dimanche 30 octobre 2016

AU CHILI, UNE MAIRIE À PILE OU FACE

Face à cette situation, un second décompte des bulletins de vote a été organisé lundi. Pour le même résultat : «Empate!» (« ex aequo»). La loi chilienne, heureusement, a prévu ce cas de figure : c’est par tirage au sort qu’ils seront départagés. Selon la loi électorale, en effet, « en cas de match nul entre les candidats (…), le tribunal électoral procédera lors d’une audience publique à un tirage au sort, et proclamera élu celui qui l’emportera».

La procédure à suivre pour le tirage au sort n’est pas précisée, mais, selon Patricio Santamaria, président du service électoral, « quand ce sont deux personnes qu’il faut départager, le plus simple est de lancer une pièce de monnaie ». Ce devrait donc être à pile ou face que se jouera la mairie.

À Zapallar, cette solution ne fait rire personne. Ni les candidats ni les électeurs, qui estiment qu’on leur vole leur droit de s’exprimer dans les urnes. Le parti de l’Union démocrate indépendante, qui appartient à l’alliance Chile Vamos, a d’ailleurs demandé l’organisation d’un nouveau vote.

Une nouvelle révision des bulletins

«Le système de la monnaie ne serait juste ni pour moi, ni pour elle [Mme Letelier], ni pour la démocratie. (…) Mais c’est ce qui est écrit dans la loi. Pour le moment, nous attendrons dans le calme », a affirmé M. Alessandri, tandis que sa rivale a annoncé qu’elle demanderait une nouvelle révision des bulletins de vote, dénonçant que certains en sa faveur avaient erronément été déclarés nuls. Les candidats ont jusqu’au 27 octobre pour contester les résultats.

Sur Twitter, le mot-clé #Zapallar est devenu mardi un sujet tendance (trending topic). Certains internautes ont proposé des solutions de rechange, plus ou moins farfelues, au tirage au sort. Par exemple, que les deux candidats reçoivent un salaire minimal pendant un mois : celui qui aura survécu sera élu maire…

La procédure du tirage au sort pour désigner les représentants n’est pas nouvelle. Remontant à la Grèce antique, elle est entre autre utilisée pour former des jurys populaires, notamment en France pour les cours d’assises, et a également été le moyen choisi en 2010 en Islande pour former l’Assemblée constituante. En 2011, les écologistes de Metz ont également désigné de cette manière leurs candidats aux élections cantonales.

Ce système est considéré par certains comme le plus équitable, car il ne peut être manipulé d’aucune façon et empêche l’installation d’une classe politique qui trusterait les postes à responsabilités. Il est notamment revendiqué par Etienne Chouard, professeur d’économie et star du Web, qui considère qu’il permettrait une meilleure représentation de la population. L’assemblée citoyenne ainsi désignée «serait composée de plus de femmes, de pauvres, de Noirs, de professeurs, d’ouvriers, explique-t-il dans Slate. Ce serait une micro-France. »