dimanche 8 janvier 2012

AU CHILI, DICTATURE ET RÉGIME MILITAIRE S’AFFRONTENT DANS LES MANUELS SCOLAIRES

Régime militaire ou dictature ?

Les deux mon général. Après le coup d’Etat du 11 septembre 1973 fomenté par les trois armes contre le gouvernement démocratiquement élu du socialiste Salvador Allende, la junte formée sous la houlette du général Augusto Pinochet, ancien commandant en chef des forces armées, a mis en place un régime militaire dictatorial. Putsch contre les autorités civiles, arrestations arbitraires, dissolution du Parlement, organisation d’une sinistre police politique (Dina puis CNI), exécutions sommaires (3 236 morts et disparus recensés), tortures… L’armée chilienne a rôdé les techniques qui seront trois ans plus tard utilisées à plus grande échelle en Argentine. Pinochet régnera pour sa part en maître sur le pays avec les titres successifs de chef de la junte, chef suprême de la nation, chef de l’Etat, et enfin président de la République (décembre 1974). Le Chili a donc vécu dans un régime militaire contrôlé par un dictateur.

Pourquoi réveiller la polémique ?

Les aficionados de Pinochet sont toujours légion au Chili, cinq ans après sa mort. Ils rappellent volontiers que le dictateur a finalement obéi au peuple, qui lui avait signifié sa volonté de changement lors d’un référendum en 1988, et qu’il a lui-même organisé les élections générales de 1989 qui ont mis un terme au régime d’exception. Le président Sebastián Piñera s’était d’ailleurs opposé au général, en 1988, après avoir fait fortune dans les affaires au début de la dictature. Mais le ralentissement économique, le conflit avec les étudiants et la déception d’une partie de ses électeurs l’obligent à donner quelques gages à ses soutiens extrêmes. Il semble avoir fait fausse route : une partie de son camp souhaite faire marche arrière. «L’histoire ne se change pas par décret, Laissons-la aux historiens», a ainsi déclaré, jeudi, Manuel Ossandón, vice-président de Rénovation nationale. De fait, «enseignants et textes scolaires pourront utiliser le terme de dictature»,a affirmé le ministre de l’Education, assurant que la reformulation ne se voulait qu’une simple «invitation au débat».