vendredi 10 octobre 2008

Modèle économique de l'Amérique latine, le Chili n'échappe pas à la crise


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Photo Codelco

Premier producteur de cuivre au monde, le pays andin, dont le métal rouge constitue 45% de ses exportations, n'échappera pas aux contrecoups de la crise aux Etats-Unis et en Europe, ainsi qu'au ralentissement de la demande de la Chine, son principal acheteur.

"Face à la récession internationale, nous ne sommes en rien protégés. Nous ne sommes blindés ni contre une récession aux Etats-Unis ni en Europe, et la Chine va connaître des taux de croissance plus faibles", explique à l'AFP Hernan Frigolet, expert du cabinet de conseil privé Aserta.

"Le Chili va se retrouver impliqué dans la crise. Les prix des matières premières baisseront, on enregistrera moins d'exportations et le chômage va croître", prédit-il.

Selon cet expert, la réaction du gouvernement qui a injecté plus d'un milliard de dollars afin d'apporter plus de liquidités au système bancaire ne "génèrera pas plus d'activité mais apportera seulement une tranquillité psychologique".

Même constat pour le gérant du cabinet de conseils Econsult, José Ramon Valente: "Pouvons-nous vraiment dire que les Chiliens ne vont pas être touchés par la crise financière internationale? Je pense que non".

"Le Chili est un pays qui chaque année importe et exporte des milliards de dollars avec des dizaines de pays. Il reçoit en outre énormément d'investissements étrangers", souligne-t-il, inquiet d'un ralentissement de l'économie mondiale.

C'est évidemment le secteur minier qui recueille la majorité des investissements étrangers qui avaient atteint entre janvier et août de cette année 6,6 milliards de dollars, soit le triple par rapport à 2007.

Pour l'instant, les entreprises minières, qui perçoivent 63% de cette manne, ont maintenu des projets d'investissements colossaux : plus de 21 milliards d'ici à 2012.

Mais ce panorama risque de s'assombrir car le prix du cuivre, après une augmentation exponentielle, est désormais orienté à la baisse, mettant en doute l'ossature de la croissance du pays.

"Même si l'industrie chilienne est l'une des plus compétitives au monde, le facteur le plus important (...), ce sera l'évolution de ces grands projets d'investissement" et la question de "savoir s'ils vont être affectés", indique à l'AFP Juan Carlos Guajardo, expert au Centre d'Etudes du cuivre (Cesco).

Jusqu'à présent, les autorités soutiennent que le Chili est armé pour affronter la crise, grâce à ses réserves.

"Le Chili est en meilleure condition pour faire face à cette bourrasque car il a été renforcé par une conduite économique responsable", a lancé cette semaine la présidente socialiste Michelle Bachelet.

Pour l'année 2009, le gouvernement chilien a dû bâtir un budget en réduction, destiné à contenir l'inflation qui a atteint 9,2% au cours des douze derniers mois.

L'optimisme des autorités se base sur les comptes financiers: le Chili n'a pas de dette et a accumulé un excédent fiscal de près de 22 milliards de dollars, grâce au cuivre.

Selon une étude officielle diffusée récemment, le pays dispose de ressources suffisantes pour supporter cinq années difficiles, ses réserves dépassant 10% de son Produit intérieur brut.

Toutefois, le discours rassurant du gouvernement n'a pas empêché les experts de revoir à la baisse le taux de croissance (de 4,3 à 4,1% pour 2008 et de 4,2 à 3,5% pour 2009), dans le dernier rapport de la Banque centrale chilienne.