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« L’AFFICHE ROUGE » DES LIBÉRATEURS PRÉSENTÉS COMME DES CRIMINELS |
Tout de suite après, une affiche est placardée en 15000 exemplaires sur les murs de France. Le tract qui l’accompagne présente ces libérateurs de l'intérieur comme un ramassis de tueurs
« Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent... Ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent. Ce sont toujours des juifs qui les inspirent. C’est l’armée du crime contre la France. Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France. »
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Voici ce qu’en disait l’écrivain Simone de Beauvoir
MISSAK MANOUCHIAN © (CRDA) |
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« STROPHES POUR SE SOUVENIR », POÈME DE LOUIS ARAGON, CE POÈME EST CHANTÉ PAR LÉO FERRÉ SOUS LE TITRE «L'AFFICHE ROUGE». DURÉE: 00H03:33
Strophes pour se souvenir
«Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers momentsEt c'est alors que
l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée o mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. »
Louis Aragon (1897 - 1982) « Strophes pour se souvenir », poème extrait du Roman Inachevé, en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944.