Laurence Parisot va demander aujourd'hui au ministre du Travail des précisions sur une contribution des entreprises au titre des revenus du capital.
Le Medef attend de pied ferme des précisions de son rendez-vous, aujourd'hui, avec le ministre du Travail, Eric Woerth. Si, à la lecture du document d'orientation du gouvernement sur les retraites, l'organisation patronale a bien compris que les entreprises pourraient également être appelées à contribuer au financement des retraites au titre des revenus du capital, « nous notons que c'est tellement flou que nous ne pouvons pas nous prononcer », a indiqué hier Laurence Parisot. « C'est flou sur l'assiette, le taux et ce n'est pas du tout chiffré sur ce qu'on pourrait en retirer comme recettes complémentaires. Or c'est bien cela le sujet. » Si le gouvernement veut « toucher à l'épargne longue », ce « sera désastreux pour l'économie », s'il veut « toucher à l'épargne courte, je crois qu'il faut qu'il précise sa pensée ».
« La seule voie réaliste »
Si le Medef ne s'est pas braqué complètement contre une contribution des entreprises hier, c'est qu'il a reconnu dans le premier cadrage du gouvernement des éléments concordants avec sa vision de la réforme : le rejet d'une hausse générale des cotisations, l'augmentation de la durée d'activité, mais aussi une approche partagée sur le dossier de la pénibilité. Il est difficile aussi pour le Medef de fermer complètement la porte à une contribution des entreprises alors que l'ampleur des besoins de financement lui permet d'avancer sur une autre de ses pistes : l'émergence d'un « mix » entre retraite par répartition et retraite par capitalisation, alors que ce dernier volet est quasi absent des orientations gouvernementales.
« Nous devons aujourd'hui nous demander comment mettre en place, en plus de ce que nous pourrions garder du système par répartition, un nouveau dispositif très incitatif, voire obligatoire, de système par capitalisation », a défendu Laurence Parisot hier. Lundi, en conseil exécutif du Medef, « beaucoup estimaient que c'était probablement la seule voie, pas simplement raisonnable, mais réaliste », a-t-elle poursuivi, allant ainsi un cran plus loin que lors de ses précédentes déclarations.
De nombreuses pistes sont sur la table : produits nouveaux, durée de détention de l'intéressement et de la participation, abondement supplémentaire des employeurs, simplification des dispositifs pour les PME, sortie en rente ou en capital, sécurisation fiscale des dispositifs… Citant les exemples du Chili, de la Suède ou de l'Allemagne, Laurence Parisot a vanté les « vertus » de la capitalisation, qui « crée des richesses et n'en ponctionne pas », estimant que, « sur le long terme, l'évolution des marchés est toujours gagnante ».
Citant aussi les études d'impact sur un report de l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans et 45 années de cotisation à l'horizon 2030, Laurence Parisot a toutefois indiqué que ce ne serait pas forcément la préconisation du Medef. L'organisation patronale donnera, « au plus tard début juin », sa « recommandation » et son « scénario idéal ».
VÉRONIQUE LEBILLON, Les Echos