mercredi 29 octobre 2008

L'usure de la coalition de centre gauche profite à la droite chilienne

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Le Ministre de l'Intérieur Edmundo Pérez Yoma. Photo Jorge Jouannet

"La dispersion, le manque d'unité, l'absence de nouvelles têtes" expliquent ce déclin, selon le ministre de l'intérieur, Edmundo Perez Yoma. La Concertation démocratique, qui gouverne le Chili depuis le retour de la démocratie, en 1990, est affaiblie par le mécontentement social, des scandales de corruption et des divisions internes.

L'Alliance pour le Chili (droite) s'est imposée à l'élection des maires avec 41 % des votes face à la Concertation démocratique (39 %). Le candidat ultraconservateur de l'Union démocrate indépendante (UDI), Pablo Zalaquett, a remporté la mairie de Santiago avec plus de 47 % des voix face à Jaime Ravinet (36 %), figure de la Démocratie chrétienne (DC, membre de la coalition gouvernementale), qui fut maire de la capitale dans les années 1990. Le centre-gauche a aussi perdu les mairies de Valparaiso, Concepcion, Temuco, Rancagua et Iquique, traditionnellement aux mains de la Concertation.

La Concertation démocratique a néanmoins emporté l'élection, au système proportionnel, des conseillers municipaux avec 45 % des votes, contre 36 % pour la droite. Pour l'élection des conseillers, la Concertation présentait, pour la première fois, deux listes séparées : l'une formée par le Parti socialiste et la DC, l'autre par le Parti pour la démocratie (PPD) et le Parti radical social-démocrate (PRSD), deux petites formations.

"DISTANCE À L'ÉGARD DE PINOCHET"

A un an de l'élection présidentielle de décembre 2009, le politologue Oscar Godoy estime que "si la Concertation ne trouve pas un candidat d'unité, ce sera la fin de la Concertation". Il note que la droite, sous la houlette du riche homme d'affaires Sebastian Piñera, à la tête de l'Alliance pour le Chili, "a pris ses distances à l'égard de la dictature militaire du général Augusto Pinochet et se présente comme une droite démocratique et comme une alternative de changement".

Selon des sondages, 60 % des Chiliens se disent profondément déçus par les hommes politiques. 80 % des citoyens âgés de 18 à 35 ans ne s'étaient pas inscrits pour voter dimanche. Le climat de morosité est aggravé par la crise économique mondiale. Premier producteur de cuivre au monde, le Chili souffre de la baisse du prix de l'or rouge, qui représente 45 % de ses exportations. La Banque centrale a annoncé, à la mi-octobre, une injection graduelle de liquidités dans le circuit monétaire national, pouvant aller jusqu'à 5 milliards de dollars, pour faire face aux effets de la crise mondiale.

Christine Legrand