samedi 25 octobre 2008

Élections municipales au Chili - La fille de Pinochet pourrait être élue démocratiquement


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Inés Lucía Pinochet Hiriart. Photo Luis Quinteros
Plus de huit millions de Chiliens sont appelés à voter pour leurs maires et leurs conseillers municipaux dans 346 communes. 12 000 candidats se présentent. Un chiffre record qui reflète davantage les divisions politiques que l'enthousiasme de la population: un tiers des Chiliens en âge de voter ne se sont pas inscrits sur les registres.

Parmi les candidats, Lucia Pinochet convoite, comme indépendante un poste de conseillère municipale à Vitacura, une des communes les plus riches de la capitale et du pays. Deux ans après la mort de l'ex-dictateur Augusto Pinochet, sa fille aînée, souvent qualifiée de «préférée», a de bonnes chances de gagner, un grand nombre d'habitants de la commune ne cachant pas leur admiration pour «l'oeuvre du général».

Oubliées les poursuites judiciaires dont elle fut l'objet il y a seulement un an pour fraude fiscale (pour une somme de 544 000 euros) et de falsification de documents publics, oubliée sa fuite avortée aux États-Unis pour échapper à sa mise en examen dans la même affaire... Lucia Pinochet promet de lutter contre la délinquance et pour les pauvres de la commune, où elle vit. «Ma mère, explique son fils et chef de campagne Rodrigo Garcia, hésitait à se présenter, mais elle a cédé face à l'enthousiasme des gens. Plus de 60 000 Chiliens se sont recueillis sur le cercueil de mon grand-père il y a deux ans. Ces mêmes personnes comptent sur ma mère pour les représenter.» Lui se présentera dans un an aux prochaines élections parlementaires.

Si la candidature de Lucia Pinochet ne fait aucune vague au Chili, c'est parce que les gens préfèrent oublier le passé, mais aussi parce que tous les yeux sont rivés sur des élections transformées en laboratoire de la présidentielle et des élections parlementaires qui se tiendront dans un an.

Ces municipales, le premier scrutin qui se déroule sous le mandat de la socialiste Michelle Bachelet, sont forcément perçues comme un test. La présidente et son gouvernement, en baisse dans les sondages, ont accumulé ces derniers mois les bévues et les scandales. La coalition de centre-gauche au pouvoir, la Concertacion, craint de faire les frais de ses propres divisions. Pour la première fois en 18 ans de pouvoir (depuis la fin de la dictature), elle présente deux listes. Et quelques-uns de ses membres lui ont claqué la porte au nez pour former un petit parti, «Chile Primero», et grossir les rangs d'un autre petit parti, le PRI.