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Katya a quitté sa patrie soviétique, qui n'existe plus, et a vécu en exil dans l'atmosphère de défaite, comme toutes et tous les exilées/és, sous un ciel très lointain des nuageux de couchers de soleil de Moscou, au cours desquels sa voix calme se réchauffait peu à peu jusqu'à atteindre le ton vibrant de son salut tellement aimé par un si grand nombre d'entre nous, qui attendions la chaleur dont nous avions tant besoin, dans lequel elle disait : «Écoute, Chili."
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Carte QSL de Radio Moscou, avec le logotype de la station de radio international de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, imprimée en 1969. Source Wikipedia Plongés dans la peur, alors que les chiens occupaient les rues du Chili, les camarades se réunissaient autour d'un poste de radio, syntonisaient les ondes courtes et, le volume baissé au maximum, écoutaient. Car la Résistance contre la dictature s'organisait au cours des soirées froides, des nuits extrêmement longues. Les camarades écoutaient, s'acquittant du premier devoir de la Résistance, qui consiste à s'informer, à savoir qui et combien de nos camarades avaient été tués ou étaient portés disparus. Mais cette forme de résistance, sous la clandestinité à faible volume, nous donnait également la certitude de ne pas être seuls au milieu de l'horreur, et la voix de Katia, lorsqu'elle disait «Ecoute, Chili», était le seul espoir à nous parvenir.Au Chili et dans les pays d'exil, nous attendions sa voix d'ange soviétique et laïc. [...]
Luis Sepúlveda