samedi 26 avril 2014

LE CHILI REFUSE «À JAMAIS» L'ACCÈS À LA MER À LA BOLIVIE



INTERVIEW DU MINISTRE CHILIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES HERALDO MUÑOZ CHEZ CNN

Interrogé pour savoir si l’accès à la mer réclamé par La Paz était refusé aujourd’hui ou à jamais, il a répondu qu’il était « fermé à jamais, ceci est la position du Chili. […] On ne devrait jamais dire "jamais", mais la position du Chili aujourd’hui, et c’est ainsi depuis longtemps, est que la Bolivie n’a aucun droit» à une sortie vers la mer, a-t-il insisté. Il a précisé que la demande bolivienne devant la Cour internationale de justice ne concernait pas une cession de territoire proprement dite, mais une obligation de négocier.

Le président bolivien, Evo Morales, a remis le 15 avril à la CIJ une demande d’accès souverain à l’océan Pacifique, dont il a été privé à l’issue d’une guerre avec le Chili à la fin du XIXe siècle. La Bolivie avait perdu 120 000 km2 de territoire et 400 km de côte à l’issue de la guerre du Pacifique (1879-1883) contre le Chili.

PLUS DE RELATIONS DIPLOMATIQUES DEPUIS 1978


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Après de nombreuses tentatives de négociations infructueuses avec Santiago, La Paz a finalement déposé en avril 2013 une plainte devant la CIJ pour tenter de récupérer cet accès. Selon le calendrier établi par la CIJ, le Chili a jusqu’en février 2015 pour répondre, après quoi s’ensuivra un second tour d’argumentation par écrit et, en théorie, des audiences publiques à La Haye.

En 2006, le socialiste Evo Morales avait établi sous le premier mandat de la Chilienne Michelle Bachelet un agenda bilatéral de discussions incluant la demande historique de son pays d’accès à l’océan. Les discussions avaient toutefois été gelées en 2010 sous la mandature du président conservateur Sebastián Piñera. Evo Morales a évoqué la possibilité de relancer ces négociations, alors que les deux pays n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1978. Michelle Bachelet préside à nouveau le Chili depuis cette année.

La Bolivie s’est sentie confortée dans sa demande par un arrêt de la CIJ rendu en mars, qui a accordé au Pérou une partie de territoire maritime contrôlée par le Chili depuis la guerre du Pacifique.

AFP

mercredi 23 avril 2014

40 ANS APRÈS, GRANDEURS ET LIMITES DE LA RÉVOLUTION PORTUGAISE

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Deux soldats portugais lisant un journal pour découvrir 
les derniers nouvelles sur la «Révolution des œillets ». 
C’est Grandôla, Vila Morena («Grandôla, bourgade brune»), l’hymne de la révolution des œillets qui marqua, de façon pacifique, la fin d’un demi-siècle de dictature. Un certain 25 avril 1974, où cette chanson de Zeca Afonso accompagna - via la radio Renascença - le peuple lisboète en liesse alors qu’il escortait ses capitaines révolutionnaires récupérant un à un les sièges du pouvoir. Depuis lors, Grândola, Vila Morena est un totem de la liberté reconquise. Un emblème unitaire, dont le troisième vers dit : «O Povo é quem mais ordena» («c’est le peuple qui commande»).



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MONUMENT EN HONNEUR DE JOSÉ AFONSO À GRÂNDOLA.

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GRÂNDOLA, VILA MORENA - ZECA AFONSO   




DURÉE : 00:03:26

COUP DE THÉÂTRE PARLEMENTAIRE

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Au moment précis où elle s’apprête à chanter ce vers, la trentaine de personnes constituant ce chœur inattendu se lève, solennelle, déterminée, vibrante. La présidente de l’Assemblée s’étrangle : «Vous ne pouvez pas vous manifester de cette façon-là !» Le Premier ministre, le regard longtemps interdit, s’en sort par une habile pirouette : «On ne saurait être interrompu d’une meilleure façon.»

Des policiers émus évacuent les trouble-fête patiemment, après qu’ils ont terminé la chanson. Les images ont une répercussion immédiate, immense, via Internet, hors des frontières aussi. Au Portugal, toute explication est superflue car chacun saisit instinctivement le message : en 1974, le peuple s’insurgeait contre la dictature de l’Estado Novo,l’Etat nouveau, régime militariste et catholique qui contrôla le pays pendant quarante-huit ans, et dont la figure centrale fut Antonio de Oliveira Salazar. En 2013, il s’époumone contre celle de la troïka, nom donné au Tripartite (FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne), qui supervise les comptes de la nation depuis qu’en mai 2011 une aide européenne de 78 milliards d’euros la maintient sous perfusion. Hier la répression politique, aujourd’hui le joug financier.


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Depuis ce coup de théâtre parlementaire, Grandôla, Vila Morena s’est invité au cœur de la contestation d’un pays tout entier. Le 2 mars, une marche gigantesque converge sur Terreiro de Paço, au bord du Tage, où, toutes générations confondues, une foule reprend en apothéose les paroles de Zeca Afonso ; les plus anciens la connaissent par cœur, les plus jeunes s’aident d’imprimés, beaucoup brandissent des œillets rouges.

Les mêmes scènes de communion, le même hymne, la même révolte, se sont depuis répétés un peu partout, réactions émotionnelles d’une population en plein désarroi qui se raccroche aux branches de son histoire alors que les coups pleuvent depuis trois ans : une réduction de 10 à 30% des salaires ; une récession qui n’en finit pas ; un chômage galopant de 17% (qui, en fait, dépasserait le quart des actifs) ; une pauvreté tenaillant les classes moyennes ; une jeune génération qui doit opter entre la précarité ou l’émigration. «On est revenu quarante ans en arrière, dit cette ultraprécaire de 34 ans qui refuse d’avoir des enfants. Pire même, mes parents ont connu la misère, mais ils avaient la certitude de toucher un jour une retraite. Pas moi.»

Si Grandôla, Vila Morena est invoquée avec autant de force, c’est parce qu’elle renvoie chaque Portugais à un épisode démocratique et social de son histoire. «Le 25 avril 1974, ce n’est pas seulement la liberté et le droit de grève, ce sont aussi les premières conquêtes sociales, le salaire minimum, les retraites pour tous, les 22 jours de congés payés, etc., relève Filipe Luis, rédacteur en chef de l’hebdo Visão.C’est pourquoi quand tout cela est mis à mal ou menacé, on se réfugie, apeurés, comme derrière l’ultime bannière protectrice.»

UNE ARME PARFAITE
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D’où, aussi, la puissance de contestation qu’acquièrent les symboles du 25 Avril contre un exécutif perçu comme une marionnette des pouvoirs financiers et de Bruxelles. Grandôla, Vila Morena est l’arme parfaite : non violente, elle revendique les valeurs d’une démocratie dont les dirigeants eux-mêmes se réclament ; les intéressés ne peuvent que s’incliner, se taire ou sourire. Ou bien rire jaune, comme Miguel Relvas, numéro 2 du gouvernement (forcé à la démission en avril pour une affaire de fraude), victime à deux reprises d’un de ces chœurs surprise en plein discours officiel. La langue portugaise a même été enrichie d’un nouveau terme : «grândolar», pour signifier aux dirigeants les valeurs du 25 Avril. «C’est entré dans le langage en un rien de temps, c’est même l’objet de blagues : on se moque de quiconque se fait "grandôlar"». Myriam Zaluar s’en amuse. Dans le marasme ambiant, elle y trouve un réconfort.

Le vendredi 15 février, cette journaliste de 43 ans chantait Grandôla dans la tribune du Parlement, non loin de son père, José, la soixantaine, professeur de faculté. Avec d’autres, ils avaient ourdi dans le secret cette initiative choc. Chez les Zaluar, la révolution a marqué la famille au fer rouge. En 1965, opposant radical au dictateur Salazar, et dont le frère a été torturé par la redoutable Pide (la police politique), José s’était exilé à Paris pour ne pas avoir à servir sous les drapeaux dans les colonies portugaises d’Afrique.

Le 25 avril 1974 - Myriam a alors 5 ans -, son frère lui dit au téléphone : «C’est aujourd’hui.» L’année suivante, toute la famille rentre vivre à Lisbonne, «goûter à la liberté, participer à la démocratisation de mon pays». Près de quatre décennies plus tard, José Zaluar est en semi-retraite. Pendant une période, ce prof d’histoire s’était éloigné de la politique, désabusé notamment par «l’ignorance» de ses étudiants sur le passé récent du Portugal. «Grâce à une association pour la mémoire, on a pu éviter de justesse que le siège de la Pide ne devienne un commerce ! On était très seuls dans ce combat.»

Mais, ces derniers temps, son militantisme a repris le dessus. Et comme lui, des milliers de gens de sa génération. Motif : «Ils sont en train de saper les piliers du 25 Avril, l’éducation se privatise, la santé coûte de plus en plus cher. Il faut réagir.» Lui-même est concerné. «Chaque mois, sans qu’on me donne aucune explication, ma retraite baisse ! Jusqu’où ?» La veille au soir, il participait à un débat télévisé électrique, précisément sur ce sujet. Pour conten-ter la troïka et continuer à recevoir l’aide de l’UE, Passos Coelho doit tailler à hauteur de 4,8 milliards d’euros dans les dépenses publiques. «Sa grande idée est d’imposer une sorte d’impôt à tous les retraités, alors que la plupart vit déjà dans le dénuement. Inhumain, d’autant que désormais beaucoup de familles survivent grâce aux grands-parents !»

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PHOTO HUGO CORREIA


«UN AVENIR BRILLANT DERRIÈRE MOI»

A ses côtés, dans cette gargote du Bairro Alto, Myriam acquiesce. Elle aussi s’effraie de la perte graduelle des acquis sociaux. Presque pour rire, elle lâche : «Depuis vingt et un ans, cela va de mal en pis. A l’époque, j’avais un avenir brillant devant moi, j’ai aujourd’hui un avenir brillant derrière moi !» Elle tire le diable par la queue. Pas un article publié depuis fin 2011, quelques cours à la fac, du soutien scolaire : c’est très juste pour tenir le coup et élever Sara, 7 ans, et Rafael, 15 ans. «Les extras, les voyages, le ciné, les concerts, c’est fini. Fanatique de la plage, je vais moins loin, l’essence est trop chère. Je pense au jour lejour, le frigo n’est jamais plein.»

A l’image de son père, elle s’est radicalisée. En décembre 2011, elle publie une lettre ouverte au Premier ministre qui aura un certain impact : «Passos Coelho avait conseillé aux jeunes d’émigrer. J’étais indignée. Oser nous demander de quitter le pays, comme la dictature avait condamné mon père à l’exil ! L’histoire grimace.» En mars 2012, elle inscrit symboliquement des gens précaires à l’agence pour l’Emploi - cela lui vaudra un procès - pour prouver que le million de jeunes «auto-entrepreneurs» (comme elle) ne sont que des sans-emploi déguisés.

«DÉLIVREZ-NOUS SEIGNEUR DE CES COCHONS CORROMPUS»

L’été suivant, avec vingt-huit autres activistes de tous âges, Myriam lance le mouvement Que se lixe a troika («Que la troïka aille se faire voir») ; sous leur houlette, la mobilisation nationale du 15 septembre sera la plus massive depuis la révolution des œillets. Au point que le gouvernement Passos Coelho devra renoncer à une réforme ultra-polémique, obligeant le salarié à payer autant de charges que le patron. Dans son quartier de Campolide, sur les hauteurs de Lisbonne, Myriam montre d’immenses peintures murales. L’une représente une fillette en prière : «Délivrez-nous Seigneur de ces cochons corrompus qui dévastent le Portugal» ; à côté, Angela Merkel tire les ficelles de deux marionnettes, le Premier ministre et Paulo Portas, l’autre homme fort de l’exécutif : «Combien de temps encore allez-vous assister les bras croisés à ce show ?»

Le collectif Que se lixe a troïka traduit une radicalisation à la portugaise. Ici, même si la situation n’a rien à envier à celle de la Grèce, pas de pneus incendiés ni de vociférations déchaînées, seulement des actes de violence isolés. De la contention, avant tout. «Notre culture reste très disciplinée, respectueuse des institutions, note Filipe Luis. Cinquante ans de dictature sont passés par là.Et puis, à la différence des Grecs, on tombe de moins haut, depuis longtemps le salaire minimum ne dépasse pas 475 euros.» Certes. «Mais, attention, quand la moutarde nous monte au nez», avertit, l’œil brillant, Vasco Lourenzo, 71 ans. Trapu, le visage large et le ventre généreux, ce capitaine fut un des héros de la révolution des œillets, un des trois leaders de la conspiration des officiers contre la dictature. Personne ne lui demande pour autant d’autographes dans la rue, et cela lui convient. Hier comme aujourd’hui, face à l’Estado Novo ou la troïka, dit-il, le seul protagoniste est le peuple.

Président de l’association du 25 Avril, près du Chiado lisboète, il se réjouit de voir les nouvelles générations se révolter contre la précarisation, un avenir noir, la destruction des droits sociaux. «Ces dernières années, les commémorations de la révolution sont ardentes, indignées. Tous les âges confluent, il y a comme une communion, la révolution est plus d’actualité que jamais.» Le 25 Avril, pour la première fois depuis 1974, la radio Renascença a émis Grandôla, Vila Morena à minuit vingt sonnantes - comme à l’époque -, avant d’être repris en chœur en fin d’après-midi devant la prison où fut incarcéré Marcelo Caetano, le dernier dictateur de l’Estado Novo.

Pour Vasco Lourenzo, cet anniversaire gorgé de symboles n’a rien de folklorique. La démocratie est en péril, le tocsin révolutionnaire doit de nouveau sonner. «Aujourd’hui, il faut utiliser les armes de la démocratie. Mais je suis pessimiste. L’Allemagne n’a pas appris des erreurs du passé. J’ai peur d’une guerre en Europe.»

BÉNÉVOLES ULTRA-PRÉCAIRES

Dans un bar du Largo de Carmo, endroit qu’il affectionne pour sa beauté et sa charge émotionnelle (c’est là que le dictateur Caetano s’était livré aux Capitaines le 25 avril 1974), Raimundo Cosme n’a pas une lecture plus réjouissante de la situation. A 25 ans, mince, légère barbe, ce théâtreux fait partie de la génération a rasca (dans la dèche). Ce jour-là, il est venu à pied, il n’a plus un sou vaillant en poche ni même pour un ticket de métro. «Cela ne m’était jamais arrivé. J’ai toujours été raide, mais ces jours-ci, j’ai souvent un budget de 2 euros par jour. Heureusement que j’ai un garde-manger bien garni !» Raimundo garde le sourire. Il n’a pas toujours été à la peine. Ces sept dernières années, ses jobs comme acteur (telenovela, pub ou théâtre) et mille petits boulots (boutique de portables ou de chaussures, fabrique de pâtisseries, la boîte de BTP de son oncle…) lui permettaient de voir venir ; parfois, il atteignait le millier d’euros par mois - un salaire décent au Portugal. Aujourd’hui, entre garçon de café, prof de théâtre dans le primaire et agences de pub qui ne le paient pas, 400 euros est un bon mois. Comme la majorité de sa génération, Raimundo est «auto-entrepreneur» contre son gré, astreint à honorer 159 euros mensuels à la Sécurité sociale. Que, bien sûr, il ne peut payer. «J’ai une dette de 2 500 euros, plus 5 000 euros d’un prêt étudiant jamais remboursé. Je commence fort dans la vie !» sourit-il. La compagnie de théâtre qu’il dirige, tous des bénévoles ultraprécaires, s’appelle Plataforma 285. Ce nombre, c’est le montant en euros du coût de leur première pièce.

A aucun moment, il ne met en doute les conquêtes du 25 Avril, dont il se dit héritier. Sa mère, travaillant dès 13 ans à recoudre des filets de pêche, ou son père, tailleur de pierre à l’âge de 12 ans, en ont bénéficié. Raimundo va aux manifestations, chante Grandôla, mais ne sait pas très bien où tout cela mène. Il perçoit surtout une terrifiante involution. «Récemment, le président de la République parlait de revenir aux tickets de rationnement, ou de faire payer les études secondaires. Cela me fait froid dans le dos !» Des solutions, il n’en voit pas plus que les autres. «Ou peut-être celle-ci : abdiquer, ne rien faire, désobéir au pouvoir, fermer les frontières et tout recommencer. Comme en 1974.»

«RESTER DANS LE RANG, NE PAS FAIRE DE VAGUES»

Marco Marques, 29 ans, n’y voit pas plus clair, mais il lutte. Agronome bardé de diplômes - sa génération est la mieux formée de l’histoire récente -, il a commencé un potager dans les champs de son institut, d’où la vue est imprenable sur le Tage et le pont du 25 Avril. Venu aussi de minijobs (dont vendeur chez Zara pour 3 euros de l’heure), il a un contrat d’un an pour évaluer les difficultés du monde rural. «C’est Byzance, intéressant, bien payé. Mais, après juin, je n’ai plus de boulot. De nouveau l’incertitude.»

Traits tirés, la nuit fut courte : une réunion interminable du collectif Que se lixe a troika, dont il est un pilier. Il pense que la troïka est sourde au peuple, celui-ci doit se faire entendre de manière chaque fois plus globale, à commencer par toute l’Europe du Sud. Les valeurs du 25 Avril lui servent de boussole. «Plus jeune, je pensais que je ne devais aux révolutionnaires que la liberté d’expression. Venant d’un milieu très modeste, je leur dois aussi d’avoir fait des études poussées et de pouvoir penser.»

A chaque manifestation, Marco entonne Grandôla, Vila Morena avec ferveur. Ses parents ne l’ont jamais fredonné. Le 25 Avril, ils n’étaient pas dans la rue, mais calfeutrés chez eux. Son père est toujours resté fidèle à Salazar. Même s’il doit sa maigre retraite de restaurateur, 300 euros, aux Capitaines d’avril. «A ses yeux, il faut avant tout l’ordre et l’autorité. Les manifs ne servent à rien, il faut rester dans le rang, ne pas faire de vagues.» Le père de Marco fait partie de la majorité silencieuse, celle qui a intériorisé un demi-siècle d’Estado Novo et qui faisait dire au philosophe roumain Mircea Eliade, attaché culturel à l’ambassade de Roumanie de Lisbonne entre 1941 et 1945 : «La dictature portugaise est la pire, car elle n’a jamais pris fin.»

Le père et le fils ne manquent pas d’affection réciproque mais leurs disputes sont houleuses. «Pourtant, peu à peu, lui aussi commence à râler contre la politique d’austérité.» Et pour cause. L’an dernier, la mère de Marco est décédée d’un cancer. Réductions budgétaires obligent, il n’y avait plus d’ambulance gratuite pour l’emmener du village à l’hôpital de Coimbra, où elle était en traitement. «Là, dit Marco, mon père s’est rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond.»


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«LA MAJORITÉ SILENCIEUSE EST TRÈS PERMÉABLE»

L’idée que les remèdes de cheval budgétaires sont la seule solution, alors même que le pays s’appauvrit à toute vitesse, donne aussi de l’urticaire à Joana Manuel. Elle appelle cela «la pensée magique» à laquelle la «majorité silencieuse est très perméable». En début de semaine, les trois représentants de la troïka ont donné leur feu vert à la prochaine tranche de l’aide européenne au pays, 2 milliards d’euros. Cavaco Silva, le président de la République, s’en est chaudement félicité, invoquant l’«esprit de Fatima». Joana explose : «Nous y voici ! Une génuflexion face aux rois mages, une intervention divine pour mettre fin à nos tourments qui, bien entendu, portent le sceau de notre faute. Une symbolique rétrograde et une sinistre fable catholique, oui !» Actrice et chanteuse de 37 ans, jolie et brillante, elle s’estime privilégiée car en prêtant sa voix à des spots publicitaires, Joana gagne environ 1 000 euros par mois. Elle vit pourtant aussi chichement, préférant marcher dans Lisbonne pour ne pas payer les transports en commun. «Je me fiche bien de notre dette. Moi, je veux manger demain.»

Mais elle ne se plaint pas, elle sait d’où elle vient. «Ma mère vivait dans un misérable village de Beira Alta, des chaussures ouvertes dans la neige des montagnes.» A l’époque, émigrer à Lisbonne était la seule issue : à 9 ans, elle travaille comme cuisinière dans une famille ; son père, du Baixo Alentejo, en a 12 lorsqu’il devient garçon de café. Leur fille a cette phrase, prononcée dans une conférence, qui a ému le Portugal tout entier : «Mes parents sont tout de suite devenus adultes, moi je resterai éternellement jeune.» (2) Joana est fille du 25 Avril. Littéralement. Ses parents ont attendu la révolution avant de se marier et de la concevoir. «Mon père, communiste, n’aurait jamais fondé une famille sous la dictature, c’était son acte de résistance à lui.»

Le 15 février, elle figurait dans le groupe entonnant Grandôla au Parlement, une chanson dont elle dit qu’elle l’a «toujours sue». De ce jour, Joana retient surtout l’image de ce policier qui lui demandait d’évacuer l’édifice. «Il l’a fait avec une infinie douceur, comme s’il s’excusait d’exécuter une besogne qui le répugnait dans le fond. J’ai alors senti qu’il y avait de l’espoir.» 

40 ANS APRÈS, L'ESPRIT DE SALAZAR CONTINUE DE HANTER SA VILLE NATALE

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UN PORTRAIT ET UN BUSTE DE L'ANCIEN DICTATEUR 
PORTUGAIS ANTONIO SALAZAR DANS UN RESTAURANT 
DE SANTA COMBA DÃO LE 27 MARS 2014 
PHOTO FRANCISCO LEONG
La photo jaunie de la statue du dictateur trône au-dessus du zinc du restaurant Cova Funda à Santa Comba Dão. La nostalgie de son régime, l'Estado Novo, est palpable, le culte de l'enfant du pays qui dirigea le Portugal d'une main de fer reste intact. 
ANTONIO DE OLIVEIRA SALAZAR
 LISANT JOURNAL LE 1 JUIN 1966
Accoudés au comptoir, les habitués ne cachent pas leur admiration pour celui qu'ils considèrent comme « l'homme politique le plus honnête qu'ait connu le Portugal ». Antonio de Oliveira Salazar, décédé quatre ans avant la Révolution du 25 avril 1974, continue de hanter les esprits de sa ville natale.

UNE ÉPITAPHE FUNÈBRE PRÈS DE LA TOMBE DE ANTONIO 
DE OLIVEIRA SALAZAR OÙ IL EST ÉCRIT « TU VIVRAS TOUJOURS 
DANS LES CŒURS DE MILLIONS DE PORTUGAIS » DANS LE 
CIMETIÈRE DE VIMIEIRO LE 27 MARS 2014. 
PHOTO FRANCISCO LEONG  
«C'était un grand homme, rien à voir avec les corrompus qui nous gouvernent aujourd'hui », s'emporte José Manuel Gomes, 47 ans. « A l'époque on vivait mieux, tout le monde avait du travail », avance ce fonctionnaire qui n'a pourtant pas connu ces années sombres.

« Il faudrait une centaine de Salazar pour redresser le pays », renchérit Manuel Campos, 59 ans, restaurateur de meubles anciens. « C'était un dictateur, mais ce n'était pas Hitler ou Mussolini ».

Les quelque 30.000 prisonniers politiques et la cinquantaine de dissidents tués semblent effacés de leur mémoire. Pour les adeptes de Salazar, c'était des « exactions de la PIDE », la police politique, qui échappaient au contrôle de l'homme fort.

- Musée miniature -

Au fond de la salle, s'empilent un buste de Salazar, des photos de sa statue, qui fut décapitée après la Révolution, et des magazines et livres de l'Estado Novo, apportés au fil du temps par les clients. Un musée miniature à la gloire du dictateur.

Toque blanche vissée sur la tête, Helena Soares, 39 ans, la fille du propriétaire du restaurant, arbore un grand sourire: « C'est surtout sa personnalité qui fascine les gens. Cela ne les empêche pas de voter socialiste ou conservateur» .

Et ce n'est guère le parti d'extrême droite PNR, très marginal au Portugal avec 0,2 à 0,3% des voix, qui risque de faire une percée à Santa Comba Dão, une petite commune de 11.500 habitants dans le centre du pays.

« Salazar, c'est un sujet qui divise la population, il y a les pro et les anti. Il fait partie de notre histoire» , commente le socialiste Leonel Gouveia, élu maire de la commune en 2013.

Un Portugais sur cinq (19%) estime que la dictature avait plus de bons côtés que de mauvais, contre 17% il y a dix ans, selon une étude de l'Université de Lisbonne.

« Avec la crise, le nombre de nostalgiques s'est accru à Santa Comba Dão et ailleurs au Portugal », regrette Alberto Andrade, 57 ans. Ce militant antifasciste natif de la bourgade a juré de ne plus mettre les pieds au restaurant Cova Funda dont l'une des spécialités est «la morue à la Salazar ».

- 'Gouverner sans voler' -

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LA JOURNALISTE FRANÇAISE CHRISTINE GARNIER 
AVEC D'ANTÓNIO DE OLIVEIRA SALAZAR EN 1951. 

COUVERTURE  DE L'HAGIOGRAPHIE
« VACANCES AVEC SALAZAR » 
Le petit neveu de Salazar, 65 ans, y a ses habitudes, il y déjeune tous les dimanches. Front dégarni, fines lunettes carrées, Rui Salazar évoque un « patriote humanitaire »  qui « a fait plus de bien au pays que la démocratie en 40 ans ».

Sa modeste maison, située dans l'avenue qui porte toujours le nom de son grand oncle, regorge de souvenirs, dont un livre intitulé « Mes vacances avec Salazar » publié en 1952 par sa maîtresse, la journaliste française Christine Garnier.



« VACANCES AVEC SALAZAR » DE CHRISTINE GARNIER OU LA MISE EN SCÈNE DU POUVOIR / MARC GRUAS 
Au bout de la rue, des inconditionnels de celui qui régna sur le Portugal de 1932 à 1968 avant de passer la main à Marcelo Caetano, continuent à se réunir une fois par mois dans une salle sombre, tapissée de tableaux et meubles de « l'ouvrier de la patrie  ».

Un peu plus loin, la maison où a grandi le dictateur est en ruines. « Ici est né le 28/4/1889 le Dr Oliveira Salazar, un Monsieur qui a gouverné sans jamais rien voler », proclame une plaque accrochée en dessous du toit décrépit aux tuiles arrachées par la tempête.

Sa sépulture, soigneusement fleurie, repose au cimetière voisin: « tu vivras éternellement dans le cœur de millions de Portugais », assure l'une des nombreuses épitaphes. Trois jours après la fête de la Révolution, des centaines de fidèles vont encore y commémorer son anniversaire.

mardi 22 avril 2014

CHILI : LE GIGANTESQUE INCENDIE DE VALPARAISO ENFIN « MAÎTRISÉ »


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DEUX MILLE NEUF CENTS LOGEMENTS DÉTRUITS

L'incendie avait éclaté dans une zone forestière, à la périphérie de la ville, samedi 12 avril, et a touché principalement des quartiers pauvres.

A ce jour, un millier de personnes sont toujours hébergées dans des centres d'urgence, plus de 1 500 familles sont toujours privées d'électricité et 11 000 tonnes de gravats ont été retirés de la zone sinistrée. Mardi sont attendus les premiers logements d'urgence.

Ne pouvant faire face aux grandes quantités d'aides envoyées par la population, les autorités ont dû détruire plusieurs tonnes de denrées alimentaires périmées et 30 tonnes de vêtements exposés aux intempéries et qui risquaient d'être contaminés par des bactéries.

La ville de Valparaiso est visitée chaque année par des milliers de touristes chiliens et étrangers. Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan.

samedi 19 avril 2014

ZUNZUNEO AVAIT BIEN POUR BUT D’ENVOYER DES MESSAGES À CONTENU POLITIQUE

PENDANT DEUX ANS, LES CUBAINS ONT EU ACCÈS
 AU RÉSEAU ZUNZUNEO,  SECRÈTEMENT FINANCÉ PAR
 LES ETATS-UNIS  POUR DÉSTABILISER LE POUVOIR.
 PHOTO ENRIQUE DE LA OS
L’agence nord-américaine AP a révélé de nouvelles preuves sur les plans de l’USAID visant à introduire des contenus politiques contre la Révolution dans son réseau de messagerie destinés aux téléphones portables cubains
dans Granma

WASHINGTON. – Les brouillons des messages créés par une plateforme de communication semblable à Twitter, destinée à Cuba et financée en secret par le gouvernement des États-Unis, étaient ouvertement politiques. C’est ce que démontrent les documents obtenus par l’agence Associated Press (AP), bien que le gouvernement nord-américain ait affirmé que son programme était « neutre ».

Les premiers messages se moquaient du gouvernement cubain et ont été créés par un caricaturiste politique qui travaillait pour le projet de ce réseau social. Ces messages sont en contradiction avec les affirmations précédentes de l’administration étasunienne selon lesquelles ce programme ne contenait pas de messages politiques.

La révélation des textes est intervenue à un moment où le directeur de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Rajiv Shah, a déclaré mardi au Congrès, dans un discours parfois agressif, que le seul but du programme était d’augmenter le flux d’informations à Cuba.

Une enquête de l’agence AP menée la semaine dernière révèle que le programme, connu sous le nom de ZunZuneo, n’a pas tenu compte des restrictions cubaines concernant le numérique et a créé un réseau de messagerie aux contenus apparemment inoffensifs, mais dont l’objectif était d’installer une plateforme d’influence politique.

ZunZuneo aurait attiré des dizaines de milliers de souscripteurs qui ignoraient que ce programme était soutenu par Washington, qui s’est efforcé de dissimuler sa participation.


Mari Harf, porte-parole adjointe du Département d’État a déclaré la semaine dernière que « personne travaillant dans ce projet ou le dirigeant n’avait remis de matériel politique ». 

« Lorsque ce programme a démarré, pour son lancement ses responsables ont inclus des informations sur la météo, des nouvelles de sport, mais jamais de matériel politique », a affirmé Hart. (Rédaction internationale).

INCENDIE DE VALPARAÍSO : LE JOUR D’APRÈS FILMÉ PAR UN DRONE


La présidente Michelle Bachelet pointait cette semaine une croissance urbaine incontrôlée, en annonçant un futur « plan cadre » pour reconstruire « de manière adéquate » les quartiers détruits par le feu dans cette ville de 270.000 habitants, visitée chaque année par des milliers de touristes. 

La chaine de télévision Canal 13 a envoyé un drone hexacoptère filmer le quartier de Cerro Ramadillas après le passage des flammes, lundi 14 avril. Sur les images, impressionnantes, les habitants s’activent parmi les décombres, en formant notamment de longues chaînes humaines pour déplacer les débris.

mercredi 16 avril 2014

CHILI: MME BACHELET VA DRESSER UN "PLAN CADRE" POUR LA RECONSTRUCTION DE VALPARAÍSO

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Parti samedi de La Polvora, à la périphérie de Valparaiso, l'incendie a ravagé plusieurs quartiers périphériques de cette ville portuaire du centre du Chili, faisant au moins 15 morts et entraînant l'évacuation d'environ 11.000 personnes.

Les pompiers ont gagné du terrain sur les flammes, mais les autorités affirmaient mardi ne pas contrôler la situation.
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13 AVRIL 2014. DES CHILIENS INSPECTENT LES DOMMAGES CAUSÉS PAR LE FEU QUI A BRÛLÉ LEUR MAISON DANS LES ENVIRONS DE VALPARAÍSO. PHOTO ELISEO FERNANDEZ 

« Nous ne pouvons pas parler de situation sous contrôle. La situation aujourd'hui est plus calme qu'hier et indubitablement que le premier jour. Nous devons rester en alerte et travailler sans relâche », a annoncé le ministre de l'Intérieur, Rodrigo Peñailillo.

A la faveur d'un net affaiblissement du vent, les flammes avaient perdu de la vigueur mardi, mais plusieurs foyers restaient vivaces dans plusieurs endroits de la ville, faisant craindre un regain de l'incendie dans la soirée.


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12 AVRIL 2014. LA VILLE CHILIENNE DE VALPARAÍSO, CLASSÉE AU PATRIMOINE DE L’HUMANITÉ, EST EN PROIE À UN GIGANTESQUE INCENDIE. PHOTO ALBERTO MIRANDA 

Depuis samedi soir, le feu a réduit en cendres 1.600 hectares et détruit 2.500 maisons, alertant les autorités quant à l'urbanisation anarchique sur plusieurs des 44 collines du célèbre port.

« La ville s'est étendue sans planification », a souligné Mme Bachelet, qui projette d'établir une nouvelle conception de l'urbanisation.

La présidente a également rappelé qu'elle s'engageait à reloger - provisoirement puis définitivement - les personnes ayant perdu leurs domiciles dans le sinistre.


LE SÉISME DE 1960 AU CHILI



Tremblement de terre de valdivia, 1960. le séisme de Valdivia, aussi appelé séisme de 1960 au chili, est un séisme qui eut lieu le 22 mai 1960 à 19 h 11 (utc). Sa magnitude, la plus élevée jamais enregistrée, a été estimée à 9,5. Son épicentre était situé dans le sud du Chili, près de Lumaco, à environ 570 kilomètres au sud de Santiago.

mardi 15 avril 2014

CHILI: L'INCENDIE DE VALPARAISO FAIT DES MILLIERS DE SINISTRÉS

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PHOTO MARTIN BERNETTI 
Une douzaine de quartiers de la célèbre cité portuaire du centre du Chili, classée en 2003 au patrimoine mondial par l'UNESCO, ont été particulièrement touchés par l'incendie qui a détruit au moins un millier d'habitations.

Une épaisse fumée et une pluie de cendres recouvrent le port pittoresque, un paysage de carte postale, où les petites maisons bigarrées dont celle du poète Pablo Neruda, aujourd'hui musée, surplombent le Pacifique du haut de 44 collines .

« C'est une terrible tragédie, sans doute le pire incendie de l'histoire de Valparaiso », a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet, arrivée sur les lieux dans la matinée après avoir rapidement déclenché le plan catastrophe samedi, permettant aux forces armées de participer aux opérations d'évacuation de la population.

Il s'agit de la deuxième évacuation massive en deux semaines de cette ville, distante de 120 km de Santiago, après l'alerte au tsunami déclenchée en raison du séisme de magnitude 8,2 qui a secoué le Nord du Chili.

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PHOTO ELISEO FERNÁNDEZ 

« Les familles n'ont pas seulement perdu leurs maisons et leurs biens, mais aussi tous leurs souvenirs de famille », a déploré la présidente socialiste qui a parcouru les zones touchées en compagnie des autorités locales et de plusieurs ministres.

Mme Bachelet s'est engagée à attribuer une indemnisation aux sinistrés pour qu'ils puissent acheter des vêtements et des articles de première nécessité.

Dans une odeur de brûlé et de bois carbonisé, les pompiers continuent de combattre quelques foyers encore actifs de l'incendie qui font craindre aux autorités qu'ils puissent être ravivés par la chaleur et des vents violents prévus dans la journée.

Cinq centres d'accueil ont été mis sur pied par la municipalité de cette ville de 270.000 habitants, mais la plupart des personnes évacuées ont préféré trouver refuge auprès de parents ou d'amis, selon les autorités.

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PHOTO  SEBASTIÁN SILVA

Certains habitants revenaient dimanche matin dans leur quartier afin d'évaluer les dégâts, parcourant les ruelles pour n'y retrouver souvent que les ruines de leur maison calcinée.

Monica Vergara, dont la maison se trouvait sur la colline (el cerro) La Cruz la plus touchée par l'incendie a tout perdu.

« J'ai entendu une énorme explosion qui a soulevé la maison et un pompier nous a évacués. J'ai tout perdu, mais mes quatre enfants sont sains et saufs et c'est ça l'essentiel », dit-elle à l'AFP.

Environ 17 avions et hélicoptères ainsi que 3.500 pompiers et policiers participent aux opérations, ont précisé les autorités.

Un incendie de forêt non contrôle qui s'est déclenché samedi après-midi à la Polvora, à la périphérie de Valparaiso, ravageant 15 hectares d'eucalyptus, de pâturages et de buissons, est à l'origine du sinistre, selon l'Onemi.

Les flammes se sont propagées à une grande rapidité en raison de la chaleur et du vent, gagnant les collines surplombant la baie.

« C'était un véritable enfer qui encerclait ma famille », a déclaré à l'AFP Miguel Ramírez, habitant du « cerro » Mariposa. « Le feu a dévalé les collines et a brûlé toutes les habitations sur son passage », a-t-il dit.

Le procureur a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l'incendie, qui a provoqué des coupures d'eau et d'électricité dans de nombreux quartiers.

Les pompiers de Valparaiso aidés par des compagnies des localités proches, ainsi que par des renforts venus de Santiago ont lutté toute la nuit pour éviter que l'incendie ne se propage vers le centre-ville.

Par précaution, plus de 200 détenues ont été évacuées de la prison pour femmes de Valparaiso, située dans la localité de Quillota.

Par ailleurs, la vente d'alcool a été interdite.

La ville de Valparaiso est visitée chaque année par des milliers de touristes chiliens et étrangers.

Elle a été le premier et le plus important port marchand sur les routes maritimes qui reliaient les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan.

Au XIXe siècle, des immigrants ont débarqué d'Europe faisant de la cité la plus cosmopolite d'un pays isolé.
« C'est vraiment épouvantable de voir les rues, les trottoirs, les voitures recouvertes de cendres. C'est une énorme tragédie », a commenté pour sa part à l'AFP, Sonia, une touriste colombienne, visitant le centre historique qui pour le moment a été épargné par les flammes.

dimanche 13 avril 2014

CHILI : GIGANTESQUE INCENDIE À VALPARAISO

La présidente du Chili Michelle Bachelet a rapidement déclenché le plan catastrophe, permettant aux forces armées de participer aux opérations d'évacuation de la population.

Les médias font état de deux morts

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PHOTO FELIPE GAMBOA
Selon le ministre de l'Intérieur Rodrigo Peñailillo, qui s'est rendu sur place, on ne déplorait qu'un blessé grave. Les médias locaux ont fait état de deux morts, qui n'ont pas été confirmés officiellement.

Dans la nuit de samedi à dimanche, on pouvait observer d'énormes langues de feu dévorant les maisons l'une après l'autre et illuminant d'un rouge incandescent les quartiers sinistrés alors que des milliers de personnes contemplaient le spectacle dantesque depuis des belvédères.

"C'est la pire catastrophe que j'ai vue à Valparaiso", a déclaré le commandant de la région Ricardo Bravo à la presse locale. "Nous avons peur que le feu se propage jusqu'au centre de la ville", a-t-il ajouté.

Valparaiso, déclarée en 2004 par l'Unesco comme ville appartenant au patrimoine de l'humanité, est visitée chaque année par des milliers de touristes chiliens et étrangers.

Les fournitures d'eau potable suspendues

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PHOTO FELIPE GAMBOA
L'incendie, dont les causes exactes n'ont pas encore été établies, a provoqué la suspension des fournitures d'eau potable et des coupures d'électricité dans de nombreux quartiers de cette ville de 270.000 habitants, recouverte par une épaisse colonne de fumée qui se rapprochait de la baie où se trouve le port de Valparaiso.

Le feu a fait des ravages dans au moins 12 quartiers de la ville y détruisant environ 500 maisons et nécessitant l'évacuation d'au moins 3.000 personnes, a affirmé le maire de la ville Jorge Castro à la télévision TVN.

L'incendie a éclaté dans la soirée à la Polvora, à la périphérie de Valparaiso, ravageant 15 hectares d'eucalyptus, de pâturages et de buissons, selon l'Office national des situations d'urgence (Onemi).

Les habitants des zones menacées se ruent vers la mer

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PHOTO FELIPE GAMBOA
En raison de la chaleur qui règne actuellement dans le région et des vents forts, le feu s'est ensuite propagé sur plus de 40 collines surplombant la ville.

Les pompiers de Valparaiso aidés par des compagnies des localités proches, ainsi que par des renforts venus de Santiago, à 120 kilomètres de là, luttaient pour éviter que l'incendie ne se propage vers la plaine du centre-ville.

Les habitants des zones menacées se sont rués près de la mer, pour fuir les nuages de fumée de plus en plus étouffants. Les autorités ont installé 10 centres d'accueil pour les milliers de sinistrés.

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PHOTO FELIPE GAMBOA
Déclaré par la présidente Michelle Bachelet «zone de catastrophe », la ville voit sa sécurité assurée par la marine chilienne qui a dépêché des milliers de soldats pour maintenir l'ordre et participer aux opérations d'évacuation.

Les incendies sont fréquents dans le centre du Chili, où les étés sont marqués par de fortes vagues de chaleur. En février 2013, en plein été austral, 1.200 personnes ont été affectées et 105 maisons détruites à Valparaiso par un incendie causé par un homme de 27 ans, qui a été arrêté par la police.