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LE DICTATEUR AUGUSTO PINOCHET AVEC PAUL SCHAEFER, GERARD MÜCKE ET ALBERT SCHREIBER LES CHEFS DE COLONIA DIGNIDAD |
Située en pleine nature, au milieu des montagnes à 350 kilomètres au sud de Santiago, Colonia Dignidad, ou la « colonie de la dignité », se présentait comme un programme social sur une propriété de presque 13.000 hectares où les hommes se consacraient à l'agriculture, les femmes aux tâches domestiques, pendant que les enfants apprenaient à danser et chanter.
Mais le profil de son fondateur avait de quoi inquiéter: un ancien caporal de l'armée nazie, Paul Schaefer. Très vite, l'homme a régné avec brutalité sur cette communauté allemande de quelques centaines de personnes, les soumettant à un endoctrinement et à de sévères règles de conduite allant jusqu'à l'esclavage.
- 'Un laboratoire' -
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Winfried n'a ainsi connu les siens qu'à 10 ans. Jusqu'à cet âge, il ne connaissait même pas son nom complet. « C'est presque comme si nous étions nés dans une serre, un laboratoire, avec absolument aucune possibilité de prendre conscience de nous-mêmes », raconte-t-il aujourd'hui.
« Il y avait un Dieu et il s'appelait Schaefer », ajoute-t-il, se rappelant un homme toujours vêtu de noir et d'aspect étrange.
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Winfried Hempel a dû attendre d'avoir 20 ans pour sortir de la colonie: ce jour n'est arrivé qu'après la fuite en 1997 de l'ancien dignitaire nazi, sur lequel pesaient notamment des soupçons de pédophilie.
Les Chiliens ont alors découvert que l'enclave allemande idyllique était en réalité un enfer pour ceux qui y vivaient, mais aussi pour les opposants à la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), nombre d'entre eux y ayant été torturés ou ayant disparu là-bas.
Finalement arrêté en 2005 en Argentine, Paul Schaefer a été condamné à 20 ans de détention pour abus sur mineurs et tortures. Il est décédé en prison en 2010 à l'âge de 88 ans.
Étonnamment, l'endroit, rebaptisé Villa Baviera, existe encore et essaie de s'ouvrir au tourisme, suscitant les critiques de nombreuses victimes qui voudraient en faire un mémorial.
- Culture bavaroise et agriculture -
« Faire du tourisme dans un endroit dont la mémoire est remplie de mort, de torture, d'esclavage, de mutilation, ça me semble une aberration, une offense à la mémoire de ceux qui ont souffert ici et qui sont morts », s'indigne Gabriel Rodriguez, qui avait été détenu une semaine, sous la dictature, à Colonia Dignidad, et vit désormais dans la localité voisine de Talca.
Comme figé dans le temps, le complexe, où flotte le drapeau noir, rouge et or, continue de ressembler à un village typiquement allemand. À l'intérieur, une ambulance des années 1960 est garée. Un monument rappelle les grandes dates de la colonie, mais reste évasif sur la période 1961-1997, simplement qualifiée d'« années difficiles ».
Quelque 160 personnes - en majorité des personnes âgées - y vivent, défendant fièrement leur culture bavaroise et leur droit à courtiser les touristes, convaincues qu'il faut aller de l'avant.
L'activité principale reste l'agriculture, avec 40.000 œufs produits chaque jour.
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AFFICHE DU FILM |
En février, l'enclave allemande sera le sujet du film « Colonia », avec Emma Watson et Daniel Brühl, sur un jeune homme arrêté puis enlevé par des agents de Pinochet, que sa petite amie ira chercher jusqu'au sein de Colonia Dignidad.