mercredi 5 mai 2010

Le saumon met le turbo

Salmofood - nourriture de saumon d'élevage d'élevage au Chili. Photo Sam Beebe / Ecotrust chez Flickr
Les quelque 360 000 tonnes de saumon « Atlantique » élevé sur la côte… pacifique du Chili ont dû attendre le retour à la normale du transport aérien qui le convoie, frais ou congelé, vers les États-Unis, l’Europe et la France. Un saumon « pas cher » qui se retrouve massivement dans les gondoles des grandes surfaces pratiquant le hard discount. Grâce aux bas salaires des ouvriers et, surtout, des ouvrières qui travaillent 12 heures par jour au Chili dans des conditions difficiles. Grâce aussi au recours annuel, qui serait considéré comme illégal en Europe, à près de 400 tonnes d’antibiotiques destinés à éviter les épidémies dévastatrices dans des élevages surpeuplés. Ces aberrations sociales et écologiques permettent de payer ce voyage de luxe au saumon sur 16 000 kilomètres.
Comme chaque consommateur peut le constater, les œufs de saumon dits « sauvages » en provenance des côtes de l’Alaska font, eux aussi, des trajets aériens comparables avant d’être vendus comme produits de luxe. Ils empruntent les mêmes avions que les saumons sauvages rescapés de la surpêche pratiquée dans cette région. Une surpêche qui explique la multiplication des élevages, comme ceux consacrés au saumon dit « de Norvège », dont une bonne part des 600 000 tonnes produites chaque année voyage également régulièrement par avion.
Les Canadiens en expédient quelques dizaines de milliers de tonnes vers l’Europe et la France, qui n’en produit qu’à peine 1 500 tonnes, parce que la main-d’œuvre française est « trop bien payée », selon la grande distribution. Toute l’industrie du saumon, et plus généralement celle du poisson d’élevage, ne survit que grâce à la mondialisation aérienne.

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