vendredi 1 janvier 1999

CHILI: DÉCEPTION DES PARENTS DE DISPARUS. REÇUS LUNDI PAR LE PRÉSIDENT FREI, ILS LUI ONT REMIS UN DOSSIER SUR 1100 CAS.

Les parents des disparus sous la dictature d'Augusto Pinochet, après avoir dû attendre cinq ans pour être reçus par le chef de l'Etat chilien, ne cachaient pas leur déception après l'entrevue de près de deux heures que leur a accordée lundi soir le président Eduardo Frei. «On attendait mieux», a résumé amèrement Viviana Diaz, vice-présidente de l'Association des parents de disparus. 

SOLA SIRERRA
Regrettant que Eduardo Frei se soit limité à affirmer que son gouvernement ne défendait pas le général Pinochet, mais le principe de territorialité pour juger au Chili les crimes commis dans ce pays, Mme Diaz a déploré que le chef de l'État ne se soit «pas engagé à faire changer les choses», tant pour mettre un terme à l'impunité dont a joui l'ex-dictateur au Chili que pour faire la lumière sur le sort des disparus. Selon le secrétaire général du gouvernement, Jorge Arrate, les parents des disparus ont le droit de savoir «ce qui s'est passé avec les victimes. Il s'agit d'une requête respectable que le gouvernement a toujours fait sienne». Mais il faudra de la patience car il s'agit «d'une question difficile dans une transition aussi complexe que la chilienne». 

Sola Sierra, l'emblématique présidente de l'association, dont le mari a disparu au Chili en 1976, a saisi l'occasion pour remettre au président Eduardo Frei huit volumes regroupant les fiches de 1100 disparus, avant de s'embarquer hier pour Londres où les lords poursuivent le réexamen de l'immunité du général Augusto Pinochet. Elle compte ainsi faire face à la «campagne publicitaire et millionnaire» menée sur place par les partisans de l'ancien dictateur.