano a axé sa campagne d'entre-deux-tours sur les responsabilités de Salvador Sanchez Ceren au sein du FMLN lors de la guerre civile de 1980-1992, qui a fait 75.000 morts.

Le FMLN, qui s'est mué en parti politique à la fin du conflit, n'a pu décrocher la présidence tant qu'il a été représenté par d'anciens guérilleros. Il a dû attendre 2009 et la candidature du journaliste Mauricio Funes.

Âgé de 69 ans, Salvador Sanchez Ceren, que la droite accuse de suivre l'exemple du gouvernement socialiste du Venezuela, s'est engagé à poursuivre les politiques sociales du président sortant en matière de gratuité des fournitures scolaires et de retraites.

Vingt-neuf pour cent des 6,2 millions de Salvadoriens vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 40% avant l'arrivée au pouvoir du FMLN, selon les chiffres du gouvernement.

mardi 11 mars 2014

AU CHILI, LES DÉBUTS SEMÉS D'EMBÛCHES DE MICHELLE BACHELET

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LA PREMIÈRE IMAGE DE LA NOUVELLE ÉQUIPE DE GOUVERNEMENT DANS « CERRO CASTILLO » À VIÑA DEL MAR,  RÉSIDENCE D'ÉTÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Avant son investiture, Mme Bachelet a subi ses premiers revers avec la démission de quatre personnalités qu'elle avait désignées pour former son gouvernement. Le 8 mars, Carolina Echeverria a dû renoncer au ministère de la défense, après le rejet de sa nomination de la part des organismes de défense des droits de l'homme. Fille d'un colonel accusé de tortures et d'abus sexuels pendant la dictature de Pinochet, elle a défendu son père lors d'une interview récente, argumentant qu'il n'avait jamais été condamné par la justice.

LES DIRIGEANTS DE LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE SUR LE PIED DE GUERRE

Quelques jours auparavant, la nomination de l'économiste Claudia Peirano au très sensible ministère de l'éducation avait provoqué un tollé au sein des mouvements étudiants qui se battent depuis plusieurs années pour exiger une éducation gratuite et de qualité. Ils l'accusent d'avoir des intérêts liés à l'enseignement et d'être opposée à la gratuité de l'éducation. Les dirigeants de la révolte étudiante ont réaffirmé qu'ils n'ont « pas signé un chèque en blanc à Bachelet » et restent sur le pied de guerre.

Deux autres haut fonctionnaires désignés ont également dû démissionner : l'un est accusé de délits économiques et l'autre d'attentat à la pudeur. L'opposition et la presse, en majorité de droite, ont accusé Mme Bachelet de « négligence ». Au sein de la Nouvelle Majorité, des barons de la Démocratie-chrétienne (DC) n'ont pas caché leur mécontentement, se plaignant de ne pas avoir été consultés.

EN FINIR AVEC L'HÉRITAGE DE PINOCHET

La conservatrice DC, qui avait soutenu le coup d'Etat militaire, accepte difficilement l'élargissement de la coalition de centre-gauche au Parti communiste du Chili. Le PCC n'a participé à aucun gouvernement depuis plus de quarante ans et la présidence de Salvador Allende. La nouvelle ministre du service national de la femme, l'anthropologue Claudia Pascual, est une ancienne conseillère communiste de Santiago.

Mme Bachelet a promis l'adoption de 50 mesures au cours des 100 premiers jours de son gouvernement. Il s'agit d'en finir avec l'héritage de Pinochet avec une nouvelle Constitution, pour remplacer celle de 1980, imposée par la dictature, d'adopter une réforme fiscale afin d'instaurer l'éducation publique gratuite, et d'améliorer le système de retraite, de santé et les services publics.

Malgré son écrasante victoire au second tour de l'élection présidentielle, le 15 décembre 2013, où elle avait devancé de plus de 20 points sa rivale de droite, Michelle Bachelet n'a pas réussi à résorber une abstention de 59 %, un chiffre record depuis le retour de la démocratie. Ces dernières années, de plus en plus de Chiliens, notamment les jeunes qui n'ont pas connu la peur des années de plomb, n'hésitent plus à descendre dans la rue pour exprimer leurs revendications.

Christine Legrand (Buenos-Aires, correspondante) 
Journaliste au Monde

CHILI: DE FORTES ATTENTES POUR MICHELLE BACHELET À L'AUBE D'UN SECOND MANDAT

Symbole fort dans un pays encore marqué par la dictature, c'est la sénatrice socialiste Isabel Allende, fille de l'ex-président Salvador Allende renversé par le coup d'Etat du 11 septembre 1973, et première femme à présider le Sénat chilien, qui doit remettre l'écharpe présidentielle bleu, blanc et rouge à Michelle Bachelet, 62 ans.

Première femme élue à la tête d'un pays sud-américain, Mme Bachelet fait face à de nombreux défis pour son retour à la Moneda, qu'elle avait quitté en 2010 avec un taux de popularité record. Elle succède au conservateur Sebastian Piñera, qui quitte le pouvoir avec un bilan contrasté.

Rompant avec le style figé de la classe politique traditionnelle, cette médecin de formation, ancien ministre et ex-directrice de l'ONU-Femmes, mère de trois enfants et grand-mère, s'est notamment fortement engagée en faveur de l'amélioration des droits des femmes dans un pays ultra-conservateur, où l'avortement, même thérapeutique, est interdit et où le divorce n'a été légalisé qu'en 2004.

Elue le 15 décembre dernier avec plus de 62% des suffrages, 20 points devant sa rivale de droite Evelyn Mattei, la nouvelle présidente a promis de mener «  enfin»   à bien «  de profondes transformations»   pour réduire les importantes inégalités sociales et développer le pays «  de façon plus harmonieuse»  .

- Des objectifs ambitieux -

Pour ce nouveau mandat de quatre ans, la leader socialiste s'est fixée des objectifs ambitieux, promettant dans les 100 premiers jours de son gouvernement 50 mesures choc, dont une vaste réforme de l'enseignement et de la fiscalité avec une augmentation importante de l'impôt sur les sociétés pour financer une refonte du système éducatif.

La candidate socialiste a également promis l'adoption d'une nouvelle constitution pour remplacer celle qui porte la signature du dictateur Augusto Pinochet (1973-1990).

La nouvelle présidente du Chili hérite en outre d'un pays un peu essoufflé par le ralentissement de l'économie mondiale, un recul des investissements et la baisse des prix du cuivre, dont il est le premier producteur au monde. Mais l'économie chilienne reste globalement solide, avec une croissance entre 3,75% et 4,75% prévue pour 2014.

Mais c'est dans le domaine de l'éducation, alors que des dizaines de milliers d'étudiants n'ont pas accès à un enseignement gratuit et de qualité, que les attentes sont les plus fortes.

Les nouveaux leaders de l'influent mouvement étudiant, fort du soutien des centaines de milliers de jeunes descendus dans la rue lors des manifestations massives de 2011, ont d'ores et déjà exprimé leur méfiance vis-à-vis de Michelle Bachelet et avaient appelé à ne pas voter lors des élections.

Avant même d'entrer en fonctions, la vice-ministre de l'Education, Claudia Peirano, a démissionné et le ministre de l'Education désigné Nicolas Eyzaguirre est déjà fortement critiqué.

Trois autres vice-ministres ont également renoncé à leurs futures fonctions pour des motifs divers, illustrant les pressions auxquelles sera soumise la présidente Bachelet dès le début de son mandat.

Reconnaissant elle-même les difficultés à venir, la présidente socialiste avait mis en garde les impatients au lendemain de sa victoire aux élections.

«  Mais quand a-t-il été facile de changer le monde?»  , s'était-t-elle déjà interrogée lors de son premier discours de future présidente.

- Le Venezuela au menu -

Ces derniers jours, c'est la crise politique vénézuélienne et la présence à Santiago de M. Maduro, davantage que la prise de fonctions de Mme Bachelet, qui ont agité le milieu politique chilien.

Le Congrès a condamné la violence régnant dans les rues de Caracas et demandé la libération des manifestants et des étudiants de l'opposition détenus, alors qu'au sein de la coalition politique qui soutient Mme Bachelet, les opinions à l'égard du chef de l'Etat vénézuélien ont provoqué des divisions entre Chrétiens-démocrates et le Parti communiste.

Michelle Bachelet a d'ores et déjà indiqué qu'une fois au gouvernement, elle proposerait son aide au Venezuela pour trouver une issue démocratique à la crise qui secoue le pays depuis un mois.

Mercredi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR) doivent d'ailleurs se réunir à Santiago pour discuter de la situation dans ce pays.

VENEZUELA : UNE NOUVELLE VICTIME DE L’EXTRÊME DROITE


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BLESSÉE :  MME GISELA RUBILAR FUT AGRESSÉE PENDANT QU'ELLE ESSAYAIT 
D'DÉBLAYER UNE BARRICADE EN FACE DE SON DOMICILE.
GISELLA RUBILAR, UNE NOUVELLE
 VICTIME DE L’EXTRÊME DROITE 
Le président chilien,  le milliardaire conservateur Sebastian Piñera, a dit avoir demandé au gouvernement vénézuélien d'enquêter sur les circonstances de cette mort et de donner à Santiago toutes les informations à ce sujet.

Depuis le début des manifestations, les violences ont tué des partisans de Nicolas Maduro, successeur de Hugo Chavez, comme des manifestants, qui demandent la démission du chef de l'Etat et dénoncent le fort taux d'inflation, la pénurie de certains produits de base et le taux d'homicides enregistré au Venezuela, l'un des plus élevés au monde.

lundi 10 mars 2014

VENEZUELA: À COUPS DE CASSEROLES, L'OPPOSITION MOBILISE CONTRE LE GOUVERNEMENT

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L'HUMANITÉ DES DÉBATS TABLE RONDE 
Rappel des faits. Un an après la disparition d’Hugo Chavez, le Venezuela est traversé par un mouvement de profonde déstabilisation orchestré par l’opposition locale et la diplomatie des États-Unis. Un mouvement social, parti des milieux estudiantins sur la base de la dénonciation de l’insécurité a vite été relayé par un opposition battue aux élections d’avril 2013 mais impatiente d’en découdre avec Nicolas Maduro, successeur de Chavez. Depuis la mi-février, la tension monte avec, du côté de l’opposition, la volonté manifeste de discréditer les représentants constitutionnels de la république bolivarienne et d’entraîner le pays dans un mouvement d’enlisement. Une tentative pour rejouer le coup d’État de 2002 ? Ou, plus proche dans le temps, de renouveler, plus loin dans « l’arrière-cour », l’essai qui a permis l’éviction, avec la bénédiction du Pentagone, du président élu du Honduras, Manuel Zelaya, en juin 2009 ? Le fait est que, sous une double dimension – politique et économique –, les assises de la Révolution bolivarienne semblent fragilisées. LE VÉNÉZUELA DE L'APRÈS-CHAVEZ EST-IL EN CRISE? 
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ces «cacerolazos» (tradition sud-américaine consistant à signifier son mécontentement en tapant sur des casseroles) ont été convoqués par la principale figure de l'opposition, le gouverneur Henrique Capriles, battu d'à peine 1,5 point par l'actuel président Nicolas Maduro à la présidentielle d'avril 2013.

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M. Capriles a parcouru environ 500 mètres au milieu de ses partisans enthousiastes, placés sous très haute surveillance policière et militaire.
«Nous marchons contre les pénuries provoquées par ce gouvernement», a déclaré à l'AFP celui qui avait réussi a réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Caracas le 22 février 2014.

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«Ils tournent le dos aux problèmes (...) Ce qui intéresse (le gouvernement) c'est la confrontation entre Vénézuéliens, et nous sommes en désaccord avec cela», a-t-il ajouté.

Le cortège, constitué de quelques milliers de personnes, prétendait atteindre le ministère de l'Alimentation, mais ses abords étaient interdits d'accès, à la demande du maire du secteur, Jorge Rodriguez, un proche du président Maduro, arguant de risques de violences.
D'autres manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes, comme Maracaibo et San Cristóbal (ouest), Valencia (nord), Isla de Margarita (nord-est) ou Puerto Ordaz (sud), mais aucune chaîne de télévision n'en a retransmis la moindre image.



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«Je ne trouve ni lait, ni beurre, ni couches, ni farine, ni sucre, ni riz. Je ne peux pas sortir dans la rue à cause de l'insécurité et ma fille a peur d'aller aux toilettes parce qu'elle craint l'entrée de voleurs», a raconté à l'AFP Alexandra Fernandez, mère au foyer de 39 ans résidant dans le centre de Caracas.

Tension persistante 
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Cette nouvelle mobilisation de l'opposition intervient dans un climat de tension constant depuis que des étudiants ont commencé à protester le 4 février dans l'ouest du pays contre le gouvernement Maduro, sur le thème de l'insécurité d'abord puis de l'inflation et des pénuries, ralliant à leur cause les opposants au «chavisme».

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Les mobilisations quotidiennes ont souvent dégénéré en violences dont le bilan s'établit à 20 morts, au moins 300 blessés, tandis que de nombreux abus policiers ont été dénoncés.

En face, le président Maduro - héritier politique et spirituel du charismatique Hugo Chavez, décédé il y a un an - a convoqué «une grande journée nationale avec les femmes», sur la place Bolivar, à Caracas.

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Au Venezuela, pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde où l'inflation dépasse les 56%, on fait le plein de sa voiture pour quelques centimes d'euros. Mais mettre la main sur du papier-toilette, de la farine, du lait ou des pièces détachées d'automobiles est une gageure en raison de pénuries récurrentes de produits d'importation, particulièrement en province.

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Autre fléau, la criminalité, avec une moyenne 65 meurtres par jour (pour 29 millions d'habitants), selon l'ONG locale Observatoire de la violence.

Sans rejeter les mobilisations de rue, qu'il appelle à «canaliser», Henrique Capriles s'est démarqué de la stratégie de la tension prônée par certains opposants radicaux, estimant que «les conditions n'étaient pas réunies» pour faire tomber le gouvernement.

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«Capriles était très réticent face à la mobilisation, parce qu'on sait comment cela commence, mais pas comment cela se termine, mais c'est la seule voie, cela s'est propagé à tout le pays et il l'a compris», a commenté à l'AFP Mercedes Pulido de Briceño, analyste politique à l'Université catholique.

Selon elle, ces «cacerolazos» pouvaient donner l'occasion aux secteurs populaires, qui jusqu'à présent «protestent silencieusement», de se joindre au mouvement et de sortir dans la rue sans craindre de représailles des «collectifs» chavistes, ces groupes de civils pro-gouvernement accusés d'attaquer des cortèges d'opposants à l'arme à feu.

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