mercredi 27 mai 2009

La présidente du Chili consacre sa visite en France à la coopération et aux retrouvailles familiales

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Cérémonie de réception dans l'Aéroport International d'Orly-Paris. Photo José Manuel de la Maza

La coalition de centre-gauche, au pouvoir depuis vingt ans, a placé sur un fonds d'épargne 22 milliards de dollars (17 milliards d'euros), générés par l'envol des prix du cuivre. Le Chili est le premier producteur mondial de ce métal rouge, sa principale source de devises et qui représente 45 % de ses exportations.

Avant son départ pour l'Europe, Mme Bachelet a précisé à la presse française, à Santiago, que ce fonds va permettre au gouvernement de verser des primes exceptionnelles de 50 euros à 4 millions de pauvres. Une première enveloppe d'un montant similaire avait déjà été versée, en mars, pour aider les plus démunis, dans le cadre d'un plan de relance de 4 milliards de dollars.

Elle a mentionné le soutien aux secteurs les plus touchés comme la construction, l'industrie du saumon et les banques, afin que celles-ci puissent faciliter l'accès au crédit des petites et moyennes entreprises.

LE CHILI N'ÉCHAPPE PAS À LA CRISE

Mme Bachelet est fière que le système de santé ait été amélioré et que les femmes au foyer touchent désormais une retraite. "Les Chiliennes savent que le monde leur est ouvert", dit cette ancienne pédiatre. "Avant, quand je parcourais le pays, les adolescentes me disaient qu'elles voulaient être médecins, maintenant elles disent vouloir être présidentes", ajoute-t-elle en riant .

Le Chili n'échappe pourtant pas à la crise. Les exportations de cuivre ont chuté de 59 % au cours des quatre premiers mois de 2009. La présidente reconnaît que si la pauvreté a diminué, elle n'est pas parvenue à combler les inégalités sociales entre les riches et les pauvres. Elle n'a pu obtenir au Parlement une réforme du système électoral nominal, hérité du régime du général Pinochet, ni le droit de vote pour les Chiliens vivant à l'étranger, ni la reconnaissance constitutionnelle des peuples indigènes.

Les Indiens Mapuches manifestent régulièrement dans le sud du Chili. Les étudiants protestent de leur côté pour exiger une réforme de l'éducation, dont le modèle est hérité de la dictature militaire. Le taux de chômage est de 9,2 %.

Les thèmes dominants de la visite de Mme Bachelet en France seront l'éducation, les sciences et la technologie, ainsi que la défense. A Toulouse, elle visitera les installations du consortium EADS Astrium, qui construit le premier satellite que le Chili mettra en orbite, à des fins à la fois civiles et militaires. Le montant du projet est de 72 millions de dollars.

A Paris, elle signera un accord avec l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) pour la préservation de l'île de Pâques. Elle rencontrera Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à laquelle le Chili est sur le point d'adhérer. Elle est accompagnée d'une importante délégation de ministres, d'hommes d'affaires, de représentants du monde scientifique et culturel.

Mme Bachelet avoue avec enthousiasme "le poids émotitionnel" de ce voyage, qui lui permettra de plonger dans ses racines bourguignonnes, avec un détour par Chassagne-Montrachet, village d'où émigra, en 1869, son arrière arrière grand-père, l'œnologue Louis-Joseph Bachelet. "Toute ma vie j'ai grandi en entendant parler de la famille Bachelet de là-bas, dit-elle. Ça illustre les liens traditionnels qui existent entre le Chili et la France".

Mme Bachelet ne pourra se représenter à l'élection présidentielle de décembre. La Constitution interdit deux mandats successifs. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1990, le candidat de la droite, le milliardaire Sebastian Piñera est bien placé dans les sondages.

Christine Legrand